Le bailleur social face au défi du logement des jeunes

Le bailleur social face au défi du logement des jeunes

LOGER LES JEUNES : LES BAILLEURS SOCIAUX FACE À DE MULTIPLES CONTRAINTES

Si loger les jeunes apparaît comme un impératif pour les bailleurs sociaux au regard de la mission sociale leur étant confiée, ceci n’est pas pour autant chose aisée pour les acteurs du logement social. Ceux-ci sont, en effet, confrontés à des obstacles de taille et ce, de trois ordres : en termes de gestion, de montage d’opération mais également en termes de produits proposés.

La gestion complexe du logement des jeunes 

Rigidité versus flexibilité : le logement social inadapté aux exigences des jeunes ? L’intervention des bailleurs sociaux en matière de logement des jeunes s’inscrit dans le cadre général du logement social. Ces acteurs se doivent de remplir une mission d’intérêt général ayant pour finalité le logement des ménages les plus modestes et dont les ressources sont insuffisantes pour leur permettre de se loger aux prix pratiqués sur le marché. Face aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer et à la faiblesse de leurs ressources financières, les jeunes constituent, à priori, un public phare pour les bailleurs sociaux. S’il n’est pas interdit de proposer un logement dans le parc social à un « jeune », ceci doit se faire dans le respect des conditions fixées par la loi. Pour accéder à un logement social, il faut effectivement remplir plusieurs critères. Peuvent ainsi prétendre à un logement social les personnes de nationalité française, ou étrangère, mais autorisées à séjourner sur le territoire, ne dépassant pas les plafonds de ressources établis . Les personnes âgées de moins de 30 ans, celles titulaires soit d’un contrat de professionnalisation soit d’un contrat d’alternance tout comme les étudiants font partie des publics ciblés par le logement social2 . Toutefois comme le précise l’USH, même si « les bailleurs sociaux logent de nombreux jeunes », ceux-ci, « non prioritaires dans les attributions […] subissent les conséquences de la crise du logement abordable et se retrouvent en concurrence avec les autres demandeurs »3 . Les acteurs interrogés soulignent la difficulté pour les bailleurs sociaux à appréhender la problématique des jeunes, notamment en matière d’attribution des logements. Ceci est justifié par l’importance du nombre de demandeurs sur liste d’attente qui ne parviennent pas à obtenir un logement dans le parc social, faute de logements. A propos de l’agglomération montpelliéraine, la directrice adjointe de l’agence NLM note : « Avec 35 000 demandeurs de logement social en stock, il s’agit surtout de demandes pour les logements familiaux. On est sur un territoire très tendu avec en moyenne sept candidats pour un logement. Le territoire montpelliérain est excessivement tendu en termes de logements sociaux. Les jeunes sont quelque chose sur lequel on doit travailler, mais pas que. On a une quantité de personnes demandant un logement social alors qu’il n’y a pas assez de logements sociaux construits ». En effet, lors des procédures d’attribution, les jeunes se trouvent concurrencés par les ménages considérés comme prioritaires au regard de la loi. Sont définis comme tels les personnes présentant un handicap, les individus mal logés ou rencontrant des difficultés en matière de logement, les personnes victimes de violences conjugales et les personnes en situation de logement ou d’hébergement temporaire. A celles-ci s’ajoutent les personnes prioritaires au titre du Droit au Logement Opposable (DALO), à savoir les personnes sans domicile ou menacées d’expulsion sans proposition de relogement, les demandeurs de logement social depuis un délai jugé « anormalement long », les individus vivant dans des locaux insalubres ou dangereux ainsi que dans un logement suroccupé ou indécent quand l’un des membres du ménage est en situation de handicap. On ne peut nier que les jeunes ayant formulé une demande sont dans des situations leur permettant de prétendre à un logement dans le parc social, même si ceux-ci sont noyés parmi l’ensemble des demandeurs, comme en atteste le directeur adjoint de l’agence NLM : « Il y a un besoin des jeunes, mais nous, on le gère plus difficilement. Ils sont traités dans le pot commun ». Les demandes de logement sont étudiées en commission d’attribution des logements (CAL), laquelle est organisée à l’initiative de chaque organisme de logement social. Les attributions de logement tiennent compte de critères précis, à savoir : • La composition du ménage, • Le patrimoine et les ressources dont disposent le ménage, • Les conditions actuelles de logement, • L’éloignement par rapport au lieu de travail, • La proximité avec les équipements répondant aux attentes des demandeurs.

L’inadéquation de l’organisation interne des bailleurs à la problématique du logement des jeunes

Comme il l’a été exposé précédemment, en matière de logement des jeunes, Nouveau Logis Méridional propose deux types de produits destinés à ce public : les résidences étudiantes et les résidences sociales-foyers de jeunes travailleurs. Or, bien qu’étant propriétaire du bâti, le bailleur n’en est pas pour autant le gestionnaire. En effet, Nouveau Logis Méridional n’assure pas lui même la gestion courante des résidences. Plusieurs raisons sont exposées par les acteurs interrogés. La première trouve son fondement dans l’organisation interne du bailleur, notamment en termes de personnel. Les professionnels questionnés expliquent qu’ils ne sont, à l’heure actuelle, pas en capacité de se confronter à la gestion quotidienne de résidences accueillant un public de jeunes particulièrement mouvant, occupant un logement parfois temporairement, pour une durée plus ou moins longue. Ceci implique la mobilisation constante d’un personnel chargé d’assurer le suivi et la gestion de résidences dans lesquelles les baux signés sont de courtes durées. En effet, ils peuvent par exemple, aller d’un mois (reconductible tacitement) à deux ans maximum en foyer de jeunes travailleurs. La gérante adjointe de l’agence NLM de Montpellier en témoigne : « Nous ne gérons rien en direct. Nous n’avons pas le personnel pour. On ne dispose pas d’une équipe qui doit être sollicitée énormément pour la relocation. En termes de personnel, on est pas configuré pour cela. Cela nécessite d’assurer l’ensemble des états des lieux, les entrées, les sorties, le comptage et recomptage des petites cuillères etc.» (juillet 2017). Si les différents acteurs sollicités sont unanimes à ce propos, la responsable développement va plus loin invoquant également l’aspect financier que représente la mobilisation d’une équipe dédiée à cette gestion « C’est des modalités de gestion particulières qui nécessitent des ressources en personnel beaucoup plus importantes, une présence sur le site. Et puis une démarche commerciale beaucoup plus intense aussi pour laquelle on est pas forcément structuré […]. Parce que ça demande une spécificité, une présence… C’est un choix de gestion… je pense coûteux en termes de frais de gestion que d’investir, de mobiliser du personnel plus spécifiquement. Parce que les frais de gestion comptent dans les montages financiers des opérations » (juillet 2017).

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