Evaluation des symptômes respiratoires et des troubles ventilatoires chez les menuisiers ébénistes

Définition et condition d’utilisation du bois

❖ Définition Le bois, matériau naturel, est un composite, tant en terme structural qu’au niveau de sa composition chimique. Sa structure est cellulaire et poreuse (Jebrane M, 2009). On distingue deux classes de bois : les résineux qui produisent de la résine et qui sont généralement tendres et légers (pine, sapin blanc, bois rouge…) et les feuillus qui sont des bois durs et stables (Chêne, teck…). Le bois est largement utilisé dans de nombreuses activités, notamment dans l’ébénisterie. Ce terme est employé pour designer la fabrication de meubles artisanaux et industriels (Belabed A et al, 2009). ❖ Conditions d’utilisations du bois Au Sénégal, les bois utilisés en ébénisterie sont d’origines diverses (Cameroun, Casamance, Côte d’Ivoire, Gabon, …). Parmi les dizaines d’essences de bois disponibles, le professionnel est souvent confronté à des choix difficiles au moment d’identifier ou d’acheter un bois. Si le bois peut séduire de par son aspect (couleur, grain, texture, veinage, etc.), il convient de savoir s’il est apte à l’emploi pour lequel il est destiné (Yves Benoit, 2008). Les principaux déterminants pouvant influencer sur le choix du bois sont : – La classe d’emploi : elle permet d’évaluer les risques de dégradation des bois et les traitements éventuels de préservation qui en découlent. 5 classes d’emploi (Tableau I) sont ainsi déterminées selon la destination de l’ouvrage : (Fibois Alsace, 2009) – La dureté : c’est la capacité physique du bois à résister aux chocs et à l’usure. (Fibois Alsace ,2009). Elle se mesure selon plusieurs indices dont l’indice Monnin est plus utilisé (Tableau II) (Martin P et Vernay M, 2016). 5 – La durabilité : c’est l’aptitude du bois à résister aux attaques d’agents biologiques d’altération (champignons de pourriture, termites, insectes…) sans l’apport d’aucun traitement. – L’imprégnation du bois : elle correspond à l’aptitude du bois à être imprégner par un produit de préservation (Martin P et Vernay M, 2016).

Traitement préventif du bois

Le bois est composé de plusieurs substances de masse moléculaire relativement faible. Ces substances sont des matières organiques non polaires, des terpènes, des esters, des produits d’extraction organique polaire (tannins, flavonoïdes, quinones) et des produits d’extraction hydrosoluble (alcaloïdes, protéines, matières inorganiques) (IARC, 1995). De ce fait, il est biodégradable par nature, et est donc susceptible d’être attaqué par des agents biologiques comme les insectes xylophages et les champignons lignivores (Fouquet D, 2009). La plupart des bois utilisés au Sénégal présente des caractéristiques nécessitant l’application d’un produit de préservation adapté au bois avant son utilisation. Le produit de préservation le plus utilisé chez les professionnels du bois au Sénégal est le xylophène. C’est un produit de traitement insecticide et fongicide destiné au traitement préventif et curatif des bois extérieurs contre les insectes à larves xylophages, les termites et au traitement préventif contre le développement des champignons par badigeon, aspersion ou injection. 7 La majorité des substances chimiques composant les produits de traitement du bois sont dangereuses pour la santé. Ceux-ci peuvent entrainer des symptômes comme des maux de tête, des vertiges, des palpitations et de l’irritation chez les professionnels exposés (ECHA, 2014

Exposition professionnelle liée aux poussières de bois et produits chimiques utilisés

Poussière de bois

 Au cours des différentes étapes de transformation du bois, les ouvriers de l’ébénisterie sont exposés de façon régulière aux différentes poussières émises. Les opérations de transformation telles que le sciage, le ponçage et le perçage génèrent une importante quantité de poussières fines et de copeaux de bois de diamètre inférieur à 5um (Monier S et al, 2008). Plus les poussières sont fines plus elles accèdent profondément dans les poumons et peuvent y entrainer des lésions. (National toxicology program, 2002). Les expositions les plus élevées ont généralement été signalées dans la fabrication de meubles et d’armoires en bois et particulièrement au cours du ponçage ou lors des opérations similaires (niveaux de poussières de bois souvent supérieurs à 5mg/m³). Des niveaux d’exposition supérieurs à 1mg/m³ ont également été mesurés dans les ateliers de finition (IARC, 1995). La poussière de bois a été ainsi incriminée dans la survenue de maladies pulmonaires dans de nombreux secteurs industriels (Larama MBR et al, 2004). Certains bois résineux utilisés au Sénégal tel que le sapin et le pin contiennent des composés de faibles poids moléculaires qui sont responsables de maladies respiratoires (l’asthme et la bronchite chronique) observées chez les travailleurs qui y sont exposés (Garrison H. Ayars et al, 1988). Une étude réalisée en 2010 par Lawrence w. whitehead et ses collaborateurs établit un lien entre les changements de la fonction pulmonaire et l’exposition à la poussière de pin (Lawrence w et al, 2010). Cependant notons que l’impact sur la santé est fonction de la durée d’exposition et des expositions simultanées à d’autres substances. (Vivi Schlunssen et al, 2008) L’exposition professionnelle à la poussière de bois à long terme semble être associée à un risque accru de développer un adénocarcinome de la cavité nasale. Les agents causals spécifiques sont la poussière de 9 bois, les agents de dégradation du bois et les additifs utilisés dans le traitement ou la fabrication de produits finis (Nylander L.A et Dement J.M, 1993). L’agence Internationale de Recherche sur le cancer classe la poussière de bois comme cancérogène avéré (groupe 1) (IARC, 1995). La valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) aux poussières de bois inhalables et pour 8 heures de travail est de 1 mg/m3 (INRS, 2016). Outre la poussière de bois, les produits de finition utilisés dans le traitement du bois sont soupçonnés d’être à l’origine de plusieurs problèmes de santé parmi lesquelles l’asthme professionnel. (WorkSafe Western Australia COMMISSION, 2001)