L’insertion professionnelle des jeunes. diplômés étrangers dans le marché de l’emploi

L’insertion professionnelle des jeunes. diplômés étrangers dans le marché de l’emploi 

DEFINITIONS DE QUELQUES TERMES DE L’ETUDE 

La clarification du concept est une étape primordiale dans tout travail de recherche et plus précisément le travail sociologique. Ceci exige une certaine norme à respecter comme d’ailleurs le confirme le père fondateur « la première démarche du sociologue doit donc être de définir les choses dont il traite, afin que l’on sache et qu’il sache bien de quoi il est question C’est la première et la plus indispensable condition de tout preuve et de toute vérification » De ce constat, nous n’allons pas désobéir à la tradition sociologique. Ainsi, les termes fondamentaux de notre sujet de recherche sont les suivants : travail, adaptation, Intégration, insertion et exclusion 

TRAVAIL

 L’étymologie latine du mot travail est « Tripalium  » qui désignait un instrument de torture. Historiquement, le travail était une activité méprisée par les Grecs et le Romains .Au fil des temps, il est devenu le centre des analyses sociales de MARX. (K), WEBER (M), et DURKHEIM(E). Le taylorisme, le fordisme et le syndicalisme surgissent après la revendication du droit de travail au XIX siècle. Le concept du travail est débattu par des sciences aussi diverses que l’ethnologie, la psychologie et l’économie politique. Dans les théories philosophiques ou mêmes religieuses, le travail est interprété comme une valeur morale. Dans cette perspective, les économistes s’interrogent sur l’origine de la richesse et identifient le travail comme l’une des ses principales sources. Selon Georges Friedman, le travail est « l’ensemble des activités que l’homme, dans un but pratique à l’aide de son cerveau, de ses mains, d’outils et de machines exerce sur la matière, actions qui à leur tour réagissent sur l’homme et le modifient »  . Dans le domaine de la sociologie, le terme de travail varie et recourt des types de travaux très différents. Ainsi, le père fondateur de sociologie conçoit le travail comme moyen d’intégration des individus dans la société. Dans De la Division du travail sociale , Durkheim explicite que la division du travail social en engendrant la solidarité organique, facilite l’intégration des individus. Avec Marx3 , le travail est la condition naturelle immuable de l’existence humaine. Il est un outil de libération ou d’aliénation de l’homme : libération des potentialités de l’homme en vue de transformer le monde, aliénation de l’homme dont la force de travail est exploitée. Le travail, selon Marx, est le prolongement de l’homme ; c’est une partie de son existence et il aboutit à une reconnaissance par les autres hommes et il crée une solidarité entre individus. Ces différentes approches théoriques nous relèvent l’importance du travail. En plus d’être un devoir sacré, moyen d’intégration et de réussite sociale, il est un élément d’épanouissement personnel .En effet, le travail occupe une place importante dans la vie  humaine car il est considéré comme la raison d’être de l’individu. Dans ce sens, pour comprendre les difficultés d’insertion des jeunes d’origines étrangers et plus particulièrement ceux des jeunes diplômés informaticiens et enseignants, il est nécessaire de préciser que les facteurs expliquant ces difficultés peuvent être d’ordre objectives et même subjectives. De même, s’ajoutent des problèmes de surselectivité, de discrimination, de qualification mais aussi d’adaptation. 

ADAPTATION

 L’adaptation est un terme très important dans notre travail de recherche dans la mesure où il contribue en partie aux difficultés que confrontent les jeunes diplômés d’origine étrangère. Au sens biologique, l’adaptation désigne un processus par lequel l’organisme réagit aux transformations du milieu pour rétablir avec ses propres ressources un équilibre qui a été troublé. En psychologie sociale, l’adaptation d’une personne est un processus d’ajustement à un groupe d’appartenance, favorisé par la socialisation primaire et les expériences. En sociologie, elle renvoie aux rapports entre l’individu et son milieu et à la société entière. Selon Parsons, l’adaptation « est une exigence fonctionnelle consistant, pour un système social, à se procurer des ressources d’agent humains, afin de se maintenir et d’évoluer »1 . Par ailleurs, l’adaptation des jeunes diplômés étrangers et plus précisément celle des informaticiens et enseignants s’avère plutôt difficile. Car ils doivent mettre en place une stratégie de différenciation : l’une par rapport aux membres de leur culture d’origine et l’autre par rapport à ceux de la culture d’accueil. La tâche de cette population est pénible et constitue une des causes des difficultés d’adaptation de ces jeunes. De ce fait, pour qu’ils parviennent à s’insérer, ils vont adopter d’autre stratégie qui consiste à prendre comme référence la société d’accueil pour orienter leur conduite. 

 INTEGRATION 

Etymologiquement le mot intégration vient du mot latin « integrare » qui signifie renouveler, rendre entier ou faire entre une partie dans tout. Les psychologues définissent l’intégration comme l’ensemble des interactions entre les membres entraînant un sentiment d’identification au groupe et à ses valeurs. Les politiciens perçoivent l’intégration comme le degré de cohésion de l’ensemble qu’il est important de mesurer. Dans le domaine qui nous intéresse, elle renvoie à l’état d’un système social dont les parties sont fortement reliées entre elles. L’intégration est un concept très ambigu. Pour Parsons « l’intégration constitue une des fonctions du système social, assurant la coordination des diverses fractions de celui-ci, pour assurer le bon fonctionnement de I’ensemble . » Le concept d’intégration est au coeur de la sociologie Durkheimienne. Il renvoie à l’intériorisation des normes et des valeurs dominantes, c’est-à-dire un sentiment d’identification au groupe. En effet, l’intégration des jeunes diplômés informaticiens peut s’expliquer par le partage des normes et des valeurs socioculturelles de leur pays d’accueil. C’est en quelque sorte le mélange de deux cultures. Un individu intégré a donc les moyens de partager les normes et les valeurs en vigueur dans une société. D’après Gustave- Nicolas Fisher « Il y a intégration lorsque différents groupes sont prolongés avec leur identité culturelle dans un autre groupe plus fort et qui a d’autres valeurs et d’autres moeurs. Ce processus se réfère à des situations où une société d’accueil propose un modèle d’identité sociale à l’intérieur duquel sont rassemblées des différences. »2 En plus, l’insertion professionnelle des jeunes diplômés étrangers est liée en partie à leur intégration Parce que ceux qui arrivent à s’insérer, sont ceux sont bien intégrés. Dans ce sens, nous allons nous intéresser à la dimension sociale et professionnelle de l’intégration pour mieux cerner notre étude. Ainsi, si l’intégration est perçue comme le partage et l’application pratique de normes et de valeurs dans la société, alors le travail en constitue une dimension essentielle, c’est a dire le grand intégrateur ou selon Meda « notre fait social total ». L’étranger cherche à s’intégrer dans la société d’accueil afin de parvenir à s’insérer dans le monde du travail. Comme le souligne D’ailleurs Castel, s’intégrer, c’est retrouver une place à part entier dans la société, se réinscrire dans la condition salariale avec ses servitudes et ses garanties. 

INSERTION 

L’insertion professionnelle est un champ de recherche qui s’est développé rapidement en raison des difficultés que confrontent les jeunes diplômés à l’entrée dans le monde active. Mais il s’explique aussi par l’augmentation soudaine et massive de nombre de personne sans travail au cours de ces dernières années. Le chômage est devenu l’un des problèmes les plus importants du pays et de la société. Insérer signifie intercaler et introduire au sens étymologique du mot. L’insertion en tant que fait professionnel est devenue un sujet d’étude sensible. Les économistes s’entendent sur la finalité de l’insertion, concernant la position des jeunes sur le monde du travail. Pour l’économiste Vernieres, l’insertion professionnelle peut être définie comme « un processus par lequel un individu ou un groupe d’individus, qui n’a jamais appartenu à la population active, atteint une position stabilisée dans le système d’emploi ». I Dans le vocabulaire sociologique, Le terme d’insertion a une fonction principalement descriptive en ce sens qu’elle se prête aux nouvelles manières, souvent plus aléatoire, d’appartenir à la société. L’accès à l’emploi est devenu aujourd’hui comme un parcours, un processus. L’insertion est un parcours qui nécessite à rattraper la distance qui sépare la situation de l’individu et à celle de son intégration. Ce qui signifie que l’individu parcourt un certain nombre de repères normatifs tels que la disposition d’un cadre de vie décent, suivre une scolarité normale, obtenir un emploi stable. Comme le souligne José Rose l’entrée dans la vie active « est un parcours plus qu’état, un parcours entre un état initial et un état final ».Cependant, le phénomène de l’insertion ne concerne pas seulement les exclu mais nécessite aussi une responsabilité de la part de la société d’accueil. Selon J.M.Belorgey, l’insertion est un double parcours  . Le parcours de l’exclu, qui peut utiliser les moyens qui se mobilisent à nouveau pour lui, et le parcours de la société, qui doit faire de la place, continuer d’accroître la perméabilité de l’emploi et du logement, devenir une réelle société d’accueil pour ces publics . D’une manière générale, force est de constater que les jeunes diplômés étrangers connaissent des particularités d’insertion. Ces particularités sont dues aux différences culturelles telles que l’origine sociale, la langue, la religion, l’ethnie etc. Ces éléments précités participent en quelque sort à l’exclusion de ces jeunes. Ainsi, si l’insertion est l’accueil de l’exclu ou de l’étranger avec des droits, des chances, un statut, similaires à ceux des membres de la communauté nationale, alors nous pourrions avancer que l’étranger ou l’exclu peut parvenir à s’insérer grâce à des mécanismes de solidarité mécaniques telle qu’elle a été initiée par Durkheim. Pour appréhender les difficultés d’insertion des informaticiens et des enseignants étrangers à Dakar, il est impératif de se référer à l’identité culturelle en instant sur le variable nationalité car en privant un individu ou un groupe d’un travail c’est nier son identité. Ainsi, un individu qui ne trouve plus dans la société du travail, une identité sociale, est un exclu. Ce qui nous conduisons au concept d’exclusion. 

