Capacité fonctionnelle et endurance cardiorespiratoire

Étiologie de la DM1

La dystrophie myotonique de type 1 (DM1), également connue sous le nom de dystrophie de Steinert, est une maladie héréditaire autosomique à caractère dominant, ce qui signifie que le gène muté est porté par un autosome et qu’un seul allèle suffit à ce qu’un individu soit atteint. L’anomalie causant la DM1 a été découverte en 1992 par une équipe de chercheurs canadiens dirigée par le Dr. Korneluk (1992) (Jansen et al., 1992). Elle est localisée sur les chromosomes 19. La répétition du trinucléotide de cytosine, thymine et guanine (CTG) altère le gène identifié sous le nom de Dystrophia myotonica protein kinase (DMPK) dans une région non codée (Pyumirat & Cosette, 2012). L’étiologie de la DM1 n’est pas encore bien comprise puisque les mécanismes de la maladie dépendent, entre autres, de la position du triplet répété. Plusieurs hypothèses ont été soumises pour expliquer comment une répétition de triplet situé dans une région non codée d’un gène peut expliquer la présence de la DM1 (Kaliman & Llagostera, 2008; Pesovic et al., 2017; Santoro et al., 2015; Tapscott, 2000).

Il n’existe à notre connaissance aucune étude qui peut expliquer précisément l’étiologie de la DM1. L’une des hypothèses était que la dysfonction musculaire était dû à un trouble dans l’expression du gène de la dystrophine (Nakamori, Kimura, Fujimura, Takahashi, & Sakoda, 2007; Nichols, Takeda, & Yokota, 2015; Vihola et al., 2010). Toutefois, ces études n’ont pas été en mesure de clarifier le rôle de l’altération de ce gène dans la DM1 (Bushby et al., 2010; DMCanada, 2012; Monaco, Bertelson, Liechti-Gallati, Moser, & Kunkel, 1988; Nakamori et al., 2007). Chez l’adulte sain, le trinucléotide CTG est répété de 5 à 37 fois alors que chez les gens atteints de la DM1, on le retrouve entre 80 et 2000 fois (Bouhour, Bost, & Vial, 2007). Il a été démontré qu’il y a un lien entre le nombre de répétitions CTG et la gravité de la maladie (Marchini et al., 2000; Tsilfidis, MacKenzie, Mettler, Barcelo, & Korneluk, 1992). Plus le nombre de répétitions CTG est élevé, plus les symptômes sont graves. Il est possible de connaitre la gravité de l’atteinte en détectant le nombre de répétitions CTG (Bouhour et al., 2007; C.-C. Huang & Kuo, 2005; Pyumirat & Cosette, 2012) La DM1 s’exprime en fonction de différents phénotypes (Tableau 1). Les phénotypes se distinguent, entre-autres, par l’âge d’apparition des symptômes, le nombre de triplets CTG et la gravité de l’atteinte musculaire (Magaña, Leyva-García, & Cisneros, 2009). La forme tardive, ne présente pas ou très peu de symptômes de la maladie, elle est diagnostiquée à l’âge adulte. La forme congénitale est la plus symptomatique et parfois létale (16 % des cas) (Bouhour et al., 2007; Dogan et al., 2016). Dans le tableau ci-dessous, quatre phénotypes sont brièvement décrits et adaptés selon les recherches de plusieurs études (Dogan et al., 2016; Fayssoil & Nardi, 2011b; Huerta et al., 2015; M., H., & R., 1999; Salehi et al., 2007).

La myotonie

La myotonie est la caractéristique la plus présente dans la DM1 (Ashizawa & Sarkar, 2011). La myotonie est décrite comme étant une atteinte des muscles surtout distaux. (Fayssoil & Nardi, 2011a; Kaliman & Llagostera, 2008; Thornton, 1999). C’est un état de surexcitabilité des fibres musculaires causé par une contraction volontaire ou par une électrostimulation (Hughes, Hogue, & Hsieh, 2014). Après la stimulation musculaire, une série de potentiels d’actions est déclenchée retardant ainsi la relaxation musculaire (Mankodi & Thornton, 2002). Elle est caractérisée par un temps anormalement long avant le relâchement musculaire. Dans le cas de la DM1, les causes de la myotonie ne sont toujours pas connues (Mankodi & Thornton, 2002). Le temps anormalement long pour effectuer un relâchement complet peut amener de graves conséquences si un mouvement rapide est nécessaire, par exemple lors de la conduite automobile. En général, la myotonie se déclenche lors d’une très forte contraction mais elle peut également être activée par la percussion musculaire (Pyumirat & Cosette, 2012).

Il s’agit en général d’un phénomène indolore (Aldehag et al., 2005). Aucune relation entre le nombre de CTG, l’intensité de la myotonie et l’entraînement n’a pu être prouvée dans les dernières années (Aldehag et al., 2005; Andersen et al., 2013; Hogrel et al., 2017). La figure 5 illustre les étapes de relâchement des fléchisseurs des doigts après une contraction maximale. Par étapes, les photos démontrent le relâchement musculaire, en débutant par un doigt puis jusqu’au relâchement complet. Tirée du site internet (Jurkat, 2012). À la suite d’une étude réalisée en 2012, les atteintes causant le plus de problèmes au quotidien ont été identifiées (Heatwole et al., 2012). Du mois d’avril au mois d’août 2011, les données de 278 adultes atteints de la DM1 ont été recueillies concernant 14 symptômes. De ces adultes, 93,5 % affirment avoir des difficultés relatives à la faiblesse des bras et des mains, 90,8 % déclarent être affecté par la fatigue, 90,3 % ont de la difficulté associée à la myotonie des mains et finalement 87,9 % ont des difficultés avec leur sommeil (Heatwole et al., 2012). L’activité physique chez des adultes sains peut permettre l’amélioration de la force des bras et des mains et réduire considérablement la fatigue. Si les muscles des gens atteints de DM1 réagissent similairement, les stimuli provoqués par l’entraînement pourraient permettre de diminuer la perte de force progressive ainsi que la sensation de fatigue.

Entrainement de la force et la DM1

Une étude réalisée en 2005 sur l’entraînement des fléchisseurs des doigts chez 5 adultes atteints de DM1, semble démontrer que l’entraînement, trois fois par semaine durant trois mois, à l’aide d’une balle en silicone, permet d’augmenter la force de préhension des mains. Le petit nombre de sujets dans cette étude ne permet toutefois pas de tirer des conclusions définitives. De plus, l’étude devrait être réalisée sur une plus grande période de temps afin de renforcer l’hypothèse selon laquelle la force maximale des mains peut être entraînée chez les gens atteints de DM1 (Aldehag et al., 2005). Aucun effet néfaste n’a été remarqué à la suite d’un programme d’entraînement des mains. En 1999, une étude a analysé l’impact d’un entraînement en force sur le muscle quadriceps. Neuf adultes atteints de DM1 ont suivi un programme d’entraînement progressif 3 fois par semaine durant 12 semaines. L’une des deux jambes a été entraînée avec 3 x 10 répétitions avec une charge de 80 % du 1RM. Au bout de 12 semaines, une amélioration de la force de 16.4 ± 3.4 kg à 21.8 ± 2.6 kg (p = 0.0002) a été constatée. Une IRM (imagerie par résonnance magnétique) et une biopsie du muscle extenseur du genou avant et après les 12 semaines d’entraînement ont été effectuées. Cependant, aucune modification histopathologique ne s’est avérée significative.

En somme, l’étude a démontré qu’il n’y a eu aucun effet négatif de l’entraînement et aucun changement histopathologique du muscle extenseur du genou par rapport à la jambe non entraînée. Le petit nombre de sujets dans cette recherche ne permet pas de conclure à des résultats significatifs, mais démontre tout de même une tendance à l’augmentation de la force (Tollbäck et al., 1999). Les gains observés dans l’étude de Tollbäck (1999) sont intéressants étant donné que l’entrainement musculaire unilatéral apporte également un impact du côté non entrainé. La méthode de comparaison utilisée réduit donc l’impact réel de la musculation (Carroll, Herbert, Munn, Lee, & Gandevia, 2006). L’étude n’a pas été en mesure d’associer l’amélioration aux adaptations neuromusculaires et/ou à un changement des fibres musculaires elles-mêmes. L’effet de l’entraînement n’a pas pu être démontré à l’aide des biopsies car le nombre d’échantillons étaient trop petits. De plus (Tollbäck et al., 1999).

