L’explication institutionnelle de la malédiction des ressources naturelles

L’explication institutionnelle de la malédiction des ressources naturelles

La version « politique » de la malédiction des ressources naturelles

Définition des institutions: Pour certains auteurs, l‘abondance des Ressources Naturelles serait un phénomène purement institutionnel. L‘identification de la qualité des institutions comme une des variables clés de la croissance économique s‘appuie essentiellement sur les travaux de North (1991). (North, 1990, p3) : Les institutions sont les règles du jeu dans une société ou, plus formellement, les contraintes humaines qui façonnent l’interaction humaine. (North, 1994, p3) : Les institutions sont les contraintes que les êtres humains imposent à l’interaction humaine.52 . (Rodrik et Subramanian, 2003, p2) distinguent différents types d‘institutions : celles qui règlementent les marchés, tels que les organismes de réglementation des télécommunications, des transports et de services financiers, celles qui stabilisent les marchés (les banques centrales, les politiques de change) et enfin, celles qui légitiment les marchés à travers les organismes de redistribution (systèmes de retraites, chômage). (Acemoglu, 2008, p2) Les institutions peuvent différer entre les sociétés en raison de leurs méthodes formelles de prise de décision collective (démocratie contre dictature) ou en raison de leurs institutions économiques (sécurité des droits de propriété, barrières à l’entrée, contrats disponibles pour les hommes d’affaires). Ils peuvent également différer parce qu’un ensemble donné d’institutions formelles sont censées fonctionner différemment. Glaeser et al, 2004, p7) considèrent que les mesures institutionnelles doivent répondre à deux critères afin de correspondre à la définition de North (1994). Elles doivent refléter la notion de contraintes sur le comportement des agents et le caractère stable et permanent des institutions. Ils considèrent que les mesures utilisées empiriquement sont trop volatiles. Elles reflètent bien plus un choix de politiques publiques que des contraintes ou encore des « règles du jeu ». Le choix politique apparaît bien plus comme un produit institutionnel que comme une contrainte. Les récents travaux en économie politique (Persson (2005) ; Persson et Tabel lini (2005)) démontrent l‘importance des caractéristiques constitutionnelles (système présidentiel, parlementaire…) sur les politiques structurelles qui elles-mêmes vont induire une croissance plus importante. La notion de politique structurelle est équivalente à la définition des institutions, donnée par Acemoglu et al (2001).

L’abondance en ressources naturelles et qualité institutionnelle

Lorsque les agents passent d‘une activité économique génératrice de profits à une activité de recherche de rente, cela à des effets négatifs qui se renforcent d‘eux‑mêmes et annulent le revenu additionnel tiré des ressources naturelles, réduisant ainsi le bien‑être social53 . Dans leur étude empirique novatrice, Sachs et Warner (1995) font valoir que les économies riches en ressources naturelles enregistrent généralement une croissance plus lente. Ils ont constaté que, dans les pays ou le ratio des exportations de ressources naturelles au PIB était élevé en 1970, la croissance annuelle moyenne du PIB réel est restée faible pendant les deux décennies suivantes54 . Cette corrélation négative reste forte après la prise en compte d‘autres déterminants classiques de la croissance, comme la qualité des institutions (Torvik (2009)). Subramanian et Sala-I-Martin (2003) montrent que, lorsque l‘on contrôle pour la qualité institutionnelle, les ressources naturelles n‘ont plus d‘effet négatif direct sur la croissance. Mehlum, Moene et Torvik (2006) montrent que si la qualité des institutions est favorable aux activités productives, les ressources naturelles favorisent la croissance. Cependant, la présence d‘institutions de bonne qualité contribue à transformer les ressources naturelles en malédiction. Si la qualité des institutions est supérieure à un certain seuil, l‘effet négatif du capital naturel est totalement neutralisé (Norvège Etats-Unis, Australie,). Certaines études vérifient l‘hypothèse selon laquelle l‘abondance des ressources influe négativement sur la croissance économique en présence d‘institutions défavorables à la croissance, en incluant des effets d‘interaction entre l‘abondance des ressources et la qualité des institutions. Mehlum et al (2006) constatent une interaction positive et significative, qui donne à penser que dans les pays ou les institutions sont de qualité suffisante, il n‘y a pas de malédiction des ressources naturelles. Ce résultat a été contesté, lui aussi, par Alexeev et Conrad (2009), qui affirment que l‘abondance des ressources n‘a pas d‘effet négatif indirect sur la qualité des institutions lorsqu‘on prend comme variable dépendante le PIB par habitant plutôt que le taux de croissance moyen sur une période donnée. 55 , tandis que les pays dont les institutions sont faibles et qui auraient été pauvres en l‘absence d‘abondantes ressources naturelles tirent des avantages relativement importants de leurs richesses naturelles. D‘autres approches basées sur l‘économie politique ont été présentées pour expliquer la malédiction des ressources naturelles. Ainsi, (Gylfason, 2001, p850) a montré que l‘abondance des ressources naturelles tende à dépouiller les autres formes de capital à savoir le capital social, le capital humain et le capital physique. Ce denier fait références au rôle des institutions et leur qualité dans la gestion des ressources naturelles. Dans ce cadre, la qualité des institutions incline à empêcher l‘appropriation illicite des revenus provenant des ressources naturelle et promouvoir des bonnes politiques capables d‘amortir les effets indésirables de la volatilité des prix des ressources naturelles (Arezki et Gylfason, 2012, p19). Un boom des ressources naturelles peut contribuer à l‘affaiblissement des institutions en favorisant la recherche de rente. Du côté de la demande, les agents sont incites à rechercher une rente pour s‘approprier une partie du revenu des ressources disponible au sein de l‘économie (Tornell et Lane, 1999, p23). Du côté de l‘offre, un boom des ressources naturelles peut favoriser la corruption parmi les bureaucrates et les responsables politiques qui repartissent la rente tirée de l‘exploitation et de l‘exportation des ressources naturelles. 

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