Influences de la formation musicale sur l’apprentissage précoce d’une langue étrangère

Influences de la formation musicale sur l’apprentissage précoce d’une langue étrangère

Une méthodologie « idéale » … mise à mal au contact de la réalité

 Pour étudier le transfert de compétences de l’écoute musicale à l’écoute linguistique et les influences sur la production d’une langue étrangère, nous avons besoin de travailler sur des enfants qui soient à la fois en apprentissage précoce de l’anglais et de la musique. La situation expérimentale idéale aurait été d’avoir une classe expérimentale dite « musicale » (classe bénéficiant d’un enseignement musical aménagé de type Conservatoire) et une classe contrôle « non musicale ». Si l’apprentissage de l’anglais était délivré par le même enseignant dans ces deux classes, nous n’aurions qu’une seule variable indépendante, la variable « musique » à deux modalités représentée par les deux sous-groupes suivants : le groupe « musique » (classe expérimentale) et le groupe « non musique » (classe contrôle). Difficultés de travailler avec des classes musicales Il existe des classes musicales dans les villes possédant un Conservatoire National de Région (C.N.R.) ou une Ecole Nationale de Musique (E.N.M.). Dans la région de Franche-Comté, on en trouve à Besançon, Montbéliard, Belfort et Dole. Elles sont donc relativement peu nombreuses. Pour cette raison, elles sont fortement sollicitées pour participer à des expérimentations. Par ailleurs et surtout dans des villes universitaires comme Besançon, l’inflation des demandes d’observation de classes (stagiaires de l’I.U.F.M., étudiants de la l’U.F.R. Lettres et de l’Ecole d’Orthophonie) provoque la réticence des inspections à accepter des protocoles expérimentaux lourds. Quand elles ne refusent pas, elles imposent des contraintes qui rendent l’expérimentation très difficile à conduire.  

Difficultés de trouver des classes où l’apprentissage précoce de l’anglais commence avant le CM1 

L’échantillon était d’autant plus difficile à constituer qu’il fallait que tous les enfants suivent également un apprentissage précoce de l’anglais. Nous avons vu dans le chapitre IV que le « plan langue vivantes à l’école primaire » prévoit la généralisation de l’apprentissage d’une langue étrangère dès la grande section de maternelle d’ici à 2005. Mais, au moment de notre expérimentation (année 2000-2001), cette réforme n’était pas encore entrée en vigueur et à la rentrée scolaire de 2000, la priorité était donnée à la généralisation de l’enseignement des langues vivantes étrangères dans les classes de CM1. On peut donc dire que jusqu’en juin 2001, l’enseignement des langues ne concernait pas tous les enfants avant le CM1 et pendant l’année scolaire 1999-2000, le dispositif ILV ne concernait que 1,9 % des effectifs de CP et 6,2 % des effectifs de CE1, enseignement public et privé réunis1 . Il fallait donc trouver des classes en sachant que leur nombre est très réduit ou des écoles ayant pris elles-mêmes l’initiative d’instituer un apprentissage précoce « hors cadre officiel ». A la recherche du « Graal »… Dans ces conditions, c’était une véritable gageure de trouver une classe musicale, bénéficiant d’un apprentissage précoce commençant avant le CM1 et de trouver une classe contrôle ayant le même professeur d’anglais que la classe musicale. Après de longues recherches, nous avons eu la chance de trouver trois classes de CE1, dont deux proviennent d’établissements privés sous contrat avec l’état : la classe de CE1 de l’école publique de Choisey (Jura), la classe de CE1 de l’école privée Ste Ursule de Dole (Jura) et la classe de CE1 de l’école privée de la Maîtrise de Dijon (Bourgogne). Un apprentissage de l’anglais assuré par des intervenants qualifiés… Les trois écoles concernées ont un point commun révélateur : elles ont toutes les trois mis en place un enseignement précoce des langues étrangères de leur propre initiative, quelquefois sous l’impulsion des parents d’élèves dans le cas de l’école de Choisey. Cet enseignement ne se situe dans aucun dispositif institutionnel existant. Pour cette raison, il est assuré par des intervenants extérieurs.Dans les trois classes composant notre échantillon, les enseignants sont des intervenants extérieurs, recrutés par les écoles en fonction de leurs compétences en anglais : une intervenante anglophone bilingue à Dole et des professeurs d’anglais de collège à Dijon et à Choisey. 

… et réellement précoce 

A Dole et à Choisey, le contact précoce avec l’anglais commence dès le CP, à raison d’une séance de 45 mn par semaine. A la Maîtrise de Dijon, les instituteurs commencent à sensibiliser les enfants à l’anglais dès la grande section de maternelle en utilisant des cassettes vidéo. A partir du CP, c’est un professeur de collège qui assure, comme dans les deux autres écoles, une séance par semaine. De plus, l’institutrice de la classe de CE1, formée à l’enseignement de l’anglais (certificat européen de langues obtenu à l’INFOP) assure une séance supplémentaire de 30 mn par semaine. Ne se situant dans aucun dispositif existant, les intervenants n’ont pas de retour « qualitatif » et « officiel » sur l’enseignement qu’ils délivrent. Pour cette raison, les directeurs d’établissement, les professeurs d’anglais et les instituteurs étaient très favorables à un travail de recherche étudiant une particularité pour laquelle ils ont une forte motivation et dont ils tirent beaucoup de fierté. 

Pourquoi le CE1 et pas le CP ?

 Il aurait été intéressant de choisir les classes de CP pour la constitution de notre échantillon, là où commence l’enseignement de l’anglais pour au moins deux des classes, Dole et Choisey. Mais les effectifs de ces classes étaient très importants et le programme d’apprentissage de la lecture trop conséquent pour les instituteurs. Le fonctionnement de ces classes aurait été perturbé par une expérimentation lourde. Les effectifs étaient plus réduits en classe de CE1, ce qui laissait plus de disponibilité aux instituteurs et aux élèves. 

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