Phénomènes morphophonologiques affectant les consonnes

Phénomènes morphophonologiques affectant les
consonnes

Le préfixe de nominalisation Ǹ-

En minyanka, la dérivation des noms d’action à partir des verbes est marquée par le préfixe Ǹ-. Son adjonction entraîne des changements morphophonologiques sur la consonne initiale du verbe et modifie son schème tonal lexical. Ces changements peuvent être décrits comme suit : – lorsque le verbe commence par une consonne occlusive non-voisée, celle-ci se transforme en occlusive prénasalisée voisée – lorsque le verbe commence par une occlusive voisée, celle-ci se nasalise en gardant son lieu d’articulation – lorsque le verbe commence par une constrictive non-voisée, celle-ci devient voisée en gardant son lieu d’articulation. Il est à souligner qu’aucun verbe ne commence par une constrictive voisée. – lorsque le verbe commence par une consonne liquide ou une approximante (y, l ou w), celle-ci se nasalise en gardant son lieu d’articulation – les verbes commençant par une consonne nasale ne subissent pas de changement. Sur le plan tonal, les verbes à schème tonal H deviennent BHB. Ceux à schème tonal BHB deviennent B, sauf quelques emprunts au bambara, lesquels conservent leur schème tonal lexical. Ceux à schème tonal B restent tels quels.

Alternance consonantique à la jonction de deux bases dans les noms composés

On constate des cas d’alternance consonantique à la jonction de certains noms composés. Cette alternance consonantique consiste à transformer une occlusive non-voisée en occlusive prénasalisée voisée, une occlusive voisée en consonne nasale ayant le même lieu d’articulation, une constrictive non-voisée en constrictive voisée, une approximante en consonne nasale ayant le même lieu d’articulation. L’alternance est prédictible lorsque la première base du composé se termine par une nasale. Ces composés peuvent être du type N + V + CL ou N1 + N2 + CL. 

Composés du type N + V+ CL dans lesquels la voyelle de la base nominale est nasalisée 

Dans les composés du type N + V + CL où la voyelle de N est nasalisée, la consonne initiale du verbe change sous l’influence de la nasale précédente. (2-2) ɲu ̀-ŋì (tête-DEF.CLk) ‘la tête’ + tàʕà ‘poser’ → ɲù -ndà-ʕàyì (tête-poser-DEF.CLk) ‘l’oreiller’ ca ̰́-ŋì (jour-DEF.CLk) ‘le jour’ + sè ‘naître’ → cá̰ -zè-ŋí (jour-naître-DEF.CLk) ‘le jour de naissance’ ca ̰́ŋì + pà ‘venir’ → ca ̰́-mbà-ʕàyí (jour-venir-DEF.CLk) ‘le jour d’arrivée’ ca ̰́ŋì + hùû ‘mourir’ → ca ̰́-ɦù-kí (jour-mourir-DEF.CLk) ‘le jour de décès’ fu ̰́-ŋì (intérieur-DEF.CLk) ‘l’intérieur’ + wàʕà ‘sécher’ → fu ̰́-ŋà-ʕàyí (intérieur-sécherDEF.CLk) ‘la constipation’ Mais ɲɛ ̰́ -nì (œil-DEF.CLl) ‘l’œil’+ pɛ ̀ ‘être.désagréable’ → ɲɛ ̰́ -pɛ ̰́ -nì (œil-être.désagréableDEF.CLl) ‘la jalousie’ 2.1.2.2. Composés du type N1 + N2 où la voyelle de la base de N1 est nasalisée Dans ce type de composés, la consonne initiale de N2 change lorsque N1 se termine par une voyelle nasale. (2-3) ɲu ̀-ŋì (tête-DEF.CLk) ‘la tête’ + ʃíi-rí (poil-DEF.CLt) ‘les poils’ → ɲu ̀-ʒǐi-rì (tête-poilDEF.CLt) ‘les cheveux’ na ̀-ŋì (queue-DEF.CLk) ‘la queue’ + ʃíirí → na ̀-ʒíi-rì (queue-poil-DEF.CLt) ‘les poils caudaux’ pu ̂ (chien.DEF.CLw) ‘le chien’ + bí-lì (graine/enfant-DEF.CLl) ‘la graine’ → pu ̰́-mí-lì (chien-enfant-DEF.CLl) ‘le chiot’ pu ̂ + cɔ̂ (femme.DEF.CLw) ‘la femme’ → pu ̰́-ɲjɔ̂ (chien-femme.DEF.CLw) ‘la chienne’ pu ̂ + pɔ̰́ lɔ̂ (époux.DEF.CLw) → pu ̰́-mbɔ̀ lɔ̂ (chien-époux.DEF.CLw) ‘le chien mâle’ pu ̂ + ʃíi-rí (poil-DEF.CLt) ‘poils’ → pu ̀-ʒǐi-rì (chien-poil-DEF.CLt) ‘poils de chien’ pu ̂ + fíi-rì (excrément-DEF.CLt) ‘les excréments’ → pu ̀-vǐi-rì (chien-excrément-DEF.CLt) ‘excréments de chien’ pu ̂ + háa-rì (viande-DEF.CLt) ‘viande’ → pù -ɦǎa-rì (chien-viande-DEF.CLt) ‘viande de chien’ pu ̂ + tɔ̰́ -lí ‘pied-DEF.CLl) ‘le pied’ → pu ̀-ndɔ̀ -lî (chien-pied-DEF.CLl) ‘patte de chien’ Mais pu ̂ + fǎ-fɔ̀ lɔ̂ (folie-propriétaire.DEF.CLw) ‘le fou’ → pu ̰́ fǎfɔ̀ lɔ̂ ‘chien enragé’ Comme nous pouvons le constater dans les exemples ci-dessus, excepté pṵ́ mílì, pu ̰́ɲjɔ̂, et pu ̰́mbɔ̀ lɔ̂, les autres composés formés à partir de pu ̂ ont tous le schème tonal BHB. Ce schème tonal particulier demeure inexplicable pour le moment, puisque selon les règles de propagation tonale dont nous avons parlé en §1.3.2, on s’attendrait à un ton H sur pu ̰́ et BHB sur le reste du composé.

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