Culture et violence dans la pensée de Frantz Fanon

Culture et violence dans la pensée de Frantz Fanon

TOPOLOGIE DU MONDE COLONIAL

Fanon présente le monde colonial comme un « Monde compartimenté, manichéiste, immobile, (…). Monde sûr de lui, écrasant de ses pierres les échines écorchées par le fouet. »15 En effet, l’univers colonial est divisé en deux blocs : il y a d’une part, la zone habitée par les indigènes et d’autre part la zone occupée par les Européens. Un décor magnifique singularise la ville du colon. Des palais, monuments grandioses, bars, écoles, ponts, piscines, restaurants, et des habitations gigantesques, construites à base de « pierres et de fer » arpentent ce milieu d’un bout à l’autre. Selon Fanon : « C’est une ville illuminée, asphaltée, où les poubelles regorgent toujours de restes inconnus, jamais vus, même pas rêvés. »16 En d’autres termes, dans la ville du colon la population vit dans l’éclairage. Elle ignore les ombres de la nuit et la faim. Car, tout le monde est riche et chacun mange à satiété. En outre, c’est une ville où il y a des forages et des fontaines d’où coulent de l’eau pure. Par ailleurs, Fanon estime que dans l’espace européen on ne peut apercevoir « les pieds du colon ». À vrai dire, les adultes comme les enfants portent des « chaussures solides » quand bien que même : « les rues de leur ville sont nettes, lisses, sans trous, sans cailloux ».17 Cette ville susmentionnée s’oppose à bien des égards à la ville habitée par les colonisés. Au cœur de cette périphérie, les habitations ne sont pas lotissées. Fanon compare souvent les colonies à une « réserve » naturelle peuplée « d’hommes mal famés » où l’on peut naître et mourir n’importe quand, « n’importe comment » et de « n’importe quoi ». C’est dire que, rien n’est sûr dans la ville du colonisé. Car, c’est « une ville de bicot », une ville où les agressions et les viols sont le quotidien des populations. En outre, dans la société colonisée, les individus vivent dans la misère. Fanon estime qu’ils sont affamés de « pain, de viande, de chaussures, de charbon, de lumière. »18 En un mot, ils manquent de tout d’autant plus qu’ils n’ont ni accès à l’eau potable ni à des terres cultivables. Le colonisé demeure dans une ville pauvre qui n’a pas d’électricité, ni de forage encore moins d’école ou d’autres infrastructures. Sous ce rapport précis, Fanon souligne que les indigènes vivent dans « un monde sans intervalles, (où) les hommes y sont les uns sur les autres, les cases les unes sur les autres. »19 En effet, dans le  monde du colonisé la précarité est la chose la mieux partagée. Les indigènes marchent à pieds nus sur des chemins caillouteux qui s’entrecroisent et qui sont parfois même sans issues. Il n’y a pas de gratte-ciel ou ces formes d’habitats modernes dans les colonies. Au contraire, les maisons sont construites avec de la paille. Ce sont des cases. À la tombée de la nuit, aucune lumière ne luit et les ténèbres envahissent toutes les demeures. Selon Fanon, la ville des Nègres se caractérise par son absence totale d’entreprises, de banques et d’usines. Fanon décrit la société colonisée en ces termes : Cette démographie galopante, ces masses hystériques, ces visages d’où toute humanité a fui, ces corps obèses qui ne ressemblent plus à rien, cette cohorte sans tête ni queue, ces enfants qui ont l’air de n’appartenir à personne.20 La ville du colonisé est surpeuplée et pauvre. Ce surpeuplement compromet le bien-être, la sécurité et l’avenir des colonisés dans la mesure où il augmente la misère et certaines maladies psychiques et épidermiques. À en croire Fanon, dans les colonies, les indigènes ont le visage crispé et ridé, le ventre ballonné, les épaules rétrécies. En un mot, ils sont défigurés et déformés par la faim. Il estime même que la violence des masses est d’une part liée à des troubles névrotiques qui sont engendrées par leurs conditions de vie. Ainsi le monde colonial est composé de deux zones qui s’opposent et s’excluent réciproquement. Ce sont : la zone du colon et celle du colonisé entre lesquelles il n’y a pas de conciliation possible. C’est un monde coupé en deux et bien délimité. Fanon mentionne que : « la frontière en est indiquée par les casernes et les postes de police. »21 Le rôle de ces derniers est d’empêcher les indigènes d’entrer dans le territoire européen. Il n’y a pas d’interaction ni de dialogue entre les habitants de ces deux zones. Cependant, le colon peut aller dans la ville du colonisé et faire tout ce qu’il désire mais le colonisé n’est pas autorisé d’entrer dans la ville du colon. « Aux colonies, (…) le porte-parole du colon (…) est le gendarme ou le soldat »22 lesquels ont pour mission de faire respecter l’ordre établi par le régime colonialiste aux moyens des « coups de crosse ou de napalm ». À en croire Fanon, ces interlocuteurs institutionnels du colonisé créent autour de celui-ci « une atmosphère de soumission et d’inhibition » qui le détourne dans son projet de libération. Fanon appréhende le manichéisme colonial comme un phénomène séparatiste. C’est pourquoi il souligne que le manichéisme du colon « se caractérise par la dichotomie qu’il inflige au monde ».23En effet, le manichéisme colonial se fonde sur cette logique : il y a des essences éternelles et des essences non éternelles. Les premières tirent leur origine de Dieu. Elles sont créées par Dieu et sont semblables à l’essence divine en ce sens où elles sont pures, immuables, intelligentes, et non corruptibles. De ces essences éternelles on peut compter celle du Blanc. Par contre, les dernières essences sont produites par la nature. Et en tant que telles, elles sont naturelles, donc corruptibles, muables car elles ne demeurent pas fixe. Parmi ces essences figurent en premier l’essence arabe, ensuite l’essence noire et en fin celle des animaux dont le singe. Ce n’est pas un hasard si le Blanc compare le Noir à un singe évolué. 

L’ANCRAGE CULTUREL DU RACISME

Le racisme est une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains […], une attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes.116 En d’autres termes, le racisme peut être défini comme l’ensemble des idées, des attitudes et des actes qui visent à inférioriser les personnes des minorités ethnoculturelles, sur les plans sociales, économiques et politiques. Mais en quoi consistent ces idées, ces attitudes et actes racistes ? Le racisme est-il une réalité ou une invention de l’esprit ? D’après le sociologue Frantz Fanon : « le racisme n’est pas une découverte accidentelle. Ce n’est pas un élément caché, dissimulé. Il n’est pas exigé d’efforts surhumains pour le mettre en évidence. Le racisme crève les yeux. »117 Autrement dit, il est manifeste dans nos propos, nos comportements et nos pratiques quotidiennes. C’est une tendance à agresser ou à rejeter l’autre à cause de la couleur de sa peau, sa langue, son sexe, sa condition sociale, sa religion, son origine ethnique ou nationale.118 Ainsi, peut être qualifié de raciste celui qui se livre à des commentaires humiliants, à des plaisanteries ou des remarques de mauvais goût pour rabaisser une personne. Fanon lui-même a vécu ce racisme en pleine rue, lorsqu’un enfant, le voyant marcher s’écrit à sa mère : « Tiens, un nègre ! ». Fanon fustige également le racisme qui se cache derrière certaines publicités. Sous ce rapport précis, il donne l’exemple d’une publicité très célèbre qui, à l’époque, sort chaque jour à la télé : c’est celle dont on montre un nègre hideux et laid qui, en mangeant de la banane s’écrit : « Y a bon banania !»119 Selon lui, cette publicité est purement raciste puisque le Noir y est présenté comme la misère, la famine et comme un singe. Dans les films européens, le laid, le démon, le sorcier, celui qui pourrit la vie aux autres est toujours représenté par le Noir. D’où l’intérêt de revoir toujours les pratiques discriminatoires lorsqu’on consent à faire passer un message à la télé ou à adhérer dans une organisation quelconque, fut-elle politique, syndicale ou professionnelle. La politique, la littérature, la philosophie, le cinéma et les médias ont une très grande responsabilité dans le développement du racisme. Il y a d’autres actes racistes qu’on manifeste au quotidien, comme le fait de prendre des airs dégoutés ou méprisants à cause de la présence d’une personne. Ce cas de racisme qui est lié 116 LAROUSSE, Maxipoche, 2016. 117 F. Fanon, Pour la révolution africaine, Op.cit. p. 46. 118 cf. La charte Québécoise des droits et libertés de la personne. 119 F. Fanon, Peau noire masques blancs, Op.cit. p. 90. – 43 – surtout au mépris et à l’infériorisation de l’autre, Fanon l’a constaté chez le Blanc. À cet effet, il note : « le racisme bourgeois occidental à l’égard du nègre et du « bicot » est un racisme de mépris ; c’est un racisme qui minimise. »120 Au demeurant, le racisme ne se réduit pas seulement à l’image et à la parole racistes, la différence des cultures ou plus exactement les différences dans les façons d’agir, de penser et de vivre des individus peuvent être aussi à l’origine des comportements racistes. En effet, les différences des cultures suscitent des attitudes racistes et des conflits entre les individus. Sous cet angle, le racisme apparaît comme une peur de la différence, une peur de vivre ensemble dans un même espace. Toutefois, les épisodes racistes ont d’autres motivations que les différences culturelles qui ne servent d’ailleurs que de prétextes. Sous cet angle, notons que l’anthropologue Fanon distingue bien les notions de race et de culture. On ne peut inventer ni supprimer les différences de race lesquelles sont indépendantes de la volonté des personnes. Par contre, les différences des cultures ne sont pas fixées à l’avance. Elles sont donc évolutives d’autant plus que les cultures sont vivantes et se modifient au contact des peuples ou des personnes. En d’autres termes, la race relève de l’inné tandis que la culture de l’acquis. Michel Leiris confirme cela en ces termes : « alors que la race est strictement affaire d’hérédité, la culture est essentiellement affaire de tradition, au sens large du terme. »121 Ainsi, les phénomènes culturels sont indépendants de l’hérédité biologique. C’est donc à tort que l’on prend toujours la culture comme vectrice du racisme : il y a des cultures sans racisme. La vérité, nous dit Fanon, c’est que le racisme est surtout causé par les inégalités et intérêts économiques. Il dit explicitement cela en ces termes : « Le problème racial est recouvert par une discrimination économique ».122 En d’autres termes, les comportements racistes traduisent certes la peur que des personnes ont de perdre leur identité culturelle, mais ils sont surtout l’expression d’une domination économique. Le racisme colonial, par exemple, ne peut se comprendre en dehors de ses fondements économiques. Car coloniser, c’est avant tout exploiter économiquement un territoire. De plus, les colonies constituent des débouchés, des centres commerciaux, des espaces de peuplement pour les puissances coloniales.

LA VIOLENCE DANS LA CULTURE COLONIALE

L’étude de la violence est un facteur déterminant dans la compréhension du déroulement de l’histoire. Il suffit pour s’en rendre compte interroger Hegel qui admet de manière singulière que la violence est le moteur de l’histoire puisqu’elle a fleuri depuis la genèse de l’humanité. En réalité, elle est au cœur des traditions religieuses, des conquêtes et même de la vie contemporaine. Dès lors, même si les notions de culture et de violence sont distinctes, leur étude nécessite d’opérer un rapprochement entre elles. Mais la culture peut-elle rendre violent ? La culture en tant qu’ensemble de valeurs vise à éduquer l’homme, à le débarrasser de ses pulsions agressives. L’homme sort de sa condition animale, se change lui-même en acquérant une nouvelle personnalité, grâce à la culture. Le but de la culture est donc d’endiguer et même de 142 Cf. Article 10 de la charte des droits et libertés des personnes. 143 F. Fanon, Op. cit. p. 40. – 51 – supprimer la violence dans le monde humain. Il est important de noter que de nos jours, l’ampleur de la violence s’est réduite. De nombreuses pratiques de violence comme l’esclavage, la guerre chimique, la guerre de course, le duel, le bandage des pieds, l’apartheid ont disparues totalement, ou du moins, ont considérablement diminuées. Car les hommes ont atteint un degré moral élevé grâce à la culture. Cependant, il n’y a pas seulement des connaissances dans la culture. Il y a aussi des normes ou des interdits, des pratiques ou des manières de faire, de penser et d’agir à assimiler. La culture impose à l’individu une mode de vie, voire un plan de vie auquel il doit se conformer, sous risque de son exclusion. De ce point de vue, elle est violente. Néanmoins, le fait qu’il y ait dans nos sociétés des lois qui régissent la vie des individus ne doit pas être appréhendé comme une violence faite sur eux. L’homme a une double nature. Sa véritable nature violente est réprimée par la loi ou les règles normatives de la société afin d’éviter les vieilles querelles, les guerres intestines et de permettre aux différentes couches de la société de vivre dans la paix, le respect mutuel et la solidarité. La culture s’oppose à la violence naturelle des individus et leur permet de réaliser leur humanité. Elle est la condition sine qua non d’une vie commune pacifique dans la mesure où elle supprime la violence dans les relations sociales. Il n’y a donc pas de violence inhérente à la culture. Autrement dit la violence n’est pas une donnée culturelle ou une conséquence de la culture. Au contraire, elle en est plutôt sa cause étant donné que le but de la culture est de contrecarrer la violence dans ses formes les plus brutes. Tout au moins, la culture coloniale semble affirmer le contraire. Puisque son but est d’asservir les peuples en détruisant leurs cultures et en les dépouillant de leurs richesses matérielles. Ainsi, Fanon souligne avec raison : L’asservissement, au sens le plus rigoureux, de la population autochtone est la première nécessité. Pour cela il faut briser ses systèmes de référence. L’expropriation, le dépouillement, la razzia, le meurtre objectif se doublent d’une mise à sac des schèmes culturels ou du moins conditionnent cette mise à sac. Le panorama social est déstructuré, les valeurs bafouées, écrasées, vidées.144 La colonisation a des effets dévastateurs sur les équilibres sociaux et économiques des pays colonisés. La loi sur laquelle se fonde la société coloniale n’a pas pour but de libérer l’individu mais de l’asservir en lui soumettant à de « violences multiples, diverses, réitérées, 144 F. Fanon, Pour la révolution africaine, Op.cit. p. 41. – 52 – cumulatives »145 comme à l’état de nature. En effet, d’après le philosophe Frantz Fanon, « le colonialisme […] est la violence à l’état de nature ».146 Pour rappel, l’état de nature est une période où l’homme se trouve dans son caractère brut ou animal. C’est l’époque où les individus n’obéissant qu’à leurs pulsions naturelles, vivent sans rationalité dans la jungle, dans une violence extrême. Si donc Fanon estime que la colonisation, une période d’expansion et d’essor de la culture occidentale, marque un retour décisif à l’état de nature c’est précisément à cause de sa violence sans limite. En réalité, la violence est le moteur de la culture coloniale. Sous ce rapport précis, il faut mentionner que Fanon n’affirme pas que toutes les cultures sont violentes. Son analyse sur la culture s’inscrit dans un contexte bien déterminé : la colonisation. S’il parle donc de la violence de la culture, il entend celle de la culture coloniale. Au demeurant, le jugement qu’il porte sur celle-ci n’est pas sans attirer notre attention. En effet, il voit la culture coloniale spoliée de toute rationalité et moralité du fait même de sa violence. Cependant, il crédite la violence du colonisé. En quoi donc la violence du colonisé est positive aux yeux de Fanon ? En réalité, la « violence choisie » par le colonisé forge sa personnalité, lui permet de sortir du colonialisme et de se créer une nouvelle culture. Cependant, il ne faut pas se lancer dans la violence dans le but de se faire seulement une culture. Si l’on pratique la violence ça doit être uniquement pour être libre. Certes, il arrive des moments où la violence subie ou exercée change l’individu mais c’est proprement avoir l’esprit tordu et le cœur enflé d’orgueil que de croire qu’en faisant la violence, on devient une nouvelle personne imbue de valeurs morales et culturelles. Fanon essaie de montrer simplement que la violence peut être à l’origine d’une véritable révolution culturelle. La nouvelle culture du colonisé, acquise dans et par la violence n’est pas une culture de violence comme la culture coloniale. Sa principale caractéristique, c’est qu’elle est féconde, porteuse d’espoir et de liberté. Et c’est seulement pour cette raison que Fanon approuve la violence et la culture du colonisé. On voit donc bien « l’utilité » de la violence dans la création de la culture. Car de la mise en pratique de la violence, les colonisés en sont arrivés à se former une nouvelle personnalité et 145 F. Fanon, L’an V de la révolution algérienne, Op.cit. p. 172. 146 F. Fanon, Les damnés de la terre, Op.cit. p. 61. – 53 – une nouvelle culture qui libère, redonne dignité et vie. Fanon juge négativement la culture coloniale parce qu’elle crée et alimente sans cesse la violence. Par contre, il se montre favorable à la culture colonisée, car celle-ci, étant née même de la violence n’a d’autres finalités que de promouvoir la dignité et le bien-être du colonisé. C’est pourquoi, elle « revêt des caractères positifs, formateurs »147 qui font d’elle une culture authentique. La culture de la violence ne peut être l’idéal d’une culture humaine dont le but consiste à supprimer la violence dans toutes ces formes. Car à quoi sert la culture si elle ne peut éteindre la violence ? Toutefois, si la culture coloniale se fonde sur la violence, sur quoi se fonde la violence de la culture coloniale ? Fanon suppose que ce qui déclenche la violence du colon et du colonisé n’est pas l’agressivité naturelle ni même les inégalités sociales et économiques existant entre ces derniers. Cependant, il ne nie pas que la « hargne du colon » et la misère du colonisé puissent donner lieu à des scènes violentes. Seulement, d’après lui, la violence du colon ou du colonisé ont pour unique cause, la supériorité réelle ou imaginaire que le Blanc s’arroge par rapport au Noir et vice versa. En d’autres termes, la violence résulte du sentiment de valoir plus que les autres. Pour Fanon, le Blanc tout comme le Noir sont tous enrôlés dans ce sentiment de prééminence qu’il identifie à un « complexe de supériorité ». Le premier est hostile à toute atteinte à sa dignité parce qu’il se croît le maître. Et le second se croît devoir être violent parce qu’il est traité injustement comme un esclave, une bête alors qu’il est riche en sagesse et en humanité. Ainsi, de manière pratique, la violence de la culture coloniale se situe dans les idées que l’Occident se fait sur lui-même par rapport au Noir. De même, la violence du colonisé, même si elle est légitime, prend sa source dans l’opinion que le Noir se fait de lui-même vis-à-vis du Blanc. L’argument qui justifie la violence de la culture coloniale ne peut se fonder sur une prétendue mission civilisatrice. Car, on ne peut violenter des hommes en pensant bien faire. La vérité, c’est que la violence de la culture coloniale est causée par la supériorité que le Blanc s’arroge en face du Noir. Mais, est-il toujours raisonnable de s’inscrire dans la logique fanonienne consistant à discréditer la culture coloniale à cause de la violence et des traumatismes graves qu’elle a provoquée ? 147 Ibid. pp. 89- 90. – 54 – Il existe dans toutes les sociétés humaines des lois pour supprimer la violence ou la circonscrire à ses formes légitimes. En effet, partout et dans toutes les sociétés du monde la violence est autorisée, prohibée ou imposée. Il ne sied pas de dire qu’une culture est violente parce qu’elle a commis de telles atrocités à telle époque. La vérité, c’est qu’aucune culture n’est violente ou non violente. Il semble normal de retrouver au sein d’une même culture et surtout entre des cultures différentes divers antagonismes et rapports de force. D’ailleurs, la barbarie la plus manifeste à laquelle l’homme ne veut prêter aucune attention, c’est celle qu’il exerce sur les autres espèces. Autrement dit, la violence est présente dans toutes nos sociétés dès lors que nous exploitons et tuons d’autres espèces animales comme le cheval, l’âne, la vache, le mouton… Lutter contre toutes formes de violence commence précisément dans notre assiette. 

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : Phénoménologie de la violence dans l’univers colonial8
1. Topologie du monde colonial
2. De la notion de violence
3. Du phénomène culturel
CHAPITRE II : Violence et analyse culturaliste de l’aliénation
1. L’ancrage culturel du racisme
2. La violence dans la culture coloniale
3. Colonialisme et aliénation
CHAPITRE III : Violence et émancipation culturelle
1. Les mécanismes de la désaliénation
2. La lutte de libération
3. Le nouvel humanisme
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES AUTEURS
INDEX THEMATIQUE
TABLE DES MATIERES

 

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