Compréhension de l’action de quelle expérience parlons -nous

Compréhension de l’action de quelle expérience parlons -nous

Depuis les premiers humains, les instruments ont toujours été d’abord pensés, puis fabriqués pour être utilisés, puis déjà-là mais toujours recréés. Ce rapport qui lie fondamentalement l’être humain aux instruments, a conduit au développement d’une phylogenèse de l’outil. L’humain a toujours transformé et créé l’outil qui en retour, le transforme par la maîtrise de techniques et une augmentation de son efficience. L’outil prend alors le statut d’instrument (Rabardel, 1995). L’instrument a éloigné l’humain de sa condition animale et naturelle pour en faire un être en symbiose non pas avec la nature, mais avec l’artificiel (Breton, 1995), l’un appartenant à l’autre réciproquement, et l’un transformant l’autre, réciproquement. En effet, nous tendons à nous représenter la présence dans ses dimensions de temps et d’espace, comme un corps situé dans un espace-temps. Cependant, l’usage des technologies de l’information et de la communication met en avant la dimension de l’agir, d’un corps en action capable de produire des actes dans un lieu distant, par l’intermédiaire d’un instrument technologique. La technologie devient alors, dans une certaine mesure, le prolongement de l’utilisateur (Brangier, Dufresne et Hammes-Adelé, 2009). Ce rapport médiatisé au monde interroge la nature de l’action, de son rapport au corps et également, de son rapport à la construction de signification du monde.

Nous débutons par une compréhension de l’action dans l’approche située puis écologique, en décrivant le concept d’affordance (Gibson, 1979 ; Norman, 1994). Puis nous approfondissons la compréhension du mécanisme humain de l’action, du point de vue de la neurophysiologie avec le concept de perçaction (Berthoz, 1997). Ce dernier concept est développé à partir des travaux issus de la phénoménologie (Merleau-Ponty, 1945 ; Heidegger, 1953). S’agissant d’une étude sur l’inclusion d’individus dans des groupes, nous situons ces compréhensions dans des théories de la psychologie sociale (Hall, 1971 ; Asch, 1961). Notre compréhension Les théories de l’action située envisage l’individu comme étant ancré dans son environnement à la fois social, matériel et culturel (Suchman, 1987 ; Maturana et Varela, 1981). Ces théories invitent à s’intéresser au couplage de l’action et de la situation dans laquelle elle est réalisée. Dans cette perspective, l’analyse de l’action ne peut pas être séparée du contexte dans lequel elle prend forme. L’action est précédée d’une interprétation subjective de la situation. La théorie de l’action située proposée par Suchman (1987), révèle que l’action ne se situe pas uniquement dans la cognition de l’acteur, mais dans un entre-deux, un espace entre l’acteur et la situation. Ainsi, l’action est indissociable de la situation dans laquelle elle prend forme et il convient de l’étudier in situ pour comprendre ce qui l’organise. L’auteure rappelle que l’acteur n’est jamais seul mais qu’il est pris dans un environnement social et culturel, dont la médiation conditionne l’élaboration de mécanismes cognitifs supérieurs.

L’approche interactionniste de Suchman constitue une critique épistémologique du paradigme cognitiviste, qui tend à séparer la cognition du contexte dans lequel elle émerge. Dans le courant de l’action située, l’action est envisagée à travers un couplage structurel entre l’acteur et le monde (Maturana et Varela, 1981). Dans ces théories, l’action émerge des circonstances, c’est-à-dire des contingences qui nécessitent un réajustement de l’action in situ. Dans la poursuite de la pensée de Suchman, la perspective dite « écologique », envisage qu’une partie de l’action trouve son origine dans l’environnement. Pour être plus précise, cette approche postule que l’environnement prend en charge une partie de l’organisation de l’action, ce qui ouvre à deux visées : soit l’environnement est disponible pour orienter l’action, soit au contraire, c’est la personne qui va exploiter l’environnement (Kirsh, 1995). A travers ce concept d’affordance, les acteurs sont capables de construire une signification à partir des propriétés de l’objet. L’objet est alors signifiant, c’est-à-dire qu’il est porteur d’une signification qui provient de traces laissées par des expériences antérieures, que le sujet associerait directement à une signification pour l’action. Ainsi, une partie du traitement de l’information est située dans l’environnement (Clot et Béguin, 2004).

Cette approche entend alors une forme d’expertise chez l’acteur, c’est-à-dire que ce dernier a déjà développé des connaissances sur l’objet et qu’il est capable de reconnaitre les significations déposées dans les propriétés de l’environnement. Hutchins et Klausen proposent une autre lecture de la cognition distribuée (Hutchins et Klausen, 1992) et font entrer une vision culturelle : les capacités cognitives de l’acteur sont intrinsèquement liées à son environnement naturel. En revanche, la relation humaine à l’environnement n’est plus naturelle mais culturelle (Breton, 1995). La cognition et la culture sont alors aussi intrinsèquement liées. Dans la cognition distribuée, l’artefact va influencer la cognition. Selon Hutchins et Klausen, une partie de l’action est soustraite à l’acteur et est prise en charge par l’environnement. Ces éléments constituent un système qui émerge du couplage entre l’acteur et son environnement (Maturana et Varela, 1981). Ce couplage provient à la fois de l’environnement externe, c’est à dire l’environnement trouvé et à la fois interne à l’acteur, c’est-à-dire la signification, le sens construit qu’il construit de l’objet. La dimension externe qui organise l’action, correspond aux invariants que sont les affordances, les structures du groupe et les artefacts. La dimension interne correspond à la perception de l’acteur.

 

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