Méthodes d’évaluation de l’exposition du corps humain aux champs électromagnétiques

Méthodes d’évaluation de l’exposition du corps humain aux champs électromagnétiques

Champs électromagnétiques radiofréquences et interaction avec l’organisme

Les progrès considérables effectués dans les domaines de l’électricité, des télécommunications et de l’industriel ont étés marqués, ces dernières années, par l’utilisation accrue de sources de champs électromagnétiques, particulièrement celles de type radiofréquence. Leur multiplication, répondant ainsi à la demande très forte des nouvelles technologies, expose de façon progressive l’organisme humain à de possibles effets nocifs. Dans ce chapitre, nous verrons la composition spectrale du c hamp électromagnétique. Nous verrons ensuite les mécanismes d’interaction entre une partie du spectre du champ (rayonnement non ionisant) avec le système biologique (corps humain). A la suite de ça, nous verrons les effets biologiques et sanitaires résultants des radiofréquences. Enfin, nous terminerons par faire le point sur l’état des recherches sur les effets biologiques et sanitaires des radiofréquences. 1. Généralité sur le champ électromagnétique Les champs électriques sont associés à la présence de charges électriques alors que les champs magnétiques sont la conséquence d’un mouvement physique de charges électriques. Le champ électromagnétique, quant à lui, est la composition de ces deux champs. L’un induit l’autre lorsque des charges électriques sont en mouvement et vis versa. Le rayonnement électromagnétique peut être représenté comme une série d’ondes très régulières et sans support matériel. Il se propage à une vitesse extrêmement élevée et plus précisément à la vitesse de la lumière (300 000km/s) .

Spectre du rayonnement électromagnétique

Le spectre électromagnétique classe les ondes électromagnétiques en fonction de leur fréquence, de leur longueur d’onde. Ce tableau ci-dessus illustre cette classification [1] :

Classification suivant le potentiel énergétique

Une classification moins scindée est aussi adoptée en mettant en évidence le potentiel énergétique. On distingue dans ce cas les rayonnements ionisants et les rayonnements non i onisants. L’ensemble des rayonnements électromagnétiques et leurs principales origines ou applications est illustré (voir Figure 1.1).

Rayonnements ionisants (RI)

Les rayonnements ionisants sont des rayonnements qui produisent des ionisations dans la matière qu’ils traversent. En effet, ces r ayonnements se propagent à des fréquences très élevées (supérieures à 3000THz). Ils véhiculent une importante énergie (supérieure à 12,40eV) aux électrons pour les arracher de leurs atomes. Ce qui fait qu’ils ont un pouvoir élevé de pénétration dans la matière vivante. Leur spectre commence à p artir des rayons ultraviolets. Lorsqu’ils sont bien maitrisés, ils ont des effets bénéfiques dans le domaine de la santé (radiographie, urographie, scanner, etc) et de l’industrie (centrale électrique nucléaire par exemple). Cependant, ils sont potentiellement nuisibles à la longue et mortels en cas de dose élevée. Des mesures de protections extrêmement sévères doivent être prises pour éviter toute exposition directe avec le corps humain.

Rayonnements non ionisants (RNI)

Les rayonnements non i onisants sont des oscillations de champs électriques et magnétiques qui se propagent à la vitesse de la lumière. Contrairement aux rayonnements ionisants, l’énergie des RNI est insuffisante pour provoquer l’ionisation d’atomes. Les rayonnements non ionisants se décomposent, en fonction de leurs fréquences, en rayonnements optiques (la partie inférieure du rayonnement ultraviolet, en lumière visible, l’infrarouge), en champs statiques, et en radiofréquences.

Bases physiques des champs électromagnétiques

Le champ électromagnétique définit les propriétés électriques et magnétiques de l’espace (dans l’air, dans la matière ou dans le vide). Lorsque ces propriétés varient dans le temps et l’espace, par exemple sous l’influence d’une source de rayonnement électromagnétique (antenne de télédiffusion, radar, équipements mobiles, etc.), on dit que c’est une onde électromagnétique qui se propage. 

Rappel des unités et constantes physiques

Les ondes électromagnétiques sont caractérisées par plusieurs paramètres physiques, dont les principales sont : la fréquence, la longueur d’onde, les intensités électrique et magnétique, et la puissance. 

Fréquence f et longueur d’onde λ

La fréquence d’une onde électromagnétique est le nombre d’oscillations du c hamp par seconde. Elle s’exprime en Hertz (Hz) ou cycles par seconde. La longueur d’onde (λ) est égale à la distance entre un point d’une onde et son homologue sur l’onde suivante, et est exprimée en mètre (m). La longueur d’onde est liée à la fréquence par la formule 2.1: Ou c : vitesse de propagation de l’onde dans le vide, approximativement égale à 3.108 m/s. Ces deux éléments caractérisent les ondes électromagnétiques et sont totalement indissociables : plus la fréquence est élevée, plus la longueur d’onde est courte. 

