Qu’est ce qu’un espace public ? 

Qu’est ce qu’un espace public ? 

Lorsque l’on parle d’espace public on peut différentier deux concepts primordiaux selon Thierry PAQUOT. En effet ce dernier, dans son essai « l’espace public », différencie l’espace public et les espaces publics. Au singulier il est lieu de débat et de politique, symbole d’expression et de démocratie et au pluriel il s’agit du lieu physique à l’usage de tous. Il introduit donc deux valeurs fondamentales de l’espace public : la liberté d’expression et la liberté de mouvement.

Quand on parle d’espace public on peut donc d’une part parler de cet environnement impalpable propre au débat. Ainsi l’espace public est tout d’abord lieu d’expression. Gilles SENECAL le qualifie « d’espace immatériel, virtuel, constitué d’élément de débat propre à la démocratie. »  . Ici c’est la parole et les idées qui priment. L’espace public serait même à l’origine du fondement de base de notre société : la démocratie. Dans notre imaginaire collectif les espaces publics antiques tournent autour d’une idée d’une première esquisse de démocratie.

PAQUOT explique que selon HABERMAS il existe trois types d’espace public : les journaux, les salons et les cafés . Les espaces publics sont donc des lieux d’échanges d’idées et de débats. D’une certaine façon ils évoquent le commencement de la liberté d’expression. On assiste à la transformation du débat privé, qui ne touchait que quelques privilégiés, pour arriver au débat qui toucherait le plus grand nombre. Il s’agit d’arriver aux affaires qui nous concernent tous : la politique.

Aujourd’hui on peut aussi étendre ce concept d’espace public, lieu de débat et d’expression, à la sphère d’internet, lieu d’échange immatériel, du XXIe siècle par excellence. Chacun est libre de s’exprimer sur cette surface et d’alimenter toutes réflexions, de rencontrer, de rassembler…

Les espaces publics au pluriel quant à eux renvoient à un lieu physique . Ce sont la combinaison de ces deux concepts qui nous intéressent ici. SANSOT dit de l’espace public qu’il représente « tout espace où [il se sent] à l’aise, dans lequel [il perçoit] chez l’autre le même sentiment de bien-être et où [il n’a] pas à justifier [sa] présence»  . Il introduit donc ici une notion de liberté de mouvement et d’égalité entre les usagers. Dans les espaces publics n’importe qui est susceptible de s’y rendre n’importe quand.

Ainsi on définit communément un espace public comme étant un espace libre de circulation, de mouvement, de parole, d’usage… Aussi Wikipédia définit ces espaces comme étant : « l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous » . DELBAERE, va plus loin et extrapole cette définition et affirme que ces lieux deviennent alors des espaces qui « n’appartiennent à personne » . C’est l’idée de la chose publique qui est développé ici. Si ces espaces appartiennent à tous, alors ils ne sont la possession de personne.

Les espaces publics sont des lieux libres d’accès que chacun est libre d’arpenter à toutes heures. Il n’y a aucune condition monétaire à notre présence dans ce lieu. C’est la liberté de s’y déplacer qui les caractérisent. On y est libre de s’attarder, de traverser, de se presser, de dormir, de s’assoir, de discuter, de débattre. On trouve dans ces lieux aussi une notion d’égalité. En effet DELBAERE parle de la « condition de neutralité de l’espace public ». Ainsi selon lui il s’agit d’ « espace neutre constitué par l’entente d’individus égaux »  . L’espace public est aussi le visage de la ville. Il est l’élément physique que le promeneur va rencontrer et retenir. C’est l’espace public qui fait la relation de l’homme à la ville.

Les usages

« […] le concept d’espace public est d’essence polysémique et transdisciplinaire » (Gilles SENECAL). Ainsi l’espace public est par essence un lieu polyfonctionnel qui va croiser les usages et les valeurs. Selon PAQUOT les« espaces publics sont des lieux propices aux déambulations, au transport et aux loisirs ». Ils comportent ainsi tout un ensemble d’usages essentiels au bon fonctionnement de la société. Ce sont des lieux évidemment pratiqués quotidiennement. On s’y rend, on les traverse pour aller travailler et on y erre, on y flâne. Mais aussi ils sont lieus de fêtes, de loisirs et d’évènements. On vit dans ces lieux aussi bien des moments festifs que des usages relevant du quotidien. (« L’espace public hésite entre le quotidien et le festif ou le ludique » ) .

