L’objet d’étude les processus d’innovation produit

L’objet d’étude les processus d’innovation produit

Dans l’innovation produit, l’ancienne structuration qui se tenait à l’activité de R&D (dans une logique en général technology-push) a donné la place à un processus d’innovation passant plutôt par l’activité de conception (le processus de conception innovante PCI). [PERRIN 2001] Donc l’enjeu devient la rationalisation de ce PCI. Or, l’invention « caractérise l’activité humaine d’imagination, de création et de confection d’objets nouveaux. L’invention consiste à créer ce qui n’existait pas. » [DURAND dans LE DUFF, 1999]. « Elle est liée à une avancée de la connaissance et sa concrétisation en termes scientifiques et techniques » [GIGET, 1998]. Pourtant, inventer ne garantit pas l’innovation. En effet, l’innovation c’est l’achèvement de la nouveauté. Elle est assimilée au changement réalisé, à l’introduction de l’invention dans la pratique sociale. Innover relève d’une mise en oeuvre concrète d’une idée nouvelle. Franchir un pas considérable pour aller de l’idée à sa réalisation. Ce pas est précisément ce qui recouvre le concept d’innovation. [LE DUFF, 1999] [GIGET, 1998] Dans ces définitions, on peut repérer deux notions importantes, celle de nouveauté, changement et différentiation par rapport au passé, et celle de processus d’aboutissement, concrétisation en des résultats exploitables. : un, associé aux innovations techniques puis un autre lié aux innovations produit, conduisant à des avantages concurrentiels différents : l’innovation technologique visant à permettre à l’entreprise d’acquérir un avantage concurrentiel permanent et exclusif ; et l’innovation produit visant à donner un avantage concurrentiel temporaire. [TRUCHOT et Al. 1997] Nous remarquons dans ces deux définitions la notion importante de « mise en relation » avec le contexte réel d’exploitation d’une invention. Or, ces définitions se situent dans la description de l’innovation du point de vue résultat et non procédural, d’après la différence formulée par Herbert SIMON [SIMON 1991].

Intensité d’innovation

Th. DURAND, dans [LE DUFF, 1999] décrit le concept d’intensité de l’innovation. Des innovations incrémentales et des innovations radicales. Puis, au milieu se trouve tout un nuancier d’intensités. Les innovations dites incrémentales consistent en changements assez réduits, qui résultent en un phénomène quasi continu d’évolution, parfois inaperçu sans prendre recul et sans faire une analyse détaillée. Par contre, les innovations dites radicales représentent des ruptures, des sauts très importants qui tendent à substituer complètement l’existant. En effet, DURAND réfère à [TUSHMAN et ANDERSON, 1986] pour décrire une autre manière d’établir ce degré d’intensité des innovations: d’un côté le nouveau qui doit détruire l’ancien pour émerger D’autre part, ROBERSTON référé par J. JALLAIS, en [LE DUFF, 1999], propose un classement des innovations basé sur l’impact de l’innovation sur les comportements sociaux: d’abord, l’innovation continue ou incrémentale (impact comportemental fort) avec des modifications pour l’amélioration permanente d’un produit (ou un process, ou une organisation) existant, entraînant l’obsolescence des anciens et leur substitution; puis l’innovation continue de façon dynamique (création de nouveaux produits ou modification des existants sans changements importants de comportement); et enfin l’innovation discontinue ou de rupture (introduction d’un produit « totalement » nouveau qui génère un changement profond des consommateurs). MERLANT appuie cette idée de classement selon l’impact occasionné par l’innovation, mais il ajoute la composante technologique dans la description. Ainsi, les innovations de rupture modifient profondément les conditions d’utilisation par les clients et s’accompagnent d’un bouleversement technologique. Les incrémentales, elles ne renversent pas les conditions d’usage, mais y apportent une amélioration sensible (avance technologique). [MERLANT, 1993]

Nous voulons préciser certains aspects qui découlent des définitions données au terme innovation, notamment sur la notion d’innovation d’une part vue comme le résultat (aspect substantif) et d’autre part vue comme un processus (aspect procédural). Hebert SIMON [SIMON 1991] définit bien ces deux notions. Nous allons privilégier l’aspect procédural car il nous permettra d’intégrer et mieux décrire la nature dynamique, évolutive et complexe de l’innovation. L’innovation vue comme résultat sera inévitablement présente. Une des difficultés qui existe encore pour cerner le phénomène de l’innovation (processus et résultats) dérive du fait que c’est un sujet qui a été traité de manière simultanée et différente par la communauté scientifique et les secteurs industriels, avec « des points de départ » et des « logiques » et objectifs spécifiques très dissimilaires. En d’autres termes, ce qui dans d’autres domaines relève de la vulgarisation ou la « banalisation », en matière d’innovation les entreprises « ont tout à fait le droit » d’y travailler en créant des modèles « concurrents » à ceux issus du milieu académique. Ces différences s’expriment notamment lors de la conception et le choix des modèles formels, ainsi que dans le vocabulaire (au-delà de la technicité et de l’exactitude des termes), ce qui crée confusion et parfois inapplicabilité des résultats issus des réflexions. Le problème de base étant le fait que ce sujet de recherche est traité « naturellement » et en profondeur par ces deux communautés, chacune avec ces propres objectifs et préoccupations. Elles sont toutes les deux « expertes » dans la matière.

 

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