Evaluation des impacts sur les personnes affectées par la mise en place d’une aire protégée

Fady ou tabous

Comme la majorité de la population est majoritairement musulmane « Anjoaty », l’élevage porcin est interdit dans la localité. Pour certaines Communes, comme Ampisikinana, la vente de lait est considérée comme taboue. Travailler la terre les mardis, jeudis et dimanches est considéré comme fady dans la localité. Ce qui limite les jours destinés à la culture.

Activités économiques

En fonction des spécificités biophysiques de la Commune (hydrographie, diversité biologique,…) et de la saison, les habitants combinent ou alternent l’agriculture, l’élevage, le prélèvement de produits forestiers, la pêche et l’artisanat en vue d’assurer leur survie et satisfaire leur bien être.

Agriculture

Plus de 80% de la population pratiquent l’agriculture et l’élevage comme source de revenu principal. Concernant les plantes cultivées, le riz occupe la première place. Le riz irrigué ne se pratique que dans la région de Sahaka (seul endroit favorable), les autres régions ont r ecours surtout à la riziculture pluviale sur des pseudo-plaines irrigables ou sur tavy.
La culture de riz se fait de novembre à mai. Les techniques culturales peuvent être qualifiées de traditionnelles. En effet, le semis se fait à la volée, d’où la nécessité d’une quantité importante de semences, car une bonne partie est apportée par le vent. En moyenne, il faut 117 kg de semences pour 1 ha de rizière. Le rendement est de l’ordre de 1.3 à 2 tonnes par hectare, donc reste faible à cause d’une part de l’itinéraire technique, mais également du problème de maîtrise d’eau qui rend également impossible la culture de contre saison. Les fleuves et rivières s’assèchent en saison sèche.
D’autres plantations sont aussi rencontrées : cultures de rente comme la vanille observée au bord des forêts humides; cultures maraîchères (brèdes, tomates, concombre,…), cultures sèches comme le manioc, patate douce, maïs et de canne à sucre, cultures fruitières (bananier, manguier, …).

Elevage

Comme les Sakalava majoritaires de la région se caractérisent par la civilisation des bœufs, l’élevage bovin tient une place prépondérante dans la vie socio-économique de la région. Il est de type extensif.
Chaque ménage peut posséder jusqu’à une centaine de têtes qu’il laisse brouter dans de vastes savanes.
L’élevage de volailles (poules, canards, oies, sarcelles) existe également dans la Commune de Maromokotro, mais reste de moindre importance.

Pêche et chasse

La région possède une vaste zone littorale qui permet la pêche en mer à l’instar d’Ampisikinana. Aux alentours de la zone humide de Sahaka, la population pratique la pêche d’eau douce et d’eau saumâtre.
La pêche est de type traditionnel, utilisant des outils, comme les pirogues et les filets maillants. La production est faible, à raison de 10 à 40 kg par jour. Il est à noter qu’il n’existe pas de période de pêche bien définie.
La chasse se pratique dans les fragments de forêt, et concerne certaines espèces les plus prisées, comme Tenrec ecaudatus (ambiko) et Potamochaerus larvatus (komankoro, lambo ala). La région constitue même un centre de ravitaillement de ces gibiers pour les régions alentours.

Exploitation des ressources forestières

La population riveraine exploite aussi les ressources forestières non ligneuses, comme le miel et l’écorce de quelques espèces, telles Melicope sp. (bilahy) pour la production d’alcool, Bismarckia nobilis (ARECACEAE) pour la vannerie. Beaucoup d’espèces végétales sont également utilisées comme plantes médicinales. Pour la construction, les espèces les plus recherchées sont Faucherea glutinosa (Nanto) de la famille des SAPOTACEAE, Cleistanthus sp. (EUPHORBIACEAE), Kigelianthe madagascariensis (BIGNONIACEAE), Stachyandra sp. (Euphorbiaceae), Albizia sp (sambalahy ravina). Ces dernières sont utilisées comme poteaux, traverses et portes des cases. Pour le mur, le plancher et la toiture, les habitants utilisent les palmiers et bambous.

Exploitation minière

La nature de la formation géologique de la région lui confère une richesse minière non négligeable. Nombreux gisements des sous-sols (or, cristal, quartz, sphène, etc.) ont été découverts et exploités depuis plusieurs décennies. L’exploitation se fait de manière traditionnelle et à ciel ouvert par les ménages dans les formations forestières et dans les savanes. Pour l’or, le gain est de 0,5 à 1 gramme par semaine. Il est à signaler qu’une immigration massive s’observe à la découverte de chaque nouveau gisement.
La population a recours à l’exploitation minière surtout pendant la saison sèche, période non propice à l’agriculture.

METHODOLOGIE

L’atteinte des objectifs visés et la vérification des hypothèses émises reposent sur l’élaboration d’une méthodologie bien définie. Pour la présente étude, la méthodologie adoptée est composée d’une approche participative, de quelques méthodes et outils spécifiques à chaque méthode retenue.

