Spécificités anatomiques de l’articulation saine du genou

Le genou est une articulation complexe du corps humain (Vaienti et al., 2017). Elle fait le lien entre la partie supérieure de la jambe (tibia) et la partie inférieure de la cuisse (fémur). La rotule (patella) se trouve à l’avant, elle est une composante du genou qui s’articule avec le fémur. Les muscles et les ligaments relient les structures osseuses (LaPrade et al., 2015). Entre le fémur et le tibia se trouve le ménisque externe et le ménisque interne qui permettent à l’articulation du genou de bouger tout en préservant une stabilité suffisante. Le genou est une articulation de type trochléenne, qui permet les mouvements de flexion et d’extension. Accessoirement, le genou comporte un deuxième degré de liberté lorsqu’il est fléchi, la rotation interne et externe. Les os sont recouverts, au niveau des surfaces de contact, d’une couche de cartilage qui donne lieu à une mobilité fluide . Le cartilage doit résister à des tensions et des forces de compressions très importantes car une partie de celles-ci sont transmises à l’os sous-chondral .

La gonarthrose ou arthrose du genou, est une pathologie articulaire chronique et est l’arthrose la plus fréquente. Notons par exemple, qu’elle est trois fois plus fréquente que celle de la hanche (coxarthrose). Elle est bilatérale (touche les deux genoux) dans deux tiers des cas. Elle affecte majoritairement l’articulation fémoro-tibiale qui relie le fémur au tibia, mais peut toutefois affecter l’articulation fémoro-patellaire, qui fait la jonction entre le fémur et la rotule. Néanmoins, ces deux articulations peuvent être touchées de manière simultanée.

L’arthrose est la maladie rhumatismale et chronique la plus répandue. Selon l’AFLAR (Association Française de Lutte Anti Rhumatismale), 17% de la population française est touchée par cette affection. De nos jours, l’arthrose est la première cause de handicap et d’invalidité chez les personnes de plus de 40 ans (Vina & Kwoh, 2018). De manière générale, l’arthrose apparaît après 40 ans et se généralise vers 65 ans. Différentes articulations sont concernées par les lésions arthrosiques, l’atteinte du genou représente environ 35% des cas et est l’arthrose la plus invalidante avec la coxarthrose (arthrose de la hanche). L’arthrose se développe avec l’âge et touche principalement les femmes (Flemming & Gustas-French, 2017; Pereira et al., 2011). Cette pathologie est un réel fardeau de santé publique du fait de l’absence de traitements curateurs et du vieillissement de la population. Le nombre de sujets touchés par l’arthrose ne cesse d’augmenter, ce qui engendre d’énormes dépenses pour la sécurité sociale (StanisławskaBiernat, 2008). Parmi elles, les interventions chirurgicales telles que les arthroplasties de hanche et de genou en sont une composante majeure (Learmonth et al., 2007; López-Liria et al., 2012).

L’arthrose se caractérise par une douleur mécanique et transitoire (O’Neill & Felson, 2018). Les mouvements articulaires deviennent difficiles à exécuter. Dans l’articulation, la surface cartilagineuse s’effrite, se fissure et finit par disparaître (Martel-Pelletier et al., 2016). Par la suite, il se forme des excroissances osseuses qui entravent les mouvements.

Le cartilage articulaire est le siège d’une activité intense dans lequel la production de chondrocytes (cellules du cartilage), s’oppose normalement à son autodestruction. Lorsque la régénérescence cartilagineuse est moins importante que sa destruction, la couche de cartilage se réduit et amène à l’altération définitive de l’articulation (Martel-Pelletier et al., 2016). Les nouvelles cellules produites se manifestent en bordure de l’articulation, les ostéophytes produisent ainsi de nouvelles excroissances osseuses. De plus, il peut y avoir au moment de la destruction du cartilage, des petits résidus de cartilage qui se détachent, flottant ainsi dans la poche articulaire. Des poussées inflammatoires se déclenchent alors et se traduisent par un gonflement de l’articulation et une hypersécrétion de liquide (Scanzello, 2017). Ceux-ci engendrent des symptômes douloureux (Pérocheau & Perrot, 2014).

Trois lésions anatomiques sont caractérisées par l’arthrose :
– Atteinte du cartilage articulaire, celui-ci se fissure et des trous dans le cartilage apparaissent (géodes), amenant parfois l’os à nu.
– Atteinte de l’os par sa décalcification (ostéocondensation).
– Formation d’excroissances osseuses sur les bordures de l’articulation (ostéophytoses).

Des études épidémiologiques ont permis d’établir de multiples facteurs de risques à l’arthrose. Ils diffèrent en fonction des articulations et interviennent dans la formation de l’arthrose du genou, de la hanche, ou encore de la main. Chez un même individu, plusieurs facteurs sont régulièrement associés et la propension de chaque facteur est difficile, et même impossible à déterminer. Le développement de cette pathologie peut être facilité à la fois par des facteurs systémiques et des facteurs biomécaniques locaux, qui confèrent une susceptibilité générale à l’arthrose (Palazzo et al., 2016).

Le principal facteur de risque de l’arthrose est l’âge du sujet. Toutes les études qui portent sur l’incidence et la prévalence de l’arthrose, mettent clairement en évidence une nette augmentation de celle-ci avec l’âge. L’étude NAHNES I en est un exemple et conclut que chez les sujets de 25 à 34 ans la prévalence de la gonarthrose est inférieure à 0,1%, tandis qu’elle atteint 10 à 20% chez les personnes âgées de 65 à 74 ans (M. A. Davis et al., 1991). La relation entre le développement de l’arthrose et l’âge est fortement affectée par des facteurs de risques locaux et généraux, eux mêmes dépendant de l’âge. Au fil des années, l’organisme subit des modifications telles que le vieillissement cellulaire et tissulaire, une sarcopénie, une diminution de la proprioception et l’installation de laxité, qui sous l’emprise d’autres facteurs, conduiront à l’arthrose.

Le risque de développer de l’arthrose avec l’âge est plus élevé chez la femme, notamment pour les articulations des genoux et des mains, mais se retrouve également dans des atteintes multiples (arthrose généralisée). Par conséquent, l’incidence et la prévalence de cette pathologie sont plus importantes chez la femme, que chez l’homme après 50 ans (Oliveria et al., 1995). De plus, la sévérité de l’arthrose semble plus grande chez la femme (Srikanth et al., 2005). Cela peut s’expliquer par une dégénérescence cartilagineuse plus importante, conduisant à une plus faible épaisseur de cartilage, notamment au niveau du genou (Maleki Fischbach & Jordan, 2010).

Par ailleurs, la gonarthrose touche de plus en plus de jeunes sujets. La précocité de cette pathologie est régulièrement associée à l’AP pratiquée intensivement et/ou à haut niveau, à une maladie congénitale contractée pendant l’enfance (exemple de la dysplasie), ou encore à des traumatismes articulaires répétitifs et/ou mal soignés.

Table des matières

Introduction
Section 1 : Patient atteint de gonarthrose
I. Spécificités anatomiques de l’articulation saine du genou
II. La gonarthrose
II.1. Arthrose
II.1.1. Epidémiologie
II.1.2. Mécanismes
II.2. Facteurs de risques de l’arthrose
II.2.1. Physiologiques
II.2.2. Mécaniques
II.2.3. Externes
III. Conséquences
III.1. Limitations fonctionnelles
III.2. Douleurs
IV. Traitements
IV.1. Hygiéno-diététiques
IV.2. Médicamenteux
IV.3. Chirurgicaux : Les prothèses de genou
IV.3.1. Généralités
IV.3.2. Types de prothèses de genou
IV.3.3. Complications
Section 2 : La douleur
I. Généralités
I.1. Un mécanisme de défense
I.2. Les composantes de l’expérience douloureuse
I.3. Le circuit de la douleur
I.4. Mécanismes physiopathologiques
I.5. Durée d’évolution
II. Evaluation de la douleur
II.1. Généralités
II.2. Outils d’évaluation
II.2.1. Echelles unidimensionnelles
II.2.2. Echelles pluridimensionnelles
II.2.3. Echelles comportementales
III. Douleur après la pose d’une prothèse de genou
Section 3 : Capacités locomotrices et PG
I. Capacités locomotrices après PG
II. Evaluation des capacités locomotrices
II.1. Distance de marche – Test de marche de 6 minutes
II.2. Vitesse de marche – Test de marche de 10 mètres
II.3. Mobilité – Timed Up and Go
II.4. Montée d’escaliers – Stair Climbing Test
Conclusion

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