Un système financier résilient face au changement climatique

Un système financier résilient face au changement climatique

LES PRINCIPAUX FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ : LES RISQUES PHYSIQUES ET LES RISQUES DE TRANSITION

Les risques physiques découlent de la menace des évènements climatiques extrêmes tels que les cyclones ou les inondations (souvent appelés risques aigus), ou des changements climatiques progressifs résultant d’un processus à démarrage lent tel que la montée du niveau de la mer ou la dégradation des sols, que l’on appelle des risques chroniques. Ces évènements font augmenter le risque de crédit, car les emprunteurs seront alors moins susceptibles de rembourser leurs prêts en raison d’une productivité plus faible des actifs, de perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, de modifications dans la demande du marché et, in fine, de perte d’emploi pour les plus vulnérables. Par conséquent, les organismes de prêt adopteront des politiques plus strictes en matière de crédit et demanderont des garanties plus importantes. Le risque lié aux engagements est également concerné, avec des effets sur le secteur de l’assurance notamment, car l’augmentation du nombre de dossiers liés à la perte d’actifs ou à l’occurrence d’évènements climatiques extrêmes entraînera une augmentation des versements aux bénéficiaires (Figure 1). De fait, l’accès aux services d’assurance ou de prêt s’en trouvera limité, car ceux-ci deviendront plus onéreux. Par conséquent, l’exposition aux risques physiques du secteur financier touchera à la fois le bénéficiaire et le fournisseur de services financiers.Les impacts indirects dans le secteur économique sont plus profonds, car ils peuvent provoquer une augmentation des flux migratoires, des pertes d’emplois, et une plus forte vulnérabilité macroéconomique. Cette transformation du secteur financier constitue un argumentaire puissant pour pousser les institutions à gérer ces risques de manière proactive. Toutefois, il faut également tenir compte des coûts associés à cette transition. Les coûts de transaction et les perturbations des modèles commerciaux liés au passage à des marchés de capitaux climato-compatibles sont considérés comme des risques de transition. Ils désignent les risques de perte découlant de la mise en œuvre de politiques fondées sur le marché, ou de l’introduction de technologies perturbatrices qui rendent les actifs existants non viables. Un exemple est l’éventuelle tarification du carbone. Elle entraînerait une baisse significative de la valeur de toute entreprise ou de tout actif fondé sur les énergies fossiles, et l’application de taxes supplémentaires. En réponse, la valeur des actifs et des engagements devra être réévaluée en fonction des mesures prises par les décideurs politiques et les secteurs concernés. 

METTRE L’ACCENT SUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Étant donné qu’une large part des pays en développement ont des économies fondées sur les matières premières, ceux-ci sont particulièrement exposés aux risques physiques du changement climatique et à la volatilité des prix des matières premières qui en découlent, ce qui affecte à son tour le revenu des ménages, en particulier ceux qui n’ont pas accès à des services de banque ou d’assurance en milieu rural. En outre, la valeur des actifs physiques sera davantage touchée du fait de l’absence d’infrastructures résilientes et de la disponibilité limitée des services financiers dans les zones vulnérables. Pour citer un exemple de pays en développement s’attaquant aux risques physiques du changement climatique, l’Indonésie a récemment décidé de déplacer son siège de sa capitale actuelle, Jakarta, qui s’enfonce d’environ 25 cm par an et qui, en tant que ville côtière, est de plus en plus vulnérable à la montée du niveau de la mer, à la ville d’East Kalimantan sur l’île de Bornéo. Il s’agit d’une mesure drastique, mais nécessaire, car 95 % de la partie nord de Jakarta pourrait se trouver sous les eaux d’ici 2050. Le défi est encore plus difficile pour les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays africains, car ils sont confrontés à des risques physiques et de transition accrus nécessitant des mesures croisées pour développer la résilience, les technologies innovantes et les réformes politiques. Dans le portefeuille du Fonds vert pour le climat (GCF), ces régions sont une priorité, car elles sont les plus vulnérables au changement climatique et ont le plus besoin de financement. Il est important de noter que certains pays prennent des mesures proactives pour créer un environnement propice à la transition écologique et encourager le marché des nouvelles technologies, comme c’est le cas au Bangladesh (Encadré 1). Comme le montre l’Encadré 1, le mécanisme d’appui au secteur privé (PSF) du GCF suit une approche dirigée par les pays en offrant des ressources aux acteurs nationaux afin qu’ils puissent élaborer leurs propres solutions, en bénéficiant des conseils et de l’expérience de notre équipe. Dans la prochaine section, nous analysons plus en détail l’impact que peuvent avoir les banques centrales et les autorités de régulation sur le système financier et pourquoi elles sont des acteurs incontournables de l’action climatique.

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