STRATEGIE D’INTERVENTION DU PROJET DE GESTION INTEGREE DES ECOSYSTEMES

STRATEGIE D’INTERVENTION DU PROJET DE GESTION INTEGREE DES ECOSYSTEMES

 La biodiversité

La notion de biodiversité est apparue durant les années 70 lors de la prise en conscience de la disparition des espèces, par les écologistes et les conservationnistes. Cette disparition, jusqu’à nos jours, s’accélérait et était la conséquence de la croissance démographique ainsi que de la destruction de nombreux milieux parmi les plus riches en ressources biologiques. L’expression « biological diversity » a été inventée par THOMAS LE VEJOY en 1980. Le terme « biodiversity » a été inventé par WALTER.G.ROSEN en 1985 lors de la préparation du National Forum on Biological Diversity par le National Reseach Concil en 1986. En 1988, le mot « biodiversité », le titre du compte rendu de ce forum publié par l’entomologue E.O.WILSON, apparait pour la première fois. Elle désigne la variété et la diversité du monde vivant.

Aspects de la biodiversité

La biodiversité peut être également définie comme la diversité des organismes, qui s’apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que 5 l’organisation et la répartition des écosystèmes. Ainsi l’étude de la biodiversité peut être abordée à des niveaux de complexité croissante : – La diversité génétique est la variabilité de la composition génétique des individus au sein des espèces et des populations ou entre ces dernières ; – La diversité des espèces correspond au nombre et à la variabilité des espèces présentes dans une zone donnée ; – La diversité des écosystèmes correspond à la diversité structurale et fonctionnelle des écosystèmes présents dans une région ; – La diversité des paysages qui est le résultat de la mosaïque créée par les écosystèmes en interaction. 

L´importance de la biodiversité

La diversité biologique est un atout universel d’une valeur inestimable pour les générations présentes et futures (DPN, 1996). Elle a une importance capitale fournie par les écosystèmes. Il s’agit du maintien de la qualité de l’atmosphère, de la régulation du climat par la fixation du CO2 par les végétaux chlorophylliens, de la régulation de la qualité de l’eau et de son cycle en particulier par la régularisation et la stabilisation du ruissellement. La biodiversité fournit aussi une valeur agricole et industrielle. Selon DAJOZ (2000), dix neuf espèces seulement sur 200 000 fournissent plus de 80% de l’alimentation des hommes. Elle est la clé de la sécurité alimentaire (THAMAN 2005). Elle est importante pour la santé humaine car beaucoup d’animaux sont utiles à la recherche médicale. La biodiversité est primordiale non seulement dans le développement social mais aussi dans le développement économique. Selon l’estimation la plus basse, la valeur des services fournis par la diversité biologique serait de 2 928 milliards de dollars par an. La valeur des 4,5 milliards ha de terres cultivables de bonne qualité est égale à 25 milliards de dollar par an. Une estimation plus élevée fondée sur l’étude de 16 biomes différents donne pour l’ensemble de la biosphère, une valeur économique de 33 000 milliards de dollar par an (DAJOZ, 2000). Cependant, nous assistons actuellement à la dégradation de la biodiversité due essentiellement à l’activité humaine (la déforestation, le braconnage, la pêche, la surexploitation des ressources naturelles, les usines, etc.).

Les menaces sur la biodiversité

Beaucoup d’espèces sont menacées d’extinction. Tous les écosystèmes sont modifiés. Les forêts vierges sont abattues pour leurs bois ; des cultures itinérantes dégradent de vastes étendues terrestres ; la pêche aux explosifs détruit les récifs coralliens ; la pêche intensive non réglementée entraine une régression des stocks halieutiques ; la chasse non autorisée met en péril beaucoup d’animaux sauvages et l’atmosphère est polluée par des nuages de produits chimiques (DPN, 1996). Finalement toutes les formes de vie sur terre sont menacées. La crise biologique est un phénomène naturel connu depuis les périodes géologiques. Mais ce qui est inquiétant, c’est l’accélération du rythme actuel de dégradation et de destruction de l’habitat des espèces depuis les années 50 c’est-à-dire après la deuxième guerre mondiale. Et quelle serait l’avenir des espèces à ce rythme ? La perte de la biodiversité est devenue un problème mondial. Pour ralentir la dégradation et la destruction des ressources naturelles, les chefs d’états ont signé un accord ayant force de loi, reconnaissant l’importance de la conservation de la biodiversité (DPN 1996). Il s’agit de la convention sur la diversité biologique (CDB) dont le texte définitif a été présenté à la conférence des nations unies pour l’environnement et le développement (PNUED) en 1992 où il a été signé par 157 pays. La CDB est entrée en vigueur en décembre 1993. En fin 1996, elle avait été ratifiée par 158 pays. Elle s’est fixée trois objectifs principaux : la conservation de la biodiversité ; l’utilisation durable des éléments de cette biodiversité et le partage équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

La biodiversité au Parc National du Delta du Saloum (PNDS)

Le PNDS est un site important de biodiversité. Il est riche en ressources végétales et animales. La végétation du domaine continental (où appartient la localité de Ndenderling) est composée en général de savanes arbustives à boisées avec des espèces soudaniennes et guinéennes (DIOP 2007). La végétation du domaine amphibie est caractérisée d’une part par la mangrove représentée par les genres Rhizophora et Avicenia et d’autre part par les prairies à halophytes (DIOP 2007, PGIES 2003). L’humidité du PNDS et l’importance de sa mangrove (écosystème offrant un habitat sécurisant à la faune) favorisent l’abondance de la faune (DIOP 2007). 7 Dans la partie marine du PNDS, les lamantins (Trichechus senegalensis), les dauphins (Souga teuszii ; Delphinus Delphinus) et plusieurs espèces de tortues marines sont menacées (DIOP 2007, PGIES 2003). Selon DIOP 2007, 114 espèces de faunes aquatiques sont recensées dans le PNDS, réparties en 52 familles constituées par les mollusques, les crustacées, les poissons. Dans la partie terrestre, la faune est dominée par de petits mammifères (surtout dans la forêt de Fathala). Selon le même auteur et, GALAT et GALAT-LUONG 1999, on compte 36 espèces sauvages de mammifères dans le PNDS. En plus de sa richesse en ressources végétales et animales, le PNDS est un lieu important de reproduction des poissons et des oiseaux marins et un lieu de migration des oiseaux du paléarctique, ce qui classe en 1984, la zone comme site humide de la convention de RAMSAR (BENGA 2006, MEPN 1999). C’est ainsi qu’en 1998, le PNDS associé à ses régions périphériques, s’est révélé le premier site mondial de reproduction des sternes royales avec plus de 20 000 nids dénombrés (BENGA 2006). Dans le PNDS, les menaces qui pèsent sur la biodiversité sont multiples : la destruction de la mangrove (coupe de bois, coupe de racines pour extraire les huitres), le braconnage des populations qui s’exerce plus particulièrement sur les hyènes, les phacochères, les singes et les palmistes, la salinité excessive due aux sécheresses répétées, etc. (PGIES 2005). Dans le but de conserver la biodiversité et de gérer durablement les ressources naturelles, des programmes ou des projets ont agi au niveau du PNDS et partout dans le monde. Ceux-ci interviennent en mettant en place surtout des stratégies de cogestion ou de gestion intégrée. 

Les stratégies de gestion intégrée

Définitions Une stratégie est un processus qui permet non seulement d’améliorer et de préserver le bien être des populations et la qualité des écosystèmes mais aussi de concevoir et mettre en œuvre une série d’action ; de renforcer et modifier les valeurs, les connaissances, les techniques et les institutions ; d’atteindre les objectifs spécifiques. Le but global de la stratégie est la réalisation du développement durable. 8 Le processus stratégique est une activité continue de planification, d’action, d’examen, de révision, de planification et d’action. La stratégie dont l’élément vital est la communication est un processus de planification et d’action visant à développer une vision du futur à long terme et à prendre des mesures pour réaliser cette vision. Elle doit être participative et s’inscrire dans le processus de prise de décision de la société dans son ensemble. La création et l’activation des stratégies nécessitent l’assistance financière et technique extérieure. Mais cette dernière ne doit pas dicter ou donner le processus (GAYL 2007). I-3-2) Les stratégies d’intervention Nous allons reporter les stratégies de cogestion de quelques programmes ou projets qui sont intervenus dans le PNDS et ses régions périphériques, et même dans le monde. a) Le plan de gestion de la réserve de biosphère du delta du Saloum (RBDS) de l’UICN Ce plan de gestion est mis en œuvre grâce à la signature de protocoles d’accords de l’UICN (union mondial pour la nature) avec la direction des parcs nationaux, le service régional des eaux et forêts et le service régional des pêches de Fatick. Par ailleurs, plusieurs cadres de partenariat ont été mis en place avec les organisations de base. Le but du plan de gestion était de promouvoir des mécanismes de gestion intégrée et d’utilisation rationnelle des ressources naturelles de la RBDS, de manière à maintenir les processus écologiques fondamentaux et à concevoir sa biodiversité avec la participation des populations. Ce plan de gestion est soutenu par les principes d’action et les axes stratégiques suivants :  L’implication de la collectivité aux stades de planification, d’exécution, de suivi et d’évaluation ;  L’implication des groupements associatifs populaires et des ONG internationales, nationales ou locales ;  Une participation effective des femmes ;  La mise en valeur des connaissances, de l’expérience et des pratiques traditionnelles et le renforcement du rôle des populations autochtones dans la gestion de l’environnement ; 9  L’assurance de l’amélioration, à terme, des conditions d’existence des populations par des retombées économiques directes en leur faveur ;  La coopération avec des institutions de formation et de recherche ;  L’échange et la vulgarisation de techniques pertinentes ;  Le respect et le maintien de l’harmonie des paysages (DIOUF 2004). Les différents travaux réalisés dans le cadre du plan de gestion intégrée de la RBDS l’ont été supervisés par un comité scientifique constitué de plusieurs institutions (institut des sciences de l’environnement, institut de recherche pour le développement, centre de suivi écologique) et des personnes ressources.

 

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