Genèse du projet Pair-Ifé

Genèse du projet Pair-Ifé

Pairform@nce, un programme ambitieux

Pairform@nce veut rassembler les expertises développées par l’ensemble des acteurs de la formation continue dans l’objectif de construire un cadre commun national, à disposition des formateurs, et pouvant s’enrichir de leurs expériences successives. C’est un programme ambitieux, dans la mesure où ces formations, organisées sous la forme de parcours, reposent toutes sur cinq principes : l’intégration du numérique comme environnement naturel de travail5 , la mutualisation de l’expertise des formateurs pour concevoir des parcours communs, la collaboration entre stagiaires tout au long de la formation, des allers-retours du travail entre stagiaires au travail dans la classe, et le retour réflexif, individuel et collectif. Il se situe au cœur de la stratégie de formation continue du Ministère de l’Éducation nationale : les dispositifs « ordinaires » de formation continue sont reconnus comme étant à la fois insuffisants et inadaptés aux besoins des enseignants, le travail collaboratif est fortement présent dans le référentiel de compétences des enseignants, enfin la formation au et par le numérique est un élément clé des stratégies ministérielles.

Pair-Ifé, un projet nécessairement complexe, de long terme

Le travail engagé par le projet Pair-Ifé devait embrasser dans ses analyses à la fois le dispositif luimême (sa structure et ses ressources), le travail des concepteurs des parcours, le travail des formateurs, le travail des stagiaires, et les effets des formations sur les pratiques de classe et les systèmes de ressources des professeurs (c’est-à-dire la façon dont les ressources issues de la formation percolaient dans l’ensemble des ressources des professeurs ex-stagiaires). Le dispositif mis en place découle de la volonté de prendre en compte cette complexité. Il rassemble des chercheurs, des concepteurs de parcours et des formateurs. Voulant mettre en évidence des invariants (dans les modes de conception ou d’appropriation des parcours, dans les modèles de parcours ou de dispositifs), Pair-Ifé a mis en jeu une variété de thèmes de formation et de contextes de mise en œuvre, ce qui a conduit à une extension/ramification de l’organisation de la recherche (cf. figure 1). 

Les bases, théoriques et méthodologiques, du projet Pair-Ifé

Le programme Pairform@nce a été l’un des terrains fructueux sur lesquels s’est construite, de 2007 à 2013, l’approche documentaire du didactique, d’abord dans le cadre national, puis international (Gueudet & Trouche 2010, Gueudet et al. 2012). Cette approche analyse le développement professionnel des enseignants au prisme du jeu entre le matériau qu’ils constituent pour leur enseignement – leurs ressources – et leurs pratiques en classe. Pairform@nce a soutenu la construction de cette approche, lui offrant trois terrains d’analyse, dédiés respectivement au travail documentaire des concepteurs, des formateurs et des professeurs). En retour, il a bénéficié des outils conceptuels développés par cette approche (systèmes de ressources, processus d’appropriation des ressources analysés comme enrichissement conjoint des enseignants et des ressources elles-mêmes) et de ses outils méthodologiques (méthodologies d’entretien, journal de bord, outils d’analyse des systèmes de ressources). Nous reviendrons (§ 4.1) sur les aspects de creuset conceptuel qu’a constitué Pair-Ifé. Le développement de Pair-Ifé a été pensé dans une perspective de design experiment (Cobb et al. 2003), associant chercheurs, formateurs et enseignants à toutes les étapes de la recherche : les chercheurs ont participé à la conception des parcours, les concepteurs des parcours ont participé à la mise en place des sessions de formation, de façon directe (les concepteurs mettant en œuvre leurs propres parcours), ou croisée (les concepteurs du parcours A mettant en œuvre le parcours B, et vice-versa). La durée longue a soutenu l’émergence de réelles communautés de pratique (Wenger 1998), au sein de Pair-Ifé, permettant un jeu fructueux entre participation au projet et réification, c’est-à-dire production de ressources communes par et pour le développement du projet. La recherche s’est déroulée en quatre temps, qui ont donné lieu à quatre rapports : dans un premier temps, elle s’est intéressée plus particulièrement au travail des concepteurs, débouchant sur le proposition d’assistants méthodologiques comme ingrédients nécessaires de tout parcours (Gueudet et al. 2008) ; dans un deuxième temps, elle a concentré son intérêt sur le travail des formateurs, mettant en évidence des conditions d’appropriation des parcours (Soury-Lavergne et al. 2009) ; dans un troisième temps, elle s’est intéressée au travail des stagiaires, soulignant les interrelations entre les parcours de formation, les parcours des formateurs et les parcours des stagiaires (Soury-Lavergne et al. 2011) ; dans un quatrième temps, et c’est l’objet de ce rapport, la recherche s’est intéressée aux effets des formations à moyen terme. Les quatre rapports (incluant le présent document) sont disponibles en ligne.

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