ORGANISATION SPATIALE DES ACTIVITES DANS UN GROUPE DE LOUPS CAPTIFS, Canis l. lupus, DU PARC ANIMALIER « LES LOUPS DE CHABRIERES » (CREUSE)

Relations sociales de la meute au cours de la troisième période d’observation

a) Répartition spatiale et affinités
Les relations sociales de la meute évoluent au cours de l’année et notamment au cours de la saison des chaleurs des femelles, période d’observation de l’hiver 2006 (Fig. 13, Fig. 14 et Fig. 15).
Tout comme lors des périodes d’observation précédentes on observe 2 groupes de plus proches voisins : les adultes et les sub-adultes (Annexe 11 : Tab. 18 et 19, Fig. 13). Parmi les adultes, Amarok et Cassiopée sont préférentiellement plus proches voisins (respectivement χ²=202,00 et χ²=198,51 ddl=7, p<0,001) (Annexe 11 : Tab. 18 et 19, Fig. 13). Les autres adultes ont préférentiellement les adultes du sexe opposé comme plus proches voisins.

Amarok et Alfred pour Luna (χ²=59,26, ddl=7, p<0,001). Lyra, une femelle adulte, sans voisin préférentiel est isolée de la meute (Annexe 11 : Tab. 18 et 19, Fig. 13). Les sub-adultes sont majoritairement plus proches voisins entre eux et forment un sous-groupe assez homogène (Annexe 11 : Tab. 18 et 19, Fig. 13). Ainsi Etamine a comme plus proches voisins, de manière équivalente, sa sœur, Boréal et ses frères, Anostral et Sargas (χ²= 73,91, ddl=7, p<0,001), Sargas son frère Anostral et ses sœurs Boréal et Etamine (χ²= 64,62, ddl=7, p<0,001) et Boréal son frère Sargas et sa sœur Etamine (χ²= 85,73, ddl=7, p<0,001). Cependant Anostral est un individu particulier de la meute en ayant comme plus proches voisins, des adultes, Amarok et Cassiopée et un sub-adulte, Sargas (χ²=45,56, ddl=7, p<0,001). L’analyse de la catégorie « seul » révèle que les plus proches voisins de Lyra sont significativement à plus de 30 m comparativement aux autres individus (χ²=484, ddl=8, p<0,001).

On remarque que les individus sont regroupés mais moins que lors des observations précédentes puisque la distance moyenne des plus proches voisins se situe autour de 1,25. (Fig. 14). On peut souligner que Cassiopée, une femelle adulte, est un individu central de la meute, en étant la plus proche des plus proches voisins des autres individus, à la distance moyenne de 1 et en ayant tous ses plus proches voisins à une distance moyenne de 1.

Anostral, un mâle sub-adulte est aussi un individu assez proche pour les individus de la meute en étant à une distance moyenne de 1,25 des autres congénères et en ayant ses plus proches voisins à cette même distance moyenne. Luna et Lyra, deux femelles adultes, Alfred, un mâle adulte, et Boréal et Sargas, une femelle et un mâle sub-adultes sont les individus qui, en moyenne, sont le plus éloignés de la meute sans qu’il y ait entre eux de proximité. Amarok, un mâle adulte et Etamine, une femelle sub-adulte ont des distances de plus proches voisins assez hétérogènes et ils sont spécifiquement proches de certains loups : Amarok est proche de Cassiopée, une femelle adulte et d’Anostral, un mâle sub-adulte et Etamine est proche de Cassiopée, d’Anostral et d’Alfred, un mâle adulte. L’analyse des préférences et des distances des plus proches voisins montre le lien fort entre Amarok et Cassiopée, un mâle et une femelle adulte. Cette dernière exerce une forte attraction sur ses congénères (Fig. 13 et 14) contrairement à la période d’observation précédente (Cf. §IIB2). Les 4 sub-adultes maintiennent des liens réciproques et forment un sous-ensemble. Pour Lyra, l’absence de réciprocité des plus proches voisins, la distance moyenne élevée entre elle et les autres membres de la meute et les rapprochements minimes avec le groupe révèlent son retranchement (Fig. 13 et 14).

Relations agonistiques
L’analyse des agressions et des évitements permet de mettre en évidence les relations agonistiques au sein de la meute de loups (Annexe 1 et 14 : Tab. 22 et 24, Fig. 15).
Le couple privilégié Amarok-Cassiopée se maintient par rapport à la période d’observation précédente. Ils sont encore auteurs d’agressions et n’en reçoivent aucune. Ils ne montrent aucun comportement d’évitement mais en sont la source pour les autres loups (Fig. 15). Alfred est le loup le plus agressé de la meute et ses comportements d’évitement représentent la majorité des comportements d’évitement de la meute et sont surtout marqués en présence des autres mâles (Fig. 15). Les agressions des sub-adultes qu’il subit se produisent lorsque ces derniers prennent part aux agressions d’Amarok ou les initient. Les deux femelles adultes, Luna et Lyra sont fortement agressées par Cassiopée et présentent de nombreux comportements d’évitement à l’encontre de cette dernière. Il existe une forte tension autour d’Anostral qui est agressé par les deux adultes, Amarok et Cassiopée et qui agresse son frère Sargas. Les autres sub-adultes s’agressent et s’évitent peu entre eux.

Agressions Evitements
Durant cette période d’observation hivernale, qui s’est déroulée pendant la période d’accouplement, on a pu observer un renforcement des relations sociales qui existaient lors de la précédente période d’observation. Les relations agonistiques entre Amarok et Alfred se sont confirmées et renforcées avec de nombreuses agressions d’Amarok envers Alfred qui l’évite. Ainsi, proportionnellement au nombre d’agressions total de la meute, celles-ci sont les plus fréquentes, contrairement à la période d’observation précédente où elles étaient majoritairement dirigée de Cassiopée vers Luna et Lyra.

Cependant, ces agressions sont, au total, nettement plus nombreuses durant cette 3ème période d’observation que précédemment (Tab. 14 et Tab. 21). La proximité spatiale et l’absence d’interaction agonistique entre Amarok et Cassiopée témoignent des liens stables et privilégiés qui existent entre eux. Chaque loup du couple est, de plus, auteur d’agressions envers les adultes du même sexe qui les évitent et qui se tiennent un peu éloignés d’eux. Durant les mois de février et de mars 2006 Cassiopée, la femelle reproductrice, occupe une position centrale dans la meute. Les subadultes forment un sous-groupe au sein de la meute. On observe cependant une structuration sociale de ce sous-groupe par l’apparition d’interactions agonistiques et de préférences pour certains voisins. De plus Anostral et Etamine, des membres de ce sous-groupe, tendent à se rapprocher du groupe des adultes mais subissent plus d’agressions de leur part. Lyra reste isolée de la meute, mais alors qu’Alfred se satellise, Luna semble peu à peu être réintégrée spatialement à la meute sans pour autant subir moins d’agressions.