Renforcer l’efficacité et catalyser la durabilité du système des aires

Analyse des menaces, des causes profondes et des contraintes

Jusqu’à présent, on a constaté l’émergence d’un certain nombre de problèmes et de menaces dans et autour du Complexe WAP selon le pays et la zone. Ces menaces sont décrites ci-dessous ainsi que leurs causes. La section se termine par une évaluation comparative de la gravité des menaces dans les blocs du W, d’Arly et de la Pendjari (voir le tableau 2 ci-dessous). Cette section fait appel à l’analyse des conditions socio-économiques présentée ci-dessus. Finalement, la partie IV de la section IV présente les liens entre les menaces, leurs causes et les réalisations du projet.

PRATIQUES AGRICOLES

Dans la périphérie du Complexe WAP, l’essentiel des populations travaille dans le secteur agricole. Les pratiques agricoles actuelles sont sources de pollution par ruissellement (surtout à partir des champs cotonniers), d’érosion et de dégradation des terres. Le ruissellement agrochimique a un impact direct sur la biodiversité aquatique et sur d’autres biodiversités en raison de l’introduction de produits agrochimiques dans le Complexe WAP. L’érosion affecte directement la biodiversité en provoquant l’envasement des rivières et des mares à l’intérieur et à l’extérieur du Complexe WAP. Ce phénomène a un impact sur la capacité de rétention de ces points d’eau provoquant un déficit d’eau lors de la saison sèche. L’assèchement précoce des mares contraint les animaux sauvages à se rassembler autour des quelques points d’eau restant, facilitant ainsi le braconnage (voir ci-dessous).
L’érosion et la dégradation des terres liés à l’agriculture ont d’autres effets moins directs sur la biodiversité du WAP. En causant une baisse de la productivité agricole, ces phénomènes sont responsables du déficit de terres poussant les populations à chercher et à défricher des terres nouvelles plus fertiles pour la culture. Le déficit de terres est aussi dû à des niveaux élevés de croissance naturelle de la population (2-3%) et à des flux réguliers d’immigrants qui ont l’autorisation par les communautés locales d’exploiter les zones périphériques des AP. L’ensemble de ces facteurs conduit à une moindre disponibilité des terres arables par habitant. C’est ainsi qu’en 2003, on a estimé que 72% des terres potentiellement arables, c’est-à-dire à l’exclusion des sols dégradés, des sols durs latéritiques et des sols dénudés, ont été ensemencés sur une surface de 20 000 km2 dans les territoires villageois périphériques du Complexe régional.
Le déficit de terres dans les zones périphériques a provoqué un empiétement agricole dans le Complexe du WAP. L’introduction et l’extension des cultures de rentes telles que le coton, principale source de revenus pour une grande partie des habitants des périphéries, ont contribué à la conversion des terres en champs de coton avec comme conséquence un recul des cultures vivrières. La persistance de cette menace peut relever d’une connaissance limitée de la réglementation de la part des populations locales de même qu’un manque d’intérêt pour la question de la conservation des AP.

LA TRANSHUMANCE

Chaque année lors de la saison sèche, la transhumance exerce de fortes pressions sur le fourrage et les ressources en eau. Une enquête par voie aérienne conduite en 2003 dans le cadre du Programme de suivi de la chasse illégale d’éléphants (MIKE, Monitoring of Illegal Killing of Elephants) révèle la présence d’environ 3 UBT par km2 dans le Complexe. La présence de bétail dans le Complexe constitue une source de menaces pour les écosystèmes et les espèces en raison de la perturbation de la faune et de la flore, de la compétition de la faune sauvage et du bétail pour les ressources alimentaires, des risques de transmission d’épizooties à la faune sauvage, des risques d’empoisonnement des grands carnivores par les éleveurs, du braconnage, etc.Les éleveurs nomades ont de plus en plus de raisons d’introduire leur bétail dans le Complexe, comme la dégradation des terres dans des zones paysagères et les risques minimes de procés-verbaux (amendes, etc.). Pour ces raisons, « la transhumance non contrôlée » représente une menace importante pour la zone. Le problème est devenu si grave que le Ministère en charge de l’environnement, des ressources animales et de l’agriculture a dû convenir d’une réunion extraordinaire en février 2004 à la demande du programme régional W/Ecopas financé par l’Union Européenne. Les recommandations mises en oeuvre à l’issue de cette réunion sont à l’origine du développement des stratégies nationales en réponse à cette question. Les ministres ont décidé de mieux réglementer la transhumance puisqu’il s’agit d’un phénomène inévitable. D’importants accords ont été décidés sur le tracé exact des routes de transhumance, les postes de contrôle, les zones de repos et les points d’eau ainsi que les sites de destination pour le bétail transhumant. Des recommandations ont été adoptées, lesquelles exigent des éleveurs des documents de voyage, des certificats de transhumance internationaux ainsi que des certificats de santé. Cependant, ces décisions doivent encore être mises en oeuvre dans les trois pays.

BRACONNAGE

Le développement du braconnage dans le Complexe est dû à de nombreuses causes : (i) un accès facile aux armes à feu, (ii) le développement de nombreuses filières pour la commercialisation des produits de la chasse (la viande de brousse, des sous-produits de la faune sauvage), (iii) une grande demande pour la viande de brousse, et (iv) un bas revenu et peu d’opportunités pour les populations périphériques. Les obstacles à un règlement du problème sont : (i) l’inadéquation des moyens de répression, et (ii) la faible coordination entre les états (il est nécessaire de parler de l’élément important des passages de frontières dans le braconnage). Des accords tripartites sur la lutte contre le braconnage ont été adoptés comme celui entre le Burkina Faso et le Bénin en 1984 et celui entre les trois pays en 1987. Toutefois, leur mise en œuvre est en cours.

LES FEUX DE BROUSSE NON CONTROLES

Les feux de brousse représentent un autre obstacle sérieux à la gestion des biotopes et des espèces. Les feux de brousse sont une conséquence de la méconnaissance des enjeux de la part des habitants des zones périphériques et proviennent du fait que cette pratique soit assez ancrée culturellement. Elle est souvent associée au braconnage.

ENVASEMENT ET POLLUTION DES EAUX DE SURFACE

L’introduction et l’intensification des cultures industrielles telles que le coton et les pratiques agricoles à faibles intrants (agriculture et élevage) exacerbent les effets néfastes de l’érosion par le vent et par l’eau, provoquant finalement l’envasement progressif des ruisseaux et des rivières. L’envasement du fleuve Niger a atteint un tel point qu’un projet spécifique a été mis en oeuvre par l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) et financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) afin de faire face à ce problème. De surcroît, les eaux de surface deviennent de plus en plus polluées par les pesticides et autres produits agrochimiques (voir section ci-dessus sur les pratiques agricoles), menaçant la flore et la faune, notamment celles des terres humides.

CHANGEMENT ET VARIABILITE CLIMATIQUES

Dans ces trois pays, le Complexe subit les effets de la détérioration des conditions climatiques due principalement à des phénomènes naturels tels que les importantes fluctuations des précipitations. Les changements climatiques suivants ont été observés : (i) les limites de certains isohyètes ont glissé vers le sud d’environ 50 km par rapport à leur situation en 1970 et (ii) la moyenne décennale des précipitations a subi un glissement en latitude vers le sud depuis 1920. Les périodes de sécheresse en particulier celles de 1972-1973 et de 1983-1984 sont responsables de la dégradation des paysages, de la modification des biotopes et des taux de mortalités élevés parmi la faune et la flore. Tous les écosystèmes dans la sous-région sont confrontés à de tels phénomènes climatiques.

EXPLOITATION DES PRODUITS FORESTIERS NON-LIGNEUX

De nombreuses espèces endémiques existantes dans la zone du WAP sont actuellement en voie de disparition ou vulnérables en raison d’une utilisation incontrôlée des ressources relatives à la production alimentaire, pharmaceutique, pastorale et artisanale. Les espèces que l’on retrouve sont: Acacia Senegal, Afzelia africana, Anogeissus leiocarpus, Borassus aethiopium, Vitellaria paradoxa, Dalbergia melanoxylon, Daniella oliveri, Fagara xanthoxyloides, Parkia biglobosa and Pterocarpus erinaceus

L’ABATTAGE DES ARBRES

En raison de son potentiel forestier, le Complexe et sa zone d’influence sont presque en permanence sujet à des activités de ramassage de bois et de production de charbon. L’abattage des arbres dans ces trois pays fait normalement l’objet d’une réglementation au niveau national. Toutefois, les services forestiers semblent être incapables de le contrôler jusqu’à présent ou du moins de l’organiser d’une manière durable dans la zone périphérique du WAP malgré une certaine réussite dans d’autres coins du pays.

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