Diversité des Culicidae du campus universitaire

Diversité des Culicidae du campus universitaire

Morphologie

 Ae. aegypti s‟identifie par sa petite taille (environ 5mm de long) mais également par la présence d‟écailles blanches ayant une forme de lyre sur la face dorsale du thorax et un trait blanc à la base des ailes (figure 1). Ce moustique présente une tête qui porte des palpes maxillaires portant des écailles blanches. Son corps est noir décoré des taches blanches ou argentées. La 3 trompe est entièrement noire et les pattes sont nettement striées de blancs aux articulations et aux extrémités. (Guillaumot, 2005) .

Répartition géographique 

Ae. aegypti a une distribution géographique cosmopolite dans les régions tropicales et subtropicales (figure 2). Cette expansion géographique est essentiellement facilitée par les échanges commerciaux des pneus importés. Ces derniers contenant de l‟eau (pluie) constituent des sites intéressants pour les moustiques femelles au moment de l‟oviposition (ponte). Ce moustique a également la capacité de coloniser d‟autres pays par ses facultés d‟adaptation à l‟environnement humain lui fournissant une source de nourriture en abondance ainsi que les milieux favorables au développement de ses larves. Figure 2 : Distribution géographique d‟Ae. aegypti prévue dans le monde (Kraemer et al., 2015) 

 Bio-écologie d’Aedes aegypti

 Les préférences trophiques de ce moustique sont variables. En Afrique, il est, selon les situations, zoophile ou anthropophile. De nombreux vertébrés (même des reptiles et amphibiens) peuvent lui servir de source de sang même en présence de l‟homme. Le lieu de piqûre varie selon les populations considérées. A Rio de Janeiro, par exemple, Ae. aegypti s‟alimente principalement à l„intérieur des habitations tandis qu‟à Boa Vista (Roraima, Brésil), il a été capturé autant à l‟extérieur qu‟à l‟intérieur des maisons (Dégallier et al., 1988). Ae. aegypti est attiré par le gaz carbonique et les radiations infrarouges émises par les vertébrés. Il est actif le jour avec un pic d‟agressivité à l‟aube et au crépuscule. Un pic secondaire est observé au lever du jour en certains endroits d‟Afrique (Hervy, 1976). Ae. aegypti semble posséder une capacité de vol très réduite. Dans l‟air immobile, sa vitesse moyenne atteint seulement 17 cm/s (Dégallier et al., 1988). Malgré ce vol réduit, il rentre volontiers dans les maisons pour piquer ou se reposer. Le vol est discret et il s‟envole facilement quand il est dérangé au cours d‟un repas de sang. Ce comportement a une grande importance épidémiologique. En effet, une femelle infectée, en piquant 3 ou 4 personnes pour un seul repas sanguin, peut propager la maladie 3 ou 4 fois plus efficacement (Guillaumot, 2005). Comme tous les moustiques, le cycle de vie d‟Ae. aegypti comprend deux phases : une phase de vie aquatique allant de l‟œuf à la nymphe en passant par les 4 stades larvaires et une phase de vie aérienne correspondant à l‟adulte ( Li et al.,2014 ; Diallo et al.,2016). En Asie et en Amérique, les stades aquatiques (pré-imaginaux) sont trouvés principalement dans des gites domestiques et péri-domestiques (jarres, canaris, pots à fleurs et autres récipients destinés au stockage de l‟eau, boites de conserves, bouteilles, pneus usés, carcasses métalliques de voitures, ustensiles de cuisine usés, etc.) alors qu‟en Afrique en plus de ces gîtes d‟origine humaine, ils colonisent divers gîtes naturels (trous d‟arbres, tiges de bambou coupées, coquilles de Gastéropodes, creux de rochers, aisselles de feuilles, etc.) (Diagne, 2010 ; Diallo et al.,2016 ) Les œufs sont pondus groupés sur les bords des récipients. Ils peuvent se dessécher, rester intacts plusieurs mois (jusqu‟à deux ans) et éclore normalement une fois au contact de l‟eau (œufs durables ou quiescents) (Guillaumot, 2005) Les larves d‟Ae. aegypti sont caractérisées entre autres par la présence d‟un siphon généralement court ne portant qu’une seule paire de touffes subventrales située à l‟extrémité de l‟abdomen, lui permettant de respirer en surface. La durée de la phase aquatique varie selon l‟espèce et pour une même espèce elle dépend de la température au niveau du gîte et des ressources alimentaires. 5 La nymphe est un stade de transformation intermédiaire entre la larve et le moustique. Cette transformation s‟étend sur un à trois jours selon la température. Généralement sous forme de virgule ou d’un point d’interrogation, la nymphe, mobile, ne se nourrit pas. (ISRA/LNERV) Les adultes sont pourvus de soies post-spiraculaires; la plupart des femelles ont l’apex de l’abdomen pointu et les griffes du tarse dentées. Les moustiques mâles et femelles se nourrissent du nectar de plantes. (ISRA/LNERV) Toutefois, la plupart des moustiques femelles adultes prennent au moins un repas de sang chez les vertébrés au cours de chaque cycle gonotrophique afin d‟assurer la maturation des ovaires et des œufs. Ae. aegypti, un des vecteurs majeurs d‟arbovirus, tout comme Anopheles gambiae et An. funestus peut passer par un état pré-gravide à son premier cycle trophogonique (au début de sa vie). (Scott et al.,1993). Le contact fréquent avec l‟homme contribue à expliquer pourquoi les espèces de moustiques qui ont un tel comportement sont potentiellement dangereux et des vecteurs remarquablement efficaces. (Harrington et al.,2001) Figure 3 : Cycle biologique d‟Ae. aegypti (source : EID Atlantique) I- 3. Aedes aegypti et pathogènes associés Ae. aegypti est un moustique pantropical que l‟on trouve dans tous les milieux. Il est en général plus fortement représenté dans les concentrations urbaines ou rurales que dans les 6 biotopes sauvages. Ce moustique est associé à plusieurs arbovirus. Le tableau I présente les virus dont isolés chez Ae. aegypti dans la nature et/ou dont l‟aptitude à transmettre ces virus a été prouvée expérimentalement. Tableau I : Virus associés dans la nature et/ou transmission expérimentale chez Ae. aegypti Virus Isolement dans la nature Transmission expérimentale Références VFJ × × OMS, 2014 ; Aitken et al., 1997 ; Vazeille et al., 2013 VDEN × × Degallier et al., 1996 ; da Moura et al., 2015 VZIK × × Ferreira-de-Brito et al., 2016 ; Boorman & Portfield, 1956 ; Cornet et al., 1979 VFVR × Moutailler et al., 2008 VCHIK × × Jupp & McIntosh, 1990 ; Diallo et al., 1999 ; Diagne et al., 2014 

 La lutte anti vectorielle (LAV) 

En absence de vaccin ni de traitement spécifique pour la plupart des arbovirus, la lutte anti vectorielle demeure la seule arme. La LAV est basée sur des mesures visant à réduire le contact homme-vecteur, la densité et/ou la longévité des vecteurs. La lutte LAV repose essentiellement sur deux principaux axes d‟intervention ciblant les stades aquatiques et/ou les adultes. La LAV constitue avec la recherche de nouveaux outils de lutte et l‟élaboration de vaccins, les priorités pour le contrôle des arboviroses. Les stratégies de LAV peuvent différer selon le faciès épidémiologique. Cette lutte qui vise à réduire le risque de transmission des arbovirus peut comporter plusieurs approches : i) la protection individuelle qui consiste en particulier à éviter tout contact avec les vecteurs (répulsifs, vêtements longs, ventilation, rideaux et grillages, serpentins) ; ii) la suppression des gites larvaires potentiels ou fonctionnels et iii) la destruction des populations adultes des vecteurs par un traitement insecticide approprié (là où ils se trouvent en activité ou au repos). Pour le futur, quelques techniques sont en développement, celle de l‟insecte stérile (TIS) qui consiste à introduire massivement des moustiques mâles stériles au sein des populations de moustiques dites sauvages afin de réduire considérablement le nombre d‟adultes dans les générations suivantes et celle de la technique qui consisterait à libérer dans la nature des souches de moustiques génétiquement modifiées, inaptes à transmettre une maladie et très compétitives par rapport aux souches sauvages .( Djogbénou,2009 ; OMS,2014 ; Division des services médicaux de l‟ONU ; Créolia , 2014 ; WASH, 2016 ; Actualité ( LA CROIX)) 7 I- 

Insecticide et la sensibilité des vecteurs aux insecticides

 Insecticides

 Les insecticides sont des substances ou préparations actives ayant la propriété de tuer les insectes ou d‟autres arthropodes tels que les acariens. Ils demeurent la base de nombreux programmes de lutte contre les maladies tropicales et sont utilisés dans les programmes de contrôle vectoriel. Ils appartiennent essentiellement à quatre classes chimiques : les organochlorés, les pyréthrinoïdes, les organophosphorés et les carbamates.  Les organochlorés sont les premiers découverts, à la veille de la 2ème guerre mondiale. Ils ont rendu d‟immenses services en santé publique mais sont maintenant délaissés à cause de leur toxicité pour l‟environnement et de la résistance que les insectes ont développée vis-à-vis d‟ eux. Parmi eux, certains comme le DDT (interdit à la vente depuis 1972 sauf cas particuliers) agit en perturbant l‟ouverture de certains canaux ioniques (les canaux sodium) le long de l‟axone. D‟autres comme le Lindane ou la Dieldrine s‟agglutinent sur les récepteurs GABA (pour Gamma-Amino-Butyric Acid), empêchant ce neurotransmetteur d‟agir.  Les pyréthrinoïdes sont des produits chimiques synthétiques imitant la pyréthrine, insecticide naturel tiré d‟une fleur de la famille des composées. Ils présentent l‟avantage par rapport à ce dernier d‟être moins facilement décomposés par la lumière. Très peu toxiques pour l‟homme et les animaux à sang chaud, ils sont en revanche remarquablement efficaces sur les insectes. Ils agissent en forçant l‟ouverture de certains canaux ioniques tout autour des neurones. Leur action est très rapide, produisant un effet « effet de choc » (en anglais « knock-down ») et ils conviennent donc bien à la lutte contre les insectes volants. On trouve parmi eux la Perméthrine, la Deltaméthrine, …  Les organophosphorés ont l‟avantage de se dégrader dans l‟environnement, ce qui diminue les risques de pollution à long terme. On trouve parmi eux des produits très peu toxiques pour les mammifères comme le Téméphos (ABATE®) ou le Malathion, très utilisés en santé publique. Le Téméphos est l‟insecticide de choix pour le traitement des gîtes larvaires de moustiques. Il peut être utilisé contre Ae. aegypti aux doses recommandées, dans des réserves d‟eau de boisson. D‟autres sont des poisons très violents comme le Parathion ou, pire encore, certains gaz de combat (Sarin). Ils agissent en inhibant l‟acétylcholinestérase, provoquant l‟accumulation d‟acétylcholine et le 8 blocage de la transmission de l‟influx nerveux. L‟insecte manifeste une forte agitation, puis est pris de tremblements et meurt rapidement.  Les carbamates comme le Propoxur (BAYGON®) ont pratiquement le même mode d‟action que les organophosphorés. Seule leur composition chimique est différente. (Guillaumot, 2005 ; Djogbénou, 2009 ; Niang, 2009 ; Dia, 2014 ; Sy, 2015).

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
I- 1. Généralités sur Aedes aegypti
I- 1. 1. Systématique
I- 1. 2. Morphologie
I- 1. 3. Répartition géographique.
I- 1. 4. Bio-écologie d‟Aedes aegypti
I- 2. Insecticide et la sensibilité des vecteurs aux insecticides
I-2.1. Insecticides
I- 2. 2. Évaluation de la sensibilité/susceptibilité des vecteurs aux insecticides
CHAPITRE II : MATÉRIELS ET MÉTHODES .
II- 1. Présentation de la zone d’étude
II- 2. Échantillonnage et élevage des moustiques
II- 2. 1. Prospections larvaires
II- 2. 2. Traitement des moustiques au laboratoire
II- 3. Détermination de la sensibilité des moustiques adultes
II- 3. 1. Test de sensibilité par le Kit de L‟OMS
II- 3. 1. 1. Insecticides utilisés
II- 3. 1. 2. Protocole standard de OMS
II- 3. 2. Tests en bouteille du « CDC »
II- 3. 2. 1. Insecticides utilisés
II- 3. 2. 2. Méthodes des bio essais avec bouteille « CDC »
II-3.2.2.1. Préparation du matériel
II- 3. 2. 2. 2. Procédure d‟exposition des moustiques aux insecticides
II- 4. Récupération et conservation des spécimens testés après 24h post-exposition
II- 5. Critères de validation des résultats
II- 6. Interprétation des résultats
CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSION
III- 1. Résultats
III- 1. 1. Étude larvaire
III- 1. 1. 1. Nature de gîtes larvaires prospectés
III- 1. 1.2. Distribution de différents types de gîtes dans les lieux rencontrés et leurs coordonnées GPS
II- 1. 1. 3. Diversité des gîtes, taux de positivité (TP), Indice Récipient (IR).
III- 1. 2. Sensibilité des Aedes aux insecticides
III- 1. 2. 1. Test de sensibilité Kit OMS
III- 1. 2. 1. 1. Évaluation de l‟effet “KD”
III- 1. 2. 1. 2. Sensibilité des souches d‟Aedes aegypti aux insecticides.
III- 1. 2. 2. Test de sensibilité des souches d‟Aedes aegypti en bouteille CDC
III- 2. Discussion
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Liste des références .

 

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