Impact des pratiques agroécologiques sur la gestion post-récolte de la pomme terre

Impact des pratiques agroécologiques sur la gestion post-récolte de la pomme terre

Les pratiques agroécologiques 

Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture intensive avait réussi à augmenter très fortement les rendements, mais au prix de nombreux problèmes (Griffon, 2014). En effet ce système d’agriculture intensive est fortement consommateur d’intrants chimiques (engrais, pesticide…) et est largement mécanisé, ce qui pollue l’eau et l’environnement (Meynard, 2017). En vue de tous ces problèmes, dans les années 1980 a émergé une prise de conscience des effets négatifs de ce modèle de production sur la biodiversité et les écosystèmes (Borreani et al., 2013), en même temps, l’objectivation des impacts environnementaux de l’agriculture, mais aussi la revue des objectifs attribués à l’agriculture, sont à l’origine de deux formes de modernisation écologique de l’agriculture (Horlings, Marsden, 2011). La forme « faible » qui correspond à la mise en œuvre de bonnes pratiques pour améliorer, l’efficience des intrants où en réduire les impacts environnementaux et la forme « profonde » qui correspond à un changement de paradigmes dans la mesure où l’on cherche à substituer aux intrants (notamment chimiques) les services rendus par la diversité biologique des agroécosystèmes (Duru, Therond, 2014). L’agroécologie est la pratique de l’agriculture en utilisant au mieux le fonctionnement et les ressources de la nature tout en préservant ses capacités de renouvellement (Rochard, 2017). C’est un ensemble de systèmes alimentaire afin de favoriser la transition vers des systèmes évolués positivement du point de vue du développement durable (David et al., 2013). Selon Wezel, et Soldat, (2009). Dans la littérature scientifique le terme agroécologie apparaît au début du XXe siècle. Il est alors utilisé pour décrire les interactions entre les plantes cultivées et leurs milieux physiques et biologiques environnants. Pour preuve, il existe des systèmes de production capables d’ accroître les productions à l’hectare, sans coût majeur en énergie fossile ni recours exagéré aux engrais de synthèse et produits phytosanitaires (Altieri, 1986 ; Dufumier, 2010). Parmi eux, nous pouvons parler de la fertilisation du sol, les techniques culturales, les types d’irrigation et les méthodes de lutte. 

 Fertilisation du sol  

La matière organique La matière organique est l’ensemble des composés chimiques formé par des molécules organiques trouvées dans les milieux naturels, terrestre ou aquatique. Elle est généralement hétérogène et composée de reste d’animaux et des plantes avec leurs déchets dans 4 l’environnement (Anonyme, 2018). Selon Adama, (2011) la fumure organique joue un rôle important dans la fertilisation en améliorant les propriétés physico-chimiques et biologiques des sols. Ainsi, la teneur en matière organique des sols est l’un des principaux indicateurs de la fertilité des sols en zone tropicale. Elle prend le nom d’humus dans un sol, ou de compost dans le cas de fabrication artificielle, de terre végétale si sa composition est exclusivement issue de débris végétaux (Anonyme, 2018). La matière organique permet d’améliorer chimiquement le sol par la fourniture d’éléments minéraux à travers le processus de minéralisation. De plus, elle contribue à une solubilisation des minéraux insolubles comme les phosphates naturels par la production d’acide au cours de la minéralisation et permet d’augmenter la capacité d’échange du sol (Adama, 2011).  Le compostage La fertilité des sols est un problème qui préoccupe les agriculteurs de nos jours. Pour améliorer la fertilité du sol en particulier les sols ferrallitiques reconnus pour leur pauvreté en azote et en phosphore (Koné et al., 2009), les agriculteurs doivent penser à une méthode beaucoup plus simple qui est le compostage. C’est un processus de transformation des déchets organiques en présence d’eau et d’oxygène par le biais de micro-organismes. Il peut être réalisé en tas ou en composteur. Le compostage est une bonne pratique agricole qui implique l’apport de substances organiques tel que les engrais organiques, les résidus de récolte ou différents types de composts pourraient améliorer leur fertilité (Weber et al., 2007). L’utilisation des composts produits avec les déchets organiques améliore les propriétés des sols, rend disponible des nutriments dans le sol et réduit les risques de pollution (Weber et al., 2007 ; Kowaljow, Julia Mazzarino, 2007). Ils permettent d’augmenter la capacité de rétention en eau et des nutriments dans le sol, stimulent l’activité microbienne et augmentent le rendement (Kowaljow, Julia Mazzarino, 2007).  La Jachère La jachère est une terre cultivable laissée sans culture, en application des mesures décidées pour réduire l’excédent de production agricole (Morlon et Sigaut, 2008). Elle représente l’état postcultural, c’est une phase passive permettant de restaurer l’écosystème, dont l’état final procure des éléments nutritifs plus abondants et plus accessibles aux racines des cultures suivantes (Serpantié et al., 2001). Pendant cette phase de repos, la terre est mise à profit pour d’autres utilisations du milieu : pâturage de troupeaux domestiques, prélèvement de bois à usages divers (Floret et al., 1993). Ainsi, la jachère reconstitue la richesse originelle du sol notamment en 5 matière organique ; elle impacte sur certains groupes d’organismes telluriques appartenant aux macrofaunes, la mésofaune et la microflore (Duponnois, 2013). 

 Techniques culturales  Association culturale 

L’association de culture aussi appelée ‘compagnonnage des plantes’, a quasiment disparu des agrosystèmes au fil des années du fait de l’agriculture intensive (Stephen, 2016). Ainsi, avec la préoccupation liée à la qualité des aliments, la pollution de l’environnement. La redécouverte de l’association s’avère intéressante à bien des égards. Les cultures associées reposent sur la succession de plusieurs plantes sur la même parcelle (Cooperation, 1988). Elle peut se faire par diverses espèces et variétés rustiques dans un même champ de façon à intercepter au mieux l’énergie lumineuse disponible (Dufumier, 2010). En d’autres cas, l’association peut se faire entre cultures et élevages dans des systèmes écologiques complexes. L’association est faite pour minimiser les intrants (engrais, produits phytosanitaires pesticides ou herbicides, azote, eau) et avoir une plus grande efficacité des systèmes de production dans une logique de développement durable (Stephen, 2016). Elle apporte non seulement une sécurité par la diversification des cultures, mais aussi les cultures associées produisent individuellement plus que chacune des cultures pratiquées isolément (Cooperation, 1988). L’association culturale permet de contrôler plusieurs maladies, de diminuer le stress causé par la sécheresse, l’excès d’eau et les doryphores. Mais aussi favorise l’activité biologique du sol en fournissant des nutriments aux micro-organismes et aux vers de terres (Fraser, 1998).  Rotation des cultures La monoculture apparaissait à l’époque et les agriculteurs devant suppléer au manque de rotation, s’accentuaient sur l’utilisation d’engrais minéraux et de pesticides (Bélanger, 2004). Aujourd’hui cette tendance s’est renversée avec la pratique de la rotation, mais qui doit être améliorée. Selon Dufumier, (2010) la rotation correspond à une altération d’espèces cultivées sur une même parcelle. Les rotations jouent un rôle essentiel dans la production des pommes de terre. Elles ont un impact bénéfique tant sur la qualité de la récolte que sur la conservation du sol et la protection de l’eau (Fraser, 1998). La rotation permet de maintenir la productivité des sols, elle est reconnue comme une pratique incontournable (Bélanger, 2004). En outre, il est important de faire une planification  pour avoir une rotation équilibrée en alternant une culture sarclée, avec d’autres cultures qui nécessitent très peu de travail du sol (Fraser, 1998).  Buttage ou paillage C’est une opération qui consiste à mettre de la terre préalablement ameublie vers le billon pour former une butte (Kebdani, Missat L, 2015). Selon Rustica, (2019) le buttage consiste à ramener la terre le long des pousses de façon à former un monticule pour favoriser le bon développement des tubercules et éviter aux tiges de se coucher. Ainsi, le buttage se fait lorsque les feuilles atteignent une hauteur de 25 cm du sol, il se fait à l’aide d’une binette (Mantis, 2015). Le buttage peut se faire de façon mécanique. A la place du buttage certains font le paillage. Il consiste à déposer sur le sol un paillis épais ou du compost d’environ 10 à 15 cm (Lefevbre, 2014). Le buttage favorise la tubérisation, permet d’éviter le verdissement des tubercules en facilitant leur arrachage, mais aussi limite la contamination du mildiou au niveau des tubercules (Soltner, 1999). Figure 1 : Paillage de PDT Figure 2 : Buttage de PDT (Source : internet)  Semences paysannes La semence est le premier maillon de la chaîne alimentaire. Pendant des millénaires, la sélection et la multiplication des semences, ainsi que la conservation et le renouvellement de la biodiversité cultivée sont restés intrinsèquement liés au travail de production agricole (Kastier, 2006). Cependant, sous la pression de l’agro-industrie mondiale, la sélection paysanne africaine disparaît, l’agro-industrie mondiale tente d’imposer des semences dites améliorées, hybrides ou OGM (Fgc, 2018). Les semences industrielles sont issues de compagnies semencières de l’agriculture industrielle. Pour qu’elles soient rentables, les chercheurs sont obligés de créer des variétés qui 7 puissent être utilisées sur de très grandes surfaces. Et pour cela, il faut éliminer tous les gènes porteurs de caractéristiques trop locales des variétés de semences (Avsf, 2016). En réalité, elles sont inadaptées aux conditions spécifiques (sols, climat). Du fait que les semences soient homogènes et monocultures, dès qu’une maladie ou météo défavorable survient, c’est le champ entier peut-être détruit (Fgc, 2018). Par contre les variétés paysannes s’adaptent mieux grâce à leur homogénéité aux conditions locales et aux changements climatiques (Fgc, 2018).

 Types d’irrigation

 L’irrigation est une technique artificielle mise au service de l’agriculture pour combler le manque d’eau. L’eau est vraiment précieuse surtout pour les régions arides. L’objectif pour tous, surtout pour les agriculteurs est d’obtenir une récolte rentable. Ainsi, la pratique de l’irrigation permet une meilleure gestion des fertilisants. Parmi ces types on peut citer  L’aspersion L’aspersion est une technique d’irrigation par laquelle l’eau est apportée aux plantes sous la forme d’une pluie artificielle. Les deux dispositifs les plus utilisés pour la mettre en œuvre sont les asperseurs rotatifs et les canons d’arrosage (Wikiwater, 2012). Ainsi, L’irrigation par aspersion est le meilleur moyen pour arroser une pelouse dans sa totalité. En plus, elle est compatible avec la plupart des cultures et terrains et peut arroser jusqu’à 500 m² (Cottin, 2016). Parmi les caractéristiques de l’aspersion selon Bedrane, (2016). Cependant l’utilisation de l’aspersion ; ne nécessite pas du nivellement de la surface irriguée ; assure l’aération du sol (Oxygénation de l’eau) ; exige une adaptation de la qualité microbiologique de l’eau ;  Le goutte-à-goutte, L’irrigation par goutte-à-goutte est un système à très faible débit permettant un pilotage précis des approvisionnements d’eau grâce à un arrosage juste au niveau des racines, réduisant ainsi les pertes par infiltration ou évaporation. Il permet un apport d’eau au plus près des racines des plantes, sans mouiller le feuillage ou le végétal (évitant ainsi les maladies) (Martin, 2019).  La lance La lance est un système d’irrigation par aspersion utilisant un flexible avec ou sans pommelle. C’est un système d’irrigation qui nécessite de la pression. Le sceau ou arrosoir L’irrigation par arrosoir ou sceau constitue une technique d’irrigation simple et accessible, largement pratiquée par les petits exploitants agricoles pour la production de légumes. Cette méthode ne nécessite que peu d’investissement, mais demande un travail intense et ne permet que l’irrigation d’une petite surface (50 à 100 m2 .) (Smith, 2014). Cependant, l’irrigation par aspersion est la technique la plus adaptée à la culture de pommes de terre. En effet les arroseurs (basse pression) appelés communément « sprinklers » du fait de leur faible débit permettent d’apporter sous forme de pluviométrie un volume d’eau horaire variant de 3 à 10 mm selon qu’il soit à un ou deux jets (Ameur, 2011).

Table des matières

Dédicace
Remerciement
Liste des abréviations
Résumé
Abstract.
Introduction
Chapitre I : Synthèse bibliographique
I.1 Les pratiques agroécologiques
I.1.1 Fertilisation du sol
I.1.2 Techniques culturales
I.1.3 Types d’irrigation
I.1.4 Les méthodes de lutte des nuisibles
I.2 La culture de la pomme de terre
I.2.1 Généralité sur la pomme de terre
I.2.2 Cycle biologique
I.2.3 Importance économique de la pomme de terre
I.3 Gestion post-récolte de la pomme de terre
I.3.1 Défanage
I.3.2 Techniques de récoltes
I.3.3 Le séchage et la cicatrisation
I.3.4 Le triage et le stockage.
I.3.5 Les problèmes post-récolte de la pomme terre
Chapitre II : Matériel et Méthodes
II.1 Présentation de la zone d’étude
II.2 Méthodologie
Chapitre III : Résultats et Discussion
III.1 Résultats
III.1.1 Caractérisation des pratiques agroécologiques
III.1.2 Les techniques de gestion post-récolte de la pomme de terre
III.1.3 Impact des pratiques agroécologiques sur la gestion post-récolte
III.2 Discussion
recommandations
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques

 

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