Sommaire: Validation du modèle d’Ajzen appliqué au comportement de consommation de médicaments d’automédication
Liste des abréviations
I. Introduction
II. Etat actuel des connaissances
A. Automédication
1. La définition du médicament d’automédication
2. La réglementation de l’automédication
3. Les données actuelles sur les PMF
4. Automédication et Europe
a. La réglementation européenne
b. Le comparatif des dépenses en Europe
5. Les acteurs du comportement d’automédication
a. Les patients
b. Les pharmaciens
c. Les médecins
d. Les pouvoirs publics et les organismes sociaux
e. L’industrie pharmaceutique
6. Les risques de l’automédication
7. Les perspectives de l’automédication
B.La théorie du comportement planifié: les déterminants du comportement de consommation d’automédication
1. Introduction sur la théorie comportementale
a. La théorie de l’action raisonnée
b. La théorie du comportement planifié
2. La définition des construits du TCP
a. L’attitude
b. La norme subjective
c. Le contrôle du comportement perçu
3. Le choix de la TCP par rapport aux autres modèles : analyse de la littérature
a. Les comportements en général
b. Les comportements de santé
c. Les comportements de consommation d’automédication
III. Méthode
A. La présentation de l’étude
B. La population étudiée
C.La diffusion du questionnaire
D. La présentation du questionnaire
E. L’analyse des données
IV. Résultats
A. L’analyse du tableau des valeurs propres
B. L’étude des variables
C. L’étude des modalités
D. Analyse des axes factoriels
1. Premier axe factoriel
2. Deuxième axe factoriel
3. Troisième axe factoriel
V- Discussion
A. Discussions des résultats
1. Le retour des questionnaires
2. L’axe de l’attitude
3. L’axe!de!la!norme!subjective
4. L’axe du contrôle du comportement perçu
5. Discussion de l’analyse des trois axes
B. Confrontation des résultats aux publications médicales
1. Les déterminants des dimensions du modèle d’Ajzen
a. Les déterminants de l’attitude
b. Les déterminants de la norme subjective
c. Les déterminants du contrôle du comportement perçu
2. Les déterminant des variables illustratives
a. Le genre
b. L’âge
c. L’état de santé
d. La couverture complémentaire santé
e. Les revenus
f. La profession
g. Le diplôme
h. Le milieu géographique
i. Le statut familial
j. Le conseil d’achat
k. Le comportement passé
l. Le but du recours à l’automédication
VI\ Conclusion
VII\ Bibliographie
XVIII\ Annexes
A. Les indications aux bons usages PMF en libre accès
B. Le décret des médicaments disponibles en libre accès
C. Les consentements
D. Le questionnaire diffusé
E. Le serment d’Hippocrate
F. Le résumé
G. Les mots\clés
Extrait du mémoire validation du modèle d’Ajzen appliqué au comportement de consommation de médicaments d’automédication
I. Introduction
L’automédication est définie en France par le Conseil National de l’Ordre de Médecins (CNOM) (1) comme étant « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels ou ayant reçu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), avec la possibilité d’assistance et de conseil de la part des pharmaciens ».
Selon le rapport Coulomb-Baumelou (2) de janvier 2007, l’automédication est un comportement et non une catégorie de produits ; défini par le recours d’un patient à un ou plusieurs médicaments de Prescription Médicale Facultative (PMF), dispensé(s) dans une pharmacie et non effectivement prescrit(s) par un médecin.
Devant un symptôme ou une maladie, le patient peut consommer un médicament qu’il pense bénéfique pour sa santé. Ce comportement suppose que le patient connaît ou reconnaît les symptômes, qu’il connaît les effets bénéfiques du médicament sur son état et qu’il a suffisamment confiance en lui et dans le médicament pour se l’administrer sans avis médical.
Au XVIIIe siècle, « se médicinier » était synonyme d’automédication et « se médiquer » impliquait une prescription. L’autodiagnostic est une pratique ancienne et connue de toujours. « Faites-vous médecin vous-même », écrivait Molière dans Le Malade Imaginaire.
Par ailleurs, le développement de l’automédication, souhaité par l’Assurance Maladie et le gouvernement au travers des déremboursements de nombreux médicaments à Service Médical Rendu (SMR) insuffisant, interpelle les médecins.
Depuis le 1er juillet 2008, les pharmaciens sont autorisés à mettre à disposition du public dans leurs officines, dans un espace spécialement dédié à cet effet, certains médicaments en « libre accès ».
L’année 2013 apporte beaucoup de changement quant à l’automédication, les pharmaciens ayant obtenu la possibilité de vendre les PMF sur Internet comme d’autres pays européens.
De plus, l’Autorité de la Concurrence a présenté l’avis 13-A-24 du 19 décembre 2013 relatif au fonctionnement de la concurrence dans le secteur de la distribution du médicament à usage humain en ville. Il propose d’élargir la vente des PMF aux grandes surfaces initiant la possibilité de vente hors officine.
Dans un contexte de morosité de l’activité officinale, le marché des médicaments d’automédication reste le seul à croître. Le chiffre d’affaires des médicaments d’automédication est de 2,2 milliards d’euros, en progression de 3,2 % en 2012 par rapport à 2011. Le marché du médicament de prescription (remboursable ou non) représente un chiffre d’affaires de 26,7 milliards d’euros Toutes Taxes Comprises (TTC) prix publics, soit un recul de 2,4% par rapport à 2011. Le marché de l’automédication, en prix public TTC, représente 7,6% du chiffre d’affaires du médicament, contre 7,2% en 2011.
Ce travail s’inscrit dans le cadre plus général d’un projet de recherche baptisé OTC-SOCIOMED. Il s’agit d’une étude multicentrique européenne internationale financée par la Communauté européenne. Sept pays dont la France sont impliqués dans ce projet qui a pour objectif d’identifier les déterminants de recours aux médicaments de vente libre en soins primaires dans la communauté européenne. Cette enquête épidémiologique transversale est destinée à évaluer l’importance du recours à l’automédication et à identifier les facteurs associés à la prescription et au recours aux médicaments de vente libre grâce à deux
modèles psycho-comportementaux qui sont la Théorie du Comportement Planifié (TCP) et le modèle de Slikkerveer.
L’objectif de ce travail consiste à valider l’utilisation du questionnaire ayant trait à la TCP, dite d’Ajzen, dans le cadre des comportements de consommation de médicaments hors prescription auprès de patients de cabinets de médecine générale et de clients de pharmacies à partir des données françaises de l’étude.
II. Etat actuel des connaissances
A. Automédication
1. La définition du médicament d’automédication
L’automédication n’est pas du ressort du médecin généraliste, prescripteur dans une phase complète comportant anamnèse, examen clinique, examens complémentaires éventuels et enfin prescription médicamenteuse ou non. Elle repose sur l’auto-examen du patient et sur sa prise de décision quant à la thérapeutique.
Néanmoins, le médecin a pour nouveau rôle d’apprendre à son patient à gérer lui-même la prise de ses médicaments, il s’agit plutôt d’éducation thérapeutique.
En France, il n’existe pas de statut réglementaire du médicament d’automédication. Comme tout médicament, les autorités sanitaires accordent une AMM.
Le médicament est « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard de l’homme ou d’un animal ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à un animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de modifier une fonction organique » selon l’article L5111-1 du code de la santé publique.
La prescription est obligatoire pour tout médicament sur liste (Liste I, II, Stupéfiants). Dans le Code de santé Publique (art L5132-6), ces listes comprennent « les substances, les médicaments, les produits insecticides ou acaricides ou tout autre produit ou substance susceptible de présenter pour la santé des risques directs ou indirects ».
Ainsi seuls les médicaments inscrits sur liste sont soumis à la prescription médicale préalable. On en déduit donc que tous les médicaments non inscrits sur une liste peuvent faire l’objet d’automédication.
Le médicament d’automédication est synonyme de médicament de prescription médicale facultative (PMF). Le terme « non prescription drug » (3) en anglais correspond exactement au PMF. Le terme médicaments OTC (« Over the Counter ») (4) désigne les « General Sale List Medicines »; ce terme n’est pas utilisé en France car la délivrance des médicaments ne peut actuellement se faire sans un pharmacien.
La classification par rapport au remboursement par la Sécurité Sociale et les modes de délivrance n’entrent pas dans la définition. Par exemple, des médicaments délistés, tels que les antalgiques, sont remboursés sur prescription alors que des médicaments listés, tels les médicaments du trouble de l’érection, ne sont pas remboursés.
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Validation du modèle d’Ajzen appliqué au comportement de consommation de médicaments d’automédication (2.87 MB) (Rapport PDF)