Généralités sur les notions de fertilité d’un sol et de pratiques agro-écologiques

Généralités sur les notions de fertilité d’un sol et de pratiques agro-écologiques

Notion de la fertilité d’un sol

En Afrique de l’ouest, la question de fertilité des terres est au cœur des débats sur le développement rural et l’avenir des agriculteurs. Ainsi, la fertilité est une notion qui renvoie à différentes perceptions. Si elle était autrefois perçue comme la caractéristique du sol, à laquelle on devrait s’adapter en choisissant les cultures, au XIXe siècle avec les débuts de la chimie, la fertilité est devenue une mesure quantitative, liée à la richesse du sol en éléments minéraux. Cependant cette perception de la fertilité a eu des limites car elle s’est intéressée essentiellement aux éléments chimiques du sol sans prendre en compte les autres facteurs du milieu (climat) et le rôle de l’agriculteur et les techniques développées. Ces considérations amènent Delville et al. (1998), à conclure que la notion de fertilité d’un sol renvoie à la fois aux caractéristiques du sol et à ce qu’en fait l’agriculteur (cultures et techniques). La notion de fertilité nécessite une appréciation plus large, basée sur le fonctionnement d’un système biologique dont les composantes sont peu nombreuses mais interactives (le sol, le climat et la plante) et sur la confrontation entre les caractéristiques pédoclimatiques du milieu, les systèmes de production et des techniques agricoles pratiquées. La fertilité d’un sol est donc l’« aptitude culturale d’un sol » qui signifie la capacité de ce sol à produire sous son climat, telle culture avec telles techniques (Sébillet, 1993 ; Pieri, 1989) dans un contexte socioéconomique donné. La fertilité d’un sol apparaît donc comme l’ensemble plus ou moins productif des caractéristiques physicochimiques (structure du sol, teneur en matière organique et en éléments minéraux) et biologiques d’un sol (organismes vivants) interagissant dans le temps et dans l’espace selon les conditions pédoclimatiques et de gestion. 

Notion d’agroécologie et de pratiques agroécologiques

L’agroécologie est un concept ancien mais dont la définition demeure polysémique. L’agroécologie est définie comme étant un mouvement social, un ensemble de pratiques agricoles ou une discipline scientifique. Le terme agroécologie a d’abord été utilisé par Bensin en 1928, 1930,1935, un agronome américain d’origine russe, qui a suggéré le terme « Agroécologie » pour décrire l’utilisation de Généralités sur les notions de fertilité d’un sol et de pratiques agro-écologiques Page 5 méthodes écologiques appliquées à la recherche sur les plantes cultivées commerciales. Cependant le terme devient de plus en plus un champ très large. C’est ainsi que Waldon et al. (1998) définit l’agroécologie comme l’application de l’écologie à l’étude, la conception et la gestion des agroécosystèmes durables. Cependant au fil des temps, les dimensions économique et sociale sont introduites dans la définition. Ainsi , l’agroécologie est l’étude interactive de l’écologie à l’ensemble des systèmes agricoles englobant les dimensions écologiques, économiques et sociales (Francis et al., 2003; Wezel et al., 2011). l’agroécologie repose sur cinq principes selon Altieri, (1995) : l’optimisation des flux de nutriments et le recyclage de la biomasse ; la gestion de la matière organique du sol et la stimulation de son activité biotique ; la minimisation des pertes en termes d’énergie solaire, d’eau et d’air par une gestion microclimatique et par une protection du sol ; la diversification des espèces et des variétés génétiques cultivées dans le temps et dans l’espace ; enfin, l’accroissement des interactions et des synergies biologiquement bénéfiques entre les cultures et avec ce qui les environne, l’ensemble devenant un agro écosystème. Avec les changements climatiques, l’agroécologie apparait comme une pratique visant à accroitre de la biodiversité dans les écosystèmes et renforcer les régulations biologiques (Schaller, 2013). En effet, un agrosystème est un écosystème géré et modifié par l’homme dans un but de production. Par conséquent il doit donc modérer ses activités en identifiant des pratiques qui permettent le maintien de l’équilibre dans l’agrosystème mais aussi avec les autres composantes que sont le sol, l’eau, et la plante. Les pratiques agroécologiques sont les plus adaptés dans le contexte actuel où l’environnement des exploitations agricoles évolue rapidement, tant au plan environnemental (effet du changement climatique) qu’au plan socio- économique (pression démographique, exode, pauvreté). Les pratiques d’agroécologie les plus connus sont : • L’intégration des légumineuses dans les systèmes de culture Dans les systèmes de culture où la rotation ou l’association des cultures de céréales avec des légumineuses améliorent la nutrition azotée et les rendements en augmentant l’azote disponible dans le sol. L’intégration des légumineuses dans les systèmes de culture permet en outre d’empêcher la diffusion des maladies et ravageurs d’une année sur l’autre et de diversifier des revenus et les productions afin de limiter les risques de mauvaises récolte mais aussi la réduction des adventices parasitaires comme le Striga Hermontica (Carsky et al., 2003; Fontaine et al., 2012; Mbaye et al., 2014) . Les céréales sont cultivées généralement en Page 6 association ou en rotation avec des légumineuses comme le niébé ou l’arachide. Le mil et le sorgho sont les deux principales céréales qui sont souvent accompagnées par le niébé. L’arachide fixe 8 à 23 kg N ha-1 dans l’atmosphère, couvrant 27 à 34 % de ses besoins en azote. Le niébé fixe 50 à 115 kg N ha-1, soit 52 à 56 % de ses besoins en azote ainsi, un précédant niébé ou arachide équivaut à une application de 25kg N/ha d’engrais minéral pour la culture succédant. (Bado, 2002). Toutes fois il faudrait une bonne maitrise des espèces utilisée pour éviter les compétions en éléments nutritifs, eau entre les espèces associées. • L’agroforesterie et la jachère améliorée Dans la mesure où la jachère sur une longue période est abandonnée du fait de la forte croissance démographique, développer l’intégration de l’arbre permettrai aux sols de retrouver leur fertilité. Pour un investissement initial très faible, les arbres plantés sur les champs soit en jachère, soit en association avec une culture annuelle restaurent la fertilité du sol ; ils servent de fourrages pour le cheptel ; ils créent d’autres sources de revenus pour les paysans (semences, fruits, bois, énergie) ; ils renforcent la biodiversité (réduisant ainsi les ravageurs) ; jouent un rôle majeur dans le cycle des nutriments et les flux organiques par leur capacité à produire de la biomasse recyclable (litières, exsudats racinaires) à partir notamment des prélèvements en profondeur (Floret & Pontanier, 2001; Masse et al., 2013; Robin, 2014) • L’intégration de l’élevage dans les systèmes de culture En Afrique, l’élevage et l’agriculture sont souvent des activités différentes et pratiquées par des acteurs différents, alors que leur intégration est nécessaire et qu’il a été reconnu des avantages potentiels permettant de mettre en valeur les complémentarités et de limiter les concurrences entre ces deux activités (Landais & Lhoste, 1990). En incluant des animaux dans les systèmes de production agricole, la dépendance aux intrants extérieurs est réduite, l’intégration agriculture/élevage permet d’augmenter la durabilité des systèmes et de préserver l’environnement par un recyclage efficace des nutriments. Outre la traction animale, l’élevage peut participer à la valorisation des résidus de récolte par le bétail, la production de fumure animale permettant l’entretien de la fertilité du sol, les transferts de fertilité des parcelles les plus éloignés vers les parcelles plus proches, la gestion collective de l’assolement et des jachères pâturables à l’échelle du terroir (Dugué et al., 2004, Robin, 2014) . Selon la FAO, (1994), une tonne de fumier de bovin contient environ 8 kg d’azote, 4 kg de phosphore et 16kg de potassium. L’épandage de fumier englobe toutes les sources d’éléments nutritifs Page 7 d’origine végétale ou animale. Très souvent, la disponibilité des matériaux est la principale restriction car ceux-ci sont en concurrence avec l’alimentation des animaux et / ou une utilisation comme combustible ( Dongmo, 2009). Le fumier est une ressource précieuse dans les systèmes d’élevage et d’exploitation mixte, mais celui-ci est souvent négligé en raison des problèmes de transport autour des petites exploitations. Par contre les subventions sur les engrais chimiques, les primes à la motorisation, les taux de change et politiques d’importexport et enfin les systèmes fonciers inadaptés sont des politiques qui freinent cette pratique d’intégration de l’élevage et l’agriculture (McIntire et al., 1992).

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