Influence du couvert ligneux et de la pâture sur la végétation herbacée

Influence du couvert ligneux sur les pâturages herbacés de la communauté rurale de léona (région de Louga SENEGAL)

Les zones sèches (arides, semi-arides et sub-humides sèches) occupent 47% de la surface terrestre soit environ 6,45 milliards d’hectares. Elles sont présentes dans toutes les grandes régions de la planète. En Afrique, ces terres arides occupent1milliard d’hectares, soit 73% du continent(Tracol, 2004) Les écosystèmes sahéliens subissent une forte dégradation en raison de la péjoration des conditions climatiques et de l’anthropisation croissante (Albergel et Grouzis, 1985; Akpo et Grouzis, 1996, Grouzis et Albergel, 1989, Atta et al., 1990). Cette situation est préjudiciable aux conditions de vie des populations et à leur économie. A cela, s’ajoute la forte croissance démographique qui remet en cause les systèmes traditionnels d’utilisation Aet des terres (jachère) tout en réduisant les zones de parcours (Sène, 1997; Devineau, 2000; Fournier al., 2001; Grouzis et Floc’h, 2003). Au Sénégal, la dégradation des sols est la principale cause de la baisse de la productivité agricole (Ndour et Planchon, 2000 ; Ndour 2000). Elle est liée aux péjorations climatiques, à la salinisation des eaux et des sols, à la forte pression anthropique et au surpâturage. Il en résulte une baisse de la productivité végétale (Le Houérou, 1979; PANA, 2006; Sarr, 2007). La communauté rurale de Léona située dans la région de Louga avec 90% d’agriculteurs et 5% d’éleveurs (rapport PVM 2010) n’est pas épargnée Un des problèmes des plus urgents à résoudre dans les régions sahéliennes est la reconstitution des écosystèmes dégradés. Elle doit reposer sur l’association herbacées-ligneux-bétail afin de concilier les nécessités de la production herbacée (cultures, espèces pastorales) et la stabilité du milieu apportée par les ligneux en raison de leur moins grande sensibilité aux perturbations de l’environnement. Cependant, il faut remarquer que, même si de nombreuses études ont montré les rôles multiples que peut jouer l’agroforesterie dans l’amélioration de la productivité agricole et fourragère (Guinko, 1992;FAO, 2004; Sène, 1997) d’une part et dans le maintien et la restauration de la fertilité des sols d’autre part (Grouzis et al.,1991;Breman et Kesler, 1994), la plupart des systèmes agroforestiers est axée sur un petit nombre d’espèces végétales, ce qui réduit leur durabilité et leur adaptabilité aux changements climatiques. Des études socio-économiques antérieures ont permis de sélectionner 14 espèces dont onze arbres (Acacia senegal, Acacia tortillis, Adansonia digitata, Balanites aegyptiaca, Celtis integrifolia, Combretum glutinosum, Faidherbia albida, Neocarya macrophylla, Sclerocarya birrea, Tamarindus indica, Ziziphus mauritiana) et trois arbustes (Annona senegalensis, Boscia senegalensis, Maytenus senegalensis).

Influence du couvert ligneux et de la pâture sur la végétation herbacée

Même si une compétition entre ligneux et herbacée pour l’eau est souvent évoquée (Fowler, 1986; Belsky, 1990), il est généralement admis que le couvert ligneux influence positivement la strate herbacée sous-jacente. La plupart des auteurs concluent que la production de la strate herbacée sous couvert est deux à quatre fois plus élevée que dans la zone découverte et le tapis herbacé reste vert 3 à 4 semaines plus longtemps au début de la saison sèche, (Charreau et Vidal, 1965 ; Akpo,1993;Maïga, 1997 ; Akpo, 1998; Akpo, 2004). Akpo et al., 2003 trouvent que la teneur en eau du fourrage récolté durant la phase de croissance de la végétation varie de 70 à 30% sous l’arbre à 55 à 20% hors couvert, le biotope sous couvert offre ainsi des conditions d’alimentation en eau plus favorables aux végétaux qui s’y développent. Cependant, Gbémavo et al. (2010) et Kessier(1992) ont respectivement montré un effet dépressif du couvert ligneux sur la culture sous-jacente au nord du Benin et au BurkinaFaso. Les travaux de Maïga (1997) ont montré que cet effet dépend de l’espèce considérée mais aussi des interactions entre ligneux et herbacées. Cet auteur, en comparant les rendements du mil et du sorgho sous Acacia albida (Kaad), Vitellaria paradoxa(karité) etParkia biglobosa (néré) trouve qu’ils sont meilleurs sous Acacia albida suivi du Vitellaria paradoxa(karité) suivi de Parkia biglobosa(néré). Quant au pâturage, Devineau (1999) a montré que le pâturage influence fortement les successions post-culturales et la diversité des herbacées en participant à la disparition des espèces fortement appétées. Seules les espèces peu ou non appétées vont alors persister dans le milieu. Rousset et al. (1999) précisent que même si le pâturage freine fortement le processus de fermeture des paysages, il limite fortement la régénération de certaines espèces. Cependant, Akpo (1996) a montré que la pâture augmente la diversité végétale car le bétail assure la dissémination des semences dans les biotopes fréquentés (zoochorie). Le bétail en consommant les ligneux, influence la végétation herbacée à travers la réduction de la quantité de litière (Bremen et Kesler, 1994; Floret et al., 1995; Donfack, 1998, Rousset et al. (1999)).

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