Etude de l’importance méditerranéenne du complexe des zones humides

Etude de l’importance méditerranéenne du complexe des zones humides 

Description de l’espèce Biométrie

Taille : 38 à 42 cm / Envergure: 63 à 67 cm / Poids: 650 à 800 g Ce canard plongeur de taille moyenne a une tête marron-roux foncé, l’œil blanc. La poitrine, les flancs et le dessus sont plus sombres. Les sous-caudales blanc pur sont nettement visibles contrairement au ventre et à la bande alaire également blancs qui sont normalement peu perceptibles lorsque l’oiseau est posé sur l’eau. La femelle possède des couleurs plus ternes et tirant plus sur le brun (Dubois, 2000).

Distribution géographique du Fuligule Nyroca

Le Fuligule Nyroca Aythya nyroca selon la dernière classification de l’UICN (2006) a aujourd’hui le statut d’espèce menacée. Cette espèce était très commune il y a plus d’un siècle en Afrique du Nord (Heim De Balsacet Mayaud, 1962). A. nyroca se reproduit principalement en Asie du Sud-Ouest (à l’est de la Chine et au sud du Pakistan et de l’Inde), en Europe centrale et orientale et en Afrique du Nord (Callaghan, 1999 ; Vinicombe, 2000). L’aire  d’hivernage chevauche avec l’aire de reproduction et s’étend au Moyen-Orient, au nord-est et à l’ouest de l’Afrique (principalement le Mali et le Nigeria (Vinicombe, 2000) et l’Asie du SudEst). (Fig.01) En Méditerranée, les populations du Fuligule Nyroca sont divisées en deux catégories: une population eurasienne située sur la Côte-Nord, la seconde se concentre surtout au Maghreb et au Sahel (Green et El Hamzaoui, 1998 ; Green et al., 1999 ; Green et El Hamzaoui, 2000 ; Green et al., 2002 ; Green et El Hamzaoui, 2006, Robinson et Hughes, 2002). Le Fuligule Nyroca est présent en Algérie et précisément au complexe des zones humides d’El Kala au lac Tonga (Boumezbeur, 1993 ; Isenmann et Moali, 2000 ; Houhamdi et Samraoui, 2008 ; Aissaoui et al., 2009) et dans le complexe Guèrbes-Sanhadja (Metallaoui, 2010). L’espèce est considérée comme moins préoccupante qu’en Europe et ne semble pas diminuer assez rapidement. Environ 600 couples se reproduisaient dans le Parc National d’El Kala, Algérie (Boumezbeur, 1993). En Europe, la population nicheuse est estimée à 12 000 – 18 000 couples avec une large population en Roumanie (5000-6500 couples nicheurs, concentrée dans le Delta du Danube) (Birdlife International, 2004). Figure 01 : Aire de répartition du Fuligule Nyroca (UICN, 2006)

Ecologie de l’espèce

Le Fuligule nyroca fréquente les lacs, les marais et les marécages situés en milieu ouvert, avec une végétation fournie. En hiver, il habite également les étendues d’eau ou les réservoirs dégagés, les cours d’eau à débit lent et les lagunes littorales. Il niche dans des zones humides d’eau douce peu profondes, riches en végétation et en faune. Le Fuligule nyroca est monogame et son association avec son partenaire dure en général une seule saison. Les couples se forment tard et arrivent sur les lieux de reproduction au mieux à la mi-mars. Le nid est construit à terre à proximité de l’eau, parfois même sur un îlot de végétation en plein milieu d’un lac. Il n’y a qu’une seule couvée annuelle, totalisant en moyenne entre 7 et 10 œufs. L’incubation qui dure environ 25 à 28 jours est le domaine réservé de la femelle. L’envol des canetons n’intervient pas avant 55 jours, date approximative à laquelle, ils acquièrent leur totale autonomie. Il est surtout végétarien, se nourrissant essentiellement de graines et de plantes aquatiques qu’il recueille en surface ou sur les berges. Il complète cependant son alimentation avec des invertébrés liés directement au milieu lacustre : insectes et leurs larves, crustacés, mollusques.

Statut de conservation

En raison des fluctuations considérables d’une année à une autre particulièrement en Asie dû aux changements des niveaux d’eau rendant les opérations d’estimation des populations globales et des migrations très difficiles, les experts concernés par le Fuligule nyroca ont été contraints de changer à chaque fois le statut de l’espèce au fil des années et selon les données disponibles et en se référant à plusieurs critères prédéfinis par les différentes conventions (IUCN, 2016).Il y a eu des déclins rapides en Europe, mais les signes de déclin dans les plus grandes populations asiatiques sont parfois contradictoires, de sorte qu’il est actuellement répertorié comme quasi menacé. Le déclin rapide de l’espèce en Asie la classerait dans la catégorie d’espèce presque menacée (NT) (IUCN, 2016). L’espèce est menacée par la dégradation et la destruction des zones humides (Vinicombe 2000, Del Hoyo et al. 1992, Kear 2005b, Robinson et Hughes 2006) par les changements dans les communautés végétales, la perturbation des régimes hydriques, l’envasement et l’augmentation de la turbidité des eaux (Robinson et Hughes 2006), l’extraction de la tourbe (Grishanov 2006), l’eutrophisation (Robinson et Hughes 2006), la construction de barrages et d’infrastructures dans les plaines inondables (Vinicombe 2000, Robinson et Hughes 2006) et la canalisation de la rivière (Kear 2005b). D’autres pratiques de gestion des terres peuvent s’avérer dangereuses pour l’espèce telle que la coupe et le brûlage des roseaux pendant la saison de reproduction (Petkov 2006), ainsi que le fauchage des prairies humides (Grishanov 2006). La chasse est une autre menace sérieuse pour l’espèce (Vinicombe 2000, Del Hoyo et al. 1992, Robinson et Hughes 2006). De nombreux individus sont abattus à l’automne (par exemple dans le delta de la Volga) et dans les aires d’hivernage (Kear 2005b, Balmaki et Barati 2006). La chasse illégale et accidentelle persiste également dans la plupart des pays européens. Les autres menaces de niveau inférieur comprennent l’empoisonnement au plomb (ingestion de grenaille de plomb rejetée), les feux dans les zones de fourrés de roseaux, les tourbières et les bois (Grishanov 2006) et l’emmêlement et la noyade dans les filets de pêche (Robinson et Hughes 2006), ainsi que l’hybridation avec des espèces indigènes tel que le Fuligule morillon Aythyafuligula et le Fuligule milouin Aythyaferina en Suisse (Leuzinger, 2010). 

La Foulque macroule (Fulica atra) (Linné, 1758) 

Position systématique Classe : Aves Ordre : Gruiformes Famille : Rallideae Genre : Fulica Espèce : Fulica atra (Güldenstädt, 1770) Nom français : Foulque macroule Nom anglais : The Eurasian coot Foulque macroule

Description de l’espèce Biométrie

Taille : 36 à 59 cm / Envergure: 66 à 80 cm / Poids: 575 à 800g La Foulque macroule est un oiseau d’eau de taille moyenne de la famille des Rallideae, au genre Fulica, le nom scientifique (Fulica atra). Le plumage est sombre gris à noire, la queue est courte et semble même ne pas exister quand l’oiseau nage. La marque la plus importante pour l’identification c’est le bec et la plaque frontale entièrement blanche. Cette espèce a de Matériel et Méthodes Page 14 longues jambes, prolongées par de très longs et puissants orteils, qui lui permettent de se mouvoir sans difficulté dans la végétation aquatique dense (Dubois, 2000). 

Distribution géographique de la Foulque macroule

La forme nominale F. a. atra se reproduit en Eurasie et en Afrique du Nord, des Açores à l’Ouest jusqu’au Japon à l’Est. Elle se rencontre aussi en Inde, mais paraît absente de Chine. Deux autres sous-espèces occupent l’île de Java, la Nouvelle-Guinée, l’Australie, la Tasmanie et la Nouvelle Zélande (Cramp et al, 1998). En Europe, l’espèce est absente de la moitié nord des pays scandinaves. Elle est d’occurrence rare en Islande et au Spitzberg (Cramp et al, 1998). Les quartiers d’hiver des populations européennes s’étendent depuis la mer du Nord et le Baltique jusqu’au delta du Sénégal, au Mali, au Tchad et au Soudan. Les principales zones d’hivernage se situent dans l’Europe de l’Ouest et du Centre-Ouest, le bassin Méditerranéen, autour des mers Noire et Caspienne et en Irak (Cramp et al, 1998). (Fig. 02)  

Ecologie de l’espèce

La Foulque macroule se rencontre dans tous les types de milieux humides. Elle privilégie les lacs, les étangs, les fleuves et les rivières à cours lent. L’espèce fréquente également les petits plans d’eau citadins, ainsi que les lagunes, les baies maritimes, les ports et les bassins des stations d’épuration, surtout en hiver. (Samraoui et Samraoui, 2007 ; Bara, 2013). L’espèce fréquente volontiers la terre ferme pour se reposer ou pour pâturer, sans jamais s’éloigner très loin de l’eau. Au printemps, elle recherche pour nicher des étangs, souvent de faible taille ou même des mares eutrophes riches en végétation aquatique et rivulaire (Phragmitaies, Scirpaies…). Occupant ponctuellement les massifs montagneux, sa reproduction est connue jusqu’à 1 000 m d’altitude, parfois au-delà (Baaziz, 2009).

Statut de conservation

Cette espèce a une aire de répartition extrêmement étendue et par conséquent elle n’atteint pas les seuils de vulnérabilité en vertu du critère de la taille de l’aire de répartition. La population mondiale est estimée à environ 7, 950,000-9, 750,000 individus (Wetlands International 2016). La population européenne est estimée entre 945 000 et 1 550 000 couples, soit 1 890 000-3 090 000 individus matures (BirdLife International 2015). La tendance de la population semble donc être en augmentation. Pour ces raisons, l’espèce est évaluée comme étant à préoccupation mineure (LC). Cette espèce souffre de perturbations (Evans et Day 2002) et de mortalité dues à la chasse (delHoyo et al., 1996) elle est empoisonnée par l’ingestion de plomb (Mondain-Monval et al., 2002) et également menacée par la pollution pétrolière (delHoyo et al., 1996) et aussi par la dégradation et la perte d’habitat dues aux systèmes de drainage agricole (Taylor et van Perlo 1998). L’extraction de la tourbe, la modification des pratiques de gestion des zones humides (diminution du pâturage et du fauchage dans les prairies conduisant à la surexploitation) et le brûlage et la tonte des roseaux (Grishanov 2006) sont également des facteurs de dégradation. L’espèce en Chine est souvent noyée dans des filets de pêche d’eau douce d’un maillage supérieur à 5 cm (Quan et al. 2002). Matériel et Méthodes Page 16 L’espèce est chassée pour le sport en Méditerranée (Taylor et van Perlo 1998), au Danemark (Bregnballe 2006), en Irlande du Nord (Evans et Day 2002) et en Iran (Balmaki et Barati 2006), et pour la nourriture en Méditerranée (Taylor et van Perlo 1998). En Europe, on estime que la taille de la population diminue et, bien qu’il y ait une forte incertitude dans les tendances rapportées, le taux de déclin devrait approcher 30% en 21 ans (trois générations) (BirdLife International 2015).

Table des matières

Chapitre I : Matériel et Méthodes
1. LES MODELES BIOLOGIQUES
1.1. Le Fuligule nyroca (Güldenstädt, 1770)
1.1.1. Position systématique
1.1.2. Description de l’espèce
1.1.3. Distribution géographique du Fuligule Nyroca
1.1.4. Ecologie de l’espèce
1.1.5. Statut de conservation
1.2. La Foulque macroule (Fulica atra) (Linné, 1758)
1.2.1. Position systématique
1.2.2. Description de l’espèce
1.2.3. Distribution géographique de la Foulque macroule
1.2.4. Ecologie de l’espèce
1.2.5. Statut de conservation
2. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
2.1. Présentation de la région d’étude
2.1.1. Caractères géomorphologiques
2.1.2. Caractères climatiques
2.1.3. Caractères bioclimatiques
2.1.4. Richesses biologiques
2.2. Description du site d’étude – Lac Tonga –
2.2.1. Les oiseaux d’eau
2.2.2. Les mammifères
2.2.3. Les Reptiles et les Amphibiens
2.2.4. Les poissons
2.2.5. Les insectes
3. METHODOLOGIE D’ETUDE
3.1. Méthodes de dénombrement des effectifs des deux populations des oiseaux d’eau
3.2. Méthodes d’étude des rythmes d’activités des deux espèces
3.2.1. La méthode Animal Focal Sampling (FOCUS)
3.2.2. La méthode Instantanious Scan Sampling (SCAN)
3.3. Méthodes de suivi de la reproduction des deux espèces
3.3.1. Chronologie de la reproduction
3.3.2. Biologie de la reproduction
3.3.3. Date de première ponte
3.3.4. Suivi des nichées
4. ANALYSE STATISTIQUE
Chapitre II : Résultats et Interprétations
1. ANALYSE DES DENOMBREMENTS DES OISEAUX D’EAU DANS LE PARC NATIONAL D’EL KALA
2. PHENOLOGIE D’HIVERNAGE DU FULIGULE NYROCA (Aythya nyroca)
3. PHENOLOGIE D’HIVERNAGE DE LA FOULQUE MACROULE (Fulica atra)
4. ETUDE DU BUDGET D’ACTIVITES DIURNES DU FULIGULE NYROCA
4.1. Budget d’activités diurnes du Fuligule nyroca pour la saison 2005-2006
4.1.1. Budget d’activités saisonnières du Fuligule nyroca pour 2005-2006
4.1.1.1.Variation saisonnière du budget d’activités en pourcentage du temps d’activité (%)
4.1.1.2. Variation saisonnière du budget d’activités diurnes en temps absolu (heures)
4.1.2. Variation journalière du budget d’activités en pourcentage du temps d’activité (%)
4.2. Budget d’activités diurnes du Fuligule nyroca pour la saison 2006-2007
4.2.1. Budget d’activités saisonnières du Fuligule nyroca pour 2006-2007
4.2.1.1. Variation saisonnière du budget d’activités diurnes en pourcentage du temps d’activité (%)
4.2.1.2. Variation saisonnière du budget d’activités diurnes en temps absolu (heures)
4.2.2. Variation journalière du budget d’activités diurnes en pourcentage du temps d’activité (%)
5. ETUDE DU BUDGET D’ACTIVITES DIURNES DE LA FOULQUE MACROULE
5.1. Budget d’activités diurnes de la Foulque macroule pour la saison 2005-2006
5.1.1. Budget d’activités saisonnières de la Foulque macroule pour 2005-2006
5.1.1.1.Variation saisonnière du budget d’activités en pourcentage du temps d’activité (%)
5.1.1.2.Variation saisonnière du budget d’activités diurnes en temps absolu (heures)
5.1.2.Variation journalière du budget d’activités diurnes en pourcentage du temps d’activité (%
5.2. Budget d’activités diurnes de la Foulque macroule pour la saison 2006-2007
5.2.1. Budget d’activités diurnes de la Foulque macroule pour 2006-2007
5.2.1.1. Variation saisonnière du budget d’activités en pourcentage du temps d’activité (%)
5.2.1.2. Variation saisonnière du budget d’activités diurnes en temps absolu (heures)
5.2.2. Variation journalière du budget d’activités diurnes en pourcentage du temps d’activité (%)
6. PHENOLOGIE DE LA REPRODUCTION
6.1. Phénologie de la reproduction du Fuligule nyroca (Aythya nyroca) (2006 et 2007)
6.1.1. Paramètres de la reproduction du Fuligule nyroca (2006 et 2007)
6.2.1. Evolution hebdomadaire et mensuelle de la population du Fuligule nyroca
6.2.2. Evolution hebdomadaire et mensuelle des poussins du Fuligule nyroca
6.2.3. Evolution hebdomadaire et mensuelle du nombre de couples de Fuligule nyroca
6.2.4. Evolution hebdomadaire et mensuelle du sex-ratio du Fuligule nyroca
6.3. Phénologie de la reproduction de la Foulque macroule (Fulica atra)
6.3.1. Paramètres de la reproduction de Foulque macroule (2006 et 2007)
6.3.2. Evolution de la population de Foulque macroule (Fulica atra) (2006 et 2007)
6.3.3. Evolution du nombre de couples de Foulques macroule (2006 et 2007)
6.3.4. Evolution hebdomadaire et mensuelle des effectifs de poussins de la Foulque macroule
6.3.5. Evolution des effectifs de femelles de Foulques macroule avec niché
7. DISTRIBUTION SPATIALE
7.1. Distribution spatiale du Fuligule nyroca
7.2. Distribution spatiale de la Foulque macroule
Chapitre III : Discussion

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