Autres types d’objets archéologiques

Autres types d’objets archéologiques

Lors de mes prospections j’ai pu collecter quelques tessons de céramiques trouvés en bords de coupe, principalement dans les districts de Jumla et de Dadeldhura (Fig. 9.1). D. Bau- dais relève également la présence de tessons dans les champs de Sera (SIJ23), non loin du site de Sahubada SIJ02 et SIJ41)385. Ces tessons ont été confiés à l’équipe de Christopher Evans, qui menait alors la fouille d’un bâtiment sur l’éperon de Sahubada, le site de l’ancienne Sinja. À la suite de ces fouilles C. Evans identifie quatre types de matériaux retrouvés à Sahubada et ainsi résumés (Fig. 9.3)386 : nescence. Dans le cas des fouilles de Sahubada/Sinja de C. Evans, seules deux datations au radiocarbone ont été effectuées (sur des charbons ?). Les dates disponibles sont 1270-1420 (cal.) et 1650-1810 (cal.)388. Les tessons illustrés dans le rapport de fouille ne proviennent mal- heureusement pas des mêmes contextes que ceux datés au radiocarbone, ce qui empêche tout pronostic chronologique. Des conduits en terre-cuite ont également été retrouvés sur le site de Sahubada/Sinja (Fig. 10.49). Ils sont localement identifiés comme les canalisations des fon- taines du palais royal de Sinja. Une collection de pots en terre-cuite a été trouvée à l’intérieur des tours des temples deval du site de Dewal Hat (BTD03) lors de leur rénovation.

Des épées et des éléments de vaisselle étaient également placés avec les céramiques, bien qu’aucun rapport scientifique ne décrivent l’organisation exacte de ces dépôts. Trois formes de conteneurs en terre-cuite peuvent être identifiés : deux types de pots à liquide d’une vingtaine de centimètres de hauteur et autant de diamètre, aux lèvres ourlées, avec ou sans bec et un type de pot plus petit (H : 7cm, ø : 9 cm) à carène et aux lèvres ourlées (Fig. 9.4). Des décors de lignes sont incisés sur les panses. Les poteries sont toutes de couleur orangée, communément appelées Red Polish Ware (RPW) dans le sous-continent indien. Les temples de Dewal Hat ont des tours sans angles à āmalaka (Skt. bhūmi-āmalaka). Cette absence est également observable sur les temples d’Ajayamerukot éri- gés à partir du début de la seconde moitié du XIVe siècle par les rois de Doti, ce qui tend à dater le complexe de Dewal Hat et les céramiques originellement contenues à l’intérieur de la même période. 9.2. Tsha-tsha Les tsha-tsha sont de petits objets en terre fabriqués en contexte bouddhique. Une boule d’argile est pressée dans un moule en bois ou en métal afin d’y imprimer le décor gravé sur le moule. Les tsha-tsha peuvent avoir la forme de petits stūpa en trois dimensions ou bien ne comporter qu’une seule face décorée de divinités, de stūpa et de mantra. Après leur fabrication les tsha-tsha sont séchés au soleil et souvent directement placés à l’intérieur d’un caitya ou d’une cavité rocheuse.

Dans la vallée de la Sinja, en face du site de Sahubada/Sinja (SIJ02 et SIJ41), une grotte naturelle relevée pour la première fois par Guiseppe Tucci contient un im- portant dépôt de tsha-tsha (SIJ39, Fig. 9.5)389. Les travaux de voiries en amont ont causé une érosion accélérée du flanc de montagne où se trouve le site, localement nommé Lamagupha, la Grotte de Lāmā. Comme on le verra plus tard le dieu Lāmā est une divinité oraculaire dont les épopées locales racontent qu’il est de culture tibétaine (cf. Ch. 10 et 11). Malgré plusieurs ten- tatives (et avec l’accord de la communauté locale) je n’ai pas pu accéder personnellement à la grotte. Plusieurs exemplaires de tsha-tsha m’ont cependant été remis par des enfants. J’en ai fait l’acquisition, avec l’accord écrit de Mr. Tanjan Hamal de Hatsinja, président de l’associa- tion « Karnali Khas Sanskriti Samrakshan Manch ». Les 17 tsha-tsha ont ensuite été remis au Surkhet Regional Museum de Birendranagar. Neuf types de tsha-tsha ont pu être distingués sur ce site (Fig.9.6 et 9.7). D’après un examen visuel par Kunsang Namgyal Lama, ces modèles ment un dépôt de quelques tsha-tsha (SIJ46). Deux types de tsha-tsha en forme de caitya y sont relevés (Fig. 9.8). La vallée de la Karnali constitue un axe de circulation reliant le Tibet occidental à la plaine indo-gangétique. La présence de tsha-tsha atteste que la région est, à la période médié- vale, occupée et/ou traversée par des individus de confession bouddhiste. Les empereurs Khaśa Malla, eux-mêmes originaires de Purang, sont très certainement bouddhistes et ont pu être per- sonnellement impliqués dans les dépôts de la grotte de Lāmā, située en vis-à-vis de Sinja, l’une de leurs capitales.

 

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