Carte de localisation de la région de Ziguinchor

Carte de localisation de la région de Ziguinchor

La Basse Casamance, au sud-ouest du Sénégal, peut-être assimilée à l’actuelle région administrative de Ziguinchor. La riziculture de mangrove y est une activité traditionnelle pratiquée par les populations autochtones Diolas. Elle met en valeur des terres régulièrement inondées par les eaux marines et pluviales nécessitant ainsi une maîtrise de l’eau. Les paysans Diolas ont acquis un savoir faire qui leur permet de subsister dans un milieu considéré comme hostile (Montéro, 1993).

En raison des changements climatiques qui ont mis en danger leur exploitation, les riziculteurs ont construits des digues anti-sel pour éviter que les eaux de marées inondent leurs rizières (Diallo, 1990). C’est ainsi que des étangs et bassins sont construits à proximité des casiers rizicoles (Diallo, 1991). Dans ce processus, les riziculteurs produisent à la fois du riz et du poisson. Ainsi les étangs, aménagés en aval des casiers rizicoles, ont pour fonction à la fois de freiner la remontée des eaux salées (protection des casiers rizicoles) et d’élever du poisson. Ils permettent la récupération future des terres cultivables par le biais du lessivage progressifs et la mise en valeur des terres régulièrement inondées par les eaux marines (Ndour, 2018). Cette pratique, assimilée à la pisciculture traditionnelle, est assez répandue en Basse Casamance où elle était présente dans plus de 80 villages, dans les années 1980 (Le Reste et al, 1986).

L’exode massif des jeunes vers les grandes villes, leur volonté d’indépendance, l’individualisme et le développement d’activités beaucoup plus lucratives, ont conduit de nombreux villages à abandonner cette activité, dans les décennies comprises entre 1970 et 1990 (Cormier-Salem, 1992). Depuis 2000, une tendance inverse est notée avec l’avènement des projets et programmes de développement dans la région (MAC, Projet FAO/Vietnam/Sénégal, ANRAC, PADERCA, IDEE Casamance). Un programme de développement est même initié pour appuyer le développement de l’activité sur la période 2000 à 2007 par l’ONG IDEE Casamance (Diédhiou, 2013). L’état sénégalais a mis en place une agence nationale de l’aquaculture (ANA) pour susciter et suivre le développement de l’aquaculture dans le pays. Ainsi une antenne régionale est installée à Ziguinchor et un programme de réhabilitation de la station piscicole du pont Emile Badiane. Elle est la première station de production d’alevins de Tilapia d’eau saumâtre dans la zone, elle assure l’approvisionnement des fermes communautaires et privées de la région.

PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DE LA PISCICULTURE 

La région de Ziguinchor est située à 12°19’20’’ et 13°11’20’’ de Latitude Nord 15°38’40’’et 16°56’40’’ de Longitude Ouest avec une déclinaison magnétique de 13°05. Son altitude est de 19,30 m par rapport au niveau de la mer. Elle est localisée dans la partie Sud-ouest du Sénégal (figure 1). Elle s’étend sur une superficie de 7 339 km2 soit 3,73% du territoire national et est limitée au Nord par la République de Gambie, au Sud par la République de Guinée Bissau, à l’Est par les régions de Kolda et Sédhiou et à l’Ouest par l’Océan Atlantique (S R S D Z, 2011). Son climat est de type soudano-guinéen, humide, avec une température moyenne autour de 27°C. Cette région administrative est la plus arrosée du Sénégal avec une pluviométrie moyenne comprise entre 1 000 et 1 200 mm, en année dite normale (figure 2). La saison des pluies est étalée entre les mois de mai et octobre. Le relief est plat avec des plateaux ne dépassant pas 50m (SRSDZ, 2011).

La partie occidentale de la Casamance présente un vaste réseau de bolong à l’image d’un labyrinthe de cours d’eau parsemé de plusieurs îles entourées d’importantes forêts de palétuviers (Badiane, 1984). Dans le fleuve Casamance l’amplitude de la marée semi-diurne diminue de l’aval en amont (Brunet-Moret, 1970). Elle est de 169 cm à l’embouchure et de 52 cm à Ziguinchor où la vitesse moyenne de la marée a été estimée à 1,5 m/s (Marius, 1979). L’eau de la zone alluviale est mélangée à de l’eau douce provenant du fleuve et de ses affluents (Soungrougrou, Baila, Bignona, Kamobeul, Agnack et Guidel) et de l’eau salée provenant de la mer, la mixture est variable le long du fleuve (Ndour, 2018). Le balancement permettant de diluer les acides contenus dans le sol est un peu plus fort compte tenu de la faiblesse des pentes (0,3 à 0,5%) dans le Kamobeul qui est une vallée assez représentative de l’ensemble de l’estuaire de la Casamance (Ndour, 2018). Le climat joue un rôle prépondérant dans la répartition de la végétation dans la localité. Elle se présente avec une disposition zonale de types particuliers de formations végétales : la forêt de mangrove, les palmeraies, la forêt demi-sèche et les parcs arborés. (Ndour, 2018) La mangrove présente une diversité floristique de six (06) espèces : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa, Rhizophora harisonii, Avicennia germinans, Conocarpus erectus et Laguncularia racemosa. Elle est estimée à 130 000 ha à 1869, cette mangrove est aujourd’hui en déclin (Blasco, 1983). Dans les départements de Ziguinchor et de Bignona elle est passée de 150 000 ha en 198 à 83 000 ha en 2006 (Bassène, 2016). Elle a connu une régression de 25% en moins de 15 ans à cause de la riziculture, la construction des routes et des barrages anti-sel (Tendeng et al, 2016) La perturbation de l’équilibre écologique du milieu fait que les surfaces occupées par la mangrove deviennent une propriété familiale du moment où elles sont transformées en rizières ou étangs piscicoles (Bassène, 2016). La pêche artisanale est dominante dans la région au niveau de l’estuaire du fleuve et des bolongs. Elle est confrontée à plusieurs difficultés mais représente l’une des activités les plus prospères localement et une source de revenus directes ou indirectes des ménages. Les principales espèces halieutiques rencontrées dans les bolongs de la zone sont : l’ethmalose (Ethmalosa fimbriata), le brochet (Sphyreana barracuda) l’otolithe (Pseudotolithus typus), les crevettes (Farfapenaeus notialis, Penaeus monodon….), la sole (Cynoglossus senegalensis), les mulets (Mugil cephalus, Liza falcipinnis) les capitaines d’estuaire (Polydactylus quadrifilis),les tilapias (Tilapia guineensis, Sarotherodon melanotheron, etc.), les huitres (Crassostrea gasar), le machoiron (Arius sp), le mérou bronzé (Epinephilus aenus), la carpe noire (Mylopharyngodon piceus), la dorade grise (Plectorhinchus mediterraneus), la grande carangue (Caranx hippos), (DPM, Ziguinchor, 2016).

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