Rappels sur les parasites internes

Les maladies parasitaires restent encore une contrainte non négligeable pour l’élevage bovin. Mais le diagnostic de parasitoses notamment celles qui sont internes est difficile à cause du manque de symptomatologie spécifique [1], aussi il faut bien connaitre le parasite pour apporter un traitement économique et efficace [2]. Dans le monde, surtout dans les pays développés, le diagnostic le plus utilisé et le plus fiable est le diagnostic de laboratoire comme la coproscopie, la sérologie et l’hématologie [1,3]. En Europe par exemple le diagnostic de la distomatose hépatique se fait par l’observation de l’hyperleucocytose, l’hyperéosinophilie et l’observation des œufs [4]. Pour ce type d’endoparasite le test sérologique ELISA avec des produits d’excrétionssecrétions comme antigène est utilisé [5]. En Afrique, le diagnostic de référence est toujours le laboratoire malgré sa rareté. Des tests sérologiques comme l’ELISA pour diagnostiquer la fasciolose ont été étudiés au Sénégal [6]. Mais pour les vétérinaires qui exercent en Afrique, le diagnostic post mortem reste le seul recours jusqu’à maintenant comme c’est le cas au Benin [7] ou en Algérie [8]. A Madagascar, comme dans tous les pays, le diagnostic de certitude est le laboratoire [9,10], mais quelques vétérinaires de terrain surtout ceux qui travaillent à la campagne suspectent une parasitose chez les bovins selon la couleur des muqueuses de l’animal. Cette méthode est souvent accompagnée de l’anamnèse et d’un commémoratif.

Le plus idéal c’est que le vétérinaire envoie des prélèvements au laboratoire pour bien connaître le parasite à traiter. Cela donne un excellent résultat du point de vue de la rentabilité puisque le traitement est adéquat et efficace [2]. Nombreux sont les vétérinaires malagasy qui utilisent l’inspection des muqueuses comme diagnostic de parasitoses, mais jusqu’à maintenant sa fiabilité reste incertaine.

Rappels sur les parasites internes

Le parasite est un être vivant qui, de façon permanente ou temporaire, doit obligatoirement se nourrir aux dépens d’un autre organisme vivant (son hôte), sans que sa présence entraine la destruction inéluctable de cet hôte. [11]. Il y a deux types de parasites selon leur localisation :

• L’ectoparasite ou parasite externe comme la teigne (champignon), les gales (acariens), les poux, les mouches, les tiques, les moustiques.
• L’endoparasite ou parasite interne tels que les helminthes, les coccidies, les cryptosporidies, les parasites sanguins (Piroplasmose) .

Cette étude s’intéresse seulement aux endoparasites.

Les Helminthes

Définition
Anatomiquement, les helminthes sont de métazoaires triblastiques, dépourvus de cœlome véritable.

Classification systématique
Les vers parasites des animaux et de l’homme appartiennent à deux sous – embranchements :
– Le sous-embranchement de Plathelminthes qui comprend les classes de trématodes et des cestodes. Ce sont des vers plats dépourvus de cavité générale habituellement hermaphrodites.
– Le sous-embranchement de Némathelminthes, vers à corps cylindrique qui possèdent une cavité générale, et sont bisexués en général. Dans ce sous embranchement sont regroupés la classe de Nématodes et celle des Acanthocéphales et les Gordiens .

