Intensité des contacts entre le participant et les répondants

Lien avec la sévérité de l’autisme

L’étude de Bodfish et al. (2000) montre la présence d’une comorbidité entre les comportements répétitifs, et l’existence d’un lien entre la sévérité de ces comportements et la sévérité de l’autisme. Cette étude comparative s’effectue auprès de 32 adultes autistes (âge moyen de 33 ans) et de 34 adultes présentant un retard mental de sévère à profond (âge moyen de 38 ans). Les comportements répétitifs soumis à l’évaluation regroupent les stéréotypies, 1′ automutilation, les comportements agressifs, les compulsions, la dyskinésie, l’akathisie et les tics. Bodfish et al. (2000) poursuivent trois objectifs: (a) comparer le taux d’émission des comportements répétitifs entre les deux groupes; (b) déterminer la sévérité des comportements répétitifs et, s’il y a lieu, la présence d’une comorbidité entre ceux-ci; (c) vérifier l’existence d’un lien entre la sévérité des comportements répétitifs et la sévérité de 1′ autisme.

Les auteurs retiennent plusieurs instruments pour la collecte de données soit le Autism Behavior Checklist (ABC; Krug, Arick, et Almond, 1980), le Repetitive Behavior Scale (RBS; Bodfish, Symons et Lewis, 1998), le Behavior Problems Inventory (BPI; Rojahn, 1986), le MR-OCD (Vitiello, Spreat et Behar, 1989), le Dyskinesia Identification System Condensed User Scale (DISCUS; Kalachnik et Sprague, 1993) et, enfin, le Akathisia Ratings of Movements Scale (ARMS; Bodfish et al. 1997). Les résultats révèlent que le taux d’émission des comportements répétitifs est élevé dans les deux groupes. À l’exception de la dyskinésie, tous les comportements à l’étude s’observent plus fréquemment chez les individus autistes que chez les non-autistes. Les participants atteints d’autisme se distinguent également des autres par la sévérité et la variété de leurs stéréotypies. Selon Bodfish et al. (2000), une relation linéaire existe entre la sévérité des comportements répétitifs (incluant les stéréotypies) et la sévérité des symptômes autistiques. Considérant la valeur prédictive des comportements stéréotypés, les auteurs recommandent leur évaluation lorsque les effets d’un traitement sont mesurés.

Facteurs environnementaux

Deux études observationnelles réalisées par Baumeister et al. (1980) portent sur le lien entre les facteurs environnementaux et 1′ émission de stéréotypies. La première étude s’intéresse à la manifestation des stéréotypies chez deux garçons de quatre ans en fonction du milieu dans lequel ils se trouvent. Chaque enfant présente deux stéréotypies incluant le balancement du tronc. L’observation se déroule dans différents contextes associés à leur programme préscolaire (c’est-à-dire lors de la chanson d’ouverture, au gymnase, lors d’instructions données en petit groupe, lors de la collation, pendant l’écoute d’une histoire en groupe ainsi que dans les séances de musique et d’arts). Les observateurs notent la présence ou l’absence des comportements cibles à des intervalles de 5 secondes. Les résultats suggèrent l’existence d’un lien étroit entre l’environnement (de même que les activités qui y sont rattachées) et le taux d’émission des stéréotypies, car leur fréquence d’apparition est moindre si les enfants participent activement à une activité (surtout durant les séances d’arts). La fréquence du balancement varie aussi considérablement d’une séance à 1′ autre et ce, dans un même contexte. Pour les deux participants, aucune stéréotypie ne s’observe au moment de la collation et le plus haut taux de balancement du tronc se produit lors des séances de musique.

L’étude ne précise toutefois pas quelles activités musicales les enfants effectuent lors des séances. La seconde étude s’intéresse à l’émission de stéréotypies en fonction des interactions sociales avec un adulte. Les participants, deux garçons et une fille, présentent tous un niveau élevé de balancement du tronc ainsi que des maniérismes complexes impliquant les mains. Les périodes d’observations s’effectuent alors que les enfants jouent, écoutent une histoire, prennent une collation ou dînent, se reposent, acquièrent des habiletés diverses et travaillent à l’amélioration du langage. Comme dans l’étude précédente, les périodes de collation et de dîner correspondent aux taux d’émission les plus bas. Il ressort aussi que les interactions négatives avec un adulte, c’est-à-dire quand celui-ci réprimande ou donne un avertissement à l’enfant, diminuent momentanément l’apparition des stéréotypies. Ces dernières reprennent leur fréquence initiale 15 secondes après l’interaction négative.

La relation entre les stéréotypies et la richesse de l’environnement a fait principalement l’objet d’études auprès d’animaux, mais il semble que les résultats ainsi obtenus soient généralisables, dans une certaine mesure, à l’être humain (Garner, Meehan et Mench, 2003; Mason, 1991). Dans sa recension sur les stéréotypies, Mason (1991) pose entre autres la question suivante : Est-ce que la présence de stéréotypies indique une altération du bienêtre ? En réponse à cette interrogation, la chercheure mentionne trois contextes dans lesquels se développent les stéréotypies : (a) la frustration (p.ex., lorsqu’un animal est dans l’impossibilité d’effectuer le comportement désiré et doit rediriger son action); (b) l’impossibilité d’échapper à une situation menaçante ou stressante (p. ex., l’individu qui fait sautiller sa jambe parce qu’il se sent anxieux lors d’un examen) et ( c) le confinement à un milieu restreint et le manque de stimulation (p. ex. les individus non-voyants, les animaux en cage). L’auteure ajoute que les animaux confinés à un environnement appauvn développent parfois des stéréotypies similaires à celles observées dans certaines pathologies, notamment 1′ autisme. En contrepartie, la réduction des stéréotypies, voire même leur élimination, s’avère possible à condition d’offrir à l’animal l’opportunité d’élargir son répertoire comportemental (p. ex., l’animal frustré qui ne peut émettre un comportement désiré dans un environnement restreint).

Interventions associées à la fonction des stéréotypies

Ce genre d’intervention vane selon les fonctions que les chercheurs attribuent aux stéréotypies (Matson et al., 1999; Repp et al., 1988). En dépit de leurs différences, ces méthodes reposent toutes sur la croyance qu’une intervention développée à partir de la fonction des stéréotypies se révèlera plus efficace. Après avoir identifié la fonction de comportements inadéquats (automutilation, agression et stéréotypies) chez 180 individus présentant un retard mental, Matson et al. (1999) comparent 1′ efficacité d’un traitement conventionnel (interruption du comportement inadéquat, blocage et redirection) visant la réduction des comportements inadéquats à celle d’un traitement basé sur la fonction identifiée pour ces comportements. Par exemple, les participants maintenant leurs comportements inadéquats pour des raisons non sociales reçoivent un traitement de groupe comprenant l’enrichissement de leur environnement et l’entraînement aux habiletés sociales. Les résultats montrent une réduction significative des comportements inadéquats dans les trois groupes (automutilation, agression et stéréotypies) recevant un traitement basé sur la fonction des comportements inadéquats.

L’émission de stéréotypies diminue de 54 % dans le groupe expérimental, comparativement à 15 % dans le groupe contrôle. L’étude de Repp et al. (1988) vise à comparer l’efficacité de trois traitements conçus pour réduire les comportements inadéquats. Chaque traitement s’inspire d’une hypothèse expliquant le maintien de ces comportements, c’est-à-dire le renforcement positif, le renforcement négatif et l’autostimulation. Trois élèves participent à l’étude, un garçon (7 ans) et deux filles (7 et 6 ans). Tous les trois présentent un retard mental sévère de même qu’un taux élevé de stéréotypies ou de comportements d’automutilation. La première étape consiste à observer la manifestation des comportements inadéquats chez les participants et à en identifier la cause pour ensuite appliquer le traitement approprié. Pour les comportements maintenus par renforcement positif, le traitement consiste à éliminer les facteurs de renforcement (p. ex., contacts visuels, verbalisations, etc.) afin de provoquer l’extinction. Pour les comportements maintenus par renforcement négatif, l’intervention vise également l’extinction mais la procédure consiste à ne jamais supprimer la conséquence associée au comportement (p. ex., les demandes faites aux participants).

Pour ce qui est des comportements maintenus par autostimulation, le traitement consiste en 1′ augmentation des interactions entre 1′ enfant et 1′ environnement. Lors de la seconde étape, chaque enfant reçoit deux traitements (dans deux pièces différentes) dont celui identifié à la phase précédente comme étant lié à la fonction des comportements inadéquats et un autre traitement non lié à la fonction. Finalement, lors de la troisième étape, les enfants reçoivent le traitement ayant préalablement donné les meilleurs résultats. Les résultats montrent que, pour chaque participant, le traitement associé à la fonction des comportements inadéquats permet une plus grande réduction de leur manifestation. Rappelons enfin que les stéréotypies, tout comme 1′ ensemble des comportements répétitifs, constituent un champ d’étude encore peu exploré. Dans le Trouble autistique, les stéréotypies se révèlent plus fréquentes et plus sévères que dans toute autre pathologie (Bodfish et al., 1995), et elles engendrent des conséquences négatives pouvant freiner la participation sociale des personnes qui en manifestent (Baumeister et al., 1980; Jones et al., 1990). Pour le moment, aucune méthode ne semble universellement efficace pour les réduire considérant le caractère durable de ces comportements. Plusieurs voies méritent encore d’être explorées, notamment l’usage de la musique comme outil d’intervention, ce qui consiste en une approche moins traditionnelle.

Table des matières

Résumé
Remerciements
Table des matières
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION
CHAPITRE I RECENSION DES ÉCRITS
Caractéristiques associées à 1′ autisme
Évolution des symptômes
Caractéristiques associées aux stéréotypies
Définition
Spécificité au syndrome
Prévalence
Lien avec la sévérité de l ‘ autisme
Facteurs associés aux stéréotypies
Conséquences personnelles et sociales
Hypothèses entourant la fonction des stéréotypies
Interventions visant la réduction des comportements stéréotypés
La musique comme outil d’ intervention
L’Approche sociodynamique d’intégration par l ‘art (volet musical
CHAPITRE II MÉTHODE
Participant
Matériel
Observation systématique et directe du participant
Entrevues
Déroulement
Déroulement de 1′ observation
Déroulement des entrevues
CHAPITRE III RÉSULTATS
Résultats de l’observation
Durée totale du balancement
Durée du balancement selon les niveaux d’intensité
Intensité du balancement selon les activités réalisées
Antécédents en lien avec l’intensité du balancement
Résultats aux entrevues
Intensité des contacts entre le participant et les répondants
Aspects individuels
Aspects relationnels
Aspects familiaux
Aspects liés à l’intervention
CHAPITRE IV DISCUSSION
Discussion portant sur les résultats de l’observation
Discussion portant sur les résultats aux entrevues
La structure du modèle écologique et la notion de développement
La transition écologique
L’accommodation individu/environnement
Conclusion
RÉFÉRENCES
APPENDICE A GRILLE D’OBSERVATION DES ENREGISTREMENTS VIDÉOS
APPENDICES ÉCHELLE D’INTENSITÉ DU BALANCEMENT
APPENDICEC TABLEAU DÉCISIONNEL POUR LE DÉCODAGE
APPENDICED QUESTIONNAIRE D’ENTREVUE (ENTREVUE PRÉLIMINAIRE
APPENDICEE QUESTIONNAIRE D’ENTREVUE (VERSION FAMILLE
APPENDICEF QUESTIONNAIRE D’ENTREVUE (VERSION INTERVENANTS
APPENDICEG FORMULAIRE DE CONSENTEMENT DU MANDATAIRE
APPENDICEH LETTRE D’ENTENTE POUR LE PRÊT DES ENREGISTREMENTS VIDÉO
APPENDICE I FORMULAIRE DE CONSENTEMENT DE LA 2e OBSERVATRICE
APPENDICEJ LETTRE D’ENTENTE ET DE CONSENTEMENT POUR LES ENTREVUES
(VERSION FAMILLE)
APPENDICEK LETTRE D’ENTENTE ET DE CONSENTEMENT POUR LES ENTREVUES
(VERSION INTERVENANTS)

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