Bioécologie des Monogènes parasites de poissons

Bioécologie des Monogènes parasites de poissons

Le maintien et la conservation de la diversité biologique apparaissent comme l’un des objectifs principaux de la recherche en biologie et en écologie dans les années à venir (Barbault et Hochberg, 1992).
L’intérêt accru pour la préservation de la biodiversité a révélé la limite de nos connaissances des espèces vivantes. En effet, d’après Bouchet (2000), les 1,7 millions d’espèces actuellement décrites, pourraient ne représenter que 1,7 % de celles effectivement présentes dans la biosphère. L’inventaire des espèces de la biosphère est donc aujourd’hui loin d’être achevé, et certaines disparaissent, probablement, avant même que l’on ait pris conscience de leur existence. Or, il ne fait aucun doute que les espèces parasites, du fait de leur mode de vie « caché », sont les moins connues de tous et qu’un nombre extraordinairement important d’espèces reste encore à découvrir et à décrire (Combes, 1995).
En fait « tout être vivant est concerné par le parasitisme, soit en tant qu’hôte, soit en tant que parasite. » (Combes, 1995). Chez les invertébrés, les vers sont représentés par des milliers d’espèces appartenant à des taxons variés. Certains sont libres, d’autres parasites ; les deux types existent chez les Plathelminthes (vers plats). Ces derniers constituent un groupe très important, tant par le nombre d’espèces et la diversité de leurs cycles biologiques, que par les problèmes de santé que certaines espèces parasites posent. Cet embranchement des Plathelminthes comprend plusieurs classes, dont celle des Monogènes (Baer et Euzet, 1961) ; les organismes qui la composent sont majoritairement ectoparasites de vertébrés aquatiques (Téléostéens, Sélaciens, Amphibiens).
Les Monogènes sont connus depuis plus d’un siècle et ont fait l’objet de nombreuses études sur le plan taxinomique.
La classe des Monogènes est composée de vers plats hermaphrodites rencontrés principalement sur les branchies et à la surface externe des poissons. Ils sont rarement considérés comme une menace pour les poissons en conditions naturelles ; cependant, ils peuvent avoir de sérieux impacts sur l’état sanitaire des peuplements piscicoles en conditions d’aquaculture, présentant une forte concentration d’hôtes dans un espace restreint (Roberts et Janovy, 1996).

La famille de Sparidae

Caractères morpho-anatomiques : Les Sparidae sont des perciformes au corps généralement haut et comprimé avec le plus souvent un profil frontal élevé et typique. La nageoire dorsale, unique, est constitué de 10 à 11 épines et de 10 à 15 rayons mous, l’anale de 3 épines et de 8 à 12 rayons ; la caudale est fourchue.
Mais la caractéristique essentielle des Sparidae est leur différenciation dentaire ou hétérodontie. Il existe ainsi une spécialisation de la denture en fonction du régime alimentaire de l’espèce : ainsi les herbivores comme les sars, la bogue et la saupe, portent des incisives plates et coupantes ; les prédateurs, tels les dentés, sont munis de canines crochues et les mangeurs de crustacés et de coquillages comme les pagres sont pourvus de molaire broyeuse ; enfin les pageots, mangeurs des débris, ont une dentition semblable à celle des pagres mais moins puissante. Une autre caractéristique des Sparidae est leur fréquent hermaphrodisme. Les individus pouvant être d’abord mâle puis femelle comme les sars (protandrie) ou, inversement, femelle puis mâle comme les pageots (progynie) Serret, 1981.
Importance économique : La plupart des Sparidae ont une chair excellente ; celle des dorades est particulièrement appréciée. Leurs valeurs culinaires en font des poissons d’intérêt commercial. Leur prix de vente est en rapport avec la forte demande du marché, si bien que l’importance commerciale de Sparidae est considérable. Sur les côtes occidentales d’Afrique, la famille des Sparidae est l’une des plus importantes du point de vue économique avec celle de Serranidae. D’après le rapport de la Direction de la Pêche Maritime (DPM) de 2015, 7% des poissons mise à terres à Dakar sont des Sparidae pour une valeur estimée à plus de 2 milliards de FCA.
Répartition géographique : Les Sparidae sont des poissons marins côtiers des régions tropicales et tempérées, fréquentant à l’occasion, les estuaires et les lagunes littorales. Des mœurs grégaires, les petites espèces forment un banc important, tandis que celles de grande taille se déplacent en groupes de quelques individus. La plupart des espèces Sparidae sont connues en Méditerranée et sur les côtes atlantiques, du Portugal à l’Angola (Serret, 1981).

La spécificité parasitaire

Pour une espèce donnée, la spécificité parasitaire mesure son aptitude à se développer chez un nombre plus ou moins grand d’hôtes dont la liste constitue le spectre d’hôtes. On peut aussi mesurer la spécificité par des indices qui prennent en compte la prévalence et l’intensité de l’infestation parasitaire (Rohde, 1982, 1994). Pour certains auteurs, la spécificité correspond au type de tissu qu’un parasite habite, c’est-à-dire à son microhabitat au sein de l’hôte. Une autre définition, plus couramment utilisée, est basée sur le nombre d’espèces d’hôtes qu’un parasite est capable d’exploiter. Dans cette approche, la spécificité est directement reliée au spectre d’hôte : plus un parasite possède un spectre d’hôte réduit, plus sa spécificité est importante.
Les monogènes possèdent de bonnes caractéristiques pour ce type d’étude : ces parasites ont un cycle direct, et permet de simplifier les hypothèses à poser ; ils sont presque entièrement dépendants de leur(s) hôte(s), qui constituent donc ici leur environnement, et ils sont connus pour être particulièrement spécifiques (Baer, 1957 ; Kennedy, 1975 ; Rohde, 1979, 1982 ; Noble et al., 1989).
Le profil de spécificité du genre Lamellodiscus est particulier au sein des monogènes : bien que l’essentiel des espèces soient spécialistes, plusieurs espèces peuvent être qualifiées de généralistes, en parasitant jusqu’à 6 espèces d’hôtes. Cette caractéristique permettra d’aborder au sein d’une même entité évolutive la question du déterminisme de la spécificité.

Recherche et caractérisation des parasites

Les branchies sont soigneusement prélevées en découpant l’opercule de chaque côté de la tête. Les arcs branchiaux sont délicatement dégagés, ils sont placés séparément dans des boîtes de Pétri contenant de l’eau de mer et examinées à leur tour sous la loupe binoculaire (WILD HEERBRUGG de TYP 334790) à la recherche des parasites. Les arcs branchiaux sont «peignés» avec des pinces ou une aiguille. Les filaments branchiaux sont débarrassés du mucus et les monogènes sont ainsi plus visibles. Ils font l’objet d’un tri selon leur groupe d’appartenance (Monogènes, Copépodes). Les parasites branchiaux sont, prélevés à la pince et placés dans des tubes microcentrufuges contenant de l’alcool 70° avant leur identification. Chaque tube contient une étiquette avec une référence indiquant le nom de l’hôte, le groupe de parasite et le numéro de l’individu.
Les parasites sont par la suite montés sur les lames contenant de l’ammonium picrate-glycérol, recouvertes de lamelle et lutées par de l’émail.

Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Bioécologie des Monogènes parasites de poissons 
I.1.1. Classification
I.1.2. Cycle de développement
I.2. La famille de Sparidae 
I.2.1.Caractéres morpho-anatomiques
I.2.2. Importance économique
I.2.3. Répartition géographique
I.2.4. Classification
I.3. La spécificité parasitaire
CHAPITRE II. MATERIEL ET METHODE D’ETUDE
II.1. Cadre géographique 
II.2. Matériel biologique 
II.2.1. Collecte des poissons
II.2.2. Identification de poissons hôtes
II.3. Méthodes d’étude 
II.3.1. Recherche et caractérisation des parasites
II. 3.2. Etude statistique
II.3.2.1 Les indices parasitaires
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION 
III.1. Résultats 
III.1.1. Poissons examinés
III.1.2. Monogènes trouvés
III.1.3. Indices globaux des monogènes chez les poissons hôtes
III.1.3.1. Prévalence
III.1.3.2. Abondance des monogènes parasites
III.1.3.3. Intensité parasitaire moyenne
III.1.4. Identification des ectoparasites récoltés
III.1.4.1.Description des espèces récoltées
III.1.4.2. Lamellodiscus euzeti Diamanka, Boudaya, Toguebaye & Pariselle, 2011b
III.1.4.3. Lamellodiscus sarculus Neifar, Euzet & Oliver, 2004
III.1.4.4. Lamellodiscus toguebayei Diamanka, Boudaya, Toguebaye & Pariselle, 2011a
III.1.4.5. Lamellodiscus triacies Diamanka, Boudaya, Toguebaye & Pariselle, 2011a
III.1.4.6. Lamellodiscus vicinus Diamanka, Boudaya, Toguebaye & Pariselle, 2011a
III.1.4.7. Lamellodiscus coronatus Euzet et Oliver, 1966
III.1.4.8. Lamellodiscus bellottii n. sp
III.1.4.9. Lamellodiscus soumbediounensis n. sp
III.1.5. Distribution des indices parasitaires chez l’ensemble des espèces hôtes
III.2 Discussion 
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
ANNEXES 
Annexe 1 : Répartition des parasites chez les poissons hôtes
Annexe 2 : Mensurations(en µm) de L. euzeti
Annexe 3 : Mensurations (en µm) L. sarculus
Annexe 4: Mensurations (en µm) L. toguebayei
Annexe 5: Mensurations (en µm) L. triacies
Annexe 6: Mensurations (en µm) L. vicinus
Annexe 7 : Mensurations (en µm) L. coronatus
Annexe 8: Mensurations (en µm) L. bellottii n.sp
Annexe 9 : Mensurations (en µm) L. soumbediounensis n.sp

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