L’intensité du champ électrique E

Elle représente la valeur du champ électrique en un point donné. Elle s’exprime en Volt par mètre (V/m). C’est une valeur définie dans l’espace par trois composantes (Ex, Ey, Ez). L’intensité du champ électrique est définie comme la norme de la résultante de ces trois axes : Lorsque plusieurs émetteurs sont présents aux environs du point de mesure, alors le champ résultant est : N étant le nombre de signaux pour les différents émetteurs. Du fait que le signal imprimé dans une porteuse varie au cours du temps, il fait varier en même temps l’intensité de cette porteuse. Ainsi le calcul de la valeur efficace convient le mieux comme valeur de champ électrique. Elle est obtenue en prélevant un no mbre N d’échantillons pendant une durée déterminée.

Intensité du champ magnétique H

Elle représente la valeur du champ magnétique, qui s’exprime en Ampère par mètre (A/m). On parle également d’induction magnétique B qui s’exprime en Tesla (T). Dans l’air, l’induction et le champ magnétique sont reliés par la relation simple (2.5): Avec μ : constante de proportionnalité (qui exprime la perméabilité magnétique); dans le vide et dans l’air, comme dans les matériaux non magnétiques (y compris les matériaux biologiques) : μ = 4 π.10–7 H/m (henrys par mètre). 

Mécanisme d’interaction aux radiofréquences et pénétration dans le tissu biologique

Les ondes électromagnétiques radiofréquences (communément dites ondes radios) peuvent interagir avec l’organisme biologique à travers plusieurs mécanismes. Les mécanismes thermiques et ceux non thermiques sont plus perceptibles. Cependant, il peut y avoir interaction à t ravers des mécanismes indirects (interférence avec des implants médicaux). Ces mécanismes peuvent être responsables d’effets biologiques. Ces derniers peuvent, à la limite, être nocifs pour l’organisme. La prévalence d’un type de mécanisme par rapport aux autres dépend de la puissance ou de l’intensité, mais également de la fréquence des champs électromagnétiques. 

Définitions Système biologique 

c’est un e nsemble d’organes interagissant au sein d’un organisme dans la réalisation d’une fonction biologique commune. Le système nerveux en est un exemple. 2 ICNIRP : International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection  biologiques : ce sont des changements d’ordre physiologique, biochimique, ou comportemental qui sont induits dans un organisme, un tissu ou une cellule en réponse à une stimulation extérieure. Des exemples d’effets biologiques sont : la sudation, l’augmentation de la fréquence cardiaque après avoir bu du café. Ces effets ne sont, nécessairement, pas nocifs à la santé. Effets thermiques : ils désignent les effets biologiques qui peuvent être mis en évidence lorsque l’on observe une augmentation de température des cellules ou des tissus, consécutive à une exposition aux radiofréquences. Ces dernières provoquent une agitation des molécules d’eau contenues dans les tissus. Effets non thermiques ou athermiques : ce sont des effets dits specifique. Ils sont observés sur les systèmes biologiques, alors que la quantité d’énergie (inferieure à 100W/m2 ) absorbée est trop faible pour induire une élévation de la température de 1°C. Ils apparaissent généralement suite à des expositions de longues durées. Effets sanitaires : les effets sanitaires sont des effets biologiques qui peuvent mettre en danger le fonctionnement normal d’un organisme, en dépassant les capacités de réponse « physiologique ». Par exemple une exposition prolongée à la chaleur peut constituer un danger pour la santé. 

