Adaptation et transposition du modèle au cas des BAs

Adaptation et transposition du modèle au cas des BAs

Si les recherches sur les facteurs explicatifs de la sélection de projets (screening) par les business angels mettent l’accent sur la dimension cognitive du choix en adoptant les cadres analytiques des théories de l’agence et de l’information, le rôle des motivations non financières  telles que le plaisir d’accompagner un créateur ou l’affinité interpersonnelle (Mason et Stark, 2004) comme le rôle de l’intuition (Ola, 2016) semblent établir un pont avec notre recherche. L’intuition, en particulier, repose sur l’expérience et sur l’affectif (Coget et al., 2009), aussi, il nous semble que le modèle explicatif de notre travail pourrait être adapté au cas des business angels. Cela semble faire sens dans la mesure où des business angels s’associent à des levées d’equity crowdfunding par syndication voire, participent à ces levées en direct, sans statut particulier. Pour autant, les spécificités de l’investissement par les business angels relativement à l’investissement en equity crowdfunding sont multiples : les montants en jeu, la sophistication, les dues diligences, la relation directe et hands on… Aussi, nous envisageons de mobiliser le concept d’attraction personnelle (Michinov, 2001) en lieu et place du concept d’attractivité organisationnelle pour adapter la théorie du matching affectif au cas des business angels.

Adaptation et transposition du modèle au cas de l’ISR et à la finance éthique

L’investissement en ISR et la finance éthique présentent des similitudes avec l’equity crowdfunding sur au moins deux points, 1) Le rôle des motivations extra financières dans les choix d’investissement et 2) l’importance des valeurs. Pour cette raison, nous pensons qu’il serait pertinent d’appliquer notre modèle à ce segment de la finance. Le rôle des motivations extra financières dans les choix d’investissement Si le rôle des motivations non financières dans les choix des investisseurs en equity crowdfunding fait encore débat, un faisceau de présomption (cf. chapitre 1, section 2 point 1.2) semble témoigner de leur importance. Dans la finance éthique comme dans l’ISR, le rôle de motivations non financières dans la sélection des titres ou projets est attesté par la littérature. Par exemple, Dans une étude comparative des investisseurs éthiques et non éthiques, Lewis (2001) montre que les motivations de tous les participants sont à la fois financières et non financières. Il n’y a pas d’homo œconomicus, en particulier, les investisseurs éthiques sont comme tiraillés entre leur besoin de sécurité, qui les pousse à investir dans des fonds standards, et leur culpabilité, sentiment qui les incite à investir dans des fonds éthiques.L’impact investing présente la même caractéristique, pour Bugg-Levine et Emerson (2011), l’investisseur poursuit un objectif de profit tout en visant les buts d’impact social et environnemental. Le concept de ‘blended value’ est la combinaison indivisible entre trois éléments : l’économique, le social et l’environnemental auxquels correspondent des motivations intrinsèques et extrinsèques. L’importance des valeurs Une classification des investisseurs ISR révèle l’hétérogénéité de cette population. Lavison (2011) évoque les deux principales classes d’investisseurs ISR : • Les ‘value seeking’ s’inscrivent dans une démarche classique de maximisation du rendement ajusté au risqué, les informations ESG (environnemental, social et de gouvernance) n’étant qu’un indicateur complémentaire révélateur de la qualité des titres. • Les ‘value based’ sont altruistes et prêts à renoncer à de la rentabilité pour accroître le bien-être collectif, ils fondent leurs choix sur des valeurs indépendamment des outils classiques de l’analyse financière. Kinder (2005), à l’origine de l’appellation ‘value based investors’, souligne également le besoin de consistance des investisseurs entre leurs investissements et leurs valeurs, ce qui n’est pas sans rappeler la variable ‘congruence aux valeurs de base’ de notre modèle explicatif. L’auteur précise aussi que l’investisseur value based s’inscrit dans une démarche de long terme par une stratégie buy-and-hold ce qui constitue une autre similitude avec l’investisseur en equity crowdfunding car ce dernier est captif et ne peut espérer une sortie avant plusieurs années. Dans la finance éthique, Lewis (2001) note que l’investissement réalisé est conforme à la morale et aux valeurs de l’investisseur, de plus, il a vocation à changer les choses. La principale différence entre les investisseurs éthiques et non éthiques est que les premiers transforment leurs croyances en actions et maintiennent ainsi une cohérence entre leurs investissement financiers et leur style de vie. A nouveau nous relevons que la cohérence, plus globale cette fois, caractérise les investisseurs éthiques ce qui fait écho à la théorie du matching affectif proposée dans nos travaux.

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