ETAT DE L’ART SCIENTIFIQUE ET DES PRATIQUES INDUSTRIELLES EN CONCEPTION COLLABORATIVE DE PRODUIT

ETAT DE L’ART SCIENTIFIQUE ET DES PRATIQUES INDUSTRIELLES EN CONCEPTION COLLABORATIVE DE PRODUIT

La spécification d’un environnement collaboratif amont implique, dans un premier temps, de définir les termes que nous employons pour décrire ces phases, ainsi que leurs différentes acceptions courantes. Dans le chapitre suivant, nous définissons tout d’abord ce qu’est un concept dans son application à la conception de produits, avant de préciser les notions de coordination, coopération et collaboration. La conception collaborative de produit est une activité complexe qui fait appel à de nombreuses compétences. Afin de procéder à son analyse préalable, nous menons un état de l’art en deux parties distinctes. La première partie consiste en un état de l’art scientifique des ouvrages et publications de référence dans le domaine de la conception collaborative. Nous étudions pour cela les processus de conception les plus répandus, puis analysons l’évolution des pratiques en conception de produit, avec l’avènement du Concurrent Engineering (CE) ou conception concourante, puis de l’Ingénierie Collaborative (IC) et, plus récemment du PLM. Enfin, nous analysons la collaboration en conception fondée sur les RI du produit. Une deuxième partie consiste en l’étude, via des projets, des pratiques industrielles issues de différents secteurs afin d’en extraire des pratiques communes. Nous tirons, de ces études de cas, un état des lieux actuel des pratiques de collaboration, en particulier dans les phases amont du projet. Cet état de l’art complet permet par la suite de faire des propositions d’environnements collaboratifs argumentés et au plus près des spécifications voulues, par un enrichissement réciproque entre les recherches scientifiques et les études de pratiques industrielles. Ainsi, nous positionnons nos travaux dans le domaine de la recherche action, en lien direct avec l’industrie et les sciences de la conception. Recherche action et science de la conception sont d’ailleurs intimement liées, voire similaires comme le montre (Järvinen 2007) : après comparaison de sept aspects clefs de ces deux activités (résultats concrets de l’étude, connaissances produites, activités, intention et nature d’une étude, division du travail dans une étude et la production, utilisation des connaissances), la concordance entre les caractéristiques de la recherche-action, d’une part et des sciences de la conception d’autre part est très bonne. Ce constat nous encourage dans notre démarche. La Figure 10 ci-dessous résume notre approche de l’état de l’art.

LA CONCEPTION ET LE CONCEPT

Notre positionnement est ancré dans les sciences de la conception. La conception est le cœur d’activité des deux laboratoires qui soutiennent cette thèse. Par conception, nous entendons conception de produit ou de service. Celle-ci a, dans ses premières phases, pour mission de concrétiser de manière progressive une idée en produit industrialisé. L’objectif de ce chapitre est de mettre en évidence le côté « multi-métiers » de la conception de produits, ainsi que le rôle prépondérant du concept, qui est largement présent dans la littérature lorsque l’on parle de conception amont. Nous analysons ensuite les différentes significations du terme concept, en fonction de la culture métier à l’origine de sa génération, dans le but de proposer une définition de ce terme que nous retiendrons tout au long de ce manuscrit. 2.1.2.1 LA CONCEPTION L’une des premières définition de la conception est donnée par Denis Diderot dans sa célèbre Encyclopédie (Diderot et al. 1751) dont un extrait est présenté à la Figure 11 : « La conception…lorsqu’elle est active, elle donne l’industrie, mère de l’invention, si nécessaire dans les Arts, et si profitable à certains peuples… ». On cerne ici la vocation première des sciences de la conception qui est d’inventer afin d’industrialiser des produits dont le but est d’améliorer la vie des peuples. Dans ce même article, on note déjà l’idée que la conception est un processus prospectif dont le résultat dépend largement de la perception des protagonistes. Diderot note qu’il arrive que « l’âme [soit] quelquefois entraînée de conception en conception par la liaison des idées qui cadrent avec son intérêt présent : alors, il se fait un enchaînement successif de proche en proche d’une étendue de compréhension à une autre […] qui lui fournit les connaissances selon lesquelles elle se détermine ». Ainsi, on comprend que la conception est une action qui gagne à être pratiquée avec plusieurs compétences métiers qui travaillent ensemble afin de permettre un foisonnement d’idées lié à une multitude « d’intérêts présents ».

 

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *