Contexte économique et objectif de la microfinance

LA MICROFINANCE

L’émergence d’institutions de microfinance à Madagascar est un phénomène récent, et le développement de celles-ci se situe dans un contexte politique, réglementaire et économique particulier. Plusieurs acteurs travaillent ensemble en vue de la promotion et du développement du secteur de la microfinance malagasy. Dans le but d’offrir un aperçu général du secteur de la microfinance malagasy, nous allons présenter tout d’abord quelques définitions et l’historique de la microfinance à Madagascar, puis caractériser son contexte avant de déterminer les principaux acteurs.

DEFINITIONS ET HISTORIQUE DE LA MICROFINANCE A MADAGASCAR 

Avant de présenter un bref rappel historique de la microfinance malagasy, il nous est utile de définir les notions de microfinance et de microcrédit, objets de notre présente étude.

Les activités de microfinance
L’article 3 de la loi N° 2005 – 016 du 29 Septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance définit l’activité de microfinance comme toute « offre à titre habituel de services financiers de proximité à des personnes physiques ou morales n’ayant généralement pas accès au système bancaire traditionnel. Ce sont des services d’épargne et de crédit qui sont nécessaires pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus permettant à cette catégorie de population d’améliorer son niveau de vie, d’atteindre une meilleure intégration sociale et d’accéder à un développement humain durable. ».

En effet, les activités de microfinance comprennent « des petits crédits, en particulier pour les fonds de roulement, l’évaluation informelle des emprunteurs et des investissements, des formes de garanties spécifiques comme la caution solidaire ou l’épargne obligatoire, ’accès à des crédits successifs et de montant croissant en fonction de la performance de remboursement, l’octroi et le suivi des crédits, des produits d’épargne sûrs ».

Le microcrédit
Le microcrédit désigne l’attribution de prêts à taux très bas destiné, dans le tiers monde, à financer les plus pauvres qui sont en dehors des circuits bancaires traditionnels. En effet, une autre définition précise que « l’activité de microcrédit consiste en l’attribution de prêts de faible voire très faible montant à des entrepreneurs locaux qui ne peuvent bénéficier des prêts bancaires classiques. Le microcrédit s’est développé essentiellement dans les pays en développement, où il permet de concrétiser des microprojets favorisant ainsi l’emploi et la création de richesse. ».

Historique de la microfinance à Madagascar

Les années 1990 à 1995 sont celles de l’émergence de la microfinance malagasy, et par la même occasion, du début des activités de microcrédit. Trois entités ont collaboré pour favoriser cette émergence. La première entité est constituée par les bailleurs de fonds comme la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Agence Française de Développement, la Coopération Allemande et l’Inter-coopération Suisse. La deuxième entité est le Gouvernement. Sa politique en faveur du secteur a été financée par la Banque Mondiale à travers le Projet d’Exécution Programme d’ Appui Technique aux Finances Rurales/ Association pour le Développement du Mouvement Mutualiste d’ Epargne et de Crédit (PATFR/ADMMEC) jusqu’en 1997, le Projet MicroFinance (PMF) de 1998 à 1999 et l’Agence d’Exécution du Projet MicroFinance (AGEPMF). Ce dernier s’occupe de la gestion du Programme MicroFinance planifié sur 15 ans à partir de juin 1999. Enfin, la troisième entité rassemble les opérateurs techniques spécialisés ayant assuré l’encadrement technique des IMF : le Développement International Desjardins (DID), la Formation et Epanouissement pour le Renouveau de la Terre (FERT), l’Institut de Recherche Appliquée au Management (IRAM), et le Centre International de Développement et de Recherche (CIDR).

Ainsi, plusieurs IMF mutualistes et non mutualistes ont pris naissance durant cette période. Du côté des IMF mutualistes, nous avons la Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels (CECAM) en 1993, l’Association d’Epargne et de Crédit Autogérée (AECA) en 1990, Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV) en 1994, l’Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises (ADéFI) en 1995 et Tahiry Ifamonjena Vola (TIAVO) en 1995. Du côté des IMF non mutualistes, nous avons la Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar (SIPEM) en 1990, VOLA MAHASOA en 1993, et Entreprendre à Madagascar (EAM), initiée sous forme de projet en 1990.

A partir de 1996, le réseau de microfinance malagasy s’est développé avec l’extension géographique et la consolidation des réseaux déjà établis, d’une part, et la création de nouvelles structures de la MicroFinance, d’autre part. Ces dernières sont notamment des préinstitutions de microfinance qui ne sont ni mutualistes ni non mutualistes, n’étant pas encore suffisamment structurées en tant qu’IMF. Citons par exemple le Conseil de Développement d’Andohatapenaka (CDA), le Crédit Epargne FORmation (CEFOR), l’ Harmonisation des Actions pour la Réalisation d’un Développement Intégré (HARDI), Tahiry Iombonan’ny Tantsaha Eto Madagasikara (TITEM), l’ Organisme Diocésien de Développement Rural MAHAMPY (ODDER MAHAMPY) et Vakinankaratra Tsy misaramianakavy (VATSY).

Pami les autres faits marquants, l’année 2004 a vu la mise en place de la Cellule de Coordination Nationale de la MicroFinance (CNMF) et l’approbation par le Gouvernement du Document de Stratégie Nationale de MicroFinance (DSNMF). Enfin, en 2006 a eu lieu la promulgation de la nouvelle loi N° 2005-016 du 29 Septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF.

L’origine de la microfinance malagasy remonte donc à une douzaine d’années et l’on se situe actuellement dans une phase d’expansion caractérisée par un effort des IMF pour le développement de leurs activités dans un contexte que nous allons maintenant aborder.

LE CONTEXTE MALAGASY 

Contexte politique et règlementaire

Le Gouvernement a manifesté sa volonté de promouvoir et de développer le secteur de la microfinance par diverses actions :
➤ Les politiques de réforme du secteur financier (politique monétaire et fiscale) dont la microfinance fait partie,
➤ La coordination du développement de la microfinance avec les intervenants par le biais de la Coordination Nationale de la MicroFinance,
➤ La responsabilisation auprès de la Commission de Supervision Bancaire et Financière (CSBF) de la surveillance du secteur, du suivi de l’application des normes prudentielles et des règles, et des autorisations des agréments.

Par ailleurs, le Gouvernement a approuvé en juin 2004 le Document de Stratégie Nationale de MicroFinance élaboré en avril 2004 suite à un processus participatif de tous les acteurs et intervenants du secteur. Il a aussi décidé de permettre le développement des Institutions de MicroFinance dans un cadre de libre marché sans imposer de contraintes particulières sur la fixation des taux d’intérêt. Les programmes d’assistance des Bailleurs sont harmonisés afin d’éviter les dédoublements et assurer la présence des divers éléments nécessaires au développement de la MicroFinance. Enfin, en collaboration avec les différents acteurs et intervenants, le Gouvernement malagasy a engagé une réflexion sur l’appui à la professionnalisation des Institutions de MicroFinance, la régulation de leur développement sur tout le territoire et la définition d’un cadre sécurisant et favorisant l’accès au refinancement.

En ce qui concerne le cadre réglementaire de la microfinance, la législation est inscrite dans :
➤ Un cadre réglementaire : la loi 95-030 pour assurer le développement des initiatives en microfinance dont les grands titres sont les domaines d’application et définitions, l’agrément des établissements de crédits et procédures, les réglementation et contrôle des établissements de crédits, les sanctions disciplinaires, les dispositions transitoires et finales.
➤ La nouvelle loi 2005-016 du 29 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, remplaçant la loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des Institutions Financières Mutualistes. Les grandes lignes de cette nouvelle réglementation sont la définition de l’activité de microfinance, la classification en trois niveaux des Institutions de MicroFinance, les méthodes de suivi et de contrôle adaptées et des dispositions diverses.

Contexte économique et objectif de la microfinance

Présentons le contexte économique actuel entourant les activités de la microfinance à Madagascar. En 2006, Madagascar a enregistré un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de 920 dollars Parité de Pouvoir d’Achat (PPA), une espérance de vie de 56 ans et un taux d’analphabétisme de 29,3%. Le développement économique du pays, l’un des plus pauvres de la planète (143è sur une liste de 177 en 2006) selon l’Indice du développement humain de l’ Organisation des Nations Unies (ONU), est ralenti par une faible épargne locale, des infrastructures économiques et sociales dégradées, et une application très inégale et aléatoire de la réglementation à travers le pays. Le taux de chômage serait, selon l’ Observatoire Malgache de l’Emploi et de la Formation (OMEF), de 2.7% dans le secteur formel et 75% des actifs travailleraient dans le secteur informel. Seulement 3 802 emplois ont été créés en 2006 malgré des prévisions de 15 000, alors que 15 807 personnes ont été formées. Particulièrement, pour le secteur privé, la modernisation limitée des Petites et Moyennes Entreprises (PME) fait que leur productivité demeure faible, et l’accès au marché international est restreint.

Par rapport à ce contexte, l’objectif de développement inscrit dans la Stratégie Nationale de MicroFinance est de « favoriser l’accès à des services de microfinance viables et durables à une majorité des ménages pauvres ou à faibles revenus et des micro entrepreneurs sur l’ensemble du territoire d’ici à 2009, grâce à des institutions de microfinance viables s’intégrant dans le système financier national » .Dans cette optique, on peut citer les trois principaux axes de la microfinance, à savoir l’incitation à la production, l’accroissement de la productivité et la lutte contre la thésaurisation. En effet, la thésaurisation est une détention improductive de valeurs par un agent économique. Dans ce sens, elle met une part de l’épargne hors de circulation, et donc diminue les possibilités de l’utiliser à des fins d’investissement par d’autres agents.

Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE : LES APPORTS DU MICROCREDIT DANS LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVE MALAGASY
Chapitre 1 : La microfinance à Madagascar
-Section 1 : Définitions et historique
§1- Définitions
1- Les activités de microfinance
2- Le microcrédit
§2- Historique de la microfinance à Madagascar
-Section 2 : Le contexte malagasy
§1- Contexte politique et réglementaire
§2- Contexte économique et objectifs de la microfinance
-Section 3 : Les principaux acteurs
§1- Le Gouvernement
§2- Les bailleurs de fonds
§3- Les Associations Mutualistes et Non Mutualistes
1- L’APIFM
2- L’AIM
§4- La clientèle
Chapitre 2 : Les IMF au service du secteur privé
-Section 1 : Présentation de quelques IMF
§1- ADéFi
§2- APEM
§3- SIPEM
§4- EAM
-Section 2 : Les apports du microcrédit dans le développement du secteur privé
§1- Services financiers et non financiers offerts aux micros et petites et moyennes entreprises
§2- Impacts économiques
1- Les impacts micro-économiques
2- Les impacts macro-économiques
DEUXIEME PARTIE : LIMITES, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
Chapitre 1: Les facteurs limitant la performance des IMF
-Section 1 : Les limites propres aux IMF et à la clientèle
§1- Constatation générale sur l’offre de microcrédit
§2- Les problèmes relatifs aux capacités financières et aux compétences des IMF
§3- Contraintes au niveau de la communication
§4- Les problèmes liés à la clientèle
-Section 2 : Les contraintes externes
§1- Contraintes économiques, institutionnelles et de gouvernance
§2- La concurrence
Chapitre 2 : Les défis à relever
-Section 1 : Perspectives et opportunités à saisir
§1- Les perspectives exprimées dans le MAP et dans le Document de la Stratégie Nationale de la MicroFinance
1-Les perspectives énoncées dans le Madagascar Action Plan (MAP)
2-Les perspectives énoncées dans le Document de Stratégie de Microfinance (DSNMF)
§2- Les opportunités à saisir
-Section 2 : Analyse et recommandations
§1- Analyse
§2- Recommandations
1- Recherche de pérennité et lutte contre la pauvreté
2- Diversification des produits
3- Elargissement de la clientèle
4- Renforcement des capacités
5- Autres recommandations
Conclusion

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