Effets de la chaussure minimaliste chez le coureur à pied

Le chaussage

De nombreux types de chaussures de course existent d’un extrême, chaussure minimaliste à un autre extrême, chaussure maximaliste. On peut alors se demander qu’elles en sont les caractéristiques ? Depuis une centaine d’années, l’industrie de la chaussure de sport, et plus particulièrement de la course à pied, a développé́sans relâche cet outil qui semble indispensable à la pratique de ce sport (Annexe 1). Les pratiquants ont des objectifs différents mais les principaux sont la performance, le bien-être, et l’absence de blessures. Le coureur fait face à une difficulté lors du choix de son chaussage. Les actes de conseils sont souvent délivrés par des commerciaux ou vendeurs plus ou moins renseigné sur le sujet. Or ce conseil relève de l’expertise, en effet la réponse au bon chaussage n’est pas simple. Chaque coureur doit recevoir une chaussure en fonction du terrain, de ses objectifs, de sa musculature et de sa propre biomécanique de course. De plus la course à la vente et toutes les stratégies marketing des fabricants ne facilitent pas ce choix. Nous retrouvons les critères d’analyse d’une chaussure selon la « clinique du coureur » dans la figure qui suit [9]. Les chaussures sont classées selon leur indice minimaliste calculé à l’aide d’une échelle de 0 à 5 autour des cinq critères énoncés ci-dessous. Plus le score de la chaussure est élevé, meilleur sera son indice minimaliste.

La chaussure minimaliste 

Jean-François Esculier et Blaise Dubois de La Clinique du Coureur ont voulu établir une définition de cette chaussure minimaliste par le biais d’une démarche scientifique [10]. En collaboration avec leurs collègues de l’Université Laval, ils ont fait appel à 42 experts provenant de 11 pays. Au terme de 4 rondes de questions, la définition suivante a été approuvée par 95% des experts participants : « La chaussure minimaliste est une chaussure interférant minimalement avec les mouvements naturels du pied, de par sa grande flexibilité, son faible dénivelé, son faible poids, sa faible épaisseur au talon, et l’absence de technologies de stabilité et de contrôle du mouvement. » Cette définition comprend le terme « naturel » . La chaussure minimaliste tend à apporter à son utilisateur une biomécanique la plus proche possible du naturel, donc du pieds nus. La définition laisse entendre qu’elle protège la plante du pied, sans empêcher son mouvement naturel. Des différences persistent entre ces deux modalités puisque, dans un souci de protection de la voute plantaire, le coureur adopte des angles d’incidence du pas au niveau du genou et de la cheville différents. Cependant, en considérant l’échelle de Esculier JF et al,. que nous appliquons à un pied nu, nous obtenons un indice minimaliste de 100%. Le point à considérer ici est que sur une échelle de 0% à 100%, le pied nu se rapproche grandement du minimalisme, en se plaçant à l’opposé du maximalisme. De plus, les chaussures avec le moins de drop, et le moins de technologie sont celles qui miment au mieux la course pieds nus. Ainsi, pour la suite de ce travail écrit, nous considèrerons ce rapprochement entre la course pieds nus et la course en chaussures minimalistes. Il existe actuellement de nombreuses chaussures répondant à la définition de minimaliste. 

Blessures liées à la course à pied 

Chez les coureurs, que ce soit en raison d’une mauvaise préparation au stress physique, d’un problème biomécanique ou encore d’un surentraînement, le corps, sollicité de façon répété lors de la course, peut mener à différents traumatismes ou blessures. On recense 11 à 85% des coureurs récréatifs subissent une blessure liée à la course à pied chaque année et 30 à 90% des blessures mènent à la réduction de l’entrainement voir à l’arrêt de la pratique. Les blessures liées à la course à pied touchent principalement les membres inférieurs. Plusieurs études (notamment Kemler et son équipe et Van Gent et son équipe ) ont montré que la majorité des blessures résidaient au niveau du genou (syndrome fémoropatellaire, syndrome de l’essui-glace, tendinopathie rotulienne…), puis au niveau de la jambe (périostite, fracture de fatigue…), de la cheville (tendinopathie du tendon d’Achille, entorse…) et enfin au niveau du pied (métatarsalgie, fracture de stress, fasciapathie plantaire, névrome de Morton…). La hanche serait l’articulation du membre inférieur la moins touchée par les blessures liées à la course à pied. Les causes des blessures liées à la course à pied restent encore incertaines, cependant, de nombreuses études montrent que les forces d’impact importantes subies lorsque le pied entre en contact avec le sol seraient à l’origine de nombreuses blessures. L’importance de la force   de réaction au sol et le pic d’impact vertical ont récemment été associés à un risque accru de blessures chez les coureurs ayant des antécédents de fractures de stress tibial, de douleurs fémoro-patellaire et de fasciite plantaire. En raison de ces taux élevés de blessures, l’industrie des chaussures de sport a travaillé sur la conception de produits visant à diminuer le risque de blessure. Ainsi, au cours des 30 dernières années, les chaussures de course ont connu de nouvelles adaptations et de nombreux éléments qui peuvent varier d’une chaussures à l’autre. 1.6 Problématique Comme nous l’avons vu dans l’étude (clinique coureur), près de la moitié des coureurs expérimentent une blessure chaque année. Le corps étant sollicité de façon répétée aux mêmes endroits, certaines d’entre elles sont particulièrement observées dans ce sport. Le port de la chaussure minimaliste peut jouer sur ce pourcentage. Notre travail a ainsi pour but d’évaluer le risque que représente le port de ce chaussage en s’insérant dans une réflexion pour la prévention des blessures. En tant que futur thérapeute, connaître le risque encouru, la localisation préférentielle des blessures et des douleurs lors de la course avec chaussure minimaliste permet de mieux conseiller un patient quant à son chaussage. De manière tout aussi primordiale, face aux coureurs blessés, connaître l’influence des chaussures minimalistes sur le risque de blessures permettra au thérapeute d’ajouter à sa prise en charge des conseils en ce qui concerne le type de chaussures à adopter lors de la reprise de la course. Ainsi au vu de tous les critères entrant en jeu nous venons à nous demander : Quels sont les effets engendrés par le chaussage minimaliste chez le coureur à pied ?