Rencontre / socialisation
Tout d’abord nous pouvons considérer l’espace public comme un lieu de socialisation. En effet il est le lieu de la rencontre par excellence. Il est lieu public, l’espace neutre où le badaud sort de son environnement privé pour rencontrer l’autre sur un terrain qui n’appartient à personne. DELBAERE affirme qu’on ne peut concevoir la vie sociale sans espace public  . L’espace public est ainsi le cœur de la vie de la ville, l’« espace physique, lieux concrets et habités, supports formels ou informels d’une quelconque vie sociale » (Gilles SENECAL). Les usagers usent et s’approprient ce lieu quelques soient leurs conditions sociales, leurs âges, leurs origines. Tous nous les empruntons et nous nous rencontrons Cette vie sociale, créée par ces espaces publics, va participer à l’image de la ville dans un imaginaire collectif. On peut alors parler « lieux ouverts où se déroulait la vie collective des citadins et des lieux symboliques, porteurs de la personnalité de la ville » . D’une certaine façon c’est l’essence et les valeurs de la ville qui sont communiquées par cette animation sociale. Vivre la ville c’est profiter de ces espaces et des rencontres, plus ou moins souhaitées, qu’elle offre.

Temporalité
« espace de consommation collective du temps libre »  (Alfonso ALVAREZ MORA) L’espace public est un lieu que l’on éprouve avec différentes temporalités en fonction de sa typologie, de son atmosphère, de sa valeur. Tantôt lieu du quotidien, nous le traversons sans y prêter attention. Il devient banal et ordinaire. Nous le prenons comme un espace d’entre deux, un déplacement entre deux lieux, entre deux temps. Parfois on s’y arrête, on prend le temps et on y rencontre. Nous profitons aussi de ces lieux de façon volontaire. Ils deviennent lieux de délassement, de détente, comme une pause dans le tumulte de la ville. C’est l’espace en lui-même qui nous conduit à nous arrêter sur ce lieu.

La typologie de l’espace public influe sur notre comportement à l’intérieur de celui-ci et sur le temps que nous lui consacrons. Nous nous arrêterons plus facilement sur une place, ou dans un parc que dans une rue ordinaire.

De temps en temps l’espace public devient lieu de fête. On s’y attarde pour vivre pleinement l’espace. On y rencontre, on y flâne, on y déambule… L’espace devient alors ludique et oisif. Ici c’est l’évènement et non le lieu en lui-même qui va nous amener à flâner et profiter de l’espace public.

Table des matières

Introduction
Etat de l’art : état de la question
Proposition d’étude
Méthodologie et programme
Chapitre 1 – l’espace public aujourd’hui
1. Généralités
1.1. Qu’est ce qu’un espace public ?
1.2. Les usages
1.3. Dans l’imaginaire collectif
2. Système d’espace public
3. La qualité de l’espace public
4. Les différentes typologies d’espaces publics
Chapitre 2 – L’espace public du passé
1. Evolution de l’espace public
1.1. Le tissu urbain est un palimpseste
1.2. L’évolution du statut de l’espace public
2. L’imaginaire du passé
Chapitre 3 – Lecture des espaces publics : étude du cas de Tilff
1. Introduction du cas de Tilff
2. Le rôle de la carte mentale
2.1. Définition
2.2. Produire une image mentale
2.3. Les noms et les lieux
3. Tilff vu et adapté par ses habitants
3.1. La démarche
3.2. Les résultats attendus et obtenues
4. Cartographie de Tilff
4.1. Le général
4.2. Investigation et description des espaces publics de Tilff
4.3. Les typologies d’espaces publics et espaces à potentiels de Tilff
4.4. Comment le nouveau projet va requestionner le système des espaces public de la ville ?
Conclusion 

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