Plathelminthes

• Trématodes
➤ Morphologie
Le trématode est un ver qui a un corps non segmenté, habituellement aplati et foliacé. Il est parfois conique(Amphistomes), filiforme (schistosomes). Sa longueur varie de 1mm à une dizaine de centimètre. Ce ver présente généralement deux ventouses musculaires circulaires dont l’une buccale antérieure, entourant l’orifice buccale et l’autre ventrale = acetabilum, postérieure à position variable, parfois absente (Monostomes). Il est hermaphrodite sauf les schistosomes [15].
➤ Biologie
Les trématodes en tant que endoparasites se localisent dans plusieurs parties de l’organisme de mammifères : tube digestif, canaux biliaires, canaux pancréatiques, appareils circulatoires, poumons. Ils se nourrissent de sang, de tissus, de contenu digestif, de bile et de mucus [16,2].
• Classification systématique des trématodes
Les trématodes se regroupent dans 5 ordres dont les distomes et amphistomes, holostomes, monostomes et les schistosomes.
• Types de trématodes rencontrés chez les bovins à Madagascar
➤ Fasciola gigantica
Le Fasciola est un parasite cosmopolite. Il peut affecter tous les bovidés de plus de trois mois [17]. Ce parasite entraine de nombreuses mortalités chez les bovins dans le Moyen Ouest ainsi que sur la Haute Terre de Madagascar [10].
– Morphologie :
La Fasciola gigantica est un ver hermaphrodite de forme allongée, d’assez grande taille et de couleur brun pâle. Il mesure 2 à 7 cm de long sur 0.3 à 1.2cm de large .
– Œufs :
Les œufs de ce parasite sont elliptiques, volumineux, à coque mince, avec à l’intérieur, une masse moruliforme formée par des cellules entourant le zygote. Ces œufs sont operculés à l’un des pôles et de coloration jaunâtre. Leur taille est de 175 à 190µm [18].
– Biologie et habitat
Leur localisation varie selon le stade :
o les douves immatures (adolescaria) sont en transition dans le parenchyme hépatique. Elles sont histophages, c’est-à-dire se nourrissent de tissus hépatiques en y creusant des galeries.
o Les vers adultes sont en accumulation dans la lumière de canaux biliaires. Ils y vivent librement ou se fixent sur les muqueuses et sont à régimes hématobiliphages (se nourrissent du sang et de la bile) [16].
– Cycle biologique
Le cycle de ce parasite est de type dihétéroxène (besoin de deux hôtes). Chez l’hôte définitif, les œufs pondus sont émis dans la bile et ainsi éliminés dans les fèces. Les œufs éclosent et donnent des miracidiums à condition que l’humidité, la température et l’oxygène du milieu extérieur sont propices (un film d’eau tapissant la surface de l’œuf est idéal, températures extrêmes 10°C à 25°C). Le miracidium est un embryon cilié de 300µ, de forme triangulaire, et survit 24 à 48h dans l’eau. Il doit trouver durant ce délai l’hôte intermédiaire qui est un mollusque gastropode amphibie. Le miracidium pénètre activement dans le mollusque, se libère de sa couche ciliée et se transforme en sporocyste qui est un élément circulaire de 300µm contenant des cellules germinales. Celles-ci s’installent dans la glande digestive de mollusque, leur développement donne par polyembryonie 5 à 8 rédies dont la croissance provoque la distension des parois de sporocyste qui se rompent d’où leur libération. La rédie est un élément allongé, bourgeonné pourvu d’un orifice de ponte ; munie de deux appendices latéraux (ailes caudales). A l’intérieur de la rédie se produit un phénomène polyembryonie donnant naissance à 16 à 20 cercaires : c’est le dernier stade larvaire. La libération des cercaires se fait dans une condition favorable à la limnée, elle se produit activement : la limnée se contracte et la déchirure libère des cercaires. Ceux-ci évoluent dans l’eau puis se fixent sur un support lisse (brin d’herbe), perdent leur queue et s’enkystent en attente de l’hôte définitif, à ce stade on les appelle métacercaires : l’élément infestant. Une fois ingérée par l’hôte définitif, la métacercaire perd sa coque par l’action des enzymes digestives libérant ainsi une jeune douve ou adolescaria .
➤ Paramphistomum
En grande quantité, ce parasite peut causer d’importants dégâts chez les jeunes animaux ainsi que chez les animaux âgés et/ou affaiblis .

Protozoaires

Les protozoaires sont des organismes unicellulaires qui mesurent entre 1à 600µm et ne sont pas à proprement parler des animaux. Ces organismes font partie d’un règne bien à eux : celui des protistes .

Classification

Les protozoaires sont divisés en quatre Embranchements principaux. La classification se fait en fonction de l’appareil locomoteur [29]. Ce sont :
• Les Sarcomastigophores qui comprennent les amibes et les flagellés qui se déplacent à l’aide de mouvements amiboïdes ou à l’aide d’un flagelle.
• Les Ciliés (Embranchement Ciliate) : ce sont les protozoaires les plus spécialisés et ceux qui ont la plus grande complexité structurelle. Ils sont caractérisés par la présence de nombreux cils. Exemple : paramécie
• Les Apicomplexes (Embranchement Apicomplexa) qui sont de parasites possédant une combinaison caractéristique d’organelles appelées complexe apical. Exemple : coccidie
• Les myxozoaires qui présentent une forme amiboïde évoluant vers un plasmode plurinucléé. Ce sont de parasites des Vertébrés dont les poissons .

Mode de reproduction

Le mode principal de reproduction chez les protozoaires est la reproduction asexuée qui se fait soit par une fission binaire, soit par bourgeonnement, soit par une fission multiple, mais la reproduction sexuée est également commune. La reproduction sexuée implique généralement la formation de gamètes mâles et femelles (gamétogenèse) mais chez les ciliés, il existe un mécanisme spécial d’échange de matériel génétique qui ne fait pas intervenir des gamètes : c’est la conjugaison .

Habitation

Ce sont de parasites intracellulaires de la muqueuse intestinale, ceux-ci vont préférer certaines cellules à un stade donné de leur développement ou selon leur localisation le long de l’intestin.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS
I-Rappels sur les parasites internes
I-1- Les Helminthes
I-1-1- Définition
I-1-2-Classification systématique
I-1-3-Plathelminthes
I-1-4- Némathelminthes
I-2- Protozoaires
I-2-1- Classification
I-2-2- Mode de reproduction
I-2-3- Habitation
I-2-4- Exemple de protozoaires rencontrés chez les bovins
I-3- Action pathogène de parasites
I-3-1- Action mécanique et irritative
I-3-2- Action spoliatrice
I-3-3- Action toxique
I-3-4- Action sur le métabolisme
I-3-5- Action antigénique
I-3-6- Action allergisante
I-4- Diagnostic
I-4-1- Diagnostic clinique
I-4-2- Diagnostic de laboratoire
I-4-3- Diagnostic post mortem
I-5- Moyens de lutte
I-5-1- Traitements
I-5-2- Mesures préventives
II-Généralités sur les muqueuses des bovins
II-1-Définition
II-2- La muqueuse chez les bovins
II-3- Méthode d’observation de muqueuse
II-4- Les différentes types pathologiques de muqueuses
I-4-1-Muqueuse ictérique
II-4-2- Muqueuse congestionnée
II-4-3-Muqueuse anémiée
DEUXIEME PARTIE: METHODES ET RESULTATS
I-METHODES
I-1-Caractéristiques du site d’étude
I-1-1- Cadre de l’étude
I-1-2-Présentation du site d’étude
I-1-3- Justification de site d’étude
I-2- Type d’étude
I-3- Période et durée d’étude
I-4- Population d’étude
I-4-1- Critères d’inclusion
I-4-2- Critère d’exclusion
I-5- Taille de l’échantillon et mode d’échantillonnage
I-6- Mode de collecte de données
I-6-1- Support d’enquête
I-6-2- Inspection des muqueuses
I-6-3-La note d’état corporel (NEC)
I-6-4- Prélèvement de matières fécales
I-6-5- Conservation et transport de prélèvements
I-6-6- Analyse coproscopique
I-7-Tests statistiques utilisés
I-7-1- Calcul et analyse de données
I-7-2- La prévalence
I-7-3- Test de Chi carré
I-7-4- Test exact de Fischer
I-7-5- Test de diagnostic
I-8-Considération éthique
I-9- Limites d’étude
II-RESULTATS
II-1- Prévalence brute selon les bovins
II-1-1- La proportion des animaux composant l’échantillon
II-1-2- Prévalence brute des animaux infestés
II-1-3- Genres de parasites observés pendant l’analyse des fèces
II-1-4- Taux d’infestation par espèce parasitaire
II-1-5- Taux d’infestation pour tous parasites selon le sexe
II-1-6- Taux d’infestation selon la race
II-1-7- Taux d’infestation selon la classe d’âge
II-1-8- Taux d’infestation par les trématodes
II-1-9- Prévalence des animaux polyparasités
II-1-10- Taux d’infestation selon l’état corporel de l’animal
II-1-11-Le niveau d’infestation des animaux par les trématodes selon la note d’état corporel (NEC)
II-2-Prévalence selon le mode d’élevage
II-2-1- Le degré d’infestations selon le système d’élevage
II-2-2- Taux d’infestation selon la stabulation
II-2-3- Taux d’infestation selon le type de bâtiment
II-2-4- Taux d’infestation selon la fréquence de nettoyage du bâtiment
II-2-5-Taux d’infestation selon le dernier déparasitage
II-2-6- Taux d’infestation selon le produit utilisé
II-3-Résultats de l’inspection de muqueuses
II-3-1- Proportion des couleurs de muqueuses observées
II-3-2- Taux d’infestation des bovins selon la couleur des muqueuses
II-3-3- Proportion des couleurs de muqueuses selon la note d’état corporel
II-3-4- Les genres de parasites observés selon la couleur des muqueuses de l’animal
II-3-5- Niveau d’infestation selon la couleur des muqueuses
II-4- Evaluation du test de diagnostic
II-4-1- Pour la muqueuse pâle
II-4-2- Pour la muqueuse ictérique
II-4-3- Pour la muqueuse rouge
TROISIEME PARTIE: DISCUSSION
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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