Effets de la degradation de la foret et impacts sur les activites sociales de Propithecus edwardsi

Madagascar assiste maintenant à une ère nouvelle de conservation biologique. Selon Monsieur le Président de la République de Madagascar: « Il faut élargir la couverture forestière de notre territoire national en créant et en multipliant la superficie des Aires Protégées à raison de 5 millions d’hectares dans les 5 prochaines années » (RASOAMAHARO, 2003[82]). Ce programme de développement durable devient ainsi la priorité des priorités, le but étant de remettre en évidence «Madagascar, l’Ile verte». La grande Ile est souvent considérée comme une zone prioritaire en terme de conservation dans le monde car la majorité de ses espèces biologiques est endémique. D’après MYERS (2002) [59], Madagascar est classé parmi les centres de biodiversités ou Hotspots, zones qui représentent un fort taux d’endémisme (et donc de diversité) mais qui souffrent d’une perte énorme de leurs habitats.

SITE D’ETUDE

Situation géographique 

Ranomafana a reçu le statut de Parc National le 31 mai 1991 et est géré actuellement par l’ANGAP, MICET/ICTE assure les travaux de recherches. Il est localisé dans le sud-est de Madagascar. L’entrée est à 7km de la ville proprement dite. Ce Parc a une superficie de 41600ha, Ranomafana est constitué à peu près de 90% de forêt primaire avec une température humide et une forte pluviométrie. Le Parc National Ranomafana est situé entre 47° 18’ et 47° 37’ Est, et 21° 02’ et 21° 25’ Sud (BALKO, 1998)[8]. La superficie du parc est de 43 500 Ha de forêts humides continues localisées à 90 Km à l’Ouest de l’Océan Indien et de la façade Est, un escarpement du haut plateau centre de Madagascar (WRIGHT, 1992)[111]. Le parc est traversé par les RN 25 et 45 qui sont les principales voies de circulation de la région. Les aéroports les plus proches se trouvent à Fianarantsoa et à Mananjary.

Les villages au nombre de 93 se trouvent sur la zone périphérique du parc, longue de 3 km et la population s’élève à 25.000 individus en 1995 (GRENFELL, 1995)[26]. Les principales pressions anthropiques sont l’exploitation forestière, commerciale, l’élevage de bestiaux et l’invasion des touristes.

Historique du Parc

Avec l’effort du Dr Patricia WRIGHT, des recherches scientifiques approfondies ont été menées dans ce parc par l’équipe de l’Université de Duke depuis 1981, qui a pu relevé l’existence de plusieurs espèces faunistiques et floristiques uniques au monde. Le Projet Parc National de Ranomafana a été créé en 1985 après la découverte de nouvelles espèces de lémuriens sous l’égide de Plan d’Action pour l’environnement de 15 ans. Selon les anciens des villages, les premiers occupants de la forêt sont les bûcherons. Avant la mise en place des voies ferrées en 1988, le Parc était la propriété des exploitants forestiers de 1986 à 1987 (WRIGHT, 1995 [112]. La plupart des populations environnantes ont travaillé chez ces exploitants. Le Projet de Parc National de Ranomafana financé de l’United States Agency for International Development (USAID), est inauguré le 31 mai 1991, auparavant forêt classée.

DESCRIPTION DE L’ESPECE ETUDIEE 

POSITION SYSTEMATIQUE SELON 

MITTERMEIER & al. (1994)

Règne : ANIMALIA
Phylum : CHORDATA
Embranchement : VERTEBRATA
Classe : MAMMALIA
Ordre: PRIMATA (LINNE, 1758)
Sous ordre: PROSIMII (ILLIGER, 1811)
Infra ordre: LEMURIFORMES (GREGORY, 1915)
Famille: INDRIIDAE (BURNETT, 1828)
Genre: Propithecus (BENNETT, 1832)
Espèce: edwardsi (A, GRANDIDIER, 1871)
Noms vernaculaires:
– Malagasy: Simpona, Simpony
– Français: Propithèques de Milne-Edwards
– Anglais: Milne-Edwards’ Sifaka
Milne-Edwards’ Simpona
– Allemand: Edwards’ Diademsifaka .

DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE

Dans le Pays

Le Propithecus diadema vit dans la forêt humide sèche ou dans une forêt saisonnière, et suivant la sous-espèce (WOLFHEIM, 1983)[107]. La répartition géographique de la sous espèce edwardsi dans le pays se situe en général dans quelques régions de la Province de Fianarantsoa. Ce Propithèque de MilneEdwards se trouve dans le Sud-Est de la forêt pluvieuse entre les rivières Mangoro et Mananara (TATTERSALL, 1982)[101]. La répartition de l’espèce s’étend actuellement à Fianarantsoa entre la limite Nord : Fandriana et la limite Sud : le Pic d’Ivohibe (STERLING et RAMAROSON, 1996)[95].

Dans le Parc 

Le Parc National de Ranomafana couvre une superficie d’environ 43 500 hectares et se divise en trois parcelles distinctes. La carte n°2 montre une répartition bien connue de la sous espèce d’après des études réalisées par beaucoup de chercheurs. Actuellement un inventaire des faunes de Primates est réalisé depuis quelques années sur la répartition du Sifaka dans les autres sites du Parc (même parcelle).

Nous avons étudié Propithecus edwardsi dans la parcelle 3 où se situent les deux sites Talatakely et Valohoaka.

CARACTERES GENERAUX 

● Propithecus est l’un des Lémuriens le plus grand au sein du Parc National de Ranomafana, et aussi à Madagascar.
● La couleur de Propithecus varie selon l’espèce. La tête et longueur du corps ensemble atteint 480 à 520mm, la queue mesure 465 mm, le poids atteint 5633g à 7250 g (MITTERMEIER et al., 1994)[55]. L’indice inter membranaire est de 64 (KAPPELER, 1993)[43]. HARVEY & al. (1987)[29] ont trouvé que le poids du cerveau de ce simpona est de 37g. La longueur de la queue varie selon le sexe: chez la femelle, elle est un peu plus longue que chez le mâle environ 4460 mm. Le poids de cette espèce varie saisonnièrement et annuellement selon GLANDER et al. (1992)[23] : environ 5600 g chez le mâle et 5900 g chez la femelle.
● Pour l’alimentation, l’espèce Propithecus edwardsi mange de feuilles (28%), de graines (35,5%), de fruits (30,5%), de fleur (5,5%) et d’autres (0,5%) (HEMINGWAY, 1998) [32]. Les feuilles grimpantes occupent 15 % de la préférence de alimentaire, les fruits ne sont mangés que lorsqu’ils sont mûrs (MEYERS & WRIGHT, 1993)[50]. Nous pouvons dénombrer en moyenne 25 espèces de plantes consommées par jour (MITTERMEIER et al, 1994)[55]. Le simpona consacre 53% de son budget temps d’alimentation à manger des feuilles, 25% à se nourrir de fleurs et 22% à de fruits avec une moyenne de 20 espèces de plantes par jour (WRIGHT, 1995)[112].
● La plupart de la nourriture est trouvée dans le feuillage des arbres, mais tous les niveaux de la forêt (même le sol) sont aussi exploités. Les animaux ne descendent au sol que pendant quelques mois de l’année pour manger des fruits pourris ou des moisissures. La variation du régime alimentaire pour un individu est plus importante que celle entre les deux sexes. (HEMINGWAY, 1995)[30] Cela suggère que la priorité pour se nourrir ne donne pas de meilleur régime alimentaire pour les femelles que les mâles (une explication possible pour la dominance femelle chez les lémuriens).
● La maturité sexuelle dure 48 mois pour la femelle (WRIGHT, 1986)[108] et 60 mois pour le mâle et la gestation dure 179 jours (WRIGHT, 1995)[112]. L’âge de la femelle pour la première mise bas est de 48 mois (MEYERS & WRIGHT, 1993)[50], l’intervalle de naissance est de 24 mois et la durée de vie est de 20 ans (WRIGHT, 1995)[112]. Selon MEYERS & WRIGHT, 1993[50]: « la saison d’accouplement se passe entre le mois de novembre et janvier et la naissance le mois de mai ou le mois de juin. Pour la femelle, la période d’accouplement est seulement d’une journée. » Ce moment est déclenché par la photo périodicité (WRIGHT, 1995)[112].
● Propithecus edwardsi s’accouple les mois de décembre et de janvier et la mise bas a lieu du mois de mai au mois de juillet (WRIGHT, 1995)[112]. D’après HEMINGWAY (1995)[30], dans une année déterminée, la période de parturition est d’environ 6 à 7 semaines avec une période de gestation de 6 mois. Les naissances ont lieu quand la nourriture est peu abondante, de même pour la première lactation, tandis que le sevrage coïncide avec une période où il y a de plus en plus de nourriture (HEMINGWAY, 1995 et WRIGHT, 1999)[30,116]. 43% des petits meurent au cours de leur première année dont 2/5 sont dues à l’attaque du prédateur Cryptoprocta ferox.
● Les femelles donnent naissance à un petit chaque année, mais généralement tous les deux ans, elles ne sont en oestrus qu’un jour par an (WRIGHT, 1995)[112]. La reproduction de Propithecus edwardsi à Ranomafana est plus similaire à celle du Propithecus verreauxi verreauxi du Sud plus sec. (HEMINGWAY, 1995)[30]. Les femelles sont à maturité sexuelle à 4 ans, les mâles à 5 ans. Les femelles restent dans leur groupe initial alors que les mâles migrent dans les groupes voisins.
● La locomotion arboricole est caractérisée par un accrochage vertical et un saut, les Simpona se suspendent souvent par leurs pieds postérieurs pour la recherche de nourritures (MITTERMEIER et al. 1994)[55].
● La structure sociale de la sous espèce Propithecus edwardsi : elle forme un groupe constitué de 3 à 9 individus selon WRIGHT (1995)[112], de un à deux mâles et de un à trois femelles (JOLLY, 1994)[42].
● Ils ont des territoires exclusifs qui sont maintenus pendant des années expliquant ainsi la rareté de l’agression territoriale (MEYERS & WRIGHT, 1993)[50]. L’étendue de son domaine vital est de 20 à 30 ha et le trajet journalier est de 1000 m selon MITTERMEIER et al. (1994)[55]. Les groupes de cette espèce défendent leurs territoires, ces territoires sont relativement stables au cours des années, et ils sembleraient indépendants de la taille du groupe. L’habitat couvre environ 70 ha et la distance moyenne parcourue quotidiennement est de 1Km (WRIGHT, 1995)[112].
● Comme prédateurs du Propithecus edwardsi sont le fossa (Crypoprocta ferox) (WRIGHT et al, 1997; WRIGHT, 1995; WRIGHT, 1998)[114,112,115]., les rapaces dont le Polyboroïdes radiatus et l’Accipiter henstii Les mâles de ce Simpona commettent généralement des infanticides lorsqu’ils entrent dans un nouveau groupe (WRIGHT, 1995)[112].
● Le rythme d’activité de ce Propithèque est diurne, selon GRIESSER (1992)[27], le mâle joue rarement et pratique le toilettage surtout avec les jeunes progénitures. D’après WRIGHT (1995)[112], trois infanticides ont été provoqués par deux mâles différents parce que le mâle résidant dans le groupe ne défend pas les enfants.
● Les mères dorment fréquemment avec leurs jeunes ainsi qu’avec leurs partenaires. Les mâles reproducteurs peuvent dormir avec ses progénitures. Propithecus edwardsi se trouve dans les forêts tropicales humides de la côte Sud – Est de Madagascar (MITTERMEIER et al, 1994)[55].
● Les vocalisations sont variées comme le cri de contact, cri d’alarme et le cri de cohésion… (PETTER et DOMINIQUE, 1979)[70] Nous pouvons citer différents types de vocalisations à savoir :
✔ Appels de contact
✔ Appels en cas de perte
✔ Eternuement d’alerte et jacassement aigu
✔ Appel d’alerte pour un prédateur aérien (grognement)
✔ Appel d’alerte pour un prédateur au sol
● La femelle est dominante mais cette dominance n’empêche pas l’infanticide (WRIGHT, 1995)[112]. Dans un groupe donné, les femelles peuvent être de la même famille (mère – fille), ce qui n’est pas toujours vrai pour les mâles. Les groupes sont plutôt stables, et les paires reproductrices peuvent rester ensembles pendant 6 à 10 ans.
● Historique de l’animal étudié
*depuis la découverte de l’espèce Propithecus edwardsi par TATTERSALL (1982) [101], les recherches sur cette espèce ne cessent de se développer :
*étude du comportement social de l’espèce (WRIGHT, 1988)[110] ; démographie, histoire de la vie et structure sociale de l’espèce : 1986 – 2000 (POCHRON et al, 2004)[71] ;
*effet du risque de la prédation sur le comportement de l’espèce (WRIGHT, 1997 et 1998)[113,115].
*étude de l’infanticide chez l’espèce (ERHART & OVERDORFF, 1998)[20],
*étude sur l’implication de fuite pour éviter les prédateurs (OVERDORFF, STRAIT & SELTZER, 2002)[67]
*étude sur l’alimentation et les types d’aliments chez le simpona par HEMINGWAY en général (1996 – 1999) .

Et nous – mêmes, nous avons étudié les effets de la dégradation sur l’espèce et surtout ses impacts sur la structure sociale dans deux sites perturbés et intacts avec SUMMER J. ARRIGO NELSON (2001 – 2004).

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE
A – SITE D’ETUDE
a – 1 – Situation géographique
a – 2 – Historique du Parc
a – 3 – Facteurs physiques
A – Climat
1 – La température
2 – La pluviométrie
3 – L’hygrométrie ou humidité
4 – Courbe Ombrothermique de GAUSSEN
B – Hydrographie
C – Milieu édaphique
a – 4 – Facteurs biotiques
A – Flore
1 – Les différents secteurs du Parc
2 – Types de végétation et écosystème
B – Faune associée
1 – Les Mammifères
2 – Les Oiseaux
3 – Les Reptiles et Amphibiens
a – 5 – Etude socio-économique
B – DESCRIPTION DE L’ESPECE ETUDIEE
b – 1 – POSITION SYSTEMATIQUE SELON MITTERMEIER & al. (1994)
b – 2 – DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE
1 – Dans le Pays
2 – Dans le Parc
b – 3 – CARACTERES GENERAUX
C – METHODES
c – 1 – Méthodes sur terrain
A – Matériels de travail
1 – Pour la collecte de données comportementales
2 – Pour l’inventaire floristique
3 – Autres matériels
B – Matériels biologiques
1 – Végétation
2 – Taxons étudiés
C – Inventaire floristique
1 – Choix du lieu
2 – La méthode d’étude
3 – Types d’analyse de la flore
4 – Aire d’étude
5 – Constitution du quadrant
6 – Situation géographique
7 – Description de la méthode : mensuration
8 – Identification de l’espèce
D – Collecte des données comportementales
1 – Durée et période de suivi
2 – Méthode d’identification
3 – Observations
4 – Fiche de collecte (comportement)
c – 2 – Méthodes statistiques
A – Test de Khi carré de PEARSON (MURRAY, 1987)
1 – Condition d’utilisation
2 – Correction de continuité de YATES (CERESTA,1986)
3 – Interprétation du test
B – Analyse de la variance à une dimension (Johnson, 1992)
C – Test de KOLMOGOROV – SMIRNOV (CERESTA, 1995)
1 – Conditions d’utilisation
2 – Critère
3 – Interprétation du test
D – RESULTATS ET INTERPRETATIONS
d – 1 – Habitat
A – DHP des arbres (à 1,30m) par site
B – Hauteur des arbres
C – Couverture végétale
D – Degré d’ouverture de canopées
E – Degré de fermeture de canopées
F – Type de plantes consommées par le Simpona
d – 2 – Activités générales de Propithecus edwardsi
A – Comparaison des activités dans les deux sites
B – Niveau adopté par le Simpona
d – 3 – Les activités sociales : Jeu, Toilettage, Progression, Agression chez le Propithecus edwardsi
d – 4 – Agression chez le Simpona
A – Agression par groupe
B – Les types d’agression
C – Les causes de l’agression
D – Sexe de l’agresseur
E – Niveau adopté au cours des agressions par site
F – Activité post-agression
1 – Activités de l’agresseur
2 – Activités de l’agressé
G – Nombre de vocalisations du dominé au cours de l’agression
H – La distance parcourue de l’agressé après agression
E – DISCUSSIONS
e – 1 – Habitat : Caractéristique de la forêt : Talatakely et Valohoaka
A – Le diamètre à hauteur de poitrine des arbres
B – La hauteur des arbres
C – La couverture végétale des surfaces d’études
D – Le degré d’ouverture et de fermeture des canopées des arbres
E – Les espèces et familles de plantes consommées par le simpona
e – 2 – Activités générales du Simpona
A – Les activités individuelles et sociales
B – Le niveau adopté à chaque activité
e – 3 – Activités sociales
A – Le toilettage et le jeu
B – Le déplacement en groupe : progression
C – L’agression
e – 4 – Agression
A – L’agression par groupe
B – Types d’agression
C – Cause de l’agression
D – Sexe de l’agresseur
E – La hauteur adoptée pour l’agression
F – Activité post-agression
1 – Agresseur
2 – Dominé ( Agressé)
G – Vocalisation du dominé : cri de soumission
H – La fuite du dominé après agression
TROISIEME PARTIE
1 – Habitat
2 – Activités générales du Simpona
3 – Activités sociales
4 – Agression
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
ANNEXES

Télécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *