INTERNATIONALISATION DE LA FIRME

INTERNATIONALISATION DE LA FIRME

Les apports des nouvelles théories de la multinationalisation

C’est au niveau microéconomique que se situent certaines réponses pratiques et empiriques à l’internationalisation des firmes. 1. Les interprétations partielles de la multinationalisation des firmes Deux contributions théoriques majeures donnent une interprétation partielle de la dynamique de multinationalisation des firmes. – Les avantages spécifiques transférables qui expliquent selon S. Hymer55 la multinationalisation de la grande entreprise. Ces avantages permettent à l’entreprise 55 S. Hymer, « La grande corporation internationale », Revue économique, Novembre 1968. Chapitre I L’entreprise et les nouvelles pratiques managériales dans le contexte mondial 57 d’obtenir des gains supérieurs aux coûts d’implantation et de rester ainsi compétitive sur les marchés étrangers, ils sont transférables internationalement et concernent :  l’avance technologique de la firme,  l’image favorable véhiculée par un marketing efficace au niveau international,  la capacité de bénéficier de larges économies d’échelle,  l’accès privilégié à certains facteurs de production. Les avantages spécifiques transférables rejoignent la théorie du cycle international du produit qui met en évidence d’autres avantages à l’internationalisation de l’entreprise tels que « le bénéfice de moindre coût de production, une meilleure adaptation au marché local ». – La théorie de la réaction oligopolistique de F.T. Knickerbocker56 qui met en évidence l’effet d’imitation de la firme leader. Les entreprises ont tendance à s’orienter vers les mêmes localisations géographiques, les mêmes segments de clientèle, les mêmes produits ou gammes de produits que la firme leader. 

La théorie éclectique de la firme multinationale

il s’agit de conclusions prescriptives à l’internationalisation de la firme proposées par J.H Dunning57. La théorie éclectique de Dunning hiérarchise les incitations à l’internationalisation et indique les modes d’internationalisation et les décisions stratégiques possibles pour chaque combinaison d’incitations. Trois catégories d’incitations sont regroupées sous le terme générique de paradigme OLI (Ownership, Location, Internalization) :  La première incitation correspond à l’avantage spécifique (Ownership), indispensable à l’internationalisation de l’entreprise. « Elle recouvre les actifs intangibles, découlant de la taille et des positions acquises par l’entreprise tels que la capacité d’innovation, la maîtrise technologique, un personnel qualifié, la capacité de financement ».  La seconde incitation comporte une dimension spatiale et recense les avantages de localisation (location advantage). Elle recouvre « le transport, l’accessibilité de la main d’œuvre, les barrières culturelles et réglementaires, le potentiel du marché ». Autant de contraintes à prendre en compte dans la décision d’exportations ou d’implantation. 56 F.T. Knickerbocker, « Oligopolistic reaction and multinational enterprise », Harvard University Press, 1973. 57 J.H. Dunning, « Explaining international production », Unwin Hyman, New York, 1988. Chapitre I L’entreprise et les nouvelles pratiques managériales dans le contexte mondial 58  La troisième incitation concerne les avantages d’internalisation (Internalization advantage). La création par l’entreprise au sein de sa structure de son propre système de transaction représente un avantage certain dans un cadre international. L’internalisation permet à la firme « d’organiser sa production et ses approvisionnements, de gérer son risque de change ou encore de mettre à profit un système d’information étendu », et ce indépendamment des différents marchés. Après l’identification et la mesure des avantages retirés par la firme de son internationalisation, il s’agit de déterminer les modes de pénétration du marché les plus appropriés. Il ressort du modèle de Dunning les prescriptions suivantes :  L’avantage spécifique est indispensable à toute forme d’internationalisation ;  L’investissement direct nécessite obligatoirement les trois types d’incitations ;  L’exportation et la cession de licences sont envisageables dans le cas où l’avantage à la localisation est insuffisant ;  La cession de licence est préférable aux autres formes d’internationalisation lorsque les avantages d’internalisation sont insuffisants.

La flexibilité opérationnelle des firmes 

selon B.Kogut58, l’incertitude pour l’entreprise mondialisée résulte des facteurs suivants :  les fluctuations des avantages comparatifs entre pays qui entraînent la réallocation intersectorielle de l’économie mondiale et le protectionnisme des Etats,  et l’évolution rapide des avantages compétitifs des firmes qui engendre la diversité d’options et de choix en matière d’approvisionnement et d’écoulement des produits. Cette incertitude nécessite de la part des firmes, selon B. Kogut, une grande flexibilité opérationnelle capable de contrer les fluctuations de l’environnement concurrentiel et les changements opérés au niveau des politiques gouvernementales.  Lemaire explique à travers six champs d’action privilégiés comment la firme peut développer sa flexibilité opérationnelle59 :  L’arbitrage entre facteurs de production doit permettre à la firme de s’assurer que les avantages du redéploiement de sa production restent supérieurs aux désavantages qu’il pourrait engendrer ;  L’arbitrage institutionnel dans la recherche de l’optimisation fiscale en comparant les taux d’imposition sur les revenus, les redevances, les dividendes, les intérêts et les commissions, dans les différentes implantations ;  L’arbitrage financier entre les différents produits financiers afin de maximiser les capacités d’emprunt aux taux les plus avantageux ;  L’arbitrage de l’information en instaurant des systèmes de veille stratégique ;  L’effet de levier de la coordination à l’échelle globale, permettra à la firme d’entraver les offensives de certains concurrents à l’égard de ses produits, en différenciant ses prix d’un marché à un autre.  L’effet de levier de la dissémination et du contrôle du risque politique détenu par les firmes dans les pays dépendants de leur technologie ou de leurs commandes de matières premières. 4. L’approche matricielle de l’internationalisation : cette approche appréhendée par Doz et Prahalad60 ou Bartlett et Goshal61, s’inscrit dans une approche stratégique. Ces auteurs travaillent à approfondir la dimension organisationnelle de l’internationalisation pour contrecarrer la complexité de l’environnement international. Ils préconisent une approche matricielle qui combine à la fois l’efficacité de la firme, sa réactivité et sa capacité d’apprentissage. Face à la complexité de l’environnement international, les responsables des grandes fonctions de l’entreprise, des lignes de produits et des zones géographiques, doivent travailler en étroite relation, chacun selon son angle de vision afin de donner une réponse commune aux différentes demandes du marché.

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