L’équilibre

L’équilibre est la faculté de maintenir ou de rétablir le corps dans une position d’équilibre malgré le déplacement (Weineck, 1997). Une étude a été réalisée en 2012 sur la capacité d’équilibre des gens atteints de DM1 afin de vérifier si l’entraînement avait un effet sur l’amélioration de cette capacité physique (E. Hammarén, Lindberg, & Kjellby-Wendt, 2012). Onze sujets adultes ont suivi un programme d’équilibre 2 fois par semaine durant 10 semaines. Au début et à la fin du programme d’entraînement, plusieurs questionnaires et tests physiques ont été effectués : une auto-évaluation sur la perception de l’équilibre dans 3 activités quotidiennes, un questionnaire sur l’équilibre dans les activités spécifiques « Activities-specific Balance Confidence (ABC) scale », deux tests permettant de vérifier l’équilibre en mouvement soit le « step test » et le « timed up-and-go », un 10m de marche à la vitesse maximale, un test de force isométrique des jambes ainsi que le nombre de chutes. Au terme de l’étude, un meilleur équilibre a été démontré grâce aux questionnaires ainsi qu’au « step test » (+18 %, p=0,008). Le faible nombre de participants (n=11) ainsi que la durée du programme devraient être augmentés dans de futures études.

Elle permet toutefois de constater que l’équilibre est une qualité physique qui a les propriétés de s’améliorer lorsqu’elle est entraînée chez les gens atteints de DM1 (E. Hammarén et al., 2012; Horlings et al., 2009). La confiance et la diminution de la peur de chuter est également un facteur important à prendre en considération. Les études en lien avec l’équilibre et les chutes chez les gens atteints de DM1, ont toutes mises en lumière l’augmentation de la confiance et/ou la diminution de la peur de chuter, cet aspect psychologique est déterminant dans la qualité de vie (Fritz, Cheek, & Nichols-Larsen, 2015; Elisabet Hammarén, Lindberg, & Kjellby-Wendt, 2015; Wollesen et al., 2017). Dans une étude évaluant l’impact de l’entrainement de l’équilibre durant 12 semaines, n’a pas rapporté de changement significatif dans la force musculaire ni dans le nombre de chute (Elisabet Hammarén et al., 2015). Cependant, les études vont toutes dans la même direction, la confiance (ABC scale) s’est significativement améliorée (Berthelsen et al., 2014; Fritz et al., 2015; Elisabet Hammarén et al., 2015; Missaoui et al., 2010). Le nombre de participant est une limite en recherche pour évaluer l’impact de l’entrainement. Dans l’étude de Desjardins (2012), une grande importance a été apportée à l’heure de la période d’entraînement. En après-midi, les gens atteints de DM1 performaient mieux aux évaluations qu’en avant-midi (Banach et al., 2009; Laberge et al., 2004). Il est donc important de considérer cet aspect lors du choix de la période d’entraînement (Desjardins, 2012).

Table des matières

RÉSUMÉ
ABSTRACT
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABRÉVIATIONS
DÉDICACES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
Chapitre I : ÉTAT DES RECHERCHES
1.1 Les maladies neuromusculaires
1.2 La dystrophie myotonique de type 1
1.2.1 Étiologie de la DM1
1.2.2 Épidémiologie de la DM1
1.3 Symptômes cliniques de la DM1
1.3.1 Les atteintes musculaires
1.3.3 Les atteintes du système cardiaque
1.4 Les qualités physiques
1.4.1 La force musculaire
1.4.2 L’endurance cardiorespiratoire
1.4.3 La flexibilité
1.4.4 L’équilibre
1.4.5 La coordination
1.4.6 L’équilibre
1.4.7 La vitesse
1.4.8 La périodisation de l’entraînement
1.5 L’évaluation de la condition physique
1.5.1 L’évaluation de la force
1.5.2 Évaluation de l’endurance cardiorespiratoire
1.5.3 Évaluation de la capacité fonctionnelle
Chapitre II MÉTHODOLOGIE
2.1 Formulation des hypothèses de recherche
2.2 Participants
2.2.1 Description des participants
2.2.2 Recrutement
2.3 Déroulement
2.3.1 Évaluation
2.3.2 L’entraînement
2.3 Variables
2.3.1 Variables indépendantes
2.3.2 Variables dépendantes
CHAPITRE III RÉSULTATS
3.1 Statistiques
3.2 Données sur les participants
3.3 Mesures anthropométriques
3.4 Force maximale
3.5 Capacité fonctionnelle et endurance cardiorespiratoire
CHAPITRE IV : DISCUSSION
4.1 Mesures anthropométriques
4.2 La force maximale
4.2.1 Force maximale des membres inférieurs
4.2.2 Force maximale des membres supérieurs
4.3 L’impact de l’entraînement sur l’endurance cardiovasculaire
4.4 Capacité fonctionnelle (gestes entrainés
4.5 Capacité fonctionnelle (gestes non entrainés
4.6 Qualités athlétiques de base des hommes et les femmes
4.7 Limitations de l’étude
CHAPITRE V : CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Annexe A
Annexe B
Annexe C

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