Approche de la notion bon éclairage

Approche de la notion bon éclairage

Au cours de nos expérimentations, la lumière est apparue comme un élément majeur du paysage nocturne. Elle semble conditionner les usages et les représentations et est indissociable des thèmes de la sécurité, de la mobilité, de l’animation,… bref du vivre la nuit. Bien que l’appréciation de l’éclairage soit individuelle, subjective et donc difficile à évaluer, nous avons cherché à proposer des pistes d’amélioration de l’éclairage en accord avec nos expérimentations. Le tableau ci-après, issu des travaux du séminaire « Les facteurs lumineux du sentiment d’insécurité »40, résume les différentes fonctions des lumières que remplit déjà l’éclairage urbain ou qui sont à améliorer. Il indique donc grâce à une « estimation grossière, l’importance relative que peuvent prendre ces différentes fonctions selon le type de lieu urbain ». Nous pouvons considérer que ce tableau constitue dès lors une « sorte de cahier des charges psychosociales des rôles de l’éclairage urbain ». 

Prolongements Tours la nuit 

La prise en compte de la nuit dans les politiques d’aménagement urbain : le cas du Tramway 87 Figure 34 : Importance relative des différentes fonctions de l’éclairage selon le type de lieu (Jean-François Augoyard) Le « bon éclairage » semble donc devoir s’adapter aux différents types d’espaces tout en répondant à l’ensemble de ces fonctions. Cependant, il apparait que certaines d’entre elles sont récurrentes dans les matériaux issus de nos expérimentations. Nous allons tenter de qualifier au mieux le « bon éclairage », puis nous verrons quelles sont les nuances à lui apporter dans chacun des types d’espaces nocturnes de  O. Bellanger & R. Chaumette l’archipel tourangeau mis en évidence. Nous mettrons aussi l’accent sur les quartiers sensibles en raison des enjeux qu’ils regroupent. Le « bon éclairage » semble passer par : – Une lumière blanche : elle met en valeur les objets en recréant les couleurs du jour la nuit. – Une lumière diffuse : une lumière est diffuse lorsqu’elle est réfléchie par les objets qu’elle éclaire. – Une lumière d’intensité moyenne : une lumière qui éclaire sans pour autant donner l’impression d’être sous des projecteurs. – Un éclairage au sol : il permet au piéton de suivre aisément son cheminement sans être trop visible. Il contribue à limiter la pollution lumineuse. – Un éclairage indirect : il permet de réduire le sentiment d’insécurité en donnant l’impression que le piéton n’est pas seul dans l’espace public. Il permet aussi de limiter la consommation énergétique. – Un éclairage homogène : il s’agit d’éviter les contrastes afin de faire disparaître les murs d’obscurités, obstacles à la visibilité. ß Le « bon éclairage » des îlots attractifs Comme l’indique Roger Narboni, en s’appuyant sur le cas de Nantes, la mise en place d’un tramway est l’occasion d’élaborer une nouvelle stratégie d’éclairage public. Elle passe notamment par « la création d’ambiances lumineuses originales et dédiées aux piétons, la réinvention de l’éclairage public et l’affirmation de la prééminence de l’espace public nocturne par rapport aux éclairages architecturaux » . Les îlots attractifs sont le lieu idéal pour développer une telle stratégie. En effet, cela permettrait d’accroître leurs rayonnements et d’accentuer leurs côtés festifs. Il s’agit donc d’y développer, au sens de Jean-François Augoyard, les fonctions : générale, d’ambiance, de valorisation, de promotion visuelle et de spectacle. Nos îlots dits attractifs correspondent donc aux lieux d’animation, aux rues commerçantes et aux centres villes du tableau précédent. 

Tours la nuit

La prise en compte de la nuit dans les politiques d’aménagement urbain : le cas du Tramway 89 ß Le « bon éclairage » des interstices Les interstices représentent la « ville qui dort », ce sont donc des espaces à vocation principalement résidentielle. L’éclairage doit permettre le cheminement piétonnier mais « ne pas éclairer chez les gens ». L’éclairage au sol est à privilégier et une politique d’abaissement progressif de l’intensité lumineuse peut y être mise en place. Il s’agit donc d’y développer, au sens de Jean-François Augoyard, les fonctions : générale, psychomotrice, de sécurité et de balisage. ß Le « bon éclairage » des îlots « frontières » Les îlots « frontières » sont, par définition, des intermédiaires entre les îlots attractifs et les interstices. Le « bon éclairage » y est donc le résultat d’un juste équilibre qui, au sens de JeanFrançois Augoyard, doit remplir les fonctions : générale, de balisage, d’ambiance, psychomotrice et de sécurité. ß Zoom sur le « bon éclairage » des quartiers sensibles Les politiques sécuritaires ont conduit à la création d’un urbanisme et d’aménagements lumières propres aux quartiers dits « sensibles ». La situation classique, que nous retrouvons au Sanitas et à la Rabière, est caractérisée par de grandes esplanades bordant des axes de circulations et mise sous les projecteurs une fois la nuit tombée. Ces éclairages puissants et intenses repoussent les activités illicites dans l’ombre en invitant les passants à circuler dans la lumière et les regroupements à se décaler vers les entrées des bâtiments.

Les politique temporelle

La ville doit aujourd’hui être perçue comme « un labyrinthe à 4 dimensions » (Luc Gwiazdzinski). Le temps devient une partie intégrante de l’espace. Le tramway de Tours, s’il prenait en compte cette nouvelle dimension, pourrait structurer ce dédale. C’est pourquoi, nous considérons comme primordial d’effectuer un travail sur les temporalités. L’organisation sociale du temps découle de la Révolution Industrielle. Elle est organisée autour du travail et notamment de la « dissociation usine/foyer »42. Ces rythmes traditionnels, hérités de nos ancêtres, étaient issus des rythmes solaires et conditionnaient nos rythmes biologiques. Mais désormais, ils ne sont plus synchronisés aux rythmes urbains43. Les repères sont bouleversés et l’écart se creuse entre travail et vie urbaine. Comme l’indique Catherine Gabriel, « le temps industriel n’est plus », les rythmes ont changé : ils sont moins collectifs et l’individualisation des modes de vie progresse en raison de la mise en place d’horaires de travail atypiques (flexibilité, amplitude, densification,…). Le travail se transforme et « chacun des habitants et chacune des organisations vit à plusieurs échelles : celle de la sphère professionnelle, des proches, des loisirs, et celle de la consommation ».

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