 EXCLUSION

 Le terme d’exclusion, en tant que terme d’analyse a été inventé en France en 1974. Au début, il se referait aux diverses catégories des gens qualifies de cas sociaux et qui bénéficiaient d’une protection sociale. Dans ce contexte, l’exclusion sociale se rapporte à un processus de désintégration sociale, dans le sens d’une rupture progressive des relations entre l’individu et la société. Le terme a été propagé par la commission européenne à la fin des années 80. Cette commission était de plus en plus préoccupée par le problème du chômage de longue durée et celui des travailleurs non qualifiés et des immigrés. L’utilisation de ce concept était largement reconnue en Europe occidental et aux Etats-Unis sous l’étiquette de sous-classe. Cependant, la définition de l’exclusion est sans doute l’un des enjeux les plus importants de la délimitation du champ de recherche. D’après les économistes, l’exclusion désigne « la non- intégration de l’individu par le travail »  . Le concept d’exclusion au sens que le confère la sociologie est assez récent. Pour les sociologues l’exclusion est le résultat de l’affaiblissement voire la rupture du lien social. Les signes d’affaiblissement du lien social sont nombreux, et où on voit apparaître de nouvelles formes de solidarité. Les sociétés d’aujourd’hui sont dominées par le modèle Homo Economus qui incite la population à participer à l’échange matériel et symbolique généralisé. Ce qui signifie seulement que tous ceux qui refusent ou sont incapables de participer au marché seront donc perçus comme des exclus, tels que les jeunes en difficultés d’insertion professionnelle, les chômeurs etc…. Selon Martine Xiberras l’exclusion résulte des difficultés d’assimilation, d’insertion, et d’intégration. De ce sens, elle est à la fois une situation et un parcours dans lesquels un individu éprouve des difficultés à établir ou préserver ses liens avec la société dans laquelle il est censé s’intégrer. En effet, la problématique de l’insertion professionnelle nous permet de concevoir la notion d’exclusion. La politique de l’insertion professionnelle s’adresse surtout à la population des exclus. De ce constat, les facteurs expliquant l’exclusion des jeunes diplômés étrangers dans le marché du travail sont nombreux. Ainsi, si l’exclusion est la cause due aux difficultés d’adaptation, d’intégration et d’assimilation alors les difficultés d’insertion des étrangers dans le monde de travail proviennent de ces éléments précités. D’autres facteurs comme l’affaiblissement du lien social et la cohésion sociale peuvent être aussi à l’origine de ces difficultés d’insertion des étrangers. Car les sociétés traditionnelles sont victimes de la dégradation de la conscience collective, telle qu’elle est définie par Durkheim « l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société forme un système déterminé qui a sa vie propre » I . Ces sociétés sont dominées aujourd’hui par la conscience individuelle qui est source d’anomie. Dans cette perspective, les étrangers sont exposés à des sérieux préjudices ou craignent à juste titre de l’être en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social déterminé. Dans ce cas l’exclus n’est pas seulement les membres soumis à une procédure prévue et directe de rejet, mais également ceux qui sont exclus indirectement parce qu’ils ne possèdent pas les mêmes droits ou même ne peuvent pas participer aux mêmes activités que les autres. Il s’agit des étrangers, des immigres et les handicapés. En somme, les concepts que nous venons de définir ont créé un environnement complémentaire dans le monde d’insertion des jeunes diplômés étrangers. Ainsi, force est de constater que les concepts qui concordent le plus à notre travail de recherche sont : le concept d’intégration, d’adaptation et d’insertion. Ces trois concepts sont complémentaires parce que l’insertion professionnelle de nos jeunes diplômés étrangers doit toujours s’accompagner d’une intégration et d’une adaptation. Cela signifie que l’intégration est une étape préalable de l’insertion professionnelle car le travail est un élément essentiel de l’intégration. Dans ce sens, cette dernière n’est autre que l’acceptation des normes et des valeurs dominantes de la société d’accueil alors que l’adaptation découle de l’intégration. Cette phase est très difficile  dans la mesure où la personne cherche un équilibre entre sa propre culture et celle de la société d’accueil. Enfin, après le franchissement de ces étapes précitées l’insertion professionnelle peut être effectuée. C’est à partir de cette insertion qu’on peut en déduire que le jeune est intégré. 

Table des matières

DEDICACES
REMERCIEMENTS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
CHAPITREII : CADRE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES DE.. T ‘FNQI IFTF
CHAPITRE I : PRESENTATION DES CARACTERES
SOCIODEMOGRAPHIQUE
CHAPITRE II : LES DIFFICULTES D’INSERTION ET LES FACTEURS FAVORISANTS L’INTEGRATION
CHAPITRE III : LES CARACTERISTIQUES DU MARCHE DU TRAVAIL
SENEGALAIS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES

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