Apprendre à porter secours

Apprendre à porter secours

Projet d’éducation à la santé et interdisciplinarité

Projet d’éducation à la santé Plusieurs étapes dans un projet d’éducation à la santé sont à prendre en considération notamment l’implication ou non de partenaires, l’analyse de la situation avec la délimitation des objectifs, la mise en œuvre du projet, l’évaluation et la communication. Par ailleurs, la mise en place de projet permet de donner du sens aux apprentissages, d’inscrire l’élève dans une démarche constructiviste voire même socioconstructiviste, et de se focaliser sur l’acquisition de compétences. Il peut également être mis en place une formation permettant à certains élèves, et notamment les plus âgés, d’être chargés des soins infirmiers sur la cour de récréation avec l’accompagnement d’un adulte. Sous l’œil attentif de l’enseignant, l’élève verbaliserait et mettrait en pratique les gestes à effectuer sur l’élève blessé, en évaluant la gravité de la plaie et en identifiant la protection adaptée à la situation, notamment le matériel de santé à utiliser. Par ailleurs, en plus de former les élèves à l’éducation à la santé et à la citoyenneté, cette démarche permettrait de développer l’entraide, la fédération d’un groupe, et de responsabiliser les élèves. 3.3.3.2 Interdisciplinarité Au regard du manque de temps mentionné par de nombreux enseignants concernant l’apprentissage des premiers secours, nous pouvons constater que hormis les gestes à effectuer, adopter une démarche interdisciplinaire permettrait de travailler sur les différents enseignements de l’APS. De cette manière, le temps est optimisé. Il apparait donc possible de travailler dans un projet « apprendre à porter secours » non seulement l’enseignement moral et civique mais aussi les disciplines suivantes :  Le français : le langage oral et le vocabulaire lors de l’alerte notamment.  La découverte du vivant : le monde du vivant, la connaissance du corps, et la découverte de l’espace (apprendre à se situer et à lire son environnement).  Les sciences expérimentales et technologiques : le fonctionnement du corps humain (les mouvements corporels, l’hygiène et la santé, les objets techniques, la matière, et la démarche d’investigation.  L’anglais : se présenter, et décrire une situation simple.  Les mathématiques : les nombres et calculs, ainsi que les grandeurs et les mesures.  L’EPS : éducation à la santé, à la sécurité, à l’autonomie et à la responsabilité. Ainsi, en se focalisant sur les compétences à faire acquérir aux élèves, une démarche pédagogique fondée sur le décloisonnement des disciplines est possible. De plus, des situations induisant une interaction de plusieurs disciplines peuvent être développées. Les techniques d’information et de communication pour l’éducation peuvent également être des outils pour enrichir et différencier cet enseignement. De cette façon, il pourra par exemple être envisageable de faire visionner des courts extraits vidéo aux élèves lors de la phase de découverte ou synthétiser cet apprentissage en le dactylographiant.