Collecte de données

Approche

Le développement socio-économique d’une localité repose sur la participation active de chaque groupe d’intérêt. De ce fait, il convient de modifier la perception du rôle de l’Etat, des services techniques et de la population dans la gestion des ressources naturelles pour assurer le partage équitable de responsabilités entre ces derniers, d’où le choix de l’approche participative pour la présente étude, notamment pour :
 Le diagnostic physique et socio-économique du milieu en vue de déterminer la situation de référence.
 La sensibilisation de la population péri-forestière pour identifier les enjeux environnementaux et les possibilités d’agir sur le milieu, ainsi que les changements qui en découlent.
 Le recensement des différents problèmes auxquels la population est confrontée puis l’analyse des solutions susceptibles d’améliorer la situation.
L’approche participative est fondée sur un échange permanent entre population et agents techniques, dans un esprit de partenariat, ainsi que sur la reconnaissance du savoir-faire local en vue d’associer étroitement la population à toutes activités de développement de leur milieu et de leur terroir et d’assurer les conditions nécessaires à la sauvegarde des ressources naturelles.
Il s’agit d’impliquer la population dans les différents niveaux et étapes du processus, à savoir: diagnostic de leur terroir, notamment du point de vue gestion des ressources forestières, analyse des diverses contraintes et priorités ; conception des actions à entreprendre ; réalisation, gestion ainsi que suivi et évaluation de l’ensemble du programme.
Elle favorise la prise de décision et la prise en charge par la population des actions destinées à améliorer les conditions d’exploitation des ressources et aménager leur espace-terroir.

Démarche

Plusieurs disciplines doivent être considérées pour pouvoir cerner l’étude. Entre autres, il y a la foresterie, la socio-économie, l’étude d’impact environnemental. Pour ce faire, la démarche adoptée est celle dite transdisciplinaire. Il s’agit d’une démarche horizontale se caractérisant par la combinaison de la considération des perceptions paysannes et l’analyse scientifique.
Elle permet, de ce fait, un échange entre la population concernée et l’initiateur du projet, donc de promouvoir la participation effective des habitants, surtout dans l’identification des enjeux de la création de la NAP Loky-Manambato et dans la formulation des solutions susceptibles d’améliorer la situation des PAP.

Méthodes

Plusieurs méthodes ont été déployées et combinées pour la réalisation de l’étude et plus particulièrement pour confirmer ou infirmer les hypothèses émises.

Cartographie

L’étude cartographique vise, à l’aide d’un logiciel de système d’information géographique (SIG), à localiser la zone d’étude, à représenter et à synthétiser sur une carte les différentes occupations du sol (forêt, terrain de culture, hydrographie, etc.). Pour y parvenir, la cartographie consiste à procéder à l’analyse spatiale et de proximité des données géoréférencées et descriptives , en vue de localiser les zones d’utilisation par rapport aux Fokontany et de déterminer la surface correspondante.
Les données de base sont constituées par la BD500 du Foiben-Taontsarin’i Madagasikara (FTM) ainsique des cartes thématiques octroyées par Fanamby.

Documentation

La documentation consiste en la consultation des ouvrages se rapportant au thème étudié et à la zone d’intervention. Elle vise à capitaliser les acquis des recherches ultérieures. Pour cela à l’aide des mots clés, tels que : création d’une aire protégée, critères d’identification des PAP, Région SAVA, des ouvrages plus spécifiques et spécialisés ayant un rapport avec le sujet traité ont été consultés dans divers centres de documentation et sites web à l’instar des rapports techniques de Fanamby, EIES effectuées par BIODEV et SAVAIVO. Les informations pertinentes et les plus récentes qui en découlent ont été rassemblées et étoffées. Elles ont servi d’éléments de base et de références afin de comparer puis discuter les résultats avec ceux déjà obtenus par d’autres chercheurs.
La documentation est faite tout au long de l’étude, c’est à dire avant, pendant et après les descentes sur terrain et également au cours de la rédaction.

Enquête socio-économique

L’enquête socio-économique a pour but l’analyse du système de production des ménages, plus particulièrement l’identification des principales activités socio-économiques effectuées dans et hors forêt, ainsi que les recettes et dépenses y afférentes, en vue de déduire les PAP et de les classer suivant leur degré de dépendance. Elle vise à vérifier 3 sous-hypothèses stipulant que « l’AP constitue une source de revenu majeur pour la majorité de la population », « la mise en place de la NAP perturbe la vie socio-économique de la population », « les villages à proximité de la forêt sont plus dépendantes de l’AP. »
L’enquête est de type formel. En effet, elle est faite par questionnaire vu qu’il s’agit d’un moyen pratique pour collecter rapidement des informations et un outil efficace d’aide à la décision. En effet, pour obtenir des réponses, rien n’est plus naturel que de poser des questions.
Compte tenu du temps imparti à l’étude et le nombre élevé des ménages par Commune, l’enquête n’est pas systématique. Après identification de la population mère représentée par les habitants des quatre (4) Communes, un échantillonnage par tirage aléatoire a été effectué par Commune de manière à ceque chaque individu statistique ait exactement la même chance de participer à l’enquête.
L’unité d’échantillonnage est représentée par les ménages. La taille de l’unité d’échantillonnage par Commune est fonction du nombre de ménages. Toutefois, le taux d’échantillonnage par Commune est de 15% pour atteindre le degré de précision requis pour une enquête qui se veut être représentative de la population mère qui est formée par 28 596 individus. Le taux est fixé à 15% pour les habitants près et en périphéries des fragments de forêt. Au total, 159 ménages ont fait l’objet des enquêtes.
Les points soulevés au cours de l’enquête sont établis sous forme de questionnaire pour se repérer et d’homogénéiser les points abordés par échantillon. Les principaux thèmes abordés sont les recettes et dépenses relatives aux activités socioprofessionnels agricoles (dans et hors forêt) et extra-agricole et sur les impacts prévisibles du projet et les mesures pour les pallier.

Outils

Fiche d’enquête

La fiche d’enquête désigne la feuille servant de repère lors des interviews par ménages. Elle comprend la liste des questions posées au cours de l’enquête socio-économique de manière à homogénéiser les informations à recueillir par unité d’échantillonnage. En outre, elle a été élaborée en vue d’enregistrer les réponses avancées par les enquêtés.
Le modèle de fiche utilisée pour la présente étude est présenté en annexe [1].

Table des matières

LISTE DES ACRONYMES
LISTE DES CARTES 
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES 
I-INTRODUCTION
II-PROBLEMATIQUE
III-OBJECTIFS ET HYPOTHESES 
1-Objectifs
2-Hypothèses de travail
IV-MILIEU D’ETUDE 
1-Situation géographique et cadre institutionnel
2-Milieu humain
2.1-Composition ethnique
2.2-Effectif de la population
2.3-Services sociaux
2.4-Fady ou tabous
2.5-Activités économiques
2.5.1-Agriculture
2.5.2- Elevage
2.5.3-Pêche et chasse
2.5.4-Exploitation des ressources forestières
2.5.5-Exploitation minière
V-PRESENTATION DU PROJET
1-Promoteur
2-Parties prenantes
3-Statut de la NAP
4-Composantes du projet
5-Principales activités
VI-METHODOLOGIE
1-Collecte de données
1.1-Approche
1.2- Démarche
1.3-Méthodes
1.3.1- Cartographie
1.3.2- Documentation
1.3.3- Enquête socio-économique
1.3.4- Observations directes
1.3.5- Méthode Accélérée de Recherche Participative (MARP)
1.4-Outils
1.4.1- Fiche d’enquête
1.4.2- Guide d’observation
2-Traitement et analyse des données
2.1-Analyse statistique
2.1.1-Statistique descriptive
 Effectif
 Moyenne
 Fréquence
2.1.2- Analyse en Composantes Principales
2.2- Calcul économique : Valeur Actualisée Nette
3-Schéma méthodologique
VII-RESULTATS ET INTERPRETATIONS 
1-Notions générales
2-Cadrage du projet
2.1-Cadre institutionnel
2.2-Cadre législatif et règlementaire
3-Importance socio-économique de la NAP
3.1- Zone forestière
3.1.1-Riziculture
3.1.2-Autres activités
3.2-Zone non forestière
3.3- Analyse de la trésorerie des ménages
3.4-Conclusion partielle
4-Principaux enjeux et impacts socio-économiques des restrictions
4.1-Diminution des surfaces exploitables
4.2- Limitation du prélèvement
4.3- Perte d’opportunités
5- Evaluation des pertes
5.1- Perte due à la limitation de la zone d’usage
5.2- Perte due à la limitation du prélèvement
5.3- Perte d’opportunités
6-Identification des PAP
6.1-PAP Majeures
6.2-PAP mineures
6.3-Groupes vulnérables
6.3.1-Source et précarité des revenus
6.3.2-Accès aux besoins de base
 Nutrition
 Education
 Santé de base
6.3.3-Déduction des groupes vulnérables
7-Attentes et préoccupations des PAP
8-Plan de gestion et de sauvegarde sociale
8.1-Objectifs
8.2-Principes de base
8.2.1-Principe d’équité
8.2.2-Principe de précaution
8.2.3-Principe de subsidiarité
8.2.4-Principe de transparence et d’imputabilité
8.3-Projet à promouvoir à titre de compensation
8.3.1-Présentation des projets
8.3.2-Aperçu financier du projet
 Investissements nécessaires
 Besoin en Fonds de roulement
 Recettes des projets
8.3.3-Rentabilité et faisabilité des projets : VAN
8.4-Mesures d’atténuation
VIII-DISCUSSIONS 
1-Sur la méthodologie
1.1-Observations directes
1.2-Enquête socio-économique
2-Sur les hypothèses
IX-RECOMMANDATIONS
1-Objectifs d’un suivi et d’une évaluation d’un projet
2-Motifs du suivi-évaluation
3- Plan de suivi
4-Gestion des conflits
4.1- Comité chargé de la gestion du conflit
4.2- Procédure et mode de saisie de l’instance de résolution des conflits
4.3- Formation d’arbitrage
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
REFERENCES WEBOGRAPHIQUES 
LISTE DES ANNEXES

projet fin d'etude

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *