INTEGRATION DES ENFANTS DANS L’ENTREPRISE : UN TREMPLIN POUR l’ESSOR FUTUR DE LA FAMILLE.

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REVUE DE LA LITTERATURE

Dans le domaine de la recherche, la revue de la littérature est un préalable indispensable. Dans « La famille désinstituée », Marie Blanche Tahon traite des mutations que connaît la famille depuis ses origines jusqu’à nos jours. En fait, elle explique la perte des repères familiaux et invite à une « imagination sociologique » afin de comprendre la situation actuelle et éventuellement chercher de nouveaux repères. Pour elle, il faut distinguer « bonheur » et « stabilité », car la conjonction des deux est l’idéal dans la famille. L’accessibilité relativement aisée à la famille occulte le fait que c’est une institution qui repose sur des règles, or la famille est un concentré de conflits que chacun a à résoudre, des nœuds que chacun a à dénouer et à renouer.
Selon elle, l’histoire et l’anthropologie mais aussi la sociologie, nous donnent à voir le caractère particulier qu’emprunte la forme familiale en raison du contexte économique, politique, symbolique dans lequel elle se situe. Elle est peut-être la forme sociale la plus multiforme, mais la moins univoque. Même si l’ouvrage de Marie Blanche Tahon est intéressant, il ne cadre pas avec la famille sénégalaise telle que nous la traitons dans cette étude. Ce livre demeure un ouvrage sur les mutations de la famille occidentale, il est certain qu’il peut trouver un lien avec la famille africaine en général et sénégalaise en particulier, mail il sera infime.
L’article de Diane Elson intitulé « Analyse de genre et science économique dans le contexte de l’Afrique » essaie de démontrer que des biais à l’avantage des hommes sont glissés aussi bien au niveau macro-économique qu’au niveau micro-économique. Le biais en faveur des hommes est pris comme un biais qui, dans la société joue pour les hommes en tant que genre et contre les femmes en tant que genre. C’est un déséquilibre sans fondement et justification, ce concept est plus flexible et peut renvoyer aussi bien aux idées, aux agent sociaux, qu’aux caractéristiques des structures sociales. Une question est essentielle : c’est comment les rapports économiques deviennent des rapports sociaux ?
« La Créativité des Femmes dans le nouveau paysage socio-économique sénégalais »1 met en relief l’émergence de l’activité des femmes, du contexte économico-social passé et actuel des pays africains dans lequel s’inscrit l’activité des femmes et partant de leur créativité. Ousmane Dianor a étudié le statut des femmes autrefois sur la base de documents historiques, il explique aussi les motifs et les conséquences des plans d’ajustement structurel sur l’économie et la société sénégalaise. En plus, il souligne le travail abattu par les femmes dans leur foyer, aux champs et dans leurs activités créatrices de revenus. Une historique pertinente de l’économie sénégalaise et de la place qu’y occupe la femme y est faite. Une place est donnée aux femmes agricultrices et aux femmes « hommes d’affaires » du secteur informel. Il donne à cet effet, l’exemple des femmes commerçantes et celui du groupement féminin qui assure l’exportation des produits agricoles frais sur le marché européen. Ce document est intéressant pour notre étude, dans la mesure où il traite de l’activité économique des femmes au Sénégal. O. Dianor nous suggère de considérer la femme comme une actrice du développement. Selon lui, avec les mutations économiques et sociales que traverse le Sénégal, il est nécessaire de libérer l’initiative féminine pour amorcer le développement économique et social du pays. En fait cette étude nous invite à ne pas sous estimer les femmes même si elles ne présentent pas toujours les critères classiques des acteurs du développement tels que suggérés par les penseurs occidentaux. En fait les femmes peuvent être considérées comme de potentielles vectrices du développement dans les pays du Sud en général mais surtout en Afrique.
Le livre de Fatou Sarr intitulé «l’Entrepreneuriat féminin au Sénégal, la transformation des rapports de pouvoir » nous a été d’un apport certain. Dans son ouvrage, l’auteure fait pourrait-on dire une historique des femmes entrepreneures au Sénégal. Elle interroge des femmes qui ont totalisé des dizaines d’années d’expérience entrepreneuriale. Elle souligne qu’à la faveur des départs volontaires dans la Fonction publique, des fonctionnaires ont voulu tenter leur chance en voyant d’autres réussir. Ces femmes sont en mesure de témoigner de leurs motivations, de leurs difficultés, de leurs faiblesses, de leurs points forts et de leurs rapports avec la famille et avec le pouvoir. Elle montre que le modèle de fonctionnement dans le secteur de l’entrepreneuriat féminin fait largement appel aux réseaux de solidarité familiale et communautaire. C’est dire que le social occupe une place importante dans les activités entrepreneuriales des femmes d’où le fait de la présence d’une forte solidarité dans leurs relations. Les femmes ne travaillent pas dans un secteur déterminé, elles touchent à tout, mais le commerce reste leur domaine de prédilection car c’est là qu’ elles ont le plus d’expertise. Cependant, il leur arrive d’évoluer dans des secteurs comme le textile, le bâtiment, l’agro-business…en fait il semblerait qu’elles investissent et réinvestissent leur argent afin de fructifier leur avoir et de léguer une « affaire » à leurs enfants. Car, l’avenir des enfants pose de plus en plus problème aux femmes entrepreneures, avec la conjoncture économique, il y a de moins en moins d’emploi. Comme les femmes le soulignent elles-mêmes :
« le travail n’est pas seulement pour soi-seul, mais aussi pour les enfants, la famille et la communauté ».
Fatou Sarr, souligne que les femmes ont grandement conscience de la valeur sociale de leur travail, car pour elles, la reconnaissance sociale à elle seule suffit comme récompense. Or, elles sont conscientes d’avoir réussi, donc pour elles, l’inquiétude demeure l’avenir. Le futur emploi des enfants occupe une large part de cette inquiétude. L’ouvrage de F. Sarr est d’une grande qualité, il est une référence pour toute étude sur l’entrepreunariat féminin au Sénégal. Il donne une explication claire du concept d’entrepreneur et traite de son évolution au fil des siècles. Ce qui constitue la grande qualité de cet ouvrage est qu’il recadre cette notion au niveau africain en général mais sénégalais en particulier. En définitive, même si ce livre ne nous a pas donné des informations précises sur les enfants évoluant professionnellement avec leur mère, il nous a indiqué des orientations quant aux perceptions que ces femmes ont de leur travail et de leur famille.
Sur la même lancée nous avons consulté l’étude de Fatou Sow, intitulée « Les initiatives féminines : une réponse à la crise ? »2. Ce document fait le lien entre la crise de la production de l’arachide et les activités génératrices de revenus féminines. Elle montre que les sénégalaises appartiennent à des cultures où les femmes ont par tradition des activités qui contribuent à l’entretien économique de la famille. Elle souligne que les causes de l’inefficacité de la planification du développement en Afrique sont dues non seulement aux facteurs macro-économiques, mais aussi à la non prise en compte des économies non-officielles. Les situations restent très fluides et instables dans le contexte d’une crise où l’économie de survie bouleverse les mœurs et les certitudes. La libération des mentalités qui poussent tout le monde à travailler pour gagner de l’argent est un élément indicateur de la percée en cours. La crise a d’une certaine manière décomplexé, libéré les mentalités. L’étude souligne qu’aujourd’hui, on est revenu au commerçant parce que l’Etat est en crise. Il n’y a plus de budget, il faut se débrouiller. Tout le monde essaie de survivre et beaucoup de métiers ne sont plus tabous.
Le modèle de réussite devient dès lors cette femme qui gagne de l’argent à la sueur de son front, dans un secteur où on ne l’attendait pas. Elle allie cette image à celle traditionnelle d’épouse et de mère de famille.
Les entreprises féminines ont été progressivement montées avec des apports personnels, des prêts familiaux et/ou les cotisations de tontines. Le manque de formation est un grand handicap. Il l’est pour toutes les entreprises mais il l’est encore plus pour les femmes car il remet leur autorité constamment en cause. Cette communication de F.Sow nous permet de comprendre les problèmes qui ont poussé les femmes à entreprendre des activités économiques. Elle nous informe sur la manière dont la crise économique s’est manifestée au Sénégal et montre qu’elle a été une source de motivation pour les femmes. Cette communication a été pour nous une source d’information sur le contexte économique et social qui a vu l’émergence des femmes dans l’économie sénégalaise. De ce fait, elle constitue une mine de données sur les motivations des femmes au début de leurs activités. Bien que ce document soit d’un grand intérêt sociologique, il ne traite nullement des rapports qu’entretiennent les femmes entrepreneures avec leurs proches en particulier leurs enfants.
La thèse de doctorat de Fatou Ndiaye intitulée « Les relations interactives entre le vécu familial, les motivations et les initiatives entrepreneuriales des femmes au Sénégal » nous a été d’un apport certain parce qu’elle traite dans une courte partie l’objet de notre étude. En effet, dans le chapitre trois de sa thèse, elle traite de l’entraînement des filles dans l’activité entrepreneuriale de leurs parents. En fait au départ, c’est-à-dire dans l’élaboration de ces hypothèses ce facteur n’était pas pris en compte, c’est au moment de l’enquête qu’elle s’est rendue compte que les filles étaient les auxiliaires de leur mère.
Elles sont systématiquement enrôlées dans les activités de leur mère pour servir d’assistantes. C’est un fait qui ressort dans les histoires de vie de certaines femmes. En effet, il apparaît qu’elles ont appris leur métier depuis leur enfance avec leur mère. Il y a donc un impact réel sur l’éducation des filles et le choix des métiers qu’elles seront amenées à faire à l’âge adulte. Cela ne constitue pas dans le contexte où nous vivons une condition suffisante, la tradition entrepreneuriale est tout au plus un potentiel latent.
Tous ces ouvrages nous ont permis d’avoir une idée de l’entrepreneuriat féminin, de l’économie informelle féminine et de l’impact des interactions familiales sur l’activité économique des femmes. Cependant, nous restons sur notre faim parce qu’aucun de ces ouvrages n’est allé au fonds de l’objet de notre étude.

PROBLEMATIQUE

Jusqu’à une période relativement récente, les femmes jouaient un rôle économique dans la société sénégalaise ( O. Dianor, 1997 ; F. Ndiaye, 2002). C’est avec l’avènement de la colonisation et des cultures de rente que les femmes furent presque obligées de s’occuper des cultures vivrières pour nourrir la famille. De ce fait, leur participation à l’économie ne pouvait pas être visible. Pour un rappel historique, les femmes jouaient un rôle tout aussi important que les hommes ; tous oeuvraient pour le bien-être et la survie de la communauté. Les hommes ainsi que les femmes avaient un pouvoir économique, politique et social leur permettant de peser de leur poids sur l’histoire à chaque fois que le besoin s’est fait sentir ( les femmes de Nder, la Linguère Déthié Law… F. Ndiaye 2002). C’est avec l’avènement de la colonisation que les cartes furent redistribuées consignant les femmes dans les cultures vivrières et par la même occasion les condamnant à avoir une faible valeur productive.
Depuis le début de la crise économique caractérisée par la flambée des prix du baril de pétrole en 1973 et la montée du cours du dollar, la crise va crescendo. Avec les politiques d’ajustement structurels (PAS), le pouvoir économique des citoyens s’est effrité et on a assisté à la paupérisation grandissante. La mondialisation avec l’avènement de l’Euro a fini par parapher l’ère de la globalisation et de la libéralisation. Dans ce processus du rattrapage du « lièvre par la tortue », on a assisté à la formation de nouvelles catégories socioprofessionnelles. Les femmes et les jeunes ont été les catégories émergentes après cette crise. Les femmes ont rivalisé d’ingéniosité et ont été créatives. Avec le double handicap qu’elles traînent, nous ne pouvons parler que de créativité. Elles ont combiné leur statut familial c’est-à-dire leurs rôles affectif et reproductif et leur nouveau statut économique, c’est à dire leurs  rôles instrumental et productif, ce qui peut parfois présenter des difficultés au niveau de l’assumation de ces statuts.
Le nombre de femmes entrepreneures est en croissance depuis le premier recensement de la population de 1976. En cette année-là le nombre de femmes travaillant à leur propre compte était de 21.621, en 1988 cette population est passée à 290.660 et enfin en 1991/1992 elle est passée à 735.638. La proportion de femmes indépendantes était donc à 26% en 1976 en passant à 48,6% en 1988 pour finalement atteindre 58,7% en 1991/923. Cependant, ces chiffres ne montrent pas celles qui travaillent pour la survie de la famille et celles qui ont pour profession l’entrepreneuriat. Mais au moins, cela témoigne que les activités entrepreneuriales des femmes sont entrées dans les mentalités Dans ce contexte, l’émergence d’une élite de femmes entrepreneures n’était plus vraiment une surprise à partir des années 90. Elles ont construit lentement, mais sûrement, leur statut actuel. Quand on sait que dans notre société présentement le statut social est lié au statut économique, on comprend aisément le fait que les femmes entrepreneures bénéficient d’un pouvoir certain au sein de la société.
En 1991/92, 58,7% de la population active féminine dakaroise était établie à son propre compte4. Cette situation a permis aux femmes de prendre conscience du pouvoir qu’elles sont susceptibles d’avoir, au même titre que leurs consœurs du secteur structuré. Les femmes entrepreneures sur un autre registre, ont prouvé leur apport à l’économie en jouant un grand rôle dans la lutte contre le chômage. Qu’elles soient du secteur structuré ou informel, elles essaient de fournir une source de revenus aux individus qui travaillent avec elles, qu’ils soient leurs proches ou non. Chez les femmes entrepreneures l’économique rime avec le social.
L’intégration des enfants dans l’entreprise de leur mère est remarquable, parce qu’on constate que certaines activités qui ne sont pas propres à des groupes ou à des castes sont susceptibles de se transmettre de mère à enfant. Les enfants débutent leurs activités de diverses manières, elles peuvent leur être imposées, ou au contraire ils peuvent finir par assimiler ces activités à force d’être dans le sillage de leur mère. Les enfants peuvent aussi être diplômés et se trouver au chômage, dans ce cas, ils sont employés par leur mère. Ils peut arriver aussi que les enfants ne réussissent pas dans les études et à ce moment, « malgré le manque de formation, ils choisissent de faire la même chose que leur mère »5 .
Lorsqu’il s’agit de faire face à leurs divers rôles, les femmes entrepreneures invitent leurs enfants à assumer certaines charges non seulement au sein du foyer, mais aussi sur leurs lieux de travail. Car, l’acquisition de l’expertise est un préalable important, pour elles, la seule école dans l’entreprise c’est le terrain : celui-ci donne une expertise dans les domaines aussi divers que le calcul mental et la psychologie (F. Sarr 1998).
L’accent est mis dans cette étude sur l’enrôlement des enfants dans l’entreprise de la mère, parce qu’il semble que dans nos sociétés, les enfants en priorité sont considérés comme main-d’œuvre de confiance par leur mère : « les premiers alliés sont les enfants qui, quand ils le peuvent, aident leur mère et la secondent, s’il le faut 6». Nous pensons à une intégration des enfants dans l’entreprise de leur mère, parce que nous partons du postulat que les femmes entrepreneures ont eu besoin à un moment ou à un autre de l’existence de l’entreprise, de l’aide d’au moins un de leurs enfants pour pouvoir faire face à leurs diverses charges. Comme l’a bien démontré F. Sarr : « le bien est commun ; il appartient à la famille ; tout le monde est concerné, les enfants aussi bien que le mari ».7 Même si la logique entrepreneuriale occidentale qu’on nous donne en exemple assimile mal la combinaison famille et entreprise; les études effectuées sur l’entrepreneuriat africain démontrent la manière dont les relations sont maîtrisées et modelées par ces leaders d’entreprise en vue de satisfaire des attentes économiques.
En général, l’importance est donnée aux études des garçons plutôt qu’à celles des filles. Cela peut être compréhensible dans la mesure où les hommes sont normalement les pourvoyeurs de fonds dans notre société. Ils sont appelés à être des chefs de famille, c’est semble-t-il la raison pour laquelle beaucoup d’efforts sont faits pour leur réussite. A contrario, l’instruction des filles n’est pas valorisée parce qu’elles sont appelées à être entretenues par leur mari, de ce fait, dans nos sociétés l’accent est mis sur leur capacité à effectuer des travaux domestiques ( Diallo 2003).
Or, on remarque depuis ces dernières années que les esprits changent. Il semblerait, avec la crise économique et sociale, qu’on ait compris que les femmes pouvaient valoir autant que les hommes en matière de production. Il faut souligner que le contexte dans lequel nous vivons ne permet plus de choisir librement un métier pour les deux sexes, sans avoir au préalable bénéficié au moins d’une formation adéquate. En effet, au moment où le développement devient problématique, les individus créent sur le terrain parce qu’il y va de la qualité de leur vie, de leur survie et du sens de leur existence. Les femmes entrepreneures innovent dans le présent tout en repensant le monde traditionnel. Loin des conflits d’écoles, l’imagination et la créativité des femmes va donner naissance à de nouveaux univers économiques, sociaux et culturels inattendus. L’un des aspects de cette créativité féminine est l’intégration des enfants dans les activités de la génitrice du fait du chômage chronique que vit le monde actuellement. Pour ne pas nier l’évidence « dans une société où la logique de solidarité existe encore, où le tissu familial demeure, préparer sa retraite, c’est d’abord investir dans ses enfants » ( F.Sarr 1998). Comme le souligne Labazée, dans certaines conditions, les liens communautaires et même familiaux sont au cœur d’une économie des investissements sociaux pratiquée avec habileté par les entrepreneurs africains. (1995).
La première interrogation est : qu’est ce qui prédispose les femmes entrepreneures Sénégalaises à utiliser leurs enfants dans leurs activités économiques ? Les femmes sont au cœur de la transmission des savoirs ; ont-elles le pouvoir de transformer leur histoire ?
Au delà de cette association, nous pouvons nous poser des questions sur ces pratiques qui doivent avoir des raisons profondes : Dans quelles conditions les femmes intègrent-elles leurs enfants ? Les femmes sont-elles en train de penser le développement autrement ? Les entreprises dirigées par des femmes ne sont-elles pas plus audacieuses ? Comment s’y prennent-elles pour réussir cette intégration ? De quelle manière les enfants perçoivent-ils cette intégration familiale? Ces enfants enrôlés ont-ils été descolarisés au profit des activités génératrices de revenus ? N’ont-ils jamais été à l’école avant d’être intégrés, sont-ils victimes du chômage ou ont-ils délibérément choisi de travailler avec leur mère ?

MODELE D’ ANALYSE

Définition des concepts

Nous commencerons par l’évolution de la notion d’entrepreneure depuis sa création jusqu’à nos jours. Ce n’est que vers le 18 ème siècle que le risque est associé à la notion d’entrepreneuriat (l’entrepreneur est celui qui acceptait de fournir des biens ou services à un prix déterminé, assumant les profits ou les pertes pouvant découler de la réalisation du contrat), la notion d’entrepreneur avait une résonance économique. C’est au 20 ème siècle qu’on lui associe la notion d’innovation. Pour Joseph A. Schumpeter (1935), c’est l’entrepreneur qui est au centre du développement des sociétés capitalistes. C’est son avènement dans les sociétés sous-développées qui est la condition nécessaire de leur développement. Pour Schumpeter, l’entrepreneur se définit par sa fonction. Il distingue 4 types d’entrepreneurs :
-le fabricant commerçant qui s’est illustré avant la révolution industrielle ;
-le capitaine d’industrie, contrôlant une industrie sans en être nécessairement le propriétaire.
-le directeur, salarié le plus souvent, mais ayant la responsabilité effective de la gestion.
-le fondateur, créateur de l’entreprise à n’importe quel titre. Il est surtout innovateur et cette fonction peut résulter : -de la fabrication d’un bien nouveau,
-de l’utilisation d’une technique nouvelle de production, -de l’ouverture d’un nouveau marché,
-de la conquête d’une nouvelle source de matières premières ou de semi-produits.
-de la réalisation d’une nouvelle forme d’organisation de la production.
Mary Agnès Lewis (1997) définit l’entrepreneur comme un indépendant qui est son propre employeur et qui prend le risque et exige des gains d’une entreprise dans le but de faire du profit. Selon Ndongo et Ouédraogo8, en termes strictement néo-classiques, l’entrepreneurship est une activité où une personne « exploite » une opportunité définie essentiellement par la différence entre deux prix. Une opportunité est par exemple la différence entre le prix du riz Thaïlandais à l’importation et le prix du même produit sur le marché en gros à Dakar. Yvon Gasse définit en 1982, l’esprit entrepreneurial comme « une volonté constante de prendre des initiatives et de s’organiser compte tenu des ressources disponibles, pour atteindre des résultats concrets ». Il s’agit de l’appropriation et la gestion des ressources humaines et matérielles dans le but de créer, de développer et d’implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus9. Sa définition prend en compte les petites activités de production dans lesquelles excellent les africaines.
Ouédraogo et Lent apportent un autre éclairage en tenant compte du cas particulier africain. Ils considèrent l’entrepreneure comme « la femme dont les activités économiques, au-delà de son ménage, génèrent suffisamment de revenus pour maintenir ou développer cette activité ».
Les femmes entrepreneures africaines ont une certaine particularité. L’entreprise du secteur informel s’occupe aussi bien des motivations économiques que sociales. L’entreprise sénégalaise dirigée par une femme obéit à une logique contraire à l’occidentale. En effet le modèle d’organisation en vigueur au Sénégal semble prouver qu’une approche où l’économique et le social sont solidaires est possible.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL ET METHOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE GENERAL
REVUE DE LA LITTERATURE
PROBLEMATIQUE
MODELE D’ ANALYSE
I-Définition des concepts
II- HYPOTHESES DE RECHERCHE
III- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
MODELE THEORIQUE
CHAMPS D’ETUDE
CHAPITRE II- METHODOLOGIE
I/-Choix de l’échantillon
II/-Techniques d’investigations
II/ – TRAVAIL EXPLORATOIRE
DEUXIEME PARTIE : INTEGRATION DES ENFANTS DANS L’ENTREPRISE : UN TREMPLIN POUR l’ESSOR FUTUR DE LA FAMILLE.
CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA POPULATION ENQUETEE.
CHAPITRE IV : PROCESSUS DE L’ASSOCIATION MERE ENFANTS
I/ INFLUENCE DES PREMIERES ACTIVITES ENTREPRENEURIALES DES FEMMES SUR LES ENFANTS
II/ FORMATION DES ENFANTS ET DOMAINE D’ACTIVITES
II/ CONTEXTE ET DEBUT EFFECTIF DE L’ASSOCIATION
CHAPITRE V/ CRISE ECONOMIQUE ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES ENFANTS
I / PERCECEPTION DE LA CRISE ECONOMIQUE PAR LES FEMMES ENTREPRENEURES
II- INTERACTIONS MERES/ENFANTS DANS LES ACTIVITES
CHAPITRE VI: MOTIVATIONS PROFONDES DU CHOIX DE L’ASSOCIATION MERE/ ENFANTS
I- LA CONFIANCE : PREMIERE MOTIVATION DES FEMMES
II- LA PERENNISATION DE L’ENTREPRISE ET LA PRISE DE RETRAITE DES FEMMES GRACE A LA FORMATION DES ENFANTS.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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