Les rendements économiques de l’éducation

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement priorisent entre autres la réduction de moitié de la pauvreté en 2015. Madagascar n’a pas pu atteindre cet objectif. Par ailleurs, les objectifs du développement durable, allant jusqu’en 2030, visent à éliminer la pauvreté. La pauvreté est donc une préoccupation majeure pour les organismes tant nationaux qu’internationaux. D’après la définition de la Banque Mondiale, un individu dont le revenu est inférieur à 2 dollars est considéré comme pauvre. Bien que la pauvreté s’attribue maints caractères multidimensionnels (pauvreté monétaire, pauvreté alimentaire, pauvreté d’exclusion sociale), cette étude se focalisera surtout sur la pauvreté en termes de capital humain , ledit capital humain y étant représenté par le niveau d’éducation. Dans la théorie du capital humain, l’éducation est considérée comme un investissement que l’individu effectue en vue de construire un capital productif (Léné, 2005). Il convient à ce propos de déduire que, tant que l’investissement est un facteur primordial de la croissance économique, l’éducation l’est également, d’autant qu’elle contribue à des rendements tant macroéconomiques que microéconomiques. Ses rendements macroéconomiques se traduisent par l’effet positif sur la croissance économique et sur la productivité globale (théorie de la croissance endogène). Quant à ses rendements microéconomiques, ils se reflètent à travers l’effet sur la capacité et le niveau de salaire de l’individu (modèle de Mincer).

Le concept de pauvreté

De toute évidence, le concept de pauvreté nécessite d’être au préalable explicité étant donné qu’il constitue la base même du travail. Notons dans ce cadre que même les institutions internationales tendent à l’interpréter d’une manière relativement subjective en considérant uniquement des indicateurs monétaires ou non monétaires. En conséquence, les définitions et mesures développées ci-après viseraient plus particulièrement à en donner une vision plus ou moins objective.

La pauvreté dans la pensée économique

De nombreuses définitions sont certes attribuées à la notion de pauvreté mais, dans le cadre de ce travail, celles données par rapport aux écoles de pensée s’avèrent plus appropriées .

L’école wellfarist 

Cette école de pensée associe le concept de pauvreté à celui de bien-être économique, les wellfarists considérant ce dernier sous deux angles : soit d’une manière directe comme un concept d’utilité commune en économie, soit d’une manière indirecte comme un concept d’utilité générée par la consommation totale. L’utilité y est définie comme un état mental, tel le bonheur, le plaisir ou la satisfaction du désir d’un individu procuré par la consommation d’un bien ou d’un service. Le terme niveau de vie fait généralement référence au terme de bien-être économique. En fait, d’après cette école, la pauvreté existe dans une société donnée tant qu’un certain nombre de personnes n’atteignent pas le niveau minimum de bien-être économique fixé par la norme établie au sein de ladite société. En d’autres termes, la société fixe un minimum vital, et sont considérés comme pauvres ceux de ses membres qui n’atteignent pas ce seuil minimal. Néanmoins, dans la réalité pratique, il se trouve que le bienêtre ne peut être mesurable du fait que chaque individu en a sa propre conception. Notons dans ce cadre que la mesure du bien-être répond au principe selon lequel seuls les individus connaissent leurs propres intérêts, quoiqu’il existe par ailleurs le principe selon lequel l’Etat n’intervient pas dans l’économie. Malgré tout, il faut reconnaître que ces deux principes impliquent l’encouragement des politiques axées sur l’augmentation de la productivité, de l’emploi, et donc du revenu, et visent ainsi à alléger la pauvreté. C’est dire que l’approche wellfarist est associée à l’approche dite « revenu de la pauvreté ». Actuellement, la Banque Mondiale se démarque comme l’un des organismes de développement leaders qui promeuvent le concept de wellfare de la pauvreté.

L’Ecole des besoins de base 

Ce type d’école considère que le manque qui caractérise la vie des pauvres est essentiellement représenté par les biens de base indispensables à tout être humain. Ces biens sont dits « de base » dans la mesure où ils sont préalablement requis pour l’atteinte d’une certaine qualité de vie. Ainsi, à la différence de l’approche qui se réfère à l’utilité, cette approche met l’accent sur les besoins individuels quant aux commodités de base, ces dernières incluant notamment la nourriture, l’eau potable, les aménagements sanitaires, le logement, les services de santé et d’éducation de base, voire le service de transport public. La définition suivante rejoint l’idée soutenue par une telle approche dont l’un des principaux problèmes est en fait la détermination des besoins de base : « la pauvreté est l’incapacité subie par une famille de remplir ses besoins de base pour survivre (nourriture, eau, assainissement, santé, vêtements), sécurité (revenu, abri, paix et sécurité) et empowerment (éducation de base, soins, participation à la vie politique) ». Il est à noter que cette approche sert de référence de base pour l’approche « Cost Basic Needs (CBN) » dans les méthodes de mesure de la pauvreté.

L’Ecole des capabilités

Pour cette école, le manque n’est représenté ni par l’utilité, ni par la satisfaction des besoins de base, mais plutôt par les habiletés ou capacités humaines. Cette approche, dont le maître est Amartya Sen, a pris naissance dans les années 80. Selon Sen, la valeur de la vie d’une personne dépend d’un ensemble de façons d’être (being) et de faire (doing), qu’il regroupe sous le terme général de «fonctionnements ». Les fonctionnements sont des accomplissements, et les capacités se réfèrent à la liberté de choisir parmi les divers fonctionnements. La possession de l’utilité est un exemple de fonctionnement. Ainsi, selon cette approche, une personne est qualifiée de pauvre tant qu’elle ne possède pas la capacité d’atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements. Autrement dit, la pauvreté ne saurait être ni réduite ni éliminée via l’atteinte des niveaux requis de consommation ou de revenu, mais plutôt par la capacité des individus à y avoir accès. Cette approche qui, en réalité, prend en compte les caractéristiques personnelles de l’individu, est préconisée par des institutions internationales œuvrant dans le domaine du développement, telles le PNUD, par exemple, qui s’attelle à déterminer l’indice de pauvreté humaine (IPH).

Les indicateurs de pauvreté 

Les indicateurs de pauvreté sont regroupés en deux grandes catégories : indicateurs monétaires et indicateurs non monétaires.

Indicateurs monétaires 

Le revenu et la consommation sont des indicateurs monétaires de la pauvreté. Un individu dont le revenu est en-dessous du seuil considéré comme un minimum vital est considéré comme pauvre. Il s’avère toutefois, dans la pratique, que les gens ne déclarent pas leur réel revenu, soit à cause de l’insécurité soit pour fins d’évasion fiscale. Ce qui permet de conclure que la considération du revenu comme indicateur de pauvreté est susceptible de n’en conduire qu’à des estimations. Par contre, la consommation s’avère être un indicateur plus fiable plusieurs raisons :

➥ La consommation est directement liée au bien-être d’une personne, en ce sens qu’elle témoigne de la possibilité de couverture des besoins essentiels (tandis que le revenu est un facteur contribuant à satisfaire ces besoins). Et il est bien commode de prendre en compte les problèmes d’accès aux ressources et à leurs disponibilités.
➥ La consommation peut être mesurée en fonction du revenu constaté : dans les économies pauvres, le revenu des ménages ruraux varie suivant le cycle de récolte et, dans les économies urbaines où le secteur informel domine, le flux de revenu des ménages est irrégulier.
➥ La consommation peut refléter le niveau de vie réel d’un ménage et sa capacité à couvrir ses besoins fondamentaux. En effet, les dépenses de consommation traduisent soit l’importance ou non des biens et services acquis par les ménages sur la base de leurs revenus actuels, soit leur capacité d’accéder au marché du crédit lorsque le revenu est faible, voire négatif.

Quoiqu’il en soit, les indicateurs de pauvreté ne sont pas uniquement monétaires, ils peuvent également être non monétaires.

Table des matières

INTRODUCTION
Partie 1 : APPROCHE THEORIQUE ET CONCEPTUELLE DE LA RELATION ENTRE PAUVRETE ET EDUCATION
Chapitre 1 : Le concept de pauvreté
Chapitre 2. Les rendements économiques de l’éducation
Chapitre 3 : Revue de la littérature sur la relation entre pauvreté et éducation
Partie 2 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE PAUVRETE ET SCOLARISATION : Cas de la zone rurale de la Région MENABE
Chapitre 1 Contexte national et monographie de la région Menabe
Chapitre 2 : Analyse de la relation entre pauvreté et éducation dans la région de Menabe
Chapitre 3 : Recommandations
CONCLUSION

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