SCRED, APPLICATION DANS UNE LOGIQUE POSSIBILISTE ET ANTICIPATIVE DANS LA MÉTROPOLE DE MARSEILLE

SCRED, APPLICATION DANS UNE LOGIQUE POSSIBILISTE ET ANTICIPATIVE DANS LA MÉTROPOLE DE MARSEILLE

Ce chapitre reprend dans son ensemble la méthode SCReD appliquée aux systèmes de risques de coupure électrique dans la commune de Marseille et dans un contexte d’inondation. Si dans le cas précédent, nous avons porté une attention particulière à l’endommagement des réseaux techniques par une perturbation externe, c’est-à-dire à la composante susceptibilité, dans ce chapitre, notre intérêt porte d’abord sur l’analyse de la criticité et de la dépendance dans les systèmes territoires – réseaux. La première sous-partie s’attache donc à mettre en œuvre une méthode de modélisation spatio-réticulaire permettant de traduire le caractère à la fois imbriqué et incertain de ces interdépendances. Pour traduire ces relations multi-niveaux, nous nous appuyons sur la localisation d’éléments ponctuels (poste électrique de différents niveaux, centroïde des bâtiments de différents types d’activités) à partir desquels les relations de distance entre l’ensemble des éléments ponctuels dans des sous-structures imbriquées déterminent un niveau de possibilité de relations d’élément à élément. On retrouve la logique d’organisation spatiale de l’interdépendance territoire – réseau technique telle que décrite aux premier et second chapitres et les notions de criticité et de dépendance décrites dans le troisième chapitre. L’aléa inondation est davantage à considérer comme une sorte de « prétexte » au déclenchement du système de risques que comme le véritable objet de l’analyse. Tout le processus climatologique et pluviométrique en amont n’est pas inclus dans ce chapitre ; l’aléa déclencheur est avant tout appréhendé en termes de spatialité et de degré de possibilité d’apparition d’un dommage dans l’espace. Les trajectoires spatiales possibles des effets dominos successifs à ces dommages initiaux sont ensuite évaluées de manière à identifier des espaces à enjeux en termes de susceptibilité, de criticité, de résilience et de dépendance du territoire vis-à-vis du système de risque associé à l’inondation dans la commune de Marseille.

Ensuite, d’un point de vue rétrospectif, l’analyse de la mémoire des effets de l’inondation sur le fonctionnement des réseaux électriques et l’incidence des coupures électriques sur les sociétés humaines s’appuie en partie sur des résultats du programme de recherche Risque Décision Territoire (MEDAD, 2006), « Mémoires, oublis et (ré)appropriations : le risque inondation dans la basse vallée du Rhône et l’agglomération marseillaise.» (Claeys et al., 2009). Dans le cadre de ce projet pluridisciplinaire associant une partie des équipes arlésienne, marseillaise, et niçoise de l’UMR ESPACE, la « contribution » géographique (Voiron, Dutozia, 2009) portait de manière plus ciblée sur l’analyse du risque inondation dans la commune de Marseille et sur la spatialisation des impacts directs et indirects des inondations, avec une attention spécifique aux dysfonctionnements des réseaux techniques.  Sur le terrain marseillais, la collaboration avec l’historienne Martine Chalvet, nous a permis de mettre en place une connaissance spatialisée de la répartition des dommages des principales inondations connues dans la commune marseillaise à l’échelle d’un siècle (1907, 1951, 1972, 1978, 1993, 2000, 2003) alors que la collaboration avec les sociologues Cécilia Claeys, Claire De Montis et Ludovic Azibi a permis d’analyser la mémorisation des effets dominos vécus par les riverains lors des inondations avec la construction d’un questionnaire incluant des questions sur les dommages aux réseaux sur Marseille, diffusé auprès de 1000 personnes. D’autre part, grâce aux entretiens réalisés auprès de différents acteurs de l’exploitation, la gestion ou la cartographie des réseaux de distribution (ERDF Marseille), de transport électrique (RTE, Agence de Conduite Régionale PACA Ouest) et d’eaux (SERAM), et grâce à un stage de trois jours dans les services de ERDF Marseille, nous avons pu appréhender la mémoire formelle et informelle des inondations chez les gestionnaires de réseaux techniques et la mobilisation de cette mémoire dans la gestion et l’exploitation des réseaux techniques. Au final, l’ensemble de cette connaissance rétrospective sur la mémoire des effets dominos, croisé à la connaissance du fonctionnement des interdépendances territoires – réseaux et de leur organisation spatiale (qu’on admet imprécise et incertaine depuis le chapitre 3), nous renseigne sur la susceptibilité, la criticité et la dépendance des systèmes de risques.

 

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