Chimie des Produits Naturels

Chimie des Produits Naturels

A travers les âges, l’homme a pu compter sur la nature pour subvenir à ses besoins de base : nourriture, abris, vêtements et également pour ses besoins médicaux. L’utilisation des plantes pour le traitement des maladies de l’homme est très ancienne et évolue avec l’histoire de l’humanité. Dans le monde, près de 80% des populations ont recours à des plantes médicinales pour se soigner, par manque d’accès aux médicaments de la médecine moderne mais aussi parce que ces plantes ont souvent une réelle efficacité [OMS, 2007]. Aujourd’hui, le savoir des tradipraticiens, de moins en moins transmis, tend à disparaître. C’est pour cela que l’ethnobotanique et l’ethnopharmacologie s’emploient à recenser, partout dans le monde, des plantes réputées actives et dont il appartient à la recherche de préciser les propriétés et valider les usages [Pelt, 2001]. La recherche de nouvelles molécules entreprise au sein de la biodiversité végétale en se servant de données ethnopharmacologiques, permet de sélectionner des plantes potentiellement actives et d’augmenter significativement le nombre de découvertes de nouveaux principes actifs. Sachant qu’une plante peut contenir plusieurs substances différentes, on peut se rendre compte de la richesse naturelle du règne végétal.

Dans le cas du paludisme, les substances naturelles et leurs dérivés occupent une place prépondérante. Deux antipaludiques, la quinine et l’artemisinine, sont issus de plantes traditionnellement utilisées dans leur pays d’origine contre les fièvres et le paludisme. Il s’agit de l’écorce des arbres de la Cordillère des Andes poussant en haute altitude (Cinchona calisaya et autres espèces de Cinchona) et d’une herbacée originaire de Chine, Artemisia annua. Ces découvertes encouragent la recherche de nouveaux antipaludiques au sein de la biodiversité végétale. Le paludisme ou malaria sévit dans les régions tropicales et subtropicales de l’hémisphère sud. Plus de deux milliards de personnes sont susceptibles de contracter la maladie à travers le monde. Actuellement, malgré l’arsenal thérapeutique existant, peu de médicaments sont disponibles sur le marché et sont accessibles aux populations concernées. De plus, le développement de phénomènes de résistance du parasite aux traitements actuels renforce le besoin urgent de trouver de nouveaux antipaludiques. En 2013, des recherches effectuées par Tarkang et al. ont montré que les plantes et les composés ayant une activité antioxydante peuvent diminuer l’infection paludéenne et probablement éviter ses séquelles. Des expériences effectuées chez l’animal ont prouvé que les antioxydants empêchent le développement de complications cérébrales provoquées par le paludisme [Reis et al., 2013]. En plus, Njozi et al. (2013), ont également prouvé que la prescription d’un antipaludique associé à un antibiotique améliore le traitement du paludisme. Ils ont montré l’efficacité d’une co-prescription artemether-lumefantrine, contre cette maladie. Dans le contexte socio-économique des pays en voie de développement, l’étude des plantes peut aboutir à l’obtention de réponses thérapeutiques adéquates et à faible prix, joignant à une efficacité scientifique prouvée, une acceptabilité culturelle optimale. La valorisation scientifique de la médecine traditionnelle doit conduire notamment à la mise au point de médicaments à base de plantes.

La Famille Lauraceae

La famille des Lauraceae appartient à l’ordre des Laurales [APGIII, 2009 ; Cronquist, 1988]. Cette famille intertropicale des régions chaudes est représentée par environ 54 genres et 2200 espèces [Schatz, 2001]. Il s’agit d’arbres ou d’arbustes à feuilles quasi persistantes et un genre monospécifique lianescent et parasite : Cassytha filiformis L. Cryptocarya est un genre intertropical représenté par environ 350 espèces, répandu surtout en Malaisie, en Nouvelle-Guinée mais peu en Amérique du Sud et en Afrique du Sud, absent de l’Afrique équatoriale [Rohwer, 1993]. A Madagascar, environ 35 espèces endémiques sont recensées. On peut aisément le reconnaître à la pubescence dense de couleur rouille des jeunes feuilles et tiges, à la face inférieure glauque ou pruineuse de ses feuilles et à ses fruits globuleux portant un petit pore apical [Schatz, 2001].

Le genre Cryptocarya R. Br.

Arbre pouvant atteindre 30 m de haut, 40 cm de diamètre, à ramilles ferrugineux vers le sommet, bourgeons garnis de petits poils ferrugineux- tomentelleux. Feuilles simples, alternes, rigides-coriaces, les jeunes à tomentum très fin, denses, ferrugineuses ; feuilles adultes glabres, subovales-elliptiques de 3-5 cm sur 2-4 cm, à base aiguë, à bords récurvés, sommet obtus ou émarginé ; la face supérieure verte brillante et lisse ; la face inférieure terne, lisse, pruineuse, à nervure nettement saillante, à 3-5 (6) côtes de chaque côté, saillantes. Inflorescences en panicules axillaires et subterminales, multiflores, pyramidales, à tomentum ferrugineux dense et très fin, longue de 2-5 cm, à pédoncules grêles. Fleurs sessiles, subcampanulées à poils très petits et serrés, ferrugineux, à tépales dressés-étalés, subégaux, ovales-elliptiques, glabres à l’intérieur ; 9 étamines dont 6 externes et 3 internes ; ovaire supère. Fruit vert, subglobuleux [Kostermans, 1950]. Les photos des feuilles avec fruits et herbier de C. dealbata sont données à la figure 2.

Arbre de 13 m de haut, 13 cm de diamètre, à rameaux glabres, bourgeons garnis de petits poils ferrugineux. Feuilles simples, alternes, raides-coriaces, les jeunes garnies de poils serrés ferrugineux sur les deux faces, surtout en dessous, le tomentum persistant plus longtemps à la face inférieure; feuilles adultes glabres, subovales-elliptiques ou elliptiques de 4-17 cm sur 1,5-6 cm, à réseau très dense et fin, aréolé sur les deux faces, les feuilles adultes à la fin, lisses, à base obtuse ou brièvement aiguë, à bords récurvés, sommet obtus ou obtusément aiguë parfois émarginé ; la face supérieure verte brillante et lisse ; la face inférieure terne, lisse, pruineuse, à nervure nettement saillante, à 6-10 côtes de chaque côté, saillantes. Pétiole à poils petits ferrugineux, long de 5-10 mm, aplati en dessus. Inflorescences en panicules axillaires et subterminales, multiflores, pyramidales, à tomentum ferrugineux dense et très fin, longue de 1,5-3 cm, à pédoncules courts, à bractées très petites. Fleurs marrons, campanulées- urcéolées, densément ferrugineuses-tomenteuses, à tépales dressés-étalés, subégaux, largement ovales, à poils très petits à l’intérieur ; 9 étamines dont 6 externes et 3 internes ; ovaire supère. Fruit globuleux, un peu déprimé, lisse, à sommet nettement apiculé [Kostermans, 1950 ; Van der Werff, 2013].

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