Intégration aux services logistiques

Intégration aux services logistiques

 Le dispositif de traçabilité et le tableau de bord d’indicateurs que nous avons produits démontrent la faisabilité de l’utilisation expérimentale du standard et des technologies EPCGlobal, pour doter une chaîne logistique d’une traçabilité plus fine, plus standardisée, aux données réparties. A l’issue de ce premier test, nous disposons d’un parc tagué RFID, d’une flottille de lecteurs EPC, d’un ensemble de bases EPCIS et d’une application informatique pour visualiser, traiter et diffuser ces données. Cette architecture conçue et testée, nous cherchons alors à cerner la manière dont les logisticiens s’approprient cette technologie pour accroître la performance de leurs services et quels Business Model ils entreprennent pour valoriser et déployer ces nouveaux dispositifs de traçabilité. Il s’agit de mesurer si, en l’état, cette offre a une valeur reconnue par la communauté logistique, et quelle est sa portée effective, vue depuis différents types de services logistiques, auxquels il est adossé. Nous aborderons cette question en quatre points : Pour commencer, nous faisons le bilan technique global de notre première expérimentation. Puis, nous établissons les retours d’expérience des différents membres du groupe projet. Nous traiterons en particulier le cas de DS Smith, porteur du projet, et propriétaire du produit-service Kaypal!R MR, qui, à l’issue de l’expérimentation, n’a souhaité déployer cette solution de traçabilité évènementielle à son organisation Kaypal!R MR : le suivi des flux de palettes Kaypal continue d’être fourni à moindre coût, et moindre risque, par des technologies non standardisées, une solution de traçabilité propriétaire (4S Services), et des ressources humaines pour connecter le tout. Nous cherchons alors à transposer ces premiers résultats à d’autres services logistiques. Convaincus de l’intérêt de poursuivre cette activité de recherche autour des technologies EPC, 4S Network cherche alors de nouvelles preuves de concepts 1 pouvant être testées sur de nouveaux pilotes internes, par l’expérimentation de nouveaux services logistiques, mission de conseil, et offres de services numériques. Nous détaillons le second cas d’expérimentation – anonymisé en “Cas 2”, pour illustrer comment 4S Network, et trois autres partenaires du projet OTC, accompagnés de deux nouveaux prestataires des technologies EPCGlobal, mais aussi EDI, reconsidèrent la traçabilité évènementielle en 2015. Cette seconde intervention teste la traçabilité d’un service d’une autre organisation logistique complexe. Nous y expérimentons la combinaison des technologies EPCGlobal et EDI – Echange de Données Informatisées – pour tracer le groupage de marchandises. Cette solution de traçabilité événementielle est valorisée dès 2016 sous la forme d’une proposition expérimentale d’un Business Model de service numérique. Discuter de l’impact de cette offre technologique sur les nouveaux BM logistiques nécessite en effet de dépasser l’utilisation purement instrumentale de ces outils de traçabilité, en suggérant de nouvelles tactiques d’affaires cohérentes avec ces offres aux marchés, internes comme externes. Nous concluons alors à la nécessité d’établir une série de BM de référence susceptibles d’être adoptés dans ce contexte d’Internet d’Objets Logistiques. 

Retours d’expérience, Cas 1

Le bilan technique de cette première phase de recherche démontre l’intérêt de l’approche OTC, appliquée au cas du service Kaypal!R MR : les choix technologiques et leur mise en œuvre in situ permettent de suivre ce parc sur plusieurs cycles, à l’aide de modules techniques du marché, ou développés pour compte propre, par 4S Network. Si le calcul de ces indicateurs a été modélisé et validé à travers différents outils informatiques 2 , pour produire ce tableau de bord, nous estimons qu’il doit, à terme, être encodé dans un module informatique robuste et performant 3 , afin de produire en quasitemps réel les indicateurs et proposer au marché un outil fiable. La chaîne de traitement ainsi conçue et expérimentée doit donc être consolidée, pour servir les applications logistiques du consortium, pour son usage interne, ou à travers une offre adressée au marché.Globalement, la majorité des parties prenantes internes au projet 4 , ou externes 5 , restent convaincus de la valeur ajoutée de leur approche et déclarent vouloir maintenir cet effort de R&D pour optimiser et diversifier leurs offres de services 6 et leurs travaux scientifiques 7 . A l’issue du projet, en dépit des propositions faites auprès de DS Smith au cours de l’année 2015, le déploiement industriel d’OTC, au bénéfice du service Kaypal!R MR n’a pas eu lieu. Cette décision montre que la solution portée par le consortium n’est pas jugée suffisamment robuste et complète, pour remplacer, en 2015, le système d’informations développé en place depuis 2010. DS Smith décide donc de ne pas passer son produit-service en mode de traçabilité unitaire, la brique applicative chargée du traitement des données devant faire l’objet de développements informatiques ultérieurs afin de produire de façon plus automatisée ses indicateurs. En cela, OTC-Kaypal(r) MR vient rejoindre les précédents cas d’expérimentation de la technologie RFID, appliquées aux conteneurs et supports logistiques 8 , qui n’ont pas été déployés industriellement après avoir testé ces mêmes technologies sur leur système de traçabilité de palettes logistiques. Plusieurs éléments concourent au non-déploiement à l’échelle industrielle du dispositif, sur ce service de gestion de palettes en carton : En premier lieu, l’agenda n’a pu être entièrement respecté : la phase de projet consacré à la conception de l’infrastructure, au lancement de l’appel d’offres, au choix de l’intégrateur prestataire et au déploiement du matériel (env. 24 mois), a porté préjudice à la phase de capture et de traitement des données, puis de leur exploitation au service de l’optimisation du service de gestion de palettes. Outre les lenteurs propres à la gestion de ce projet, implémenter et tester une solution et un matériel innovants nécessitent un apprentissage technique certain pour se saisir et maîtriser ces nouvelles technologies, et une approche originale à la traçabilité logistique. Ce retard n’a pu être comblé par la suite, et a obligé la poursuite des efforts de recherche et développement. Le temps a donc manqué pour offrir une solution robuste, permettant un déploiement industriel à l’issue de cette première expérimentation, au sein des services des partenaires OTC et dans les offres au marché. Deuxièmement, la rareté et le prix des solutions traitement de données 9 EPC disponibles “sur étagère”, contraint le plus souvent les porteurs de ces projets RFID à un processus lent de conception et de test d’une solution sur mesure. Nous avons pu néanmoins identifier, et parfois expérimenter, certaines des briques prêtes à l’emploi et commercialisées en mode SaaS 10, ce qui facilite théoriquement leur utilisation à petite échelle 11. En épargnant au porteur de projet un développement informatique réalisé en propre, de tels outils permettent de gagner en temps de mise en œuvre, réduire le délai d’accès au marché, et de prioriser le paramétrage au plus près des besoins métiers et la recherche de nouveaux modèles d’affaires. En corollaire, ce choix oblige à collaborer étroitement avec les intégrateurs dépositaires de la solution et contraint donc certains choix techniques et partenariaux, et à dépendre du BM de ces prestataires IT 12. Or, 4S Network a longtemps privilégié le développement de ses solutions en interne, afin de ne pas divulguer les algorithmes de ces modèles de traitement numérique à des prestataires externes 13 considérant ce savoir-faire comme stratégique et devant donc être protégé. En 2017, le moteur de données 14 n’est pas couvert par la standardisation EPCGlobal et donc pas disponible sur le marché, en version certifiée conforme : la standardisation ne va pas au delà de l’étage EPCIS, et ces bases n’offrent pas de services de visualisation et de pré-traitement pas encore suffisamment ergonomiques pour être utilisés facilement par un prestataire logistique TPE. Ces bases restent avant tout des lieu de stockage de données évènementielles brutes, peu explicites, de simples “repositories”. La décision de DS Smith ne préjuge en rien de la valeur d’OTC pour son offre produit-service. Elle signifie par contre, qu’en dépit des retours d’expérience positifs de tous les membres du groupe projet, de nouveaux efforts de R&D doivent être consentis dans le domaine de la standardisation EPC, afin de poursuive la numérisation des activités logistiques. Nous voyons donc qu’à l’issue de l’expérimentation technique sur le parc Kaypal!R MR subsistent des verrous technologiques, organisationnels et scientifiques séparant les besoins métiers, la vision, le modèle d’organisation d’une part, et les moyens d’y parvenir, tant techniques que business, d’autre part. 

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