Les mariages précoces et leurs effets socio-économiques

La pratique des mariages précoces continue à faire obstacle à l’amélioration pérenne des conditions de vie des enfants/adolescents mais aussi des populations. Cette pratique constitue également une violation des droits de l’homme, nuisant à la santé et à la croissance des enfants, perturbant leur éducation, limitant leurs perspectives d’autonomisation et de développement social et les exposant à un risque accru de violence et d’abus. Dans le monde entier, le mariage est considéré comme un jour de fête et une étape importante de la vie d’adulte . Hélas, la pratique du mariage précoce impose bien trop souvent un partenaire conjugal à un enfant, ce qui signifie mettre un terme à son enfance, compromettant ses droits fondamentaux. La naissance, le mariage et la mort constituent généralement les trois événements majeurs dans la vie des gens. Un seul cependant – le mariage – relève d’un choix. Le droit d’exercer ce choix fut reconnu comme principe juridique dès l’époque romaine et est établi depuis longtemps par les instruments internationaux de droits humains. Pourtant, de nombreuses filles et un nombre moindre de garçons se marient sans nulle possibilité d’exercer leur droit de choisir. Dans son rapport, l’UNICEF a publié que, chaque année, plus de 14 millions de filles, parfois très jeunes, sont mariées à travers le monde. Chaque minute, 27 filles sont épousées de force dans le monde. En 2010, 67 millions de femmes adultes de 20-24 ans avaient été mariées avant l’âge de 18 ans. La majorité d’entre elles vit en Afrique sub saharienne (Afrique de l’Ouest en particulier) et en Asie du Sud. Le FNUAP, dans son rapport rendu publié en 2014 et portant sur les mariages d’enfants, relève que environ neuf millions des garçons sont mariés dans le monde chaque année avant leur 18eme année d’anniversaire. Cela s’explique par le fait que les garçons sont imposés dans leurs familles pour garder la coutume. Le phénomène du mariage des enfants se retrouve dans tous les pays, les cultures, les religions et les ethnies . En Afrique, la pratique des mariages précoces est toujours importante, les jeunes ne cessant de se marier avant l’âge de 18 ans. Dans les familles, la coutume de marier les filles ou d’imposer leurs fils de bonne heure est très répandue . Sur le continent, 1 million de garçons pour 4 millions de filles ont été mariés avant 18 ans en 2017, ce qui a des conséquences dans les domaines de la santé, de l’économie, de la culture et de l’éducation, estime l’UNICEF.

En RDC, les indicateurs socioéconomiques, pour la population en général et pour les adolescents et adolescentes en particulier, laissent à désirer, surtout dans les milieux ruraux. Les conditions difficiles liées à la pauvreté, les risques liés à la santé de la reproduction, le faible niveau de scolarisation, sont à déplorer. Selon l’enquête démographique et de santé menée en 2007 (EDS 2007) en RDC, environ 28% des garçons de 14 à 20 ans et 32% des filles de 15 à 19 ans sont mariés ou sont en union conjugale . Le phénomène a beaucoup de conséquences sur le plan physique, mental et intellectuel des victimes. Les statistiques officielles du secrétariat Général du ministre du genre, de la famille et de l’enfant font état d’environ 32% des garçons et 43% des filles, mariés avant l’âge de 18 ans en RDC . D’après le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA), le Kasaï Occidental, après les provinces de Bandundu et de l’Equateur, est la troisième province de la RDC qui enregistre un taux élevé des mariages précoces avec 54,3% des filles et garçons analphabètes, mariés à l’âge de 15ans. Très pratiqué dans certaines régions de la RDC, le mariage précoce touche les jeunes garçons et davantage de jeunes filles âgées d’à peine 11, 12, ou 13, 15, 17 ans, en violation des différents codes qui fixent l’âge du mariage à 18 ans. Au Sud Kivu, les territoires de SHABUNDA, FIZI, MWENGA et IDJWI sont les plus touchés par les mariages précoces, plus de 6 000 jeunes sont mariés chaque année, selon la Division du Genre, Famille et Enfants . A KALEHE, eu égard à ce qui précède, nous avons remarqué une forte pratique des mariages précoces à LUZIRA (territoire de KALEHE), inspirée des autres cultures mais causée par :
• La faible scolarisation des enfants (filles et garçons),
• La pauvreté en famille,
• Le manque d’information sur le mariage, la sexualité et la reproduction,
• Absence des ONG pour la sensibilisation de l’utilisation des préservatifs et le planning familial
• La faible implication des leaders locaux, des chefs coutumiers et l’Etat sur la baisse de l’intensité des mariages précoces,
• Présence des risques humanitaires, des catastrophes naturelles et des conflits.

DEFINITION DES CONCEPTS CLES

Définitions des concepts clés 

Le Genre :
• Selon le dictionnaire Larousse, le genre est défini comme un ensemble d’être ou des choses, caractérisé par un ou des traits communs ;
• Est un concept qui désigne l’ensemble des caractéristiques relatives à la masculinité et à la féminité ne relevant pas de la biologie, mais de la construction sociale. Il se distingue du concept du type sexuel (sexe), en focalisant sur les différences non biologiques entre les femmes et les hommes. Défini en outre comme: un système de bi-catégorisation hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin);
• Est un concept sociologique désignant les « rapports sociaux de sexe », et de façon concrète, l’analyse des statuts, rôle sociaux, relations entre les hommes et les femmes;

Le concept de Genre montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature mais sont historiquement construites et socialement reproduites, donc parfaitement contingentes.

Selon Judith BUTLER, le genre est culturellement construit indépendamment de l’irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe : c’est pourquoi le genre n’est ni la conséquence directe du sexe ni aussi fixe que ce dernier ne le parait.

Pour Prof. Dr. Nathalie : le genre est un rapport social des sexes ou encore un rapport socialement et culturellement construit entre les femmes et les hommes.

Selon la MONUSCO, par genre on entend la construction socio-culturelle de rôles masculins et féminins et des rapports entre l’homme et la femme.

Dans ce travail, on entend par genre, l’existence de deux sexes (sexe masculin et le sexe féminin).

Le mariage : Le terme mariage : au sens large, inclut la cohabitation, les fiançailles ou l’union conjugale reconnue par la loi civile, religieuse et/ou les rites coutumiers,

Selon le dictionnaire Larousse : Le terme mariage signifie un acte solennel par lequel un homme et une femme (ou, dans certains pays, deux personnes de même sexe) établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par le Code civil (mariage civil) ou par les lois religieuses (mariage religieux) ; union ainsi établie .

Le mariage : – est une union conjugale contractuelle et/ou rituelle, à durée illimitée, déterminée ou indéterminée, reconnue et encadrée par une institution juridique ou religieuse qui en détermine les modalités.

Le mariage : est un contrat consensuel, public et solennel conclu devant l’officier de l’Etat civil, qui établit entre l’homme et la femme une union qu’ils ne peuvent rompre à leur gré. Au sens du code de la famille, le mariage est défini comme étant l’acte civil et solennel par lequel un homme et une femme, qui n’ont pas été engagés chacun de leur côté dans les liens d’un précédent mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et durable dans des conditions de formation du mariage ; les effets et la dissolution sont déterminés par la loi (art. 330 du code de la famille) .

Le mariage précoce : au sens restreint, le mariage précoce se définit comme une union dans laquelle l’un de deux époux (ou les deux) n’a pas 18 ans.

le mariage précoce est défini comme étant un mariage dans lequel au moins l’un de deux conjoints est âgé de moins de 18 ans, dans les pays où l’âge de la majorité est atteint avant le mariage, ou un mariage dans lequel les deux époux ont 18 ans ou plus, mais où d’autres facteurs font qu’ils ne sont pas prêts à consentir au mariage, notamment du fait de leur niveau de développement physique, émotionnel, sexuel et psychologique, ou par le manque d’information sur les choix qui s’offrent à eux pour construire leur vie.

Selon Amnesty International : le mariage précoce est pris comme mariage forcé : c’est être marié très jeune, contre son gré et avec une personne que l’on ne choisit pas.

Selon l’UNICEF : Le mariage précoce revêt de nombreuses formes et relève de divers facteurs, mais un de ses aspects est primordial. Qu’il concerne les filles ou les garçons, le mariage précoce est une violation des droits humains.

Selon la ROMAESE (Réseau des Organisations pour la Lutte contre la Maltraitance, l’Abus et l’Exploitation Sexuelle des Enfants) : Le mariage est précoce lorsqu’il est fait avant l’âge de la nuptialité, c’est-à-dire l’âge auquel un garçon ou une fille est autorisé par la loi à se marier.

Le mariage forcé : Mariage qui a lieu sans le plein et libre consentement de l’une ou des deux parties, ou auquel l’une ou les deux parties ne peuvent mettre un terme. Le mariage forcé peut être attribuable notamment à des contraintes ou à des pressions sociales ou familiales intenses.

Le mariage d’enfants : Le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) définit le mariage d’enfants comme tout mariage dans lequel au moins l’un des conjoints est un enfant (au sens de la Convention relative aux droits de l’enfant, un enfant désigne « tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ») .

Table des matières

1. INTRODUCTION GENERALE
1.2. Hypothèses
1.3. Les Objectifs
1.5. DEFINITION DES CONCEPTS CLES
1.5.2.1. Selon le dictionnaire Larousse
1.5.4. Le mariage forcé
1.6. Méthodologies
1.7. Délimitation Spatio-temporelle
DIFFICULTES RENCONTREES
II. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Chapitre 1er : LES PHENOMENES A LA BASE DE LA FORTE PRATIQUE DES MARIAGES PRECOCES A LUZIRA
I.2.5. La place des anciennes pratiques traditionnelles
CONCLUSION PARTIELLE
Chapitre II. LES EFFETS DES MARIAGES PRECOCES SUR LA VIE SOCIOECONOMIQUE A LUZIRA CONCLUSION PARTIELLE
Chapitre III. LES MECANISMES A METTRE EN PLACE A FIN DE REDUIRE LES MARIAGES PRECOCESA LUZIRA
III. 2. 2. Protéger les enfants des mariages précoces et des abus sexuels
III.2.4. Résistance au changement
CONCLUSION 

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *