Les études observationnelles contemporaines du risque épidémiologique et leur application sur différents foyers pesteux

Les études observationnelles contemporaines du risque épidémiologique et leur application sur différents foyers pesteux

Ecologie, géographie des maladies et démarche d’analyse du risque épidémiologique

L’écologie des maladies introduit une notion fondamentale dans l’étude des maladies transmissibles, celle du risque épidémiologique et des facteurs qui lui sont associés, intérieurs ou extérieurs à l’individu, qui entraînent pour lui une probabilité plus élevée de développer la maladie. Les initiateurs de cette approche introduisent du même coup la notion d’aire à risque, ou aire de distribution potentielle de la maladie, délimitée par l’ensemble des facteurs biotiques et abiotiques qui précisent les conditions de vie des différents termes du complexe pathogène. Cette aire à risque se distingue de l’aire de distribution effective la maladie. Comme le remarquaient M. Sorre (1933) et J. M. May (1958), cette distinction provient de la reconnaissance que les conditions écologiques sont nécessaires mais non suffisantes pour que la maladie se développe. Et les auteurs d’attribuer une part de cet aléa, inhérente au risque épidémiologique, à la nécessité de la convergence des rencontres, dans l’espace et dans le temps, entre les individus du complexe, hôtes et vecteurs, et le pathogène associé à la maladie.

De là découle une démarche d’analyse du risque épidémiologique : dans un premier temps, il faut identifier des facteurs de risque associés à la maladie. L’approche observationnelle, par la recherche d’associations statistiques entre des facteurs supposés et la distribution effective de la maladie ou celle, en amont, des vecteurs et hôtes réservoirs, est une approche possible, distincte de l’approche expérimentale. Dans un deuxième temps, une fois les facteurs de risque identifiés, l’étude de leur distribution spatiale et temporelle se fait dans l’objectif d’une cartographie du risque épidémiologique et d’une prédiction de son changement futur, qui sert à cibler des mesures de prévention (Ostfeld et al., 2005).  

L’introduction du paradigme systémique dans l’analyse du risque épidémiologique 

la doctrine de l’étiologie multiple Nous avons précédemment vu en quoi le concept de complexe pathogène et l’écologie des maladies remettaient en cause la doctrine de l’étiologie spécifique et réhabilitaient le niveau global dans la recherche de facteurs de risque : J. M. May, en introduction d’un ouvrage consacré à l’écologie de plusieurs maladies, écrivait : « je pense que nous avons été très proche de commettre une erreur majeure en étiologie des maladies : celle de considérer que ce qu’on appelle une maladie puisse avoir une cause unique. » (May, 1961, p. XV, trad. pers.)

Il considérait la maladie, définie comme l’altération des cellules ou tissus de l’organisme mettant en danger la survie de l’organisme, comme résultant d’un mal-ajustement de l’hôte à son environnement, à la convergence de trois ordres de facteurs, relevant du niveau individuel ou de son environnement global :  • des « stimuli de l’environnement » ; parmi ceux-ci trois types, dont les deux premiers sont interreliés : les « stimuli physiques » (abiotiques) premièrement, dont J. M. May précisait que, malgré leur évocation ancienne, on ne connaissait toujours que très mal leurs effets réels sur l’organisme ; deuxièmement les « stimuli biologiques » ou actions biotiques qui, au contraire, font l’objet d’intenses recherches depuis l’avènement de la théorie pastorienne ; enfin, les « stimuli émotionnels », provoqués par les situations de stress (May, 1961, pp. XVI-XVII).

• Des réponses d’un hôte à ces stimuli, faisant référence à la susceptibilité variée et aux réactions de défense immunitaire des organismes. Cette catégorie de facteurs constituait, pour May à son époque, un champ de recherche plein d’avenir, préfigurant les découvertes concernant la constitution génétique des espèces et les mécanismes immuno-biologiques. • Enfin, des traits de culture déterminant l’exposition de l’hôte aux stimuli de l’environnement. Par traits culturels, May entendait les comportements et pratiques de l’hôte en termes d’habitat, d’activités, de modes alimentaires et plus globalement de mode de vie. C’est cette dernière catégorie de causes à laquelle la géographie des maladies accordera une importance toute particulière.

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