Mise en place pédagogique à l’école de Cheviré-le-Rouge 

La démarche pédagogique

La démarche pédagogique de cet apprentissage préconise une situation problème, un objectif d’apprentissage délimité et raisonnable (connaissances, capacités et attitudes), la mise en place d’un Apprendre à porter secours Français Anglais Sciences expérimentales et technologiques EPS Mathématiques Enseignement moral et civique 43 environnement propice au travail avec un questionnement et du matériel à disposition, et enfin la création d’interactions productives. La démarche pédagogique de cette semaine dédiée à l’apprentissage des premiers secours en cycle 3 s’appuyait sur différentes phases. Tout d’abord, l’étude de cas avec la présentation d’une image aux élèves qui devaient, après observation, décrire la situation représentée et identifier les risques encourus pour la victime. Ensuite, la démonstration des gestes en temps réel par l’enseignant qui effectue l’ensemble des actions attendues du sauveteur avec l’aide d’un élève volontaire jouant le rôle de la victime. Le scénario a été communiqué à l’élève en amont par l’enseignant pour permettre le bon déroulement de la mise en scène. Lors de cette phase, les élèves de la classe sont observateurs. Ils sont cependant invités à réagir à la fin de cette mise en scène s’ils le souhaitent. Lors de la troisième phase, la mise en scène est reproduite, cette fois-ci avec des commentaires de l’enseignant pour expliquer et justifier chaque geste et faciliter la compréhension de chacun des élèves. En effet, il n’est pas demandé aux élèves de reproduire les gestes de premiers secours par automatisme, mais avec une prise de conscience individuelle des actes effectués. Cette phase peut également être un support de discussion collective qui aboutira à l’étape suivante qui est celle de la reformulation de la conduite à tenir à l’oral dans un premier temps puis dans une phrase individuelle qui consiste à replacer dans l’ordre chronologique les étiquettes où figurent les différentes actions menées au cours de la mise en scène. Cette étape permet aux élèves de mettre en mots les actions observées pour ainsi davantage les mémoriser. Lors de la phase suivante, les élèves étaient mis en groupe de trois élèves composé d’un observateur muni d’une grille d’observation, d’une victime et d’un sauveteur. L’observateur avait pour objectif de porter un regard attentif sur le sauveteur effectuant les gestes de premiers secours sur la victime. Pour ce faire, une grille d’observation lui est assignée dans laquelle les différentes étapes des actions à effectuer y figurent. L’élève observateur devait noter l’ordre chronologique des différentes actions effectuées. Le rôle de l’enseignant ici est de circuler dans les différents groupes pour rectifier immédiatement d’éventuels gestes dangereux ou inappropriés. Figure 12 : Une élève remplissant une grille d’observation 44 Enfin, lors de la dernière phase, l’enseignant met en place des scénarios en mettant en scène des situations nécessitant un observateur et un sauveteur. Cette phase permet l’entretien et le réinvestissement des gestes appris ainsi que l’évaluation des compétences des élèves à reconnaître et à agir face à des situations d’urgence variées. Compte tenu de la dimension affective importante de cet apprentissage, il a été discuté en amont lors d’un conseil des maîtres des éventuels évènements traumatisants dont les élèves avaient pu être témoins. De cette manière, nous avons été particulièrement vigilantes lors du rappel des numéros d’urgence et lors de la séance portant sur les traumatismes pour ne pas heurter la sensibilité d’une élève ayant assisté à la perte de connaissance de son père, décédé aujourd’hui. 

Le déclenchement de la semaine banalisée

À l’école primaire Les Tournesols de Cheviré-le-Rouge en Maine-et-Loire, l’enseignement des premiers secours se déroule lors d’une semaine banalisée dans les cinq classes de l’école. Cette semaine banalisée est dédiée à l’APS tous les deux ans car elle alterne avec l’APER. Cet enseignement effectué par les professeurs des écoles du mardi 6 au mardi 13 octobre 2015 est destiné aux élèves de la petite section de maternelle au CM2. Ce dispositif permet de consacrer un temps conséquent à cet apprentissage. Pour les cycles 1 et 2, cet apprentissage s’est focalisé essentiellement sur les numéros d’appels d’urgence, et sur les situations dangereuses qui requièrent leur vigilance. En ce qui concerne le cycle 3, trois thèmes ont été étudiés : les brûlures, les saignements et les traumatismes. Chaque thème a été enseigné par une enseignante référente qui menait les activités relatives à la mise en situation. Le déclenchement de cette semaine intitulé « Apprendre à porter secours » a été réalisé le mardi 6 octobre 2015 à la suite d’un exercice d’évacuation incendie. Un retour avec les élèves de l’école eut lieu respectivement dans chacune des classes pour récolter et partager leurs ressentis à la suite de l’évacuation, sur leurs connaissances des différents numéros d’urgence, le rôle des pompiers et sur l’attitude à avoir lors d’une situation d’urgence.

Les brûlures

Les objectifs de l’intervention auprès de la victime lors de brûlure étaient d’une part, d’éviter l’extension de la brûlure en surface et en profondeur, et d’autre part, de limiter la douleur. Les élèves ont donc été amenés à se protéger et à protéger la victime en éloignant le danger dans un premier temps. Par la suite, la zone brûlée était mise immédiatement sous l’eau froide pendant au moins cinq minutes à une dizaine de centimètres du robinet, tout en brisant le jet. L’élève sauveteur devait également rassurer la victime en expliquant à haute voix ce qu’il était en train de faire. Lors de l’alerte, l’élève devait préciser la cause de la brûlure, la localisation exacte, et l’aspect des brûlures. Figure 14 : Grille d’évaluation pour une situation de brûlure 3.3.4.4 Les saignements Concernant les saignements, les élèves ont appris à identifier un saignement abondant et à connaître les risques. Ainsi, les objectifs à atteindre dans ce domaine étaient d’arrêter le saignement en exerçant une pression sur le lieu de l’hémorragie. Les élèves devaient alors allonger le blessé en cas de saignement abondant, appuyer sur la plaie avec un linge propre, alerter le 15 si nécessaire tout en rassurant la victime. Lors d’un saignement de nez, les élèves maintenaient la tête droite de la Figure 13 : La mise en scène d’une cuisine 46 victime, appuyaient avec le doigt dix minutes sur la narine qui saignait et devaient imiter l’alerte si le saignement ne s’arrêtait pas.

Les traumatismes

Lors de l’étude des traumatismes, plusieurs scénarios ont pu être proposés, notamment les chutes de vélo par exemple. Les élèves étaient amenés à observer une illustration, identifier les risques pour la victime et les objectifs à atteindre. Ces derniers étaient d’éviter l’aggravation du traumatisme et de soulager la douleur. Pour ce faire, le principe était d’éviter tout mouvement de la partie du corps concernée, aider la victime à garder une position confortable, rassurer la victime et surveiller la victime jusqu’à l’arrivée des secours. 

L’évaluation

Suite à la semaine banalisée concernant l’apprentissage des premiers secours, des évaluations réalisées à l’aide de critères d’observation ont été effectuées par les pairs. Cette même évaluation a été réalisée de nouveau cinq mois plus tard pour mettre en évidence l’efficience de cet enseignement. Ainsi les élèves tiraient au sort un scénario qu’ils devaient préparer, et l’élève évalué piochait une situation avant de découvrir la mise en scène de ses camarades. La situation n’impliquait jamais plusieurs problèmes à résoudre. Ainsi, la victime ne souffrait jamais d’une brûlure et d’un saignement en même temps par exemple.

Table des matières

Introduction.
1. Apprendre à porter secours d’hier à aujourd’hui
1.1 Les premiers secours : cadre théorique et juridique
1.2 Les programmes
1.3 Socle commun de connaissances et de compétences de 2006 et socle commun de
connaissances, de compétences et de culture de 2016
1.4 Apprendre à porter secours de la maternelle au collège
1.4.1 Cycle 1
1.4.2 Cycle 2
1.4.3 Cycle 3
1.4.4 Cycle 4
1.5 Les nouveaux programmes
2. Constats et enjeux
2.1 En France
2.1.1 Des constats alarmants
2.1.2 Des améliorations progressives
2.2 Comparaisons internationales
2.2.1 Norvège.
2.2.2 Australie
2.2.3 Etats-Unis
2.3 Enjeux
2.3.1 Enjeux de santé publique
2.3.2 Enjeux pédagogiques et éducatifs
3. Recueil de données et mise en œuvre pédagogiqu
3.1 Recueil de données.
3.2 Se former pour former
3.3 Ressources
3.3.1 Les partenaires
3.3.2 Ressources pédagogiques
3.3.3 Projet d’éducation à la santé et interdisciplinarité
3.3.4 Mise en place pédagogique à l’ école de Cheviré-le-Rouge
3.4 Limites
3.5 Recommandations à l’égard du corps enseignant
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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