Gestion des résidus d’antibiotiques dans les aliments

Gestion des résidus d’antibiotiques dans les aliments

GENERALITES SUR LES ANTIBIOTIQUES A USAGE VETERINAIRE ET LEUR INCIDENCE EN SANTE PUBLIQUE

Un antibiotique est une substance chimique produite par un microorganisme qui, à faible concentration, a le pouvoir d’inhiber la croissance (effet bactériostatique) ou de détruire (effet bactéricide) les bactéries ou d’autres microorganismes (Poyart, 2002). A l’origine, les antibiotiques étaient produits de manière naturelle par des champignons et des bactéries. Actuellement, quelques-uns sont produits par synthèse biotechnologique, tel que le chloramphénicol. Cependant, beaucoup parmi les produits employés actuellement, sont des dérivés semi-synthétiques. En médecine vétérinaire, les antibiotiques ont été essentiellement utilisés pour lutter contre les bactéries. A partir des années 50, leur emploi a été étendu à d’autres fonctions (Alambedji, 2008). II.1 Utilisation des antibiotiques chez les animaux de production Chez les animaux de rente, les antibiotiques sont utilisés, soit en tant que traitement curatif appliqué de manière individuelle ou collective à des animaux atteints d’affections microbiennes, soit en tant que traitement préventif pour éviter l’apparition de certaines pathologies ou encore, dans certains cas extrêmes, pour pallier des insuffisances en matière d’hygiène dans l’élevage (Sanders, 2005). 

Utilisation des antibiotiques à titre curatif

Lorsqu’un antibiotique est utilisé à titre curatif ; il permet d’obtenir la guérison des animaux cliniquement malades et d’éviter la mortalité. Le traitement a aussi pour effet de réduire la souffrance et de restaurer la production (lait, viande). Il réduit l’excrétion bactérienne, permettant dans certains cas d’obtenir une guérison bactériologique et, lors d’infection zoonotique, il peut éviter la contamination humaine (McKellar, 2001) 

Utilisation des antibiotiques en métaphylaxie

Lorsqu’une infection très contagieuse se déclare dans un élevage avec de grands effectifs et évolue sévèrement, le traitement de l’ensemble des animaux, même ceux ne présentant pas de symptômes mais exposés s’avère nécessaire. Ce traitement de contrôle prescrit à des groupes d’animaux en contact avec les animaux malades est appelé métaphylaxie (Labro, 2012). Généralement la métaphylaxie est mise en œuvre à partir d’un seuil d’atteinte des animaux compris entre 10% et 15% (Maillard, 2002).

Utilisation des antibiotiques à titre préventif

Les antibiotiques peuvent parfois être administrés à des animaux soumis à une pression de contamination régulière et bien connue. Dans ces conditions, on parle d’antibioprévention car le traitement permet d’éviter totalement l’expression clinique. Cette modalité d’utilisation des antibiotiques est adaptée à une situation sanitaire donnée et doit être provisoire. L’antibioprophylaxie est également utilisée lors d’opérations chirurgicales pour prévenir les infections bactériennes post-opératoires (Chauvin et al., 2006). 

Utilisation des antibiotiques en tant qu’additif alimentaire

L’usage des antibiotiques dans l’aliment à titre d’additifs en vue d’améliorer la croissance est très controversé. Certaines législations alimentaires l’autorisent (Amérique du nord) et d’autres (Union européenne) ne l’autorisent pas (Guillemot et al., 2006). Les antibiotiques utilisés en tant qu’additif alimentaire sont essentiellement les Antibiotiques Régulateurs de Flore (ARF) et Promoteurs de Croissance (AGP). Ces promoteurs de croissance sont des antibiotiques qui, administrés à faibles doses dans l’alimentation animale ont un effet préventif sur certaines infections bactériennes et modifient la composition du microbiote intestinal entraînant une meilleure assimilation des aliments par les animaux (Abiola et al., 2014). 

Classification des antibiotiques

Selon les auteurs, les différentes molécules d’antibiotiques sont classées selon leur origine, leur activité antibactérienne ou leur famille. La classification en fonction des familles est la plus utilisée. Généralement huit familles d’antibiotiques sont reconnues. Il s’agit de :  béta-lactamines  tétracyclines  sulfamides  macrolides  aminosides  quinolones  polypeptides  phénicols

Bêta-lactamines

La famille des β-lactamines, dont le chef de file est la benzylpénicilline, est un ensemble d’antibactériens caractérisés par la présence d’un noyau β-lactame (amide interne) et doués d’une activité bactéricide sur les bactéries gram positif en phase de croissance (Yala et al., 2001). Trois sous-groupes sont utilisés en médecine vétérinaire : les pénicillines, les céphalosporines et l’acide clavulanique. La distribution est de type extracellulaire (Allain, 2006). Les béta-lactamines diffusent principalement dans les tissus et organes les plus vascularisés (foie et reins) et sont particulièrement indiqués pour le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires et des infections urinaires (Moisan, 2013). L’utilisation abusive et non contrôlée des béta-lactamines peut entrainer des risques de déséquilibre de la flore cæcale. De même, le risque de présence de leurs résidus dans les aliments d’origine animale est possible, entrainant souvent des risques de réactions allergiques (Akoda, 2012). 

