Construire un cadre sécurisant pour entrer dans les apprentissages

Construire un cadre sécurisant pour entrer dans les apprentissages

Outre l’expérience de la séparation, entrer à l’école maternelle signifie fréquenter un nouveau lieu, de nouvelles personnes (adultes et enfants), de nouvelles activités, et suivre un nouveau rythme. Alors qu’il vient d’être séparé de son environnement affectif le plus cher, on demande au jeune enfant de faire preuve dès les premières heures d’une très grande capacité d’adaptation. Toutes ces nouveautés sont la source potentielle de fragilités qu’il s’agira, pour la communauté éducative, d’anticiper et de cadrer au mieux, afin de lui créer un chemin le plus sécurisant possible, sur la voie des apprentissages. A l’heure où les rythmes scolaires font débat, fort est de constater que l’adaptation à l’organisation d’une journée d’école est une épreuve en tant que telle pour le jeune enfant. Je ne m’étais pas rendue compte, avant d’être enseignante, de la longueur d’une journée pour un petit enfant, des innombrables changements d’activités, de référents, et de lieux auxquels il doit s’adapter. Combien de fois les élèves m’ont-ils demandé si c’était l’heure de la cantine alors que nous avions tout juste terminé les rituels du matin?! « Le temps est pour l’enfant un cadre d’organisation psychique, intellectuel, affectif qui va lui permettre d’entrer en communication avec les autres, de construire les repères pour qu’il s’installe à l’école maternelle dans un confort intellectuel, pour qu’il soit prêt à entrer dans les apprentissages. »

Les premiers repères temporels étant associés aux activités récurrentes de la vie quotidienne, il est important d’instaurer une régularité dans l’organisation, et des rituels qui marquent les passages d’un moment à un autre. Ces repères permettent à l’enseignant d’ancrer pour les enfants les premiers éléments stables d’une chronologie sommaire. Ayant observé dès les premiers jours une forme d’insécurité des élèves vis à vis du déroulement de la journée – particulièrement lors des moments de transition vers un autre lieu (cour de récréation, cantine, salle de motricité) ou vers une autre activité (passage au coin regroupement), – la période 1 a été consacrée à la construction de supports pérennes sur lesquels les élèves pourraient s’appuyer régulièrement pour se repérer. Nous avons ainsi débuté par la construction d’un emploi du temps de nos journées19. Pour temps de la journée de Léon avec ce qu’eux-mêmes avaient expérimentés durant ces premières semaines. Parallèlement j’avais entrepris de les prendre en photos en classe, (durant l’accueil, au regroupement, en ateliers), mais aussi dans la cour de récréation, en salle de motricité, à la cantine, dans le dortoir, ou encore au moment du goûter. Ils ont été ensuite amenés à apparier les photos des temps de leur journée avec les illustrations des temps de la journée de Léon, pour une reconstitution pas à pas, longuement débattue.

Les élèves de moyenne section ont, eux, apparié les différents temps avec des pictos les représentant. Nous avons enfin finalisé ce travail par la formalisation d’un emploi du temps d’une journée type, comportant les picots et photos, et l’usage de trois couleurs différentes : une pour le matin, une pour le temps méridien, une pour l’après-midi. Nous l’avons fixé au tableau, afin de le rendre le plus accessible possible et de pouvoir aisément déplacer la flèche aimanté qui nous permettait de repérer où nous nous situions dans la journée. Sur les premières semaines, nous y avons beaucoup fait référence. Nous avions alors un élève de moyenne section responsable chaque semaine de l’emploi du temps de la journée. Celui-ci était sollicité dès qu’un élève en avait besoin. La grande difficulté de gestion de ces questionnements n’a pas tant été de se repérer dans la journée, mais de répondre individuellement aux élèves, tous ne rentrant pas à la maison à la même heure, et tous les jours n’ayant pas le même volume horaire (journées courtes et longues). Je me suis d’ailleurs rendue compte à l’usage que notre emploi du temps, si motivant soit-il, manquait de flexibilité en fonction des journées. Lors de mes observations sur les périodes 2 et 3, je n’ai noté que quelques recours à l’emploi du temps, souvent pour la même élève, qui éprouvait encore le besoin d’être rassurée sur la régularité des événements. Il est cependant difficile de dire si la sécurisation s’est faite grâce à l’outil ou si les enfants ont tout simplement grandi. L’emploi du temps a cependant été déplacé afin de libérer l’espace du tableau.

 

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