CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DE QUELQUES ESPÈCES FRUITIÈRES EXOTIQUES ACCLIMATÉES

 La reproduction asexuée (Multiplication végétative)

Elle permet de perpétuer les essences qui fructifient difficilement et dont on ne peut facilement avoir des graines et d’obtenir une plante identique à celle que nous voulons reproduire. C’est un mode de multiplication qui offre contrairement au semis, l’avantage de reproduire très exactement les caractères de la plante originelle ou de la portion du bois multipliée (Chalabi, 2014).Les principales techniques de multiplication végétatives sont : le bouturage, le marcottage et le greffage. 

Le bouturage

Le bouturage consiste à couper un fragment, appelé bouture, d’une pousse ou d’une tige afin de reproduire à l’identique le pied mère. Un cal correspondant à une masse de cellules indifférenciées se forme alors sur la cicatrice de la bouture et émet des racines adventives. S’ensuit l’apparition des premières feuilles du plant fille. Le bouturage est dans la plupart du temps associé à des applications de substances de croissance dont la plus courante est l’auxine, appelée hormone d’enracinement (Nivot, 2005). Le bouturage à l’avantage de reproduire très exactement les caractères de la plante originelle et même de la portion de bois multipliée. Son emploi est fréquent pour multiplier Les Grenadiers, les Cognassiers, les Feijoas. Les boutures qui sont communément exécutées sont dites à « bois sec » c’est-à-dire quand les feuilles sont tombées. Les rameaux porte boutures sont récoltés sur le pied mère, bottelés, étiquetés et mise en jauge, la base sera enterrée dans le sol. Durant la période hivernale on exécute le bouturage proprement dit et l’on confectionne la bouture qui est un rameau de 20 à 30cm de long pourvu d’yeux bien apparents (Chalabi, 2014). Il y a différents types de bouturage :  Le bouturage de rameaux secs Les boutures lignifiées sont des tronçons ou des extrémités de rameaux aoûtés avec leur bourgeon terminal. Elles sont prélevées durant le repos hivernal de l’arbre sur des rameaux âgés d’un an à une longueur de 20 cm (Figuier). Pour réussir l’opération, la bouture doit présenter certains caractères liés à sa longueur, à son diamètre, au nombre des entre-nœuds qu’elle porte et à son état sanitaire. Elle sera traitée aux hormones de croissance dont la concentration et le temps de trempage varient suivant les espèces et les variétés. Le sol doit être également bien préparé et à une température suffisante (3,5°C à 15°C, selon la plante à multiplier) pour faciliter la rhizogénèse. Ce type de bouturage est utilisé pour plusieurs espèces fruitières comme : le figuier, le cognassier, le néflier du Japon, le Nashi et la vigne (Benettayeb, 2003).  Le bouturage de rameaux herbacés Les boutures feuillées sont des portions de bois semi-lignifiées, prélevées sur des pousses de l’année, au cours de la saison végétative. Elles mesurent environ 12-15 cm de longueur et portent généralement 2-4 feuilles dans leur extrémité apicale.  Les boutures herbacées nécessitent au préalable un traitement aux hormones de croissance ainsi qu’un traitement préventif à l’aide d’un anti-cryptogamique (Benlate). Elles sont plantées dans une serre à nébulisation pour favoriser la rhizogénèse puis sont transplantées en serre d’adaptation. La technique nécessite un appareillage spécial qui permet de contrôler la température, l’humidité et l’intensité lumineuse, ainsi que d’importantes sommes d’argent pour financier l’installation de la serre, les chauffages, les nébulisateurs et les différentes autres charges. Les espèces fruitières multipliées par ce type de bouturage sont : Le poirier, le Nashi, le néflier du Japon, le Pommier etc (Benettayeb, 2003).  Le bouturage des racines Les boutures racinaires sont des fragments d’environ 15 cm de longueur et 1,5 cm de diamètre. Elles sont prélevées en hiver puis disposées dans un milieu favorable au bourgeonnement adventif. Les tiges néoformées qui développent une certaine longueur (3- 5cm pour le pommier), sont excisées puis traitées avec une hormone de croissance (auxine) avant d’être mise à raciner dans un abri brumisé. Cette méthode de propagation est utilisée chez les peupliers et les rosacées (pommier) et fournit aux arbres qui sont destinées aux plantations à haute densité, leurs propres racines (Benettayeb, 2003). Le bouturage des racines est une méthode populaire de production de nouveaux goyaviers. Les racines des goyaviers qui poussent près de la surface du sol sont très sujettes à la formation de nouvelles pousses. La racine est détachée, sa pointe est coupée à 5-7 cm et recouvrée d’une fine couche de substrat de culture riche et très humide. Après plusieurs semaines, de nouvelles pousses devraient émerger du sol. Chaque nouvelle pousse peut être séparée et cultivée. Cette méthode ne doit être utilisée que si vous savez que l’arbre parent a été développé à partir d’une bouture et non greffé sur un porte-greffe différent. Sinon, vous pourriez obtenir quelque chose de très différent d’un goyavier (Baessler, 2018). 

Le marcottage

Le marcottage est une opération au cours de laquelle une branche (la marcotte) prend racine lorsqu’elle est mise en contact du sol, ou y est enterrée, puis elle est séparée de la plante-mère vivante, et rendue indépendante. Cette technique de multiplication analogue au bouturage, présente sur cette dernière l’avantage que les rameaux ne sont pas détachés de la plante mère qu’après l’apparition de Synthèse bibliographique 14 racine. Le marcottage permet donc de faciliter l’enracinement des espèces qui s’enracinent difficilement. Son taux de multiplication est inférieur à celui du bouturage. Différents types de Marcottage ont été utilisés : par couchage, en butte et aérien. • Marcottage par couchage Utilisé pour de rares espèces comme le Feijoa où il est employé pour un seul arbre de car cette espèce possède des rameaux suffisamment longs, souples, flexibles, et qui peuvent facilement les incliner vers le sol. C’est le moyen le plus facile, mais aussi le plus long pour le Feijoa (Champion, 1948). Il s’agit de courber les branches basses et les couvrir de 10à 15 cm de terre et maintenir humide sur 7à15 cm. L’enracinement demande 6 à 8 mois. On sèvre et on transplante (Chalabi, 2014). • Marcottage en butte ou en cépée Cette technique est utilisée pour quelques espèces comme le Feijoa et cerisier de Cayenne. On forme une butte de terre autour de la cépée de jeunes rameaux et ils s’y enracinent rapidement par des rabattages très près du sol on provoque la naissance de nombreux rejets de la souche par la suite les sevrages des marcottes favorisent le développement (Chalabi, 2014) • Marcottage aérien Se pratique par fixation sur une tige incisée d’un manchon de mousse ou de tourbe humide retenu par un film plastique, quelques mois sont nécessaire avant que ne puisse être effectué la séparation de la marcotte (marcotte enracinée). Cette opération s’effectue pendant l’activité végétative de l’espèce. Le marcottage aérien a été utilisé pour la multiplication des espèces exotiques telles que le cerisier de chine et le goyavier. Par exemple, pour le goyavier, les arbres de pépinière pourraient être développés en 4-5 mois avec 100% de succès en utilisant le marcottage aérien (Pereira et al., 2016). Deux incisions sont réalisées sur la branche et l’écorce de la branche est enlevée sur une dizaine de centimètre à l’aide d’un couteau. L’écorce est ôtée à une distance de 20 et 60 cm de l’extrémité de la branche. Un tissu en polyéthylène rempli de terre noire qui a été légèrement humidifiée est placé sous la branche. La terre doit bien entourer toute la branche. Il faut veiller à ne pas laisser de poches d’air. Enfin, Le tissu en polyéthylène est attaché à l’aide de la corde des deux côtés de la marcotte sur la partie de l’écorce non dénudée. Les marcottes Synthèse bibliographique 15 sont récoltées lorsque les racines se sont bien développées, c’est à dire plusieurs mois après la pose de la marcotte (Site net 1). La marcotte est séparée de l’arbre-mère en sciant la branche de part et d’autre de la marcotte. Il faut veiller à laisser quelques feuilles sur la marcotte pour qu’elle puisse respirer. La marcotte doit être tout de suite transplantée dans la pépinière. 

Le greffage

Le greffage consiste à prélever une partie végétative de l’arbre-mère qu’on souhaite reproduire et conserver (greffon) pour certaines de ses qualités qui sont appréciées. Le greffon sera mis en contact direct avec la plante racinée, qui est généralement caractérisée par l’adaptation, la résistance et la vigueur (porte- greffe). Après cicatrisation, le greffon et le porte-greffe vont s’unir et former une plante fonctionnelle dont le rôle nourricier est assurer par le porte-greffe (Sbay et Lamhamedy, 2015). La réussite des greffés est fonction de certaines conditions : – Il doit exister une certaine affinité entre le sujet et le greffon. Les greffes sont toujours possibles au sein d’un même genre, relativement plus difficiles entre genres différents, impossibles entre familles distinctes. – Les zones génératrices ou cambiums des sujets et greffons doivent être en contact. – L’état de végétation du sujet et du greffon doit être sensiblement identique ; les chances de succès sont augmentées quand la végétation du greffon est plus tardive que celle du sujet. – Les greffons doivent avoir au moins un œil bien constitué d’où naitra une pousse vigoureuse (Chalabi, 2014). Il y a différents types de greffes employées avec les espèces fruitières : greffe par approche, greffe par rameau détaché, greffe par œil, greffe par oméga.

Multiplication par culture in-vitro

La culture in-vitro est étendue depuis quelques années aux espèces fruitières et ligneuses. Les exemples du fraisier et du framboisier sont bien connus. C’est surtout le remarquable comportement des pêchers amandiers GF 677 et GF 657 (Martin et al., 1983). On cultive les fragments de végétaux en aspect totale sur des milieux nutritifs artificiels adaptés à leurs besoins et dans des conditions de photopériode et de température bien définies. Synthèse bibliographique 16 Les principales raisons qui permettent d’envisager la culture in-vitro sont : – Pour multiplier un arbre de qui ne peut pas l’être facilement à partir des graines ou des méthodes de multiplication végétative de type classique. – Pour multiplier rapidement de grandes quantités de propagules de provenances d’essences supérieures. – Pour débarrasser le matériel végétal cloné de tout agent pathogène. – Pour rajeunir de vieux arbres par micro greffage répété in vitro.

Espèces fruitières exotiques en Algérie

Dès le 18ème siècle, apparaissent en Europe des jardins d’acclimatation des plantes exotiques, avant même que la révolution industrielle permettre de suppléer aux orangeries et aux cloches par des châssis vitrés et des serres pour protéger les plantes de la chaleur du climat. Sous les tropiques, les Européens constituent des réseaux de jardins d’introduction afin de mettre en valeur les régions dont ils avaient pris le contrôle (Chaunet et delmas, 1995). En période coloniale, les français ont créé deux principaux sites d’acclimatation des espèces fruitières exotiques : – Le jardin d’Essai du Hamma d’Alger. – L’ancienne école d’agriculture de Skikda.

Le Jardin d’essai du Hamma d’Alger

Le jardin d’essai du Hamma est parmi les 1800 jardins botaniques existants dans le monde et qui jouent un rôle majeur dans les domaines scientifiques, éducatifs et horticoles. Selon l’Agence Nationale pour la conservation de la Nature (ANN), le Jardin d’Essai a un aspect tropical dominé par sa végétation exotique (2500 espèces) qui est caractérisée par des allées de ficus (Ficus macrophylla), les groupes de bombacacées, les cycadées, les palmiers, les musacées et une collection fort remarquable de Conifères (Araucaria excelsa, Araucaria coockii). Claire Janson-Rossier dans son ouvrage « Ces maudits colons » en 1966 précise parmi les célèbres espèces introduites : – La Chayotte (1845) importée du Mexique par Hardy. – Le sorgho vivace (1892) d’Italie par Trabut. – Le sapindus (1845) du Muséum de Paris par Hardy. Synthèse bibliographique 17 – Les pruniers Japonais (1894) du Japon par Trabut. – La Washington-navel, la Valencia late, la Thomson-navel, le Satsuma, le Pomelo, toutes par Trabut. – Les amandiers Américains (1930) par Comblat de la Tunisie. – Le kaki (1894) du Japon par Trabut. – Le Feijoa (1892) du Midi de la France par Trabut. – L’eucalyptus (1862) d’Australie par Trabut. – Autres arbres fruitiers exotiques : Persea, Musa, Eugenia, Punica. – Le palmier: Chamaedorea, Chamaerops, Arecastrum, Phoenix. (Janon-Rossier,1966) 

L’ancienne école d’agriculture de Skikda

L’école est située à 4 kilomètres de Philippeville (Actuellement Skikda) sur la route de d’El Hadayek (ex-St Antoine) dans la vallée du Zéramna. L’Ecole d’agriculture, créée par l’arrêté du 05 Avril 1900, par le gouverneur général de l’Algérie (Cacciuttolo, 2005) et prise en charge par la colonie depuis le 1er octobre 1924. Cinquante ans plus tôt, en 1851 il était déjà fortement question de doter la commune d’une ferme-école, consécutive au projet d’établissement des Fermes-Ecoles en Algérie. C’est par une lettre de M. le sous-préfet de l’arrondissement, en date du 19 décembre 1850, transmissive d’une circulaire, que M. le Gouverneur général a consulté la Société agricole de Philippeville sur l’opportunité de l’établissement en Algérie de fermes-écoles semblables à celles édifiées en France à la suite du décret du 30 octobre 1848. Son but était de donner une formation pratique et théorique à des élèves aptes à devenir des agriculteurs avertis, modernes, gérants de domaine, des cadres d’entreprises agricoles et des fonctionnaires du ministère de l’agriculture (Cacciuttolo, 2005). Cette école a formé des chefs d’exploitation, fermier ou régisseur, capables de maitriser les méthodes culturales dans le bassin méditerranéen et de les appliquer judicieusement. Son enseignement professionnel, scientifique, pratique embrassait toutes les branches de l’agriculture Nord-Africaine. La situation de l’arrondissement de Philippeville (Skikda actuellement), point central des cultures européennes, à proximité du siège du comité permanent du conseil général, a déterminé le choix de l’arrondissement pour la création d’une ferme-école : les deux vallées, celles du Safsaf et du Zéramna étant couvertes de fermes, dont quelques-unes de grande importance. Synthèse bibliographique 18 L’école était en même temps un établissement d’enseignement et aussi un centre de vulgarisation, par ses laboratoires, sa bibliothèque, ses collections, ses champs d’expérience et l’élite de ses professeurs (Duclos, 2010). Elle a fourni une pépinière d’ingénieurs des travaux agricoles ainsi que d’éminents œnologues et des cadres pour le privé. Elle devient école régionale d’agriculture en 1958. Installée sur un domaine de 306 hectares, situé partie dans la vallée de Zéramna, partie sur ses coteaux de la rive gauche, l’école est des plus propices à l’enseignement par la variété de ses terres sur lesquelles sont pratiquées toutes les cultures du littoral, de ses élevages et de son équipement moderne