Tétracyclines

L’oxytétracycline représente le chef de file de la famille des tétracyclines. Ce sont des antibactériens produits par des champignons du genre Streptomyces. Les tétracyclines sont douées d’une activité bactériostatique à spectre large sur les bactéries gram positif et négatif (Ben youssef et al., 2015), ce qui fait d’eux l’un des médicaments les plus utilisés Au Sénégal, des investigations de terrains montrent que les tétracyclines et les sulfamides sont les plus utilisés en production animale, avec un pourcentage de 29,27% de non-respect des délais d’attente dans la filière avicole (Biagui et al., 2004). 20 Les tétracyclines sont particulièrement indiquées pour le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires, des infections urinaires et respiratoires (Moisan, 2013). Ils diffusent en priorité vers les organes richement vascularisés (foie, poumons), ces antibactériens ont également une affinité pour les tissus riches en calcium et sont lipophiles. Chez l’animal, les tétracyclines peuvent entrainer des intolérances locales, des troubles digestifs, des accidents de néphrotoxicité, des malformations dentaires et osseuses. Chez l’homme, la présence des résidus de tétracycline peut entrainer, des risques de résistance bactérienne (Akoda, 2012). 

Sulfonamides

Les sulfonamides ou sulfamides, dont le chef de file est la sulfaguamidine, sont des composés organiques, acides, dérivés de la sulfanilamide. Ils ont une activité bactériostatique et un large spectre d’action (Yala et al., 2001). La distribution des sulfamides est de type extracellulaire comme celle de toutes les substances acides. Ils diffusent principalement dans les tissus et organes richement vascularisés. Les sulfamides sont indiqués dans le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires, des panaris interdigités et des coccidioses (Moisan, 2013).

Aminosides

Les aminosides, encore appelé aminocyclitols dont le chef de file est la streptomycine, sont une famille d’antibactériens produit par des bactéries surtout du genre Streptomyces et doté d’une activité bactéricide (Ben youssef et al., 2015 ). Du fait de leur très forte hydrosolubilité, les aminosides se fixent très peu aux protéines plasmatiques et ont une distribution extracellulaire (Allain, 2006). Les aminocyclitols présentent une très forte affinité pour le tissu rénal et les cellules 21 ciliées de l’oreille interne sur lesquels ils se fixent durablement. Ce tropisme rénal explique la néphrotoxicité et la toxicité auditive marquée par les aminosides. Les aminosides sont indiqués dans le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires, des infections urinaires et des infections à Pseudomonas (Moisan, 2013).

Macrolides

Les macrolides, qui ont comme chef de file l’érythromycine, sont un ensemble d’antibiotiques d’origine naturelle produits par des micro-organismes du genre Streptomyces. Les macrolides sont doués d’une activité antibiotique bactériostatique à spectre étroit dirigé surtout contre les bactéries Gram positif, les pasteurelles et les mycoplasmes (Yala et al., 2001). Les macrolides diffusent parfaitement au travers des membranes biologiques vers les organes les plus vascularisés. Les macrolides ont une distribution intracellulaire du fait de leur faible basicité et de leur caractère lipophile. Ils sont indiqués dans le traitement des infections broncho-pulmonaires (mycoplasmoses), infections mammaires streptococciques et staphylococciques, ainsi que des infections bucco-dentaires (Moisan, 2013).

Quinolones

Les quinolones, dont le chef de file est l’acide nalidixique, sont des antibiotiques qui ont une activité bactéricide (Ben youssef et al., 2015). Ils sont classés en quatre générations : première, deuxième, troisième et quatrième. La distribution est de type extracellulaire pour ceux de première génération et intracellulaire pour ceux de 2ème et 3ème génération. Elles diffusent principalement dans les tissus richement vascularisés (foie, reins) . Les quinolones peuvent entrainer chez les animaux des intolérances locales, des troubles nerveux, des troubles rénaux, des troubles locomoteurs et des réactions allergiques. Chez l’homme, la présence de ses résidus est à l’origine de résistances bactériennes (Akoda, 2012). Les quinolones sont utilisés dans le traitement des infections urinaires, des infections digestives telle que les diarrhées néonatales (veau, agneau), des infections broncho-pulmonaires et mycoplasmiques aviaires (Moisan, 2013). 

Table des matières

INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : PRODUCTION ET DISTRIBUTION DE VIANDE
I.1 Production de viande au Sénégal
I.1.1 Systèmes d’élevage bovin au Sénégal
I.1.1.1 Système pastoral
I.1.1.2 Système agro-pastoral
I.1.1.3 Système intensif
I.1.2 Système de production de viande de volaille
I.1.2.1 Aviculture traditionnelle
I.1.2.2 Aviculture moderne
I.2 Distribution et commercialisation des viandes au Sénégal
I.3 Dangers liés à la consommation des viandes
I.3.1 Dangers physiques associés à la viande bovine et de volaille
I.3.2 Dangers biologiques associés aux viandes
I.3.3 Dangers chimiques associés à la consommation des viandes
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LES ANTIBIOTIQUES A USAGE VETERINAIRE ET LEUR INCIDENCE EN SANTE PUBLIQUE
II.1 Utilisation des antibiotiques chez les animaux de production
II.1.1 Utilisation des antibiotiques à titre curatif
II.1.2 Utilisation des antibiotiques en métaphylaxie
II.1.3 Utilisation des antibiotiques à titre préventif
II.1.4 Utilisation des antibiotiques en tant qu’additif alimentaire
II.2 Classification des antibiotiques
II.2.1 Bêta-lactamines
II.2.2 Tétracyclines
II.2.3 Sulfonamides
II.2.4 Aminosides
II.2.5 Macrolides
II.2.6 Quinolones
II.2.7 Polypeptides
II.2.8 Phénicols
II.3 Pratiques courantes d’utilisation des antibiotiques
II.4 Devenir des antibiotiques après administration
II.4.1 Résorption
II.4.2 Distribution
II.4.3 Biotransformation
II.4.4 Elimination
II.5 Résidus d’antibiotiques dans les aliments
II.5.1 Nature des résidus
II.5.1.1 Résidus extractibles
II.5.1.2 Résidus non extractibles
II.5.2 Risques associés aux résidus d’antibiotiques
II.5.2.1 Risques allergiques
II.5.2.2 Risques cancérigènes
II.5.2.3 Risques de modification de la flore digestive
II.5.2.4 Risques de toxicité
II.5.2.5 Risques liés à l’antibiorésistance
II.5.2.6 Risques technologiques des résidus
II.6 Paramètres fixés pour la protection du consommateur
II.6.1 Dose Sans Effet et Dose Journalière Admissible
II.6.2 Limite Maximale de Résidus
II.6.3 Délai d’attente
CHAPITRE III: DETECTION DES RESIDUS D’ANTIBIOTIQUES DANS LES ALIMENTS
III.1 Méthodes de dépistage
III.1.1 Méthodes microbiologiques
III.1.1.1 Méthode des quatre boites
III.1.1.2 Delvotest®
III.1.1.3 Copan milk Test®
III.1.1.4 Valio T101®
III.1.1.5 Test rénal
III.1.1.6 Charm test II
III.1.1.7 Premi®Test
III.1.2 Méthodes immunologiques
III.1.2.1 Méthodes de confirmation et de quantification
III.1.2.2 Méthodes de chromatographie liquide haute performance
III.1.2.3 Méthode de chromatographie sur couche mince
III.1.2.4 Méthode de chromatographie en phase gazeuse
DEUXIÈME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1 Cadre et période d’étude
I.1.1 Présentation de l’Hôpital Principal de Dakar
I.1.2 Présentation des abattoirs de Dakar
I.1.3 Présentation de la SEDIMA
I.2 Matériel
I.2.1 Matériel de collecte de données de terrain
I.2.2 Matériel de prélèvement pour analyse de laboratoire
I.2.3 Matériel biologique
I.2.4 Matériel technique pour la détection des résidus
I.3 Méthode
I.3.1 Méthode d’enquête
I.3.2 Choix des carcasses de volaille et de bœuf, taille et prélèvement des échantillons
I.3.3 Méthode de recherche des résidus
I.3.3.1 Mode opératoire
I.3.3.2 Lecture des résultats
I.3.3.3 Traitement et analyse des données
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1 Résultats des enquêtes de terrain
II.1.1. Usages d’antibiotiques et gestion de leurs résidus dans la filière viande bovine
II.1.2 Usage d’antibiotiques et gestion de leurs résidus dans la filière viande de volaille
II.2 Résultats de recherche de résidus d’antibiotiques 58
II.2.1 Prévalence des résidus d’antibiotiques dans la viande bovine
II.2.2 Prévalence des résidus d’antibiotiques dans la viande de poulet de chair
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMENDATIONS 
III.1 Discussion
III.1.1 Limites de l’étude
III.1.2 Usages d’antibiotiques et gestion de leurs résidus dans la filière viande bovine
III.1.3. Usages d’antibiotiques et gestion de leurs résidus dans la filière poulet de chair
III.1.4 Prévalence des résidus d’antibiotiques dans la viande bovine
III.1.5 Prévalence des résidus d’antibiotiques dans la viande de poulet de chair
III.2 Recommandations
CONCLUSION

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