L’analyse musculaire

L’analyse musculaire.

Dans cette partie, nous nous sommes intéressés au système musculaire des patients avec une scoliose lombaire. Compte tenu des précédentes études faites dans notre laboratoire, l’IRM avec la méthode Dixon et DPSO a été utilisée dans cette thèse pour l’analyse musculaire (124,125,133,170). Dans la troisième étude de cette thèse, les caractéristiques musculaires des patients avec une scoliose lombaire ont été décrites et les relations avec les paramètres radiographiques de la déformation ont été explorées, afin de mieux comprendre les liens entre dégénérescence musculaire et déformation rachidienne. Dans l’étude suivante, les caractéristiques musculaires des patients avec une scoliose lombaire ont été comparées à celles de sujets asymptomatiques jeunes et âgés, afin d’identifier les modifications musculaires liées à l’âge et celles liées à la déformation. la prévalence de la scoliose de l’adulte augmente et sa chirurgie est de plus en plus fréquente (3). En revanche, le taux de complication est élevé (jusqu’à 40% dans certaines séries), pour la plupart mécaniques (22). La physiopathologie de la scoliose de l’adulte, multifactorielle, reste donc mal connue. Elle est associée à des processus dégénératifs concernant à la fois l’os, le disque, le muscle et le système nerveux central ; son analyse est complexe (56,171,172). De nombreux travaux se sont intéressés à l’évaluation radiographique de la déformation. Durant les deux dernières décennies, l’analyse sagittale de la déformation a bien été explorée et les conséquences cliniques d’un défaut d’alignement sagittal ont été démontrées, avec des corrélations négatives avec les scores fonctionnels ou de qualité de vie (11,28). Cependant, l’analyse du an axial restait moins approfondie, mais le développement de la stéréoradiographie avec les reconstructions 3D a permis une analyse quantifiée de la déformation dans le plan coronal, sagittal et axial, avec moins d’irradiation qu’une analyse scanographique (109,111). Ainsi, il a été démontré que la perte de lordose lombaire, la gîte antérieure et la dislocation rotatoire étaient les trois paramètres les mieux corrélés aux scores cliniques (28,112,172). Lors d’un défaut de l’alignement sagittal, pour le maintien d’une posture érigée, plusieurs mécanismes de compensation peuvent être sollicités, telle la rétroversion pelvienne.

Analyse des caractéristiques.

L’hyperextension de hanche, la flexion de genoux ou la modification de l’alignement thoracique, après activation de différents groupes musculaires (94,95,173). Ainsi, une meilleure compréhension du rôle des muscles et de leur dégénérescence dans l’évolution de la scoliose de l’adulte pourrait permettre de mieux adapter le traitement. Cependant, peu d’auteurs se sont intéressés au volume et à l’infiltration graisseuse musculaire des muscles rachidiens et pelviens. Certaines études sur le muscle chez les sujets sans déformations rachidiennes ont montré une augmentation de l’infiltration graisseuse de près de 15% avec le vieillissement (174). De la même manière, certains auteurs ont observé une diminution de volume et une augmentation de l’infiltration graisseuse des érecteurs rachidiens chez les patients avec une perte de lordose lombaire (175). D’autres ont mis en évidence une association entre cette augmentation de l’infiltration graisseuse et la gêne fonctionnelle liée aux lombalgies (176). Mais, il s’agit pour la plupart d’analyse surfacique ne permettant pas une évaluation volumique fiable. L’utilisation des nouvelles méthodes de reconstructions 3D avec l’IRM permet de mieux quantifier et caractériser les muscles, ainsi de mieux comprendre leur impact sur la déformation rachidienne et son évolution (125,126,133,177). Moal et al. furent les premiers à l’utiliser dans la pathologie rachidienne, ils décrivirent les caractéristiques musculaires de 19 patientes adultes avec une déformation rachidienne (125). Amabile et al., plus récemment, à partir d’une cohorte de sujets jeunes sans déformation ont rapporté les valeurs de volumes musculaires de T12 aux condyles fémoraux, constituant ainsi les premières valeurs de référence chez des sujets asymptomatiques (177). Cependant, aucune de ces études n’analysait les relations entre paramètres radiographiques et musculaires et il n’existe pas à notre connaissance de travaux sur les relations entre l’existence d’une dislocation rotatoire (DR) et la dégénérescence des tissus mous (particulièrement des muscles).Pour mieux comprendre les phénomènes dégénératifs musculaires (infiltration graisseuse et perte de volume) associés à la déformation, afin d’anticiper les dégradations et de prévoir la meilleure stratégie thérapeutique, l’objectif de ce travail était de décrire les caractéristiques des muscles rachidiens et pelviens.

Cette étude prospective a été menée entre 2016 et 2018, après approbation par le comité d’éthique de l’établissement. Les patients de plus de 40 ans, avec une scoliose lombaire dégénérative ou idiopathique vieillie dont l’angle de Cobb était supérieur à 20°, jamais opérés du rachis et avec un bilan d’imagerie complet (au minimum un télérachis de face et de profil et une IRM musculaire) étaient inclus. Les critères d’exclusion comprenaient les patients avec un antécédent de chirurgie de la colonne vertébrale, les autres causes de scolioses (c.-à-d. neurologique, congénitale, traumatique, néoplasique). Données démographiques et cliniques Pour chaque patient, les données démographiques recueillies étaient l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC). Différents scores d’évaluation de la gêne fonctionnelle et de la qualité de vie étaient également colligés : l’Oswestry Disability Index (ODI), le Scoliosis Research Society 30 (SRS30) et le Short Form 12 (SF12) (43,47,48,166,167). Analyse radiographique Tous les patients avaient des radiographies biplanaires du rachis entier, debout, avec le système EOS (EOS imaging, Paris, France). Les radiographies étaient réalisées selon un protocole standardisé (cf ci-dessus) (146). Toutes les images incluaient au moins le crâne jusqu’aux têtes fémorales. A partir des acquisitions radiographiques bi-planaires, les reconstructions 3D du rachis étaient réalisées avec le logiciel SterEOS, version 1.2.1 (EOS imaging, Paris, France), à partir de l’identification de points anatomiques précis. Les vertèbres de C3 à S1, le bassin avec les 2 têtes fémorales ont ainsi été reconstruits. Dans le plan coronal, l’angle de Cobb de la courbure lombaire principale a été mesuré. L’alignement coronal global était mesuré avec la gîte coronale de T1 (GCT1). Dans le plan sagittal, les paramètres rachidiens mesurés étaient la lordode 0.98×0.98 mm2, facteur d’accélération d’image parallèle (IPat) de 2, flip angle de 150°, bande passante de 315 Hz/pixel, turbo factor de 3, espacement entre les échos de 15.7s, durée d’acquisition de 4:38 min) (123,178). Un premier jeu d’images où l’intensité de chaque voxel était corrélée avec la quantité d’eau (Water image) et un second jeu d’images où l’intensité de chaque voxel était corrélée avec la quantité de graisse (Fat image) étaient automatiquement générés (figure 32). Ces deux séquences présentaient exactement les mêmes positions et orientations des coupes.

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