Table des matières

Introduction Générale
Chapitre 1 :Champs électromagnétiques radiofréquences et interaction avec l’organisme
1. Généralité sur le champ électromagnétique
1.1. Spectre du rayonnement électromagnétique
1.2. Classification suivant le potentiel énergétique
1.2.1. Rayonnements ionisants (RI)
1.2.2. Rayonnements non ionisants (RNI)
2. Bases physiques des champs électromagnétiques
2.1. Rappel des unités et constantes physiques
2.1.1. Fréquence f et longueur d’onde λ
2.1.2. L’intensité du champ électrique E
2.1.3. Intensité du champ magnétique H
3. Mécanisme d’interaction aux radiofréquences et pénétration dans le tissu biologique
3.1. Définitions
3.2. Mécanismes d’absorption
3.2.1. Facteurs influençant le mécanisme d’absorption
3.2.2. Les mécanismes thermiques
3.2.3. Les mécanismes non thermiques
3.2.4. Mécanismes indirects
4. Etat des recherches sur les effets biologiques des radiofréquences
4.1. Effets biologiques connus et maitrisés : effets thermiques
4.1.1. Limites d’exposition recommandées par l’ICNIRP
4.1.2. Désaccord sur les limites d’exposition
4.2. Effets biologiques connus et non maitrisés : effets non thermiques
4.2.1. Recherches in vivo chez l’homme sur le système nerveux
4.2.2. Recherches épidémiologiques
4.2.2.1. Tumeurs du cerveau chez les usagers de téléphone mobile
4.2.2.2. Effets subjectifs et hypersensibilité aux radiofréquences
4.2.2.3. Interférences électromagnétiques
4.2.3. Conclusion sur les recherches des effets biologiques et sanitaires des radiofréquences
Conclusion
Chapitre 2 : Téléphonie mobile GSM : Interface radioélectrique
1. Principe de base de la transmission radiofréquence
2. Principales applications des radiofréquences et leur classification
3. Téléphonie mobile GSM
3.1. Les raisons du choix de la téléphonie mobile GSM
3.1.1. Choix de la téléphonie mobile
3.1.2. Choix du GSM par rapport à l’UMTS
3.2. Architecture du réseau GSM
3.2.1. Téléphone Mobile
3.2.2. Station de base (BTS-Base Transceiver System)
3.2.3. Evolution du GS
3.3. Caractéristiques d’une station de base
3.3.1. Découpage en cellule
3.3.2. Caractéristiques électriques
3.3.3. Allocations de fréquences
3.3.4. Canaux de transmission
3.3.5. La forme du faisceau ou lobe principal
3.3.6. Gain de l’antenne
3.3.7. Ouverture angulaire
3.3.8. Puissance Isotrope Rayonnée Equivalente (PIRE)
Conclusion
Chapitre 3 : Evaluation de l’exposition à la téléphonie mobile: Dosimétrie et Mesure in Situ
1. Différentes zones de propagation de l’onde électromagnétique
1.1. Zone de champ proche
1.2. Zone de champ lointain ou région de Fraunhofer
2. Evaluation de l’exposition aux champs radiofréquences
2.1. Mesure de l’exposition en champ proche : Dosimétrie
2.1.1. Système d’exposition
2.1.2. Paramètre de référence : DAS (Débit d’Absorption Spécifique)
2.1.3. Deux approches pour la détermination du DAS
2.1.3.1. Dosimétrie expérimentale .
2.1.3.2. Dosimétrie numérique
2.1.3.2.1. Modèles physiques
2.1.3.2.2. Modélisation numérique
2.1.3.3. Tableau comparatif dosimétrie expérimentale et dosimétrie numérique
2.2. Mesure de l’exposition en champ lointain: Mesure in situ
2.2.1 Cadre réglementaire et portée du protocole de l’ANFR
2.2.2. Processus de mesure du protocole
2.2.2.1. Analyse rapide .
2.2.2.2. Analyse par bandes de fréquences
2.2.2.3. Analyse des configurations spécifiques : les émissions des réseaux GSM .
2.2.3. Mesure du niveau d’exposition avec un exposimètre
2.2.4. Outil de simulation : EMF VISUAL
3. Les difficultés d’ordre matériels et logiciels rencontrées
Conclusion
Chapitre 4 : Modèles de propagation
1. Les phénomènes physiques rencontrés lors de la propagation du signal radio
2. Modèles de propagation
2.1. Les modèles de propagation théoriques
2.1.1. Modèle de propagation en espace libre
2.1.2. Modèle de propagation en terre plate (plane earth model)
2.1.3. Modèle Ray-Tracing
2.2. Les modèles de propagation empiriques
2.2.1. Modèle Okumura Hata
2.2.2. Le modèle Cost-231 Hata
2.2.3. Modèle Cost 231- Walfisch Ikegami
Conclusion
Chapitre 5 : Notre Proposition : Méthode de calcul de champs électromagnétiques à l’aide d’un modèle de propagation d’ondes électromagnétiques
1. Motivations et But
2. Cadre d’étude
2.1 Description du site
2.2 Caractéristiques de l’antenne numéro 1
2.3 Les équipements de mesure
2.4. Données de mesure obtenues
2.5. Paramètres de mesure
2.6 Critères de choix d’un modèle
2.7. Choix des modèles
3. Résultats et proposition d’un modèle
3.1 Démarche
3.2 Critères d’évaluation d’un modèle
3.3 Résultats obtenus avec les différents modèles choisis
3.4. Résultats de notre modèle
4. Problèmes rencontrés
Conclusion
Conclusion générale et perspectives
ANNEXES
Annexe 1: antenne isotrope et notion de Décibel
Annexe 2 : Codes écrits sous MATLAB
BIBLIOGRAPHIE .

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