UTILISATION DE LA BENTONITE (ARGILE) DANS L’ALIMENTATION DES ALEVINS DU POISSON-CHAT 

UTILISATION DE LA BENTONITE (ARGILE) DANS
L’ALIMENTATION DES ALEVINS DU POISSON-CHAT 

INTRODUCTION

La pêche est, depuis très longtemps, considérée comme une importante activité offrant de l’emploi et des revenus pour de nombreuses populations côtières. Aujourd’hui, on assiste de plus en plus à une forte diminution de la presque totalité des stocks. Le déclin global de la pêche est dû à la surpêche qui affaiblit les populations de poissons qui n’ont pas le temps de se reconstituer dans certaines régions du monde. Ainsi, pour combler ce gap est née l’aquaculture. Elle désigne d’une manière générale toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique, que ce soit en eau douce, en eau saumâtre, ou en milieu marin. Elle se présente comme la solution clé pour réduire les pressions sur les ressources halieutiques engendrées par la surexploitation et pour répondre à la consommation croissante de produits halieutiques. Au fur et à mesure de son développement, elle s’est présentée comme une activité économique importante, en offrant de nombreux emplois et en participant de façon significative au produit intérieur brut (PIB) des principaux pays producteurs. La production mondiale de poisson a régulièrement augmenté au cours des cinq dernières décennies grâce à l’aquaculture chinoise (FAO, 2014)1 . En 2012, sa production a atteint les 43,5 millions de tonnes dans les 66,6 millions de tonnes destinées à la consommation humaine. Ainsi, le Gouvernement du Sénégal, conscient du rôle stratégique de l’aquaculture, s’est engagé à développer ce sous-secteur avec la création en 2006 de l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA) en charge de conduire la mise en œuvre de la politique aquacole au Sénégal. Malgré tout, elle reste encore modeste au Sénégal avec une production nationale de moins de 1 500 tonnes même si le pays dispose de grandes potentialités pour son développement. Cependant dans le Plan Sénégal Emergent (PSE), l’aquaculture est inscrite parmi les 6 secteurs prioritaires et dans les 27 projets phares moteurs de création d’emplois et de richesses, capables d’impulser la croissance du pays. Il a pour objectif de produire 30 000 tonnes avant 2018 et 50 000 tonnes avant 2023. Le succès de l’aquaculture durable, en particulier de la pisciculture, repose non seulement sur la résistance de l’espèce à élever, sur l’utilisation de nourriture de grande qualité nutritionnelle mais aussi et surtout sur le respect de l’environnement. Sur le plan mondial, les Siluriformes constituent l’un des groupes de poissons économiquement 1 FAO., 2014. La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. ) importants aussi bien pour la pêche que pour la pisciculture (Teugels, 1996). De nos jours, les poissons-chats constituent aussi un groupe biologique exceptionnel sur les plans anatomique, éco-comportemental, morpho-physiologique et fonctionnel (Chardon et al., 2003 ; Kapoor et al., 2003 ; Baras et Lalèyè, 2003 ; Diogo et al., 2003) ouvrant ainsi un vaste champ d’études scientifiques. Le développement de l’aquaculture africaine repose non seulement sur la rationalisation des coûts alimentaires, qui représentent environ 50 à 60% des coûts de production (Gourène et al., 2002), mais aussi et surtout sur la formulation d’un aliment de qualité qui répond aux besoins des poissons. Au Sénégal, il y a un bon marché de sousproduits agricoles qui, incorporés dans l’alimentation des poissons, peuvent fortement améliorer la croissance des poissons et ainsi réduire les coûts de production. Ils ont donné des résultats encourageants en Côte d’Ivoire (Campbell, 1978 et Lazard, 1984). L’industrie de l’aquaculture est axée sur le développement de nouvelles méthodes pour réduire au minimum les contaminants toxiques dans les eaux d’aquaculture dans les systèmes de recyclage et les eaux usées des étangs d’aquaculture. L’utilisation d’adsorbants écologiques tels que les minéraux zéolitiques naturels est considérée comme l’une des approches prometteuses pour le traitement des eaux contaminées et des eaux usées. L’argile est un produit très abondant dans la nature, bon marché, couramment consommé par les poules élevées en plein air, de façon volontaire ou en ingérant des lombrics et des insectes de la pédofaune (Jondreville., 2007). A titre indicatif, DeVries et al. (2006) ont estimé la consommation de terre par une poule pondeuse élevée en plein-air à près de 10 % de la matière sèche ingérée. Par ailleurs, dans des études conduites ces dernières années, de grandes opportunités sont offertes aux productions animales et particulièrement à l’activité avicole grâce aux propriétés technologiques, nutritionnelles, antibactériennes et détoxifiantes de certaines argiles comme la bentonite, la kaolinite, la sépiolite, la zéolite (Ouhida et al., 2000c ; Hesham et al., 2004 ; Xia et al., 2004 ; Katsoulos et al., 2005 ; Mallet et al., 2005 ; Pasha et al., 2007). De plus, les propriétés particulières de la bentonite telles que l’hydratation, le gonflement, l’adsorption de l’eau et la viscosité en font un matériau précieux pour une large gamme d’applications dans les systèmes industriels et Agricoles (Miazzo et al., 2005). En effet, la bentonite est une substance naturelle considérée comme un produit biologique et écologique et abondant dans la nature. Son utilisation en alimentation animale a fait beaucoup de preuve surtout en aviculture. Selon Kurnick et Reid (1960), elle permettrait d’accélérer les vitesses de croissance et l’efficacité alimentaire. Ceux-ci nous poussent à la réflexion de formuler des aliments contenant de sous-produits agricoles pour réduire les coûts de Utilisation de la bentonite dans l’alimentation des alevins du poisson-chat africain (Clarias anguillaris)/Mémoire de fin d’études/P. M. NDOUR/IUPA/UCAD/2017 3 production et de la bentonite pour améliorer les performances de croissances des poissons : cas des alevins de clarias anguillaris. La présente étude, dont le thème est « utilisation de la bentonite dans l’alimentation des alevins de poisson-chat africain (Clarias anguillaris) », s’inscrit dans le cadre de fabriquer un aliment bien équilibré, qui assure une bonne croissance à moindre coût, et qui permet aux pisciculteurs d’obtenir des rendements meilleurs et de valoriser ainsi la bentonite en alimentation piscicole suite à la connaissance de son meilleur taux d’incorporation. Ce mémoire s’articulera autour de trois chapitres : Chapitre I : synthèse bibliographique sur l’espèce Clarias anguillaris et la bentonite. Chapitre II : les différents matériel et méthodes expérimentaux. Chapitre III : les résultats de l’expérience et la discussion de ces derniers

Taxonomie et morphologie

Position systématique (Linnaeus, 1758) 

Selon la systématique décrite par Lecointre (in Lévêque et Paugy, 1999), et ensuite par Teugles (in Imorou, 2007), C. anguillaris fait partie du genre Clarias, de la famille des Clariidae, de l’ordre des Siluriformes. Le sous-ordre des Siluroidei connu sous le nom de poissons-chats (Fink et Fink, 1981) est constitué en Afrique de 10 familles comprenant 102 genres et près de 747 espèces (Teugels, 2003). Vivant en majorité d’eaux douces et/ou saumâtres (Teugels, 1996) (dont 2 vivant dans les eaux marines : les Ariidae et les Plotosidae), la famille des Clariidae est composée à son tour de 12 genres et de 63 espèces. ∆ Règne : Animal ∆ Classe : Actinoptérygii ∆ Ordre : Siluriformes ∆ Sous-ordre : Siluroidei ∆ Famille : Clariidae ∆ Genre : Clarias ∆ Espèce : anguillaris ∆ Nom commun courant : poisson-chat africain Figure I.1 : Individu de poisson-chat africain C. anguillaris

 Description morphologique

 Selon Teugels (in Paugy et al., 2004), les Clariidae se distinguent des autres Siluriformes par l’absence d’épine à la dorsale, par la longue nageoire dorsale et la longue anale par la Chapitre I Synthèse bibliographique Utilisation de la bentonite dans l’alimentation des alevins du poisson-chat africain  présence de 4 paires de barbillons et d’un organe supra-branchial formé par évaginations permettant aux poissons de pratiquer une respiration aérienne. De forme très allongée, C. anguillaris se caractérise par ses grands barbillons sur son mâchoire d’où la dénomination de poisson-chat (Proue, 1974) et son absence d’écailles, sa peau est recouverte de mucus. La forme générale du corps présente un léger aplatissement dorso-ventral (Aratia et al., 2003 ; Paugy et al., 2004). C. anguillaris a un corps cylindrique allongé de nageoires dorsale et anale qui sont extrêmement longues contenant seulement des rayons mous (De Graaf et Janssen, 1996) et peut atteindre 960 mm de longueur totale (LT) et peser 5 à 6 Kg. Cette espèce ressemble morphologiquement à C. gariepinus. La seule différence nette entre les deux espèces est la taille et le nombre de branchiospines sur le premier arc branchial. C. auguillaris de tête très longue est caractérisé par un nombre bas plus réduit (16-50) de branchiospines courtes chez l’espèce C. gariepinus (Burchell, 1822). Ce nombre de branchiospines est de 24 à 110 (Benech et al., 1993) longues et minces. Comme pour C. gariepinus, deux types de colorations peuvent être observés: une marbrée et l’autre uniforme. Pour la marbrée, on observe des tâches irrégulières noirâtres sur le dos et sur les flancs. Le ventre est blanchâtre. Pour la coloration uniforme, le dos et les flancs sont brun foncé tandis que le ventre est beige à blanchâtre. Il existe deux bandes de pigmentation sur la partie inférieure de la tête et des bandes verticales pigmentées sur la nageoire caudale. 

Répartition et habitat 

anguillaris (Linnaeus, 1758) est une espèce paléotropicale de distribution beaucoup plus limitée que C. gariepinus (Burchell, 1822). Il est trouvé en Mauritanie en parfaite sympatrie avec C. gariepinus. Les deux espèces se rencontrent aussi dans la plupart des bassins de la zone nilo-soudanienne (Nil, Tchad, Niger, Volta, Sénégal). Les habitats des poissons-chats sont très variés (Arratia, 1983). Mais beaucoup d’entre eux ont une préférence pour les eaux peu profondes, relativement capricieuses et un environnement pluvieux (Bruton, 1996). C. anguillaris est plutôt un habitant des fleuves et des rivières à courant lent, à fond important (5-10 mètres et plus), dont le substrat vaseux ou sableux est encombré de végétaux aquatiques, d’arbres morts, d’enrochements. Il recherche les endroits les moins éclairés. Les Clarias adoptent plusieurs types de comportements en fonction des conditions du milieu. Cependant, pendant les saisons sèches, le poisson-chat africain rampe sur le sol sec pour échapper à l’assèchement des étangs et survit dans une boue peu profonde entre les saisons de pluies grâce à ses organes respiratoires accessoires. Chapitre I Synthèse bibliographique Utilisation de la bentonite dans l’alimentation des alevins du poisson-chat africain (Clarias anguillaris) Figure I.2 : Répartition géographique de C. anguillaris et C. gariepinus 

Régime alimentaire

 Les poissons-chats, comme leur nom l’indique, sont caractérisés par la présence d’organes sensoriels non visuels bien développés : les barbillons qui servent essentiellement à détecter la nourriture (Bruton, 1996 ; Baras et Lalèyè, 2003). C. anguillaris est un poisson de régime omnivore à tendance carnassière ce qui conduit à l’utiliser comme prédateur associé dans les élevages des Tilapias (Lévêque et Paugy, 1999). L’adulte est essentiellement ichtyophage, les jeunes sont planctonphages (Le Berre, 1989), il a une habitude d’alimentation nocturne (Viveen et al., In Hossain et al., 1998), la bouche large de C. anguillaris lui permet de prendre une grande variété de nourriture, depuis les organismes minuscules de zooplancton jusqu’aux petits poissons. Il est capable d’aspirer le benthos du fond, de déchiqueter des animaux morts au moyen des petites dents maxillaires et d’avaler des proies tels que des poissons entiers. Omnivores, les Clarias se nourrissent principalement d’insectes, de mollusques, de poissons, d’annélides, d’amphibiens, des fruits et des débris végétaux. Le silure du Sénégal se nourrit de débris végétaux et de larves d’insectes, mais l’essentiel de son alimentation est composé de poissons: Barbus, Tilapia, Hemichromis, et autres Clarias. Sa morphologie buccale (large fente transversale) est bien adaptée à ce régime alimentaire. 

Biologie

 Ce silure est répandu en Afrique tropicale dans des rivières, marécages, lacs et étangs. Un organe suprabranchial complète le rôle des branchies, permettant à ce poisson de vivre dans des eaux boueuses, peu oxygénées et relativement chaudes (20 à 35° C). C. anguillaris présente diverses adaptations morphologiques intéressantes : son aplatissement dorso-ventral qui est favorable à la vie sur les fonds boueux ; les épines de ses pectorales qui peuvent aider à la progression hors de l’eau de ce poisson (changement de mare). La papille urogénitale du mâle est située entre l’orifice anal et la nageoire ventrale (Figure I.2). Elle est effilée et pointue vers l’extrémité. Celle de la femelle est située au même endroit, mais elle est ovale, et après l’anus l’on observe l’orifice génital qui se présente sous forme d’une fente sur la papille, c’est l’oviducte qui n’existe pas chez le mâle. Ce silure atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 8 mois pour une longueur totale (LT) de 200 mm. La reproduction s’effectue dans les zones inondées lors des pluies annuelles ou bisannuelles. Les poissons effectuent alors une migration pour rejoindre ces lieux de ponte. Les femelles déposent selon leur taille de 5000 à 200.000 œufs en plusieurs fois. Ceux-ci mesurent 1 à 1,5 mm de diamètre.

Table des matières

DEDICACES
REMERCIEMENTS
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. PRESENTATION DE L’ESPECE
I.1.1. Taxonomie et morphologie
I.1.1.1. Position systématique (linnaeus, 1758)
I.1.1.2. Description morphologique
I.1.2. Répartition et habitat
I.1.3. Régime alimentaire
I.1.4. Biologie
I.1.5. Importance des poissons-chats
I.1.5.1. Importance économique
I.1.5.2. Production
I.2. GENERALITES SUR LES ARGILES
I.2.1. Définition
I.2.2. L’ingestion d’argile
I.2.3. Utilisation de la bentonite en alimentation animale
I.2.3.1. Définition
I.2.3.2. Modes d’utilisation en alimentation animale
I.2.3.2.1. Comme agent liant dans les aliments
I.2.3.2.2. Comme agent de remplissage dans les mélanges humides .
I.2.3.2.3. Comme absorbant avec l’ensilage faible en matière sèche
I.2.3.2.4. Comme « dispensateur » de minéraux
I.2.3.3. Effet général sur les animaux
I.2.3.3.1. Energie et protéines
I.2.3.3.2. Minéraux et vitamines
I.2.3.3.3. Toxines
I.2.3.3.4. Fumiers
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1. MATERIEL
II.1.1. Matériel biologique
II.1.2. Matériel géologique
II.1.3. Matériel d’élevage
II.1.4. Matériel de fabrication d’aliment
II.1.5. Matériel de mesure
II.2. METHODES
II.2.1. Milieu d’étude
II.2.2. Procédure de fabrication des aliments
II.2.4. Suivie des paramètres physico-chimiques
II.2.5. Paramètres de croissance et de survie
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. RESULTATS
III.1.1. Paramètres physico-chimiques
III.1.2. Estimation économique .
III.1.3. Paramètres de croissance et de survie
III.2. DISCUSSION
III.2.1. Paramètres physico-chimiques
III.2.2. Paramètres de croissance et de survie
III.2.3. Analyse économique
CONCLUSION .
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

projet fin